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Le discours caché du Pape en Allemagne

C'est le discours entièrement improvisé qu'il a prononcé devant les séminaristes, à Fribourg, qui n'a été retranscrit qu'après le retour à Rome. JM Guénois et JL Restan étaient parmi les rares à avoir évoqué la réponse au mouvement protestataire "wir sind kirche". L'article de Magister. (2/10/2011)

Voir ici:
-> Abandonnons toute tactique (Restan)
-> Benoît XVI entame une réforme spirituelle (Guénois)

"Nous sommes l'Église", signé Ratzinger

Pour la première fois depuis qu'il est pape, Benoît XVI a cité et critiqué en public le mouvement d'opposition ecclésiale le plus répandu et le plus actif dans les pays de langue allemande. Il l'a fait dans un discours improvisé adressé aux séminaristes de Fribourg-en-Brisgau.
par Sandro Magister (source)
le 30 septembre 2011
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Dans les discours et homélies de son récent voyage en Allemagne, Benoît XVI ne s’est que très rarement écarté du texte écrit.
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Toutefois, parmi les dix-huit discours prononcés par Benoît XVI pendant les quatre jours qu’il a passés en terre allemande, il en est un pour lequel il n’a lu aucun texte écrit. Et dont le contenu n’a été mis par écrit et rendu public qu’après le retour du pape à Rome.
C’est le discours qu’il a adressé aux séminaristes réunis à la chapelle Saint-Charles-Borromée du séminaire de Fribourg-en-Brisgau, dans l’après-midi du samedi 24 septembre.
Benoît XVI a toujours accordé une attention particulière aux candidats au sacerdoce.
Il y a un an, le 18 octobre 2010, il adressait aux séminaristes du monde entier une lettre ouverte qui est l’une des plus touchantes qu’il ait écrites et qui comporte des passages autobiographiques relatifs à sa jeunesse (cf. http://benoit-et-moi.fr/2010-III).
Ayant médité sur cette lettre, les séminaristes de Fribourg-en-Brisgau ont envoyé au pape une réponse, que Benoît XVI, lorsqu’il les a rencontrés, a qualifiée de "belle" et "sérieuse".
Le discours improvisé que le pape a adressé aux séminaristes de Fribourg-en-Brisgau le 24 septembre a été la continuation de ce dialogue. (texte sur le site du Vatican ici).
Comme tous ceux qu’improvise le pape Joseph Ratzinger, ce discours permet de pénétrer directement dans sa pensée et dans ce qui lui tient le plus à cœur.
Mais il contient un passage qui mérite d’être mis en évidence.
C’est le paragraphe dans lequel Benoît XVI médite sur le nom – "Nous sommes l’Église" – du mouvement de contestation ecclésiale le plus répandu et le plus actif dans les pays de langue allemande, qui s’est mobilisé avec une intensité particulière à l'approche du troisième voyage du pape en Allemagne :

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"Nous ne pouvons uniquement que croire en 'Nous'. Je dis parfois que saint Paul a écrit : 'Croire vient de l’écoute' non de la lecture. Le croire a besoin également de la lecture, mais il vient de l’écoute, cela veut dire de la Parole vivante, de l’encouragement des autres que je peux écouter, de l’encouragement de l’Église au long des âges, de la parole que vous donnent maintenant les prêtres, les évêques et les prochains. Le 'toi' fait partie du croire, fait partie du 'nous'. Et le fait de s’entraîner à se supporter réciproquement, est très important ; apprendre à accepter l’autre comme un autre dans son altérité, et apprendre par là qu’il doit me supporter comme étant un autre dans mon altérité, afin de devenir un 'nous', afin de pouvoir ensuite constituer un jour une communauté paroissiale, de pouvoir appeler des personnes dans l’unité de la Parole et d’être ensemble en chemin vers le Dieu vivant. Fait partie de cela ce 'nous' très concret, tel qu’il est au séminaire, tel qu’il le sera en paroisse, mais aussi toujours cherchant à aller, au-delà de ce 'nous' concret et limité, dans le grand 'nous' de l’Église de tous les temps et en tout lieu, afin que nous ne nous prenions pas uniquement pour notre propre mesure. Lorsque nous disons : 'Nous sommes l’Église' - oui, c’est vrai : Nous la sommes nous, et pas n’importe qui. Mais, le 'nous' va au-delà du groupe qui vient de l’affirmer. Le 'nous' est l’ensemble de la communauté des croyants d’aujourd’hui et de tous les lieux et de tous les temps. Et je dis toujours : Oui, il existe, pour ainsi dire, dans la communauté des croyants la sentence de la majorité de fait, mais il ne peut jamais y avoir une majorité contre les Apôtres et les Saints, il s’agit alors d’une fausse majorité. Nous sommes l’Église, soyons-le donc ! Soyons-le par le fait de nous ouvrir et d’aller au-delà de nous-mêmes, et soyons-le avec les autres".

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Comme on peut le constater, Benoît XVI s’est appuyé sur le nom "Nous sommes l’Église" mais en renversant sa signification : d’un "nous" qui se sépare et qui s’oppose, il est passé à un "nous" qui embrasse l’Église "de tous les lieux et de tous les temps".

Le mouvement "Nous sommes l’Église" s’est constitué en 1995 à partir d’une collecte de signatures destinée à appuyer un "Appel du Peuple de Dieu" qui proposait l'élection démocratique des évêques, l’ordination des femmes, la suppression de la coupure entre le clergé et les laïcs, l'élimination de l'obligation du célibat pour le clergé, une nouvelle morale de la sexualité, etc. La collecte de signatures, qui en a rassemblé deux millions et demi, a commencé en Autriche et elle s’est étendue par la suite à l’Allemagne, à l’Italie, à l’Espagne, aux États-Unis, aux Pays-Bas, à la Belgique, à la France, à la Grande-Bretagne, au Portugal, au Canada. Le premier document a été suivi par beaucoup d’autres. L’épicentre de "Nous sommes l’Église" se trouve encore en Autriche et en Allemagne, où le mouvement est très suivi par le clergé et dispose d’une certaine capacité de pression sur les évêques eux-mêmes et d’une aura de sympathie dans certains séminaires.

Sauf erreur, c’est la première fois que Joseph Ratzinger, en tant que pape, a cité "Nous sommes l’Église" dans un discours public.


L'échec du protestantisme libéral. John Allen et le Pape en Allemagne