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Christianophobie

Le Christ aux outrages

Philippe de Champaigne

Carlota réagit à une remarque ambigüe du journaliste Pierre Bénichou. Le respect, dit-elle, est une catégorie universelle. Et cite Michel de Jaeghere - excellent, comme d'habitude (12/11/2011)

Carlota


Récemment, Pierre Bénichou (cité ici) a déclaré

« Moi je ne crois pas qu’on puisse rire de tout […] Qui est le grand responsable ? C’est l’Eglise catholique ! L’Eglise catholique a été tellement tellement vilipendée et n’a rien dit. On peut montrer le Christ dans des positions épouvantables ! Elle a donné l’exemple : on peut tout dire des catholiques. Mais moi, si j’étais catholique, mais je deviendrais fou !»

En disant cela, on tire encore sur les catholiques! « C’est de votre faute ».
C’est un peu facile comme raisonnement. C’est un raisonnement qui rentre dans le principe du communautarisme.
Mais pour un catholique (catholique veut dire universel), sa vision des choses est toute différente, c’est une vision universelle (dont d’ailleurs la déclaration des droits de l’homme, même si elle a oublié de mentionner le Dieu chrétien, a repris toute la substantifique moelle). Tout homme sur terre est amené à rejoindre cette vision universelle. Certes, c’est une notion révolutionnaire dans certains pays et pour certaines civilisations. Elle a pu être assimilée par certains, pourquoi pas par d’autres ?
Le respect est une notion universelle que chaque homme, de par son humanité, doit rechercher pour son prochain (mais aussi pour lui-même, car par exemple en écrivant des pièces ou ayant des idées « artistiques » avilissantes, il s’avilit lui-même. Serrano qui d’ailleurs déclare qu’il n’a pas eu de père, fait pipi dans un bocal, et y met un crucifix puis photographie la chose. Allez faire cela avec un souvenir que vous a transmis un parent très cher…Ce n’est pas forcément la première idée que vous aurez pour vous en rappeler avec tendresse, respect filial et pour être heureux en contemplant ce souvenir….)

Dans les comités qui assurent les choix pour financer des films ou téléfilms ou qui subventionnent des œuvres qui s'avèrent antichrétiennes, cette recherche du respect d’une religion devrait être le fait de tous, pour toutes les confessions, et non pas ccomme cela: les juifs contre une oeuvre non respectueuse de leurs croyances, les musulmans contre ce qui est contraire aux leurs, et les catholiques à leur tour; quant aux non croyants, ils tapent en toute impunité sur ceux qui ne diront rien ou presque rien, c’est à dire les chrétiens.

J’ai vu récemment une pub pour Nouvelles Frontières, représentant un homme que l’on peut supposer polynésien, avec un magnifique tatouage traditionnel, – donc dans l’absolu avec un minimum de signification spirituelle - que l’on avait modifié en son centre en mettant SOLDES (en fait c’était je suppose les voyages vers les îles du Pacifique qui bénéficiaient de tarif en baisse). Cette image n’était pas respectueuse pour l’homme que l’on pouvait considérer comme soldé, vendu comme un esclave, ni pour l’éventuelle religion ancestrale, même si elle n’est plus pratiquée. Certes c’est un exemple peut-être insignifiant mais cela montre que le non respect est vraiment rentré dans le mode de fonctionnement de beaucoup. En conséquence il faut que chacun se dise que le respect de l’autre n’est pas lié à sa capacité de résistance, au nombre des membres de la communauté à respecter, mais que le respect est du à toute personne individuellement (même si bien sûr un humour bon enfant version Robert Lamoureux ou dans les gendarmes de St Tropez avec les bonnes soeurs, n’a jamais choqué). Ce serait cela le vrai témoignage de fraternité et de solidarité humaine et non pas confessionnelle.

Les démonstrations de jeunes catholiques français qui en ont eu assez et qui pour une fois l’ont montré, alors que des hautes autorités catholiques françaises semblaient beaucoup plus "profil bas", seront-elles un peu plus entendues que celles des coptes égyptiens écrasés sous les chars de l’armée de leur pays?…Du non respect par les mots, découlent toujours des non respects par d’autres moyens bien plus graves, l’histoire pas si lointaine en Europe même nous l’a parfaitement déjà démontré.

Renaissance catholique présente très bien le phénomène par la plume de Michel de Jaeghere (à lire absolument en entier!).

Sa conclusion coule de source.

La christianophobie naît de l'incompatibilité entre le monde et le christianisme
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"La christianophobie qui se développe dans le monde occidental n’est pas à mes yeux un phénomène accidentel, mais la conséquence de l’incompatibilité profonde des « valeurs » dont se réclame la société moderne (pour faire simple, celles de l’hédonisme libéral, de l’individualisme outrancier, tel qu’il a triomphé en Mai 68) avec le christianisme. Il n’y a donc pas de raison pour que le phénomène s’atténue ou qu’il disparaisse. [...]"

A propos de l'affaire Castellucci :

"On a tout dit et son contraire sur cette affaire et j’ai scrupule à ajouter un point de vue de plus. Il me semble qu’on aurait pu s’en tenir à quelques données simples. En vertu du deuxième commandement, de la piété filiale, de la simple pudeur, rien, aucun projet artistique ou compassionnel, aucune œuvre, aucune intention ne justifie qu’on recouvre le visage du Christ d’excréments. Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne (§ 1756) que le blasphème fait partie de ces péchés graves qui ne sont pas atténués par l’intention qui les sous-tend. Cela a donc été, selon moi, une erreur de tenter de se pencher sur les intentions du metteur en scène pour savoir s’il avait voulu présenter une métaphore de la misère de la condition humaine, une œuvre d’art poignante, ou seulement s’assurer une réputation de martyr en prenant de front la seule minorité qu’on peut offenser en France sans risquer de condamnation pénale ni d’attentat à la bombe. Je sais qu’il s’est trouvé des chrétiens, des prêtres, des évêques, dont certains sont probablement de bonne foi, pour plaider la liberté de la création, ou prétendre que la pièce n’était pas blasphématoire parce qu’elle ne visait qu’à mettre en scène un désespoir dostoïevskien. Je crois que l’art n’est pas au-dessus de tout, qu’il ne donne pas à l’artiste tous les droits. Castellucci n’insulte pas, en l’espèce les chrétiens, ce qui serait supportable : il avilit, par le recours à une image saisissante, qui ne peut que marquer profondément l’esprit de ses spectateurs, le visage même du Sauveur du genre humain. Aucune loi humaine ne peut justifier cela. Celles qui prétendent le faire ne sont, selon les termes utilisés dans un autre contexte par Jean-Paul II, que des « apparences de loi » (Evangelium vitæ), auxquelles nous n’avons pas à nous sentir liés. J’ajoute que je refuse personnellement de considérer comme une œuvre d’art une pièce où l’on répand sur scène le contenu d’un pot de chambre. L’art n’est pas la reproduction ou la caricature de la trivialité du réel, mais une tentative d’atteindre au vrai par l’ellipse et par la beauté. La pièce ignore visiblement l’une et l’autre. Sans le blasphème, elle serait seulement dérisoire.

[...] Il est toujours dommage que nous soyons divisés. Cela risque de durer jusqu’à la fin des temps et il faut se résigner à nos désaccords, en tentant seulement de les exprimer charitablement. Je crois que l’un de nos torts est de céder à un réflexe néo-kantien : de vouloir à tout prix que sur tous les sujets, il y ait une réponse unique –bien entendu, la nôtre– et de faire d’elle une loi générale et universelle. La foi catholique n’est pas une idéologie, un moule qui nous rendrait uniformes. Il est donc normal que nous puissions avoir, sur des questions qui ne relèvent pas de la foi, des points de vue divergents. La moindre des choses, en l’espèce, serait cependant que ceux qui ne sont pas d’accord avec les chrétiens qui ont manifesté contre la pièce s’abstiennent de les désavouer publiquement au moment où ils sont appelés à répondre de leurs actes devant les tribunaux. [...]"

Une nécessaire mise au point du Card. Turkson Ratisbonne, une leçon déformée