La pièce de Castellucci, et l'esprit de résistance
Réflexions de mon amie, Lucie S. (10/11/2011)
Inutile de dire que je les partage!
Comme dirait CS Lewis, cette pièce s'avère être un piège du démon.
Comment ne pas voir que sa représentation n'a servi qu'à diviser les catholiques entre eux, évêques compris, à la grande joie de ceux qui veulent nous humilier?
Plusieurs spectateurs catholiques - sans doute nettement plus intelligents que les autres - ont prétendu qu'il s'agissait d'un spectacle hautement métaphysique sur la souffrance, sur l'homme souffrant devant Dieu. Ils ont pris pour argent comptant les déclarations de l'auteur qui évidemment nous trompe, et ricane de notre niaiserie. Cet auteur se dit: "je vais ridiculiser les croyants qui protestent en montrant leur étroitesse d'esprit et leur incapacité à dépasser les apparences".
Mais le seul fait que l'on projette des déjections sur le portrait du Christ devrait servir de repoussoir à tous les chrétiens, catholiques "intégristes" ou pas, orthodoxes, protestants (j'attends encore la belle manifestation pacifique et oecuménique que nous aurions pu espérer). Tout simplement, qui de nous accepterait sans réagir qu'on traite ainsi le portrait d'une personne aimée? Si les intentions de l'auteur sont telles qu'il les dit, l'utilisation d'un procédé aussi ignoble est absolument inutile pour traiter ce sujet éternel - déjà au centre du livre de Job - et qui remplit des pages et des pages pensées par les esprits les plus éminents de tous les siècles aux écrits desquels Castelluci ne saurait ajouter la moindre lumière.
En vertu de la liberté d'expression, pourquoi ne pas avoir le courage de dire que sa pièce est nulle et qu'un auteur qui doit recourir à de tels procédés pour attirer l'attention sur lui et gagner de l'argent ne fait que démontrer l'indigence de sa pensée. Mais pour le dire il faut avoir le courage de passer pour le dernier des imbéciles.
On écrit partout que les protestations des jeunes sont d'abominables atteintes à la liberté d'expression, laquelle est en réalité dans ce cas la licence de blasphémer et de cracher à la figure des croyants. Les catholiques sont en réalité les seuls citoyens que l'on puisse piétiner impunément et que l'on écrase s'ils ont l'audace de protester. Pourquoi ces jeunes ne pourraient-ils pas eux-aussi user de la liberté d'expression au même titre que les plumitifs? A un moment où s'indigner est un must, où il est de bon ton de faire partie des "indignés" (qui ont commis quelques violences n'ayant pourtant point terni leur bonne réputation) ces jeunes seraient donc les seuls à n'avoir pas le droit de s'indigner quand on bafoue leur foi? En raison du relativisme ambiant, plus personne ne comprend qu'une religion puisse former toute la vie d'un être humain. Défendre la moindre conviction est devenu en France un acte "fasciste"; une démonstration dangereuse de fondamentalisme.
Ceci dit, les autorités et les parents auraient pu seulement émettre quelques recommandations: s'abstenir d'actions prêtant à rire, comme lancer des oeufs, répandre de l'huile (c'est contre-productif), s'abstenir de toute violence verbale contre des personnes (insulter l'auteur, les acteurs ou les spectateurs) sans se priver de propos acerbes sur la pièce, s'abstenir de toute violence ou contrainte physique, ne pas enfreindre la loi. Si ces jeunes s'étaient contentés d'une présence silencieuse ou priante devant le théâtre avec des banderoles et des tracts bien argumentés distribués aux entrants et aux badauds, je ne vois pas comment la police aurait pu les arrêter. Ces jeunes ont peut-être commis des maladresses qui annulent l'efficacité de leur protestation et produisent la division des opinions des catholiques mais ils ne méritent certainement pas le mépris et même la hargne qu'on leur réserve en les qualifiant un peu vite d'"intégristes" et de groupuscule manipulé. Les plus agressifs envers eux étant des gens qui prônent à longueur de journée l'"ouverture à l'autre", le dialogue tous azimuts, le droit à la différence et le dialogue interreligieux.
Même s'ils sont issus du mouvement lefebvriste, ce n'est pas une raison pour les traîner dans la boue.
En fin de compte, ils sont courageux, ils ont l'esprit de résistance. Face à l'esprit "collabo" de tant d'adultes rongés par le relativisme, ils ne manquent pas de panache et nous font réfléchir à la façon de résister à la persécution - qui ne manquera pas de s'aggraver si nous acceptons n'importe quoi.
