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Tu es Petrus

Renée Casin

Mon amie Anne a déniché, au hasard de lectures, un recueil de poésie de Renée Casin, connue pour ses travaux sur Napoléon. Cette dernière a vécu, à la mort de Pie XII, une expérience "mystique" que je n'ai pas de mal à imaginer . Anne a transcrit l'avant-propos, et trois de ses poèmes. (16/11/2011)


En farfouillant dans la bibliothèque poussiéreuse d'une association je suis tombée, sur un livre dont le titre m'a attirée "Tu es petrus" .C'est un recueil de poésie ; l'auteur en est Renée Casin... Elle a, d'après son avant-propos, vécu à la mort de Pie XII quelque chose qui ressemble à ce que nous avons éprouvé à l'élection de Benoît XVI.

Voici un grand passage de cet avant-propos, qui raconte son expérience, et ensuite trois de ses poèmes.
Les poèmes de ce recueil sont consacrés au pape en général, à Pie XII ou à Paul VI. Le dernier est de 1972. D'après certains recoupements je pense qu'elle avait dans les quarante ans en 1958 à la mortde Pie XII. Peut-être vit-elle encore aujourd'hui et écrit-elle des poèmes sur Benoit XVI ?


Avant-propos

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Itinéraire spirituel, qu’est-ce à dire...
Il est très difficile d’écrire un bref résumé de ce qui m’est arrivé le 9 octobre 1958 et des grâces qui ont suivies, car j’ai tenu à ce moment-là des notes, étalées sur 1958, 1959, 1960 qui occupent plus de cent pages de cahier écolier.
J’ai eu ce soir-là une brusque illumination qui m’a jetée aux genoux du Saint-Père, mort quelques heures auparavant. Moi qui n’avais jamais prié aucun saint, j’ai eu la soudaine révélation de la sainteté de ce Pie XII que l’Eglise pleurait et je l’ai prié, je lui ai parlé, comme s’il ava it été près de moi. C’était la première fois que j’éprouvais cela. Et les premières paroles que je lui ai dites, furent : « Saint Père bien-aimé, guidez-moi, protégez-moi ! » Combien de fois les lui ai-je répétés depuis ! J’ai eu l’impression qu’il me prenait par la main, et la sensation de sa présence pendant des mois.

Chose bizarre, j’ai toujours été croyante et pratiquante, pascalisante disons. Je ne me classais pas parmi les tièdes, car j’avais toujours eu conscience de la grandeur du Christianisme et je le défendais au besoin. Tout cela est vrai. Mais pourtant, j’ai découvert subitement, à partir de ce soir-là, que je n’avais vécu ma foi que « du dehors ». Soudain je pénétrais au-dedans. C’était une merveille, un peu comme un vitrail, tout gris et informe de la rue, qui devient un joyau de l’intérieur de l’église. J’ai découvert que j’étais une pierre vivante de cette Eglise et non plus une spectatrice. Toute l’histoire de l’Eglise et de la Foi, depuis deux mille ans et dans le monde autour de moi, soudain ce ne fut plus un spectacle, car j’étais moi-même dans « la troupe » ! Si j’ai recours à toutes ces images, c’est qu’il est difficile d’expliquer les choses de l’âme. Encore une image : j’ai vu avec d’autres yeux, comme à travers une vitre dont une invisible main essuyait la buée. Cette main qui prenait la mienne, cette main essuyant la vitre, c’était le Saint-Père Pie XII.

Aussitôt que j’eus compris tout cela, je vécus dans la joie.

[…]

Voilà ce que j’écrivais le 13 décembre 1958 : on peut adhérer à la Papauté par principe, par raison et par un acte de foi, intellectuellement peut-on dire ; et, tout en considérant la personne elle-même du Pape avec le respect dû à un homme très souvent supérieur, voir seulement en lui un être lointain et inaccessible trop au-dessus de nous pour n’être pas une sorte d’abstraction. La mort de Pie XII est venu pour moi tout bouleverser.
Non, le Pape n’est pas cela. Pie XII a brisé cette coquille intellectuelle pour établir un contact d’âme.

[…]


L’appel de Dieu

L’appel de Dieu ! Chacun doit l’entendre à son tour
Car inlassablement il frappe à notre porte.
C’est la voix d’un ami que le vent nous apporte
Et sa main nous montrant un plus parfait amour.

Vienne ce jour béni, et notre vie changée
Tournera lentement sa proue vers l’infini,
Comme un puissant voilier dont la coque gémit
Sous l’effet prodigieux de la toile gonflée.

A ce signe divin par un ange apporté
Notre âme sous la houle a crié de surprise
Et suffoqué de joie quand l’océan l’a prise.

C’est l’appel de la grâce au geste irrésistible
C’est le lépreux guéri, le mort ressuscité
Par l’amour du Seigneur à qui tout est possible.

* * *

Le Graal

Non, la quête du Graal n’est pas close à jamais,
Lohengrin n’est pas mort dans la forêt obscure
Et le cœur transpercé d’une sombre blessure
Tandis que le démon dans la nuit s’enfuyait.

Car le blanc Chevalier qui nous tend le Calice
Où brille un sang vermeil est toujours près de nous.
Il est notre Saint-Père. On le voit, à genoux,
Passer de siècle en siècle à travers les supplices.

Et Satan, impuissant, le poursuit de ses traits.
Mais lui, dans la lumière et dans la solitude,
La front levé vers Dieu, mène avec certitude

Ses fils dans des sentiers couverts d’herbages frais,
Où fleurs de vérité et fleurs d’amour se mêlent
Jusque dans l’infini où s’ouvriront nos ailes.

* * *

9 octobre 1958

Pierre, je t’ai cherché dans les pages des livres,
Et les pages tournaient sans attirer mes yeux.
Je lisais, sans savoir que les « chemins de Dieu »
Sont secrets, pour cueillir une âme qui veut vivre.

Le jardin du Seigneur est sur toute la terre
Et mon cœur végétait sur sa tige, endormi,
N’ayant pas encore su son destin. Et parmi
Toute la multitude il semblait solitaire.

Et puis une aile d’ange est passée, triomphale,
Entraînant les pollens et les frêles pétales
Très haut dans son sillage au sein de l’infini.

L’âme sainte exhalée ce matin-là, ô Pierre,
C’était toi, et j’ai su que ton doigt qui bénit
Avait touché mon front et ouvert ma paupière.


Le Papa à Rebibbia L'arbre de Noël de la Place Saint-Pierre