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Emeutes à Rome: quelle réponse des chrétiens?

Une réflexion sombre et sévère de Mgr Negri, l'évêque de San Marino, après les affrontements qui ont accompagné la manifestation des "indignati". Il dénonce les " générations vides qui se transmettent l'une à l'autre leur incapacité à trouver un sens à la vie" (20/10/2011).

Sur ce sujet



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Ce texte est cité dans un éditorial de Vatican Insider, signé Giacomo Galeazzi, qui titre "L'outrage nihiliste", et qui est consacré aux réactions du monde catholique.
Le vaticaniste de la Stampa écrit:

"Après la folle journée de samedi... les jeunes de la paroisse préfèrent être appelés «engagés» (impegnati) plutôt que «indignés» (indignati)".

Il ne minimise pas la gravité des faits.

Article de Mgr Negri sur le site de l'évêché de San Marino.
Ma traduction.

Affrontements à Rome. Quelle est la réponse des chrétiens à la "rue" des indignés?
19/10/2011
Mgr Luigi Negri
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On a prodigué de nombreuses analyses, et même très argumentées, pour identifier quel a été le moteur de la violence, samedi dernier à Rome. Je me permets, dans ces quelques lignes, de proposer une perspective à laquelle on n'a peut-être pas donné l'attention voulue. Une connaissance élémentaire de l'histoire de la culture occidentale, et en elle de l'Église et - surtout - du grand magistère de Jean Paul II, rend inévitable l'observation suivante: la racine de cette violence tragique est dans l'antithéisme, dans l'antichristianisme qui constituent le fond sombre des idéologies dans lesquelles nous sommes encore plongés.

L'idéologie naît toujours de la présomption de pouvoir substituer à la présence réelle de Dieu dans le Christ et le mystère de l'Eglise une vision abstraite: idéologique, philosophique, scientifique, technologique. Cette tentation, qui précède et soutient toutes les idéologies est restée très forte, même après l'effondrement des mythes politiques de l'époque contemporaine.
Dans ces dernières années, l'anti-christianisme semble être non pas tant la manifestation d'un choix de vie individuel conscient et assumé, mais plutôt le mouvement qui, sous une forme latente, anime et soutient des vies complètement déconstruite dans leurs exigences fondamentales. Se déroulant finalement dans une tentative d'éliminer le Christ et la tradition chrétienne, sa présence historique, réelle et concrète, seule véritable alternative à la domination manipulatrice de la pensée abstraite. La tradition chrétienne en tant que peuple nouveau qui naît de l'Esprit, suit le Christ présent et vivant non pour lui-même mais pour le Christ ressuscité.

Il est donc évident que sous la «peau» des dévastations de toutes sortes, il y a l'apostasie du Christ, qui se réalise inéluctablement - et cela, Benoît XVI ne cesse de le rappeler - comme apostasie de l'homme de lui-même. A juste titre, on a parlé de «vide», parce ce qui est suscité dans le cœur, c'est-à-dire dans la conscience et la vie de la société une fois qu'on a éliminé Jésus-Christ, c'est le non-sens de ce que Jean-Paul II a appelé «la culture de mort ».

En tant que chrétiens, nous ne devons jamais cesser de nous demander ce que signifie pour notre vie de foi ce qui se passe dans ce monde. Et ce qui peut arriver, comme cela s'est passé, par la responsabilité de générations vides qui se transmettent l'une à l'autre leur incapacité à trouver un sens à la vie.
Rien n'interdit de supposer que dans la rue, samedi, il y avait aussi les mauvais maîtres (et les mauvais parents) de ceux qui ont ensuite incendié les voitures, ou se sont attaqués à la police.

Nous, chrétiens, pouvons-nous empêcher ce vide de passer d'une génération à l'autre? Avons-nous dit que face à ce vide, la plénitude de la vie est possible? Que dans l'expérience de la communauté chrétienne, il y a la communion avec Dieu? Comme l'a dit le Pape au peuple chrétien de mon diocèse, lors de sa visite pastorale, «soyez des chrétiens présents, entreprenants, cohérents ». Mais ce vide, n'est-il pas encore plus profond justement parce que notre présence chrétienne risque de ne de ne plus désirer cet impact de Dieu sur le cœur de l'homme en lui reproposant chaque jour le mystère du Christ Rédempteur?

La leçon qui vient de la journée Rome est terrible pour la culture et la société de notre temps. Pour nous chrétiens, elle doit devenir une invitation à retrouver notre identité foi. Ce n'est que de là que pourra naître une responsabilité de laïcs matures, disponibles pour s'engager dans de nouvelles formes de vie, de culture, de société, de politique, comme il l'a suggéré de façon incisive le cardinal Angelo Bagnasco. Avant tout, il y a l'évangélisation, qui est la vie d'un peuple nouveau, un peuple que le pape Paul VI a qualifié - avec une image passée dans l'histoire - «une entité ethnique sui generis». Si le cœur du monde et celui l'homme montrent ce vide si plein d'attentes, mais aussi si plein de violence, l'Eglise doit comprendre que sa responsabilité primordiale est de répondre, de combler ce vide avec la seule réalité qui peut rendre la vie vraie, belle, joyeuse et juste.

On peut se demander si les outrages infligés aux signes de la tradition chrétienne sont la dernière manifestation, ou l'avant-dernière, du refus flagrant, concret, violent, du christianisme. En d'autres mots, si nous allons voir pire. C'est vrai: nous avons tous éprouvé de la peine en voyant ce jeune cagoulé qui piétinait la Sainte Vierge. Est-ce pire que ce qui est arrivé le 13 mai 1981 (ndt: jour de l'attentat contre Jean-Paul II), quand ils ont essayé de réduire le pape au silence devant les foules, le monde, l'histoire? Ne classons pas trop vite des tragédies de cette ampleur, la mémoire sert à éduquer notre foi. C'est pourquoi nous ne risquons pas d'oublier la tragédie de Rome de si tôt. Qu'elle soit maintenant le début d'une nouvelle mission.

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