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Le Pape écolo

... et surtout, les idéologues qui récupèrent (8/10/2011)

Tracce, la revue en italien de Communion et Libération vient de faire une mini-revue de presse autour du discours prononcé par le Saint-Père au Bundestag. Plus exactement sur le thème "Le Pape et l'écologie"... On va finir par dire que c'est quelque chose d'aussi banal et ennuyeux qu'un marronnier.

L'Avvenire, nous rappelle Tracce, titrait "Une brèche dans le Reichstag", La Stampa "Le virage vert du Pape conquiert Berlin", et... Il Foglio "Seul un Pape peut nous sauver": article traduit en son temps par moi ici.

J'ai déjà eu l'occasion à maintes reprises d'évoquer cette manie assez pénible des medias et de certains idéologues de parler du Pape Vert, pour le récupérer. Certes, le Pape est un défenseur du "créé" - et non pas un "écologiste", ce mot devenu à la mode dans les années soixante-dix, alors qu'il avait auparavant un tout autre sens [1] - comment ne le serait-il pas (je l'entends encore dire à Lorenzago di Cadore, lors d'un angelus auquel j'ai eu le bonheur d'assister, le 22 juillet 2007 «La beauté de la nature nous rappelle que nous avons été destinés par Dieu à "cultiver et garder" ce "jardin" qui est la Terre (cf. Gn 2, 8-17): et je vois la façon dont vous cultivez et gardez réellement ce beau jardin de Dieu, un véritable paradis») , mais son écologisme n'est pas spécialement vert, il est intégral, et il embrasse toutes les dimensions humaines.

Lisant après coup les commentaires d'un article (légitime, pourquoi pas?) consacré par Patrick de Plunkett au discours du Bundestag, je me suis sentie un peu provoquée. Car en traduisant l'article de Giuliano Ferrara, j'ai peut-être contribué un peu à sa diffusion dans la cathosphère française.
Quoi qu'il en soit, insulter Giuliano Ferrara - en le traitant de "stal"!!! - pour faire passer des idées discutables (au sens: "qui peuvent se discuter") est un procédé peu élégant. Je ne dirais pas "peu chrétien", car j'aurais peur d'être traitée de "pharisien" - c'est l'argument classique.

Le "fil" est ici .

Le ton des commentaires (ils ne sont pas écrits par le responsable du blog, mais en quelque sorte validés par lui) est celui, devenu habituel sur ce blog: dérision, à la limite de l'insulte (Berlusconi en prend pour son grade, qualifié de "le plus risible et le plus ripou des politicards : non seulement obsédé sexuel compulsif poursuivi en justice pour affaire de moeurs sur mineure, mais poursuivi aussi pour faux bilans, fraude fiscale, corruption de policiers, corruption de juge etc..", mais quel rapport avec le discours "vert" du Pape?).

Je lis surtout cela:

Dans la feuille post-berlusconienne IL FOGLIO, l'elefantino Ferrara, néocon après avoir été stal, prétend que le pape n'a parlé d'écologie que pour dire que l'écologie devait se limiter à l'homme. Mensonge grossier ! il suffit de lire ce qu'a dit le pape (*)...
Question :
quand les athées de droite vont-ils nous foutre la paix ?
Et quand les anciens stals vont-ils renoncer à la façon stal de tronquer les textes et de déformer les faits ?

* * *

Mais Ferrara n'a absolument pas écrit ce que prétend cet internaute, et surtout, il n'y avait aucune agressivité dans ses propos.
Il a dit exactement ceci: "Le Pape a fait une référence délicate et savoureuse à l'écologie, dans la terre d'origine du phénomène des Verts, et a ajouté, avec un esprit espiègle, que l'écologie est <d'abord et avant tout> l'écologie humaine".

C'est une interprétation possible; il était évident pour ceux qui ont suivi le direct que le Pape s'amusait (des Verts, ou les Verts, ayant grossièrement boycotté sa visite) et surtout, Ferrara ne dispose d'aucun monopole de l'information, n'y prétend pas, et n'a empêché personne d'aller contrôler sur le discours du Pape, disponible presque tout de suite, dans toutes les langues, sur Internet. Il indiquait même dans son article le lien vers la version officielle du discours en italien.
On a le droit de ne pas être d'accord avec le "d'abord et avant tout", qui est peut-être excessif (enfin, pas pour moi) mais pas celui de déformer les propos des contradicteurs pour les discréditer. C'est un procédé déloyal.

Quant au Pape, il est indispensable de relire ce passage de son discours:

(*) L’importance de l’écologie est désormais indiscutée. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence. Je voudrais cependant aborder avec force un point qui aujourd’hui comme hier est –me semble-t-il- largement négligé: il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté.

Le commentaire de Tracce


http://www.tracce.it
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Le discours de Benoît XVI au Bundestag, est un discours qui provoque, sans aucun doute: aussi, entre autres choses, pour redécouvrir les fondements et les devoirs de la politique et du droit: «La politique doit être un engagement pour la justice et créer les conditions de base pour la paix ».
C'est avant tout l'exemple choisi qui donne à réfléchir: le mouvement écologiste né en Allemagne dans les années soixante dix d'un groupe de jeunes. Pourquoi lui accorder autant d'attention? Parce que, peut-être malgré lui, il reconnaît que «la terre porte en elle-même sa propre dignité et que nous devons suivre ses instructions».
Le mouvement écologiste redécouvre, à sa façon, que la nature est un signe, porte en lui quelque chose d'autre, , et ainsi appelle l'homme au respect.
Mais le discours «écologique» du pape ne concerne pas seulement l'environnement-terre (thème repris facilement par les médias, de manière souvent superficielle); ce discours, à partir d'une approche plus radicale et dramatique, regarde aussi l'environnement-homme, cette réalité ou cette maison (oikos) qu'est l'homme:
«Il existe aussi une écologie humaine. L'homme aussi possède une nature qu'il doit respecter et qu'il ne peut manipuler à volonté. L'homme n'est pas seulement une liberté qui se crée elle-même. L'homme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature, et sa volonté est juste quand il respecte la nature, l'écoute, et s'accepte lui-même pour ce qu'il est, et qui ne s'est pas créé de lui-même. C'est alors, et alors seulement que se réalise la vraie liberté humaine ».

La réalité de l'homme ne fait pas exception. A une écologie qui respecte la terre, il faut en adjoindre une qui respecte l'homme, sa nature, et la dynamique originelle qui lui appartient.
Le Pape a été plus écologiste que les écologistes. Et en cela, il fait appel non pas à un «credo» mais à une «raison ouverte au langage de l'être », qui parle non seulement à travers la nature, mais aussi à travers notre tissu humain.
Benoît XVI incarne aujourd'hui de façon exemplaire la vocation originelle du christianisme: racheter l'humanité de l'homme, à commencer par l'usage de la raison. L'enjeu est la possibilité de plénitude de chaque être humain en même temps que la vie du cosmos.

[1]

Selon le Petit Larousse de 1972, l'écologie (du grec oikos, maison, et logos, science), est la partie de la biologie qui a pour objet l''étude du rapport des êtres vivants avec leur mileu naturel. Un écologiste est tout simplement... un spécialiste de l'écologie!!
Vous avez dit "glissement sémantique"? (autre expression à la mode du "politiquement correct")

Tu feras une interviewe avec Hans Küng Pour qu'Il règne