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Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

La lettre de Jeannine, 4 novembre

Benoît XVI à Assise, dans les plus minutieux détails, tant sur la forme que sur le contenu (5/11/2011)

Un grand merci à mon amie!

-> Tous les articles et les photos ici: Assise

Chère Béatrice,

(...)
J'ai vu le début de la messe pour les évêques défunts hier matin et j'ai trouvé Benoît XVI moins entouré que lors de la messe de canonisations. Il était très souriant, chaleureux. Assise a été avalée avec du chemin parcouru, des marches sans aide, un pas alerte, souple, un pape visiblement heureux tout en restant dans une réserve agréable.

26 octobre: L'audience générale devenue un temps de prière préparatoire pour la journée d'Assise était bien dans le style de Benoît XVI .
Devant la télé le temps passait, mon inquiétude augmentait, fort heureusement un bandeau est apparu annonçant " retrouvez dans quelques instants .." , ouf!! notre Pape avait du retard mais il était là.
Le mauvais temps sur Rome et l'obligation d'abriter les quelque 25000 personnes présentes réparties entre la salle Paul VI et la basilique ont contribué à faire de cette audience un temps spécial. Dans Saint-Pierre les pèlerins présents mitraillaient le décor somptueux qu'ils pouvaient toucher du doigt, une mini-visite avec en prime la venue du Pape en personne, bien mieux que la Place Saint-Pierre. La Bavière avec drapeaux, calicot très visible de Marktl, de nombreux participants , est venue en grand nombre Les mains se tendent, on veut le toucher; des photos marquent spécialement : le visage d'un homme jeune non-voyant doucement caressé par notre Pape qui s'attarde, bénit; une jeune mariée au sourire radieux garde le souvenir de cette main saisie, les flashs crépitent, une jeune handicapée au regard un peu vague laisse les mains fines et douces se poser longuement sur son front et un léger sourire apparaît, il y en aurait tant d'autres à citer, un homme à la barbe grise et avec turban serre longuement les mains du Saint-Père avant qu'il ne gagne la salle Paul VI. Tant de clichés, tant de mains serrées, de pas accomplis pour saluer, bénir, écouter, répondre aux sollicitations joyeuses des participants, sourire non pas sur commande mais avec des yeux rieurs, des expressions changeantes suivant les personnes rencontrées, je crois que cette joie qui lui est offerte lui fait oublier la fatigue mais aussi le temps. Même D. Gianni riait devant tant d'enthousiasme et de sincérité.

Aula Paul VI : Benoît XVI avec les cérémoniaires revient à la prière avec un visage serein et un sourire discret. Aménagement spécial, prélats et autorités mais l'ambiance audience générale est présente avec cette foule joyeuse, enthousiaste, Benedetto, Benedetto. Mgr Marini cède, lors d'un chassé-croisé, la place au secrétaire pour les salutations aux fidèles. Pour les Slovaques que Benoît XVI n'oublie pas de saluer, il y a le grand drapeau, les applaudissements et le visage radieux d'une dame au sourire ému, un instant de joie pure. Le Saint-Père après avoir laissé les fidèles s'exprimer par des applaudissements fournis, des vivats, salue longuement avant de regagner d'un pas souple ses appartements. Cette préparation à la journée du 27 prouve qu'il a bien été entendu, compris et soutenu.

27 octobre 2011 au matin, début de la journée de pèlerinage pour la paix à Assise avec un moyen de transport peu ou plus employé par Benoît XVI. Pas de journalistes dans le train, excellente initiative pour moi car leur présence n'aurait pas manqué de perturber l' impression de calme qui se dégage des photos prises.
D. Gianni invite le Pape à monter dans le train mais ce dernier salue avant le personnel affecté au trajet, toujours cette exquise politesse, le temps pris pour n'oublier personne. Benoît XVI , en soutane blanche, s'installe à sa place comme un simple voyageur, son secrétaire lui fait face. Un échange avec Bartholomée 1er et un très beau livre puis notre Pape se plonge dans devinez quoi, un livre bien sûr (ndlr: je pense qu'il s'agissait de son bréviaire) jusqu' au premier ralentissement à Terni : beaucoup de monde sur le quai avec des ballons de couleur, son passage est attendu et chaleureusement salué. Rowan Williams vient échanger avec Benoît XVI et regagne sa place puis on a les ralentissements de Spoleto et Foligno avec la présence joyeuse sur le quai de ceux qui guettent ces passages du Pape dans un moyen de transport inhabituel. A chaque fois debout derrière la vitre, les bras grands ouverts, visage souriant, il montre qu'il est sensible à ces attentions. Dans ce wagon deux membres du service d'ordre, assis côte à côte, paraissent fort détendus. Parmi les autres voyageurs les visages sont sereins, certains sourient, consultent des documents; certes il y a un passager prestigieux mais si discret, si effacé que je garde l'impression d'un déplacement presque familial.

Avant l'arrivée en gare d'Assise , don Georg aide Benoît XVI à mettre son (raffiné) pardessus blanc. Il est accueilli par l'évêque et l'accolade est chaleureuse, le service d'ordre s'est regroupé mais ne colle pas à la personne du Pape qui arbore un sourire heureux. Il monte dans le bus 1 avec tous les chrétiens (signalé par le Père Denis Metzinger) sans aménagement particulier, une place comme les autres avec son secrétaire à sa gauche et la vitre à sa droite. Impossible de ne pas remarquer le panneau d'accueil d' Assise: taille XXXL.

Sainte Marie des Anges et les franciscains qui attendent le bus et Benoît XVI , salutations de Benoît XVI à tous les participants: que de mains serrées, de sourires échangés, de mercis prononcés par certains (cf Ph de Saint-Pierre) on perçoit la paix, la sérénité qui habitent le Saint-Père et la courtoisie de ce premier contact avec autant de personnes différentes, certaines paraissent un peu perdues mais toutes ont le sourire.
Pour rentrer dans la cathédrale il quitte le manteau blanc et retrouve la tenue que je préfère; on veille sur lui mais à distance, il marche d'un bon pas et avant de pénétrer dans le monument ses doigts jouent dans l'air pour saluer ceux qui l'ont attendu devant Sainte-Marie des Anges. Il a été le premier à descendre du car mais il n'a pas omis de saluer le chauffeur avant de rejoindre ceux qui ont répondu à son invitation.

Son entrée dans la cathédrale est très applaudie et il règne autour de lui une grande bonne humeur; là on retrouve le préfet de la CDF décrit par le cardinal Schönborn tout de suite après l'élection en avril 2005. Benoît XVI est heureux de vivre cette journée et cela est perceptible. Il gagne sa place, un simple siège en plastique, le patriarche à sa droite, le rabbin David Rosen à sa gauche, un livret comme celui des autres dans lequel il va suivre attentivement. J'aime cette présence sobre, sans artifice, qui applaudit et se lève pour serrer la main de celui qui lui est présenté. Les représentants vont parler et il m'a semblé que la réalité avait été regardée en face; bien sûr on peut penser à une certaine part de formalisme, quelle est la part de sincérité? ce n'est pas mon problème, je dis ce que j'ai ressenti et si je me trompe, au temps pour moi.
. Bartholomée 1er a pointé du doigt le printemps arabe, le 11 septembre 2001, les attaques dont sont victimes les chrétiens
. Le représentant arménien a parlé de génocide, un sujet sensible
. David Rosen est intervenu pour la communauté juive
. Intervention au nom des étudiants musulmans ( si je ne me trompe pas) : "de nombreuses difficultés naissent des religions ou des populations qui comprennent mal les rites, les aspects sociaux de la religion et cela peut conduite jusqu'aux conflits. La religion est utilisée pour servir des intérêts non religieux en distordant la religion pour l'amener à servir des ambitions non religieuses".

La prise de parole de Benoît XVI est très applaudie. La parole est claire, précise, avec des termes forts . Le professeur guide ceux qui l'écoutent : "Cherchons à distinguer ...." . Il stigmatise le terrorisme qui s'attaque de façon aveugle aux innocents, il affronte toutes les questions qui se posent au sujet de la religion et ne passe pas sous silence le fait que la foi chrétienne ait été utilisée pour des violences qu'il reconnaît avec honte. Dans le manque de paix l'homme se détruit lui-même. Une question se pose : mais où est Dieu pour que l'on puisse le montrer, le citer en référence? L'absence de Dieu entraîne la décadence de l'homme.
C'est le don total gratuit qui permet à l'autre d'exister. Parlant des agnostiques Benoît XVI n'hésite pas à dire que leurs questions poussent à avancer toute personne qui réfléchit, les croyants compris.
Pendant les interventions Benoît XVI écoute attentivement et relit les textes prononcés.
Je pense que lorsque F. Mounier (La Croix 28/10/2011) dit en parlant du Pape "sans doute aurait-il souhaité entamer le dialogue avec les intervenants, mais la règle qu'il a lui-même fixée à tous l'interdit", il a raison; notre Pape aime le contact, le dialogue qu'il aborde toujours avec beaucoup d'humilité, de retrait par rapport aux intervenants dont il synthétise les paroles pour en faire un éclairage lumineux destiné à aider à résoudre le problème à l'origine du débat. Puisque je parle de ce journaliste j'ai bien évidemment calculé qu'il a fallu un temps fort long : 6 ans et 192 jours depuis le 19/4/2005 pour arriver à cette constatation : ce pape décidément méconnu (cf. Regard sur Assise ). Je sais bien qu'il n'a pas été parmi les plus virulents, tant s'en faut, mais l'aveuglement autour de cette riche personnalité a bien été le fait de presque tous les médias. Vous me direz : mieux vaut tard que jamais et bien d'autres devraient faire leur mea culpa.
Il est vrai que le temps passant et à moins d'accepter de passer pour un parfait crétin manquant totalement de discernement et de personnalité il devient difficile de camper sur des positions erronées et absurdes. Je doute qu'un jour certains médias soient capables de faire marche arrière, pour cela il faut beaucoup d'intelligence et d'humilité et c'est là que le bât blesse.
Tout ce monde va se diriger vers le lieu du repas très frugal (cf Ph de S-P), le Pape partageant les mêmes conditions. Je trouve que la journée de jeûne était plus contraignante et ce repas pris en commun permet de réunir tous les participants dans un cadre plus simple, plus convivial.
Le temps de réflexion personnelle annoncé par Benoît XVI va se dérouler dans des cellules individuelles, pour lui comme pour les autres et, ainsi, exit la suspicion de syncrétisme qui aurait alimenté sans aucun doute quelques articles sulfureux. Tout a été bien pensé, pesé, soupesé, un travail d' artiste, merci Très Saint-Père.

Les membres de différentes délégations sont installés sur la place Saint-François qui est envahie de monde. Lorsque le Pape arrive c'est une joyeuse cohue: les mains se tendent, les appareils photos jaillissent de tous côtés, les visages souriants appartenant au monde entier se tournent vers lui et les gardes du corps, un peu débordés me semble-t-il, essaient de l'isoler un peu de cette ferveur; pas facile car notre Benoît avance tranquillement, disponible, sourire spontané mais non triomphal, mains tendues. Il parvient à gagner sa place en plein air, avec ses deux mêmes voisins. Cette partie de la journée comporte des intermèdes musicaux: les voix sont belles, les gestes harmonieux et la musique douce est propice au calme intérieur. Les pièces de tissu reliées les unes aux autres et lancées pour faire un grand parachute m'ont fait penser au voyage en Terre Sainte. Après les paroles du cardinal Tauran c'est le renouvellement des engagements pour la paix. J'ai trouvé une certaine honnêteté dans les propos tenus, réalistes , sans surenchère vers la perfection. Paix, compréhension, respect des personnes, justice, solitude, lutte contre la violence et le mal, sécurité, liberté, amitié entre les peuples: chaque intervenant met dans son engagement ce qui lui paraît raisonnable et conforme à l'esprit qui l'anime. Quelques mots de Benoît XVI précisent la suite: un temps de silence et la remise de lampes par les jeunes aux délégués. Les franciscains lâchent des colombes au moment du geste de paix, une d'elles vient se poser sur la main d'un des délégués ravi de la présence de ce bel oiseau qu'il montre bien haut. Comment ne pas penser au Pape à la fenêtre de ses appartements fin janvier lorsque, avec deux enfants, il lâche deux colombes avec un plaisir bien visible. On le retrouve lors du voyage en Turquie avec les échanges de cadeaux : le même et c'était des colombes. J'ai aimé celle qui posée tranquillement sur le bâtiment observe et penche la tête pour un discret coup d'œil au cadre qui l'entoure. On entend le chant final de la chorale dans la chapelle et notre Pape se dirige vers le tombeau de Saint- François. Il salue les gardiens du lieu et finalement beaucoup de représentants des religions le suivent alors qu'il n'y avait aucune obligation pour cela.

Le retour vers Rome est proche et le train va repartir en emportant le concepteur de ce pèlerinage qui, partant d'un évènement de base, a su le transformer, le vivifier (La Croix), l'élargir pour qu'il colle à la réalité des années écoulées, à l'évolution des mentalités, à la personnalité du Pape, notre Saint-Père Benoît XVI. Il est resté dans la ligne de son prédécesseur mais avec sa riche personnalité, son souci d'effacement, sa discrétion, sa simplicité on était certain d'avoir une journée intense et bien organisée. Pour un observateur extérieur comme moi, tout s'articulait parfaitement et Benoît XVI avait l'air si heureux. De la prière dans la salle Paul VI aux paroles de clôture on a retrouvé l'exquise politesse, l'attention à l'autre pour ne pas oublier de remercier, de féliciter pour exprimer sa reconnaissance pour tout le travail accompli. La ligne à suivre était tracée et rien ne l'a perturbée. Mais pour autant il n'est pas devenu sans relief, des paroles fortes ont été dites, il a martelé des mots qui resteront et c'est Paul VI dont il était proche et qu'il apprécie tant que je retrouvais .

28 octobre: Pour compléter cette rencontre à Assise notre Saint-Père a, avec beaucoup de délicatesse, reçu en audience dans la salle Clémentine, au Vatican, tous les participants. Dans ce cadre prestigieux le Pape a gardé les mêmes personnes pour l'entourer : Bartholomée 1er à droite et David Rosen à gauche. Que ce soit à Rome ou à Assise, en plein air et sur une chaise en plastique, l'homme est le même. La rencontre de ce jour est un véritable contact humain avec un courant chaleureux qui passe . Certes il est le Pape mais c'est l'homme qui accueille chaque personne présente avec une infinie bonté, une écoute bienveillante, admire les cadeaux offerts et suit les explications données. Lorsque l'on regarde les photos prises en rafales on trouve des visages rieurs, ouverts, des mains qui se tendent longuement , des personnages qui traduisent par un geste, un sourire, un cadeau ce qu'ils ont retenu de cette rencontre. Je n'aurai pas pensé que cette journée du 27 octobre allait se prolonger et s'enrichir de cette réception si chaleureuse. La proximité avec le patriarche est tangible et l'on retrouve le geste des deux mains posées sur les épaules de son vis à vis, geste rare mais qui en est d'autant plus valorisé.

Dans 15 jours notre Benoît sera au Bénin; qu'il se repose le plus possible avant car au retour il devra attaquer bien vite le mois de décembre qui n'est pas de tout repos.

...
Jeannine



Benoît XVI, Léon le Grand du XXIe siècle Une parabole