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Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

A Assise sans marketing

Le Credo, la vérité et la sagesse. Ce héraut et l'annonce des premiers chrétiens Vittorio Messori http://www.et-et.it/articoli/2011/2011_10_15.html La version complète de l'intervention de V. Messori à la conférence de la Nouvelle Evangélisation Le temps qui nous est alloué est restreint. C'est aussi bien ainsi, nous sommes appelés à imiter la sécheresse, la volonté de synthèse des Evangiles. Nous devons revenir à la conscience que ce en quoi nous croyons, ce dont tout le reste découle, tient (comme saint Paul nous l'enseigne) en trois mots: « Jésus est ressuscité ». De là la conséquence: « Donc, Jésus est le Christ annoncé par les prophètes et attendu par Israël ». C'est ce que les premiers chrétiens appelaient le kérygme http://fr.wikipedia.org/wiki/K%C3%A9rygme , c'est-à-dire le cri du héraut qui, dans les rues et les places, annonçait à la population les nouvelles urgentes, celles que tout le monde devrait connaître. Je pense que la ré-évangélisation de l'Occident, qui nous est demandée avec une sainte insistance par Jean-Paul II et Benoît XVI, n'est rien d'autre que cela: non pas, avant tout, des doctrines complexes, mais plutôt le recommencent à partir du kérygme , du fondement sur lequel tout repose. Revenir proclamer ce simple mais en même temps scandaleux: Jesùs estì kyrios , Jésus est le Seigneur. Bien sûr, tout le monde ne s'arrêtera pas pour nous écouter. Et ceux qui le feront nous opposeront tout de suite: « Cela fait vingt siècles que vous nous le répétez. Mais quelles raisons nous apportez-vous? Nous sommes des hommes modernes, habitués à la critique: pourquoi devrions-nous e,ncore croire que cet obscur Juif qui a fini sur la croix il y a deux mille ans est le Seigneur, le Fils de Dieu, Dieu lui-même? Pourquoi lui et pas un de ces nombreux autres qui proclament un autre Dieu? Mais, avant cela, apportez-nous des preuves crédibles qu'un Dieu, quel qu'il soit, existe vraiment». Une réplique légitime. Après tout, c'est la même qui tomba sur Paul quand « il se mit à annoncer Jésus au milieu de l'Areopage» et qu'on lui demanda la raison du scandale et la folie qu'il annonçait. Le rapport entre foi et raison. La foi qui va, bien sûr, au-delà de la raison, mais qui ne la contredit pas. Voilà notre problème, voilà le problème de toujours, mais dont beaucoup, dans l'Église elle-même, ne semblent pas être conscients. Permettez-moi alors de me référer, pour ce qu'elle vaut, à mon expérience. Peut-être, à son petit niveau, peut-elle être exemplaire. Famille d'anticléricaux de l'Emilie, 18 années d'études, à Turin, toutes à l'école laïque, où régnait un agnosticisme strict. On n'affirmait pas Dieu, mais on ne le niait pas non plus: il n'était tout simplement pas une question qui doit être abordée en classe. À l'université, à la faculté des sciences politiques, je devins l'élève de prédilection des grands maîtres du laïcisme italien, avec lesquels je fis également ma thèse. Ici non plus, l'athéisme ne régnait pas - considéré comme vulgaire parce que lui-même religion, bien que son contraire - mais une indifférence radicale dominait: puisque la raison, le seul instrument dont nous disposons, n'est pas capable de résoudre le problème, pourquoi perdre du temps et des efforts à débattre si Dieu existe ou non et si c'était celui que l'on adore dans telle ou telle religion? Alors que je rédigeais ma thèse, sans que je la recherche, ou m'y attende, je tombai sur une rencontre (incontro) qui fut aussi un choc (scontro) avec le mystère du Christ que j'avais jusque-là rejeté sans même l'examiner, tant il me semblait inadmissible. Ce fut une aventure spirituelle inattendue et bouleversante dont je vis encore les conséquences, mais dont ce n'est que récemment que je me suis décidé à tenter de la décrire dans un livre (1). Je ne voulais pas devenir chrétien, encore moins catholique, mais j'y fus forcé par une évidence intérieure à laquelle je ne pouvais échapper. Eh bien, passés les premiers temps, ceux de l'étourdissement de celui qui a vu grande ouverte une dimension inimaginable, voilà que surgissent tout de suite les doutes et les problèmes. J'avais été élevé dans le culte de la raison qui était devenue rationalisme, donc j'ai commencé à me demander: « Suis-je la victime d'une illusion? D'un trouble nerveux? N'ai-je pas besoin de repos et de loisirs plutôt que de réflexions sur l'évangile? Est-il possible qu'un jeune ratiocinant comme moi, élève du laïcisme le plus intransigeant, accepte ce que jusqu'ici il considérait seulement comme un ramassis de vieux mythes? Et comment penser frapper à la porte d'une Église qui, si je m'en tiens à l'histoire qu'on m'a enseignée, n'a pas été la providence mais le fléau de l'Occident en général et de l'Italie en particulier?». Le fait est que la foi est une réalité surnaturelle qui s'incarne dans un homme concret, et par conséquent, elle a besoin de la confirmation de la raison: c'est le "croire" qui, pour être humain, doit nous apparaître raisonnable; c'est le pari sur Jésus qui doit apparaître fondé. Quant à moi, pour me rendre à la dimension inédite qui m'envahissait, j'avais besoin d'un soutien: celui, pour dire les choses clairement, d'une apolégétique http://fr.wikipedia.org/wiki/Apolog%C3%A9tique appropriée. Je commençai à demander de l'aide à mes nouveaux compagnons, à ces catholiques qui étaient jusque-là des étrangers pour moi. Mais c'étaient les années où le Concile s'achevait, dans l'Eglise, c'était une fermentation de luttes et de querelles; et pourtant, comme je le découvrais avec regret, c'étaient des conflits internes, cléricaux. On s'affrontait sur l'organisation des institutions de l'Église, le rôle du pape, des évêques, des prêtres, des laïcs, des femmes, de la liturgie. Personne ne parlait de la foi, et encore moins de ses motifs, on la prenait pour une donnée, un fait prévisible, acquis, tandis qu'on se battait pour ce que devrait être, pour le catholique, l'éthique, l'engagement politique, social, économique, culturel. Mais tout cela n'étaient que les conséquences d'une cause première, le «oui» à la vérité du Credo, que personne ne s'occupait d'examiner et de vérifier. Et même, ceux qui auraient voulu le faire auraientt été disqualifiés par des termes comme «apologiste», «apologétique» qui étaient devenus comme une insulte, un signe d'anachronisme et d'intégrisme. Eh bien, ne trouvant les instruments que je cherchais, je décidai (avec l'imprudence et l'impatience des néophytes) de "me les" faire moi-même. Ces cléricaux - prêtres et laïcs - avaient caché l'apologétique? Eh bien, j'essayai de l'exhumer, pour moi d'abord, puis pour l'offrir à d'autres. Et donc, après une longue recherche, j'osai publier trois cents pages intitulées «Hypothèses sur Jésus» , où j'essayais d'appliquer la recherche historique et archéologique, ainsi que le bon sens étranger aux idéologies du moment, aux origines mêmes d'une foi qui n'est pas une doctrine mais une Personne. A la méfiance avec laquelle ce petit livre fut salué par une certaine intelligentsia cléricale s'opposa l'extraordinaire succès populaire à travers le monde. Succès qui d'ailleurs, a accueilli de nombreux autres livres que j'ai pu publier: tous écrits pour tenter de répondre aux demandes sur la crédibilité, le caractère raisonnable de la foi. Cet intérêt a été la confirmation de ce dont j'ai toujours été conscient: il ne peut y avoir - aujourd'hui moins que jamais - de nouvelle annonce de la foi si, dans le même temps, on n'en montre pas le caractère raisonnable. On n'a pas d'impact sur la société ou sur la culture en reproposant la perspective évangélique, si on n'affronte pas d'abord le problème du Christ et de la vérité de son Evangile. Les problèmes que les catholiques doivent désormais affronter ont une racine souvent inavouée et pourtant dramatique: la perte de la foi, la réduction de Jésus à un maître de moral, du Nouveau Testament à un obscur pastiche du judaïsme et du paganisme, du miracle au mythe, de l'espérance eschatologique à l'engagement laïc. Bien avant toute réforme institutionnelle et toute prédication morale ou sociale, nous devons retrouver le Credo, celui que nous récitions à la messe, au sens plein. Mais comment retrouver ce Credo si bien peu nous montrent les raisons pour le faire? Combien, dans l'Eglise, nous aident à nous rassurer que le chrétien n'est pas, comme cela a été dit récemment, «tout juste un crétin»? (ndt: parole d'Odifreddi, voir ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Piergiorgio_Odifreddi: Au fond, la critique du christianisme pourrait être réduite à ceci : qu'étant littéralement une religion pour des crétins, elle ne s'adapte pas à ceux qui, peut-être pour leur malchanche, ont été condamnés à ne pas l'être). Pour cela aussi, pourra être très précieux ce Conseil pontifical que le Saint-Père a voulu créer et confier à Mgr. Rino Fisichella, qui n'est pas par hasard spécialiste en théologie fondamentale, l'autre nom de l'apologétique. La première étape pour une nouvelle évangélisation, de toutes façons, est simple mais exigeante. Prendre au sérieux l'exhortation de Pierre à être « toujours prêt à donner les raisons de l'espérance qui est en nous«. Avec clarté et décision,, et dans le même temps, comme Pierre lui-même nous en avertit, « avec douceur et respect». (1) Vittorio Messori a raconté en 2008 dans un livre d'entretiens avec Andrea Tornielli l'expérience para-normale (je ne sais pas si le mot convient...) qu'il a vécue comme jeune homme, et qui lui a fait trouver la foi. Ce livre, à ma connaissance pas traduit en français, s'intitule "Perchè Credo" J'avais traduit ici un passage de la préface http://benoit-et-moi.fr/2008/0455009a4e0a83616/0455009b4b07d3c01.html Voir ici une interviewe de Vittorio Messori par Antonio Gaspari dans Zenit, à la sortie du livre. http://www.zenit.org/article-19507?l=french

Un article (surprenant, vu le support!) sur Assise, dans l'Unità. Un prêtre - sceptique... - y invite "certains" membres de l'Eglise à ne pas céder aux sirènes de l'irénisme, mais il proclame son admiration et sa confiance en Benoît XVI. (13/10/2011)

Don Filippo di Giacomo tient un rubrique récurrente dans le journal L'Unità, ex organe du PCI.
Bof, pourrait-on dire.
Mais si je comprends bien ce texte, très surprenant vu le journal où il est publié, le prêtre n'est pas classable "catho de gauche", et surtout, ce n'est pas un partisan béat du dialogue interreligieux. Le risque d'Assise, selon lui, est plus celui de l'irénisme, qui n'est pas le fait du Pape (avec un catholicisme trop soumis, trop doux, peu soucieux de prosélytisme, peu jaloux de sa vérité, facile à endormir avec de beaux discours) que du syncrétisme (le cauchemar d'une religion globale): il s'en prend aux tenants de l'esprit d'Assise, «spécialisés dans la distribution de plants d'oliviers et de lumignons de cire liquide de médiocre qualité », leur rappelant le martyre de Mgr Padovese. Sa réflexion trouve un écho brûlant dans l'actualité, avec le récent massacre des coptes en Egypte.


Article en italien ici: http://www.unita.it/
Ma traduction.

A Assise, mais sans marketing
Don Filippo Di Giacomo
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Le 27 de ce mois, Benoît XVI se rendra à Assise pour célébrer le 25e anniversaire de la rencontre historique qui, à l'initiative de Jean-Paul II, a eu lieu le 27 Octobre 1986 dans la ville de Saint François.
Le 1er Janvier dernier, en annonçant l'événement, le Pape a précisé qu'il s'agirait d'une rencontre dédiée à « la réflexion, au dialogue et à la prière pour la paix et la justice dans le monde ». Et cette fois encore, il a invité ses frères chrétiens des différentes confessions, les représentants des traditions religieuses du monde et, idéalement, tous les gens de bonne volonté.
Ceci pour le caractère officiel; mais en descendant vers le peuple des paroisses, il y a une nouveauté, et venant de la base ecclésiale, un espoir: que Benoît XVI utilise sa magistrale clarté pour faire comprendre à ces catholiques spécialisés dans la distribution de plants d'oliviers et de lumignons de cire liquide de médiocre qualité, que le soi-disant «esprit d'Assise » n'aspire pas seulement à légitimer un prétendu «dialogue entre les religions», mais, de manière plus réaliste, consiste à animer la rencontre entre les cultures nées des religions et d'une modernité partagée. Et ce n'est pas un simple détail.

«Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix» est la devise de la rencontre. Très beau, mais, ce qui est arrivé dans le monde après les rencontres de 1986 et 2002, en particulier aux dépens des chrétiens, ne peut justifier l'optimisme béat de ceux qui ont fait de l'«esprit d'Assise » la marque de leur image publique, y compris au détriment de ce que Jean-Paul II d'abord, et Benoît XVI, ensuite, ont réellement dit et voulu. Sans préjudice du respect pour ces structures dialogales de l'Eglise institutionnelle qui sont responsables, au nom du Pape, d'organiser des rencontres et des gestes comme celui-ci: cui prodest, à quoi servent ces rencontres, se demande-t-on dans les paroisses? Que nous ont-elles laissé? Ont-elles quelque chose à voir avec l'opinion largement répandue parmi les catholiques, y compris les prêtres et même quelques "théologiens à la page", qui veut un Dieu unique pour toutes les religions, avec pour seule "différence" identifiée le nom par lequel il est invoqué?

Il est vrai que le fruit le plus précieux, pour l'Eglise catholique, de la première rencontre d'Assise, dont nous nous préparons à célébrer l'anniversaire, est daté du 6 août 2000 et s'intitule « Déclaration "Dominus Iesus" au sujet de l'unicité et de l'universalité salvifique de Jésus-Christ et de l'Eglise », il est signé de Joseph Ratzinger
(absent à Assise 1 en 1986 et présentà Assise 2 en 2002) et Tarcisio Bertone, et a déjà enseigné à structurer le dialogue interreligieux dans la pleine sympathie humaine, mais sans déléguer les résultats théologiques significatifs. Toutefois, ceux qui fréquentent l'église chaque jour et ont avec le ventre chaud et fertile de nos communautés une vraie relation, soulèvent aussi des doutes sur la possibilité que des rencontres comme celle d'Assise puissent montrer aux yeux des fidèles d'autres religions un Catholicisme trop soumis, trop doux, peu soucieux de prosélytisme, peu jaloux de sa vérité, facile à endormir avec de beaux discours, et contribuer à la terrible floraison de martyrs à laquelle les Eglises chrétiennes ont dû faire face dans ces deux dernières décennies.

Peut-être est-ce le soi-disant «esprit d'Assise» qui a fait oublier si vite le martyre de Mgr Luigi Padovese et passer sous silence le début du simulacre de procès de son meurtrier, Murat Altun, accueilli par ses proches et par le public dans la salle d'audience d'Iskenderun aux cris de: «Murat, n'ai pas peur, Dieu est avec toi! »?

Pourtant, ceux qui ont eu le privilège d'enrichir leurs réflexions en suivant, sans parti-pris, durant ces six années, le magistère de Benoît XVI devrait se rappeler comment, depuis le jour du début de son pontificat, en passant par Cologne, Ratisbonne, Istanbul et en d'autres occasions, la leçon du Pape théologien sur le dialogue interreligieux a toujours été très claire: confrontation amicale et requête toute aussi amicale de la nécessité de garantir à chacun une chance d'être soi-même, en somme, de voir la liberté religieuse pour les chrétiens non seulement souhaitée, mais appliquée.

D'Assise 1 et 2, nous avons de merveilleux souvenirs, mais aussi de nombreuses interprétations à la limite du faux. Il y a vingt-cinq ans, le 12 Octobre, Jean-Paul II nous a dit que lui et les représentants des autres religions se rendaient dans «un lieu que la figure séraphique de saint François a transformé en un centre de fraternité universelle ... comme croyants en Dieu, à qui les événements de l'histoire humaine tiennent à coeur ».
Luigi Padovese était un franciscain capucin, qui ne distribuait pas de plants d'oliviers ni n'offraient de lampes votives. Sa vie et sa mort sont l'histoire. Le reste pourrait être simplement ennui.

Assise: un moindre mal? Un défi culturel, pas politique