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Le card. Brandmuller sur le voyage en Allemagne

Comme un crescendo musical, dit-il. Interviewe dans l'Osservatore Romano. (5/10/2011)

Le cardinal Walter Brandmüller est né en 1929 à Ansbach, en Bavière. Né protestant, il se convertit très tôt au catholicisme, et est ordonné prêtre en 1953.
Historien, spécialiste de l'histoire des Conciles, il fut de 1998 à 2009 président du Comité pontifical des sciences historiques. Benoît XVI l'a élevé à la dignité de cardinal lors du consistoire du 20 novembre 2010 (à 81 ans, il est donc non électeur).

Il accompagnait le Saint-Père en Allemagne, et répond aux questions de l'OR. Il se sert d'une belle métaphore musicale. Et il ne mâche pas ses mots sur ses compatriotes.

Le voyage de Benoît XVI en Allemagne dans le témoignage du cardinal Brandmüller
Comme un crescendo musical
Osservatore Romano du 5 octobre 2011
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Un «crescendo: de l'intense prélude au Bundestag de Berlin, jusqu'au discours de clôture pour les laïcs impliqués dans l'Eglise et dans la société de Fribourg»: le cardinal Walter Brandmüller, président émérite du Comité pontifical des Sciences historiques, puise au langage musical pour parler du troisième voyage de Benoît XVI en Allemagne. Dans cette interview à notre journal, le cardinal allemand, qui faisait partie de la suite papale, en particulier analyse en particulier les discours du Pontife.

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- A la veille du départ, vous vous disiez convaincu que le Pape trouverait les mots justes pour annoncer l'Evangile en Allemagne. À la lumière des quatre jours passés aux côtés de Benoît XVI, êtes-vous toujours du même avis?
- Je trouve dans les discours prononcés à Berlin, Erfurt, Etzelsbach et Freiburg la capacité d'avoir réduit à l'essentiel de la foi, les débats actuels parmi les catholiques. Avec un remarquable courage, Benoît XVI a formulé des critiques sur la vie de l'Église en Allemagne, caractérisés par des structures organisationnelles qui étouffent souvent l'esprit. Et ce faisant, Pape n'a pas seulement dépassé mes attentes, mais aussi celles de beaucoup, surtout pour la clarté de son message.

- Quelles impressions avez-vous eu des différents rendez-vous? Et quelles ont été, selon vous, les événements les plus significatifs et les discours les plus intéressants?
- Rétrospectivement, la série des différentes manifestations s'est déroulée comme un crescendo musical: de l'intense prélude au Bundestag de Berlin, jusqu'au discours final aux laïcs impliqués dans l'Eglise et dans la société prononcé au Konzerthaus de Fribourg. Cet appel à libérer l'Église d'éléments séculiers et profanes qui déterminent en partie la vie ecclésiale, suscitera des discussions quand il s'agira de mettre en pratique les paroles du Pape. En ce sens, le dernier discours a été vraiment le final retentissant de la symphonie qui a scandé le voyage papal.

- A qui se référait le Pape?
- A ces organisations de laïcs allemands qui sont souvent idéologisés, aspirent à la démocratisations, en se concentrant sur les thèmes habituels de la prêtrise pour les femmes, l'abolition du célibat des prêtres et la communion des divorcés. Ce sont des milieux qui ont eu dans le passé de grands mérites, mais qui sont maintenant sécularisés et opposés au magistère.

- Et où avez-vous vu des bourgeons qui pourraient s'épanouir?
- Partout où on a pu voir des gens ouverts aux paroles du Pape, heureux de pouvoir le rencontrer et le saluer, surtout les jeunes. Ils ont montré le visage d'une Eglise vivante et joyeuse: à Etzelsbach dans une atmosphère plus dévote et à Fribourg, dans une atmosphère plus festive. Entre autres choses, nous ne devons pas oublier qu'en Allemagne, il existe des différences importantes entre le Nord et le Sud: en effet le premier est majoritairement protestant, sinon déchristianisé, tandis que le second a une identité plus catholique.

- Qu'est-ce qui vous a frappé en particulier?
- J'ai aimé les liturgies sans guitare, avec des compositions musicales classiques ou de bon style moderne: des célébrations plus déliées, plus sobres, plus spirituelles et recueillies.

- À propos de Martin Luther, certains ont parlé d'une réhabilitation de la part du Pape. Vous êtes un historien de l'Église, quelle opinion vous êtes-vous faite?
- Les attentes exprimées par beaucoup, d'une annonce spectaculaire faite par le Pape à Erfurt étaient irréalistes et exagérées, probablement dans le seul but de souligner une attitude de déception, après coup. Ces gens devaient savoir que Benoît XVI ne veut pas faire de politique oecuménique, mais approfondir les éléments communs de la foi. Ainsi, nos interlocuteurs protestants devraient s'interroger sur ce qu'il y a à partager aujourd'hui autour du fondement commun du Credo apostolique et des éléments de la morale chrétienne. En outre, nous nous demandons dans quelle mesure leur importe encore la question existentielle de Luther, qui est, «comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux."

Gianluca Biccini

Fils du Concile La transition en suspens d’El País