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Une théologie de la libération Ğmade in Africağ?

A propos de l'exhortation apostolique Africae Munus. Article de Giacomo Galeazzi (20/11/2011)



Hier, j'ai cité quelques paragraphes de l'exhortation apostolique Africae Munus, sur le sida, l'immigration, les medias (L'exhortation apostolique Africae Munus )
Mais comme c'est un document de quelques 140 pages, je ne prétend pas le commenter en entier.
Giacomo Galeazzi a relevé un autre paragraphe, qui le conduit à titrer son article Une théologie de la libération «made in Africa»?
C'est un peu du sensationalisme, car quiconque suit et lit le Saint-Père, connait sa proximité aux plus petits, sa sollicitude, cette "préférence pour les pauvres" qui ne procède d'aucune idéologie politique, et encore moins de connivence avec le communisme.

Extraits de l'exhortation

Le monde de l'éducation
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76. L’analphabétisme représente l’un des freins majeurs au développement. C’est un fléau égal à celui des pandémies. Certes, il ne tue pas directement, mais il contribue activement à la marginalisation de la personne – qui est une forme de mort sociale –, et lui rend impossible d’accéder à la connaissance. Alphabétiser l’individu, c’est en faire un membre à part entière de la res publica, à la construction de laquelle il pourra contribuer, et c’est permettre au chrétien d’accéder au trésor inestimable des Saintes Écritures qui alimentent sa vie de foi.

La mondialisation et l'aide internationale
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86. Les Pères du Synode ont exprimé leur perplexité et leur préoccupation face à la mondialisation. J’ai déjà attiré l’attention sur cette réalité, comme un défi à relever. « La vérité de la mondialisation comme processus et sa nature éthique fondamentale dérivent de l’unité de la famille humaine et de son développement dans le bien. Il faut donc travailler sans cesse afin de favoriser une orientation culturelle personnaliste et communautaire, ouverte à la transcendance, du processus d’intégration planétaire ». L’Église souhaite que la mondialisation de la solidarité aille jusqu’à inscrire « dans les relations marchandes le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité », évitant la tentation de la pensée unique sur la vie, la culture, la politique, l’économie, au profit du respect éthique et constant des diverses réalités humaines pour une solidarité effective.

87. Cette mondialisation de la solidarité se manifeste déjà dans une certaine mesure par l’aide internationale. Aujourd’hui la nouvelle d’une catastrophe fait rapidement le tour de la planète et elle suscite bien souvent un mouvement de compassion et des actes concrets de générosité. L’Église rend un service de grande charité en défendant les besoins réels du destinataire. Au nom du droit des nécessiteux et des sans-voix, et au nom du respect et de la solidarité qu’il faut leur apporter, elle demande que « les organismes internationaux et les Organisations non gouvernementales s’engagent à œuvrer dans la pleine transparence ».[142]


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ET AUSSI:

Les religions traditionnelles africaines
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92. L’Église vit chaque jour avec les adeptes des religions traditionnelles africaines. Ces religions qui se réfèrent aux ancêtres et à une forme de médiation entre l’homme et l’Immanence, sont le terreau culturel et spirituel d’où viennent la plupart des chrétiens convertis, et avec lequel ils gardent un contact quotidien. Parmi les convertis, il convient de discerner des personnes biens informées pour qu’elles deviennent pour l’Église des guides dans la connaissance toujours plus profonde et précise des traditions, de la culture et des religions traditionnelles. Le repérage des véritables points de rupture en deviendra plus aisé. On parviendra aussi à la distinction nécessaire entre le culturel et le cultuel et l’on écartera les éléments magiques, causes d’éclatement et de ruine pour les familles et les sociétés. Le Concile Vatican II a précisé, dans ce sens, que l’Église « exhorte ses fils, pour qu’à travers le dialogue et la collaboration avec les adeptes des autres religions, menés avec prudence et amour et, en témoins de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et promeuvent les choses bonnes, spirituelles et morales, ainsi que les valeurs socioculturelles découvertes chez ces personnes ». Afin que les trésors de la vie sacramentelle et de la spiritualité de l’Église puissent être découverts dans toute leur profondeur et mieux transmis dans la catéchèse, l’Église pourrait examiner, dans une étude théologique, certains éléments des cultures traditionnelles africaines qui sont conformes à l’enseignement du Christ.

93. S’appuyant sur les religions traditionnelles, la sorcellerie connaît actuellement une certaine recrudescence. Des peurs renaissent et créent des liens de sujétion paralysants. Les préoccupations concernant la santé, le bien-être, les enfants, le climat, la protection contre les esprits mauvais, conduisent de temps à autre à recourir à des pratiques des religions traditionnelles africaines qui sont en désaccord avec l’enseignement chrétien. Le problème de la « double appartenance », au christianisme et aux religions traditionnelles africaines demeure un défi. Pour l’Église qui est en Afrique, il est nécessaire, à travers une catéchèse et une inculturation profonde, de guider les personnes vers la découverte de la plénitude des valeurs de l’Évangile. Il convient de déterminer la signification profonde de ces pratiques de sorcellerie en identifiant les enjeux théologiques, sociaux et pastoraux qui sont véhiculés par ce fléau.

Une théologie de la libération Ğmade in Africağ?



Ratzinger, au Bénin, réaffirme la centralité de l'attention aux pauvres et parle d'une «mondialisation de la solidarité». Thèmes chers à ces théologiens d'Amérique du Sud des années soixante, redimensionnés par le pape Jean Paul II

Giacomo Galeazzi
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Le pape lance la nouvelle théologie de la libération sous la forme de «mondialisation de la solidarité». Dans les 130 pages de l'exhortation apostolique "Engagement de l'Afrique", Benoît XVI réaffirme la centralité de l'attention aux pauvres , définit l'analphabétisme comme un «fléau» à l'égal du sida, de la tuberculose, du paludisme et mobilise l'Eglise pour sauver la jeunesse du « manque de formation, du chômage, de l'exploitation politique », afin qu'«ils ne tombent pas dans la« frustration » et «prennent en charge leur propre avenir».

Des thèmes particulièrement chers aux théologiens de la libération , qui, à partir de l'Amérique du Sud dans les années 70 et 80, catalysérent le débat ecclésial en particulier dans le Tiers-Monde. Jusqu'aux « fuites en avant» condamnées et sanctionnées par le Saint-Siège. Dans cette période, les communautés de base ecclésiastiques (Ceb) , noyaux œcuméniques engagé à vivre une foi de participation aux problèmes de la société, ont connu une large diffusion, et ont planté leurs racines dans tous les pays mais surtout au Brésil et au Nicaragua. Au Brésil, grâce aussi à l'appui du cardinal de Sao Paulo, Paulo E. Arns, et à Mgr Helder P. Câmara, près de 100.000 en sont sortis. Au Nicaragua, de nombreux prêtres et laïcs catholiques ont pris part à la lutte armée contre la dictature de A. Somoza et par la suite, des prêtres comme Ernesto Cardenal et Miguel D'Escoto sont entrés dans le gouvernement sandiniste.

La troisième réunion du CELAM ( Conseil épiscopal latino-américain) , qui s'est tenue à Puebla, au Mexique, en 1979, tout en réaffirmant et en développant les principes développés à Medellin, a également souligné l'émergence d'une opposition forte, portée par les secteurs conservateurs, aux thèses de la théologie de la libération. Cette opposition a été en se renforçant dans les années quatre-vingt grâce à l'appui du Pape Jean-Paul II . Les principaux architectes de la théologie de la libération ont été progressivement éloignés des nœuds hiérarchiques supérieurs, et leur portée a été progressivement réduite. Emblématique fut le cas du frère franciscain Leonardo Boff, qui, après plusieurs procès ecclésiastiques, quitta l'ordre en 1992.
Aujourd'hui, sur un ton appuyé de préoccupations sociales , l'exhortation sortie du Synode pour l'Afrique indique clairement la nécessité de lutter contre «exploitation et malversations nationales et étrangères» qui privent les populations africaines de leurs ressources naturelles, augmentant la «pauvreté» et empêchant les peuples africains de consolider leurs économies. Le pape a appelé les gouvernements à protéger «les biens essentiels, qui sont la terre et l'eau», pour la vie des générations futures et pour la paix.

Le souvenir affectueux de l'ancien doyen du Sacré Collège, le Cardinal Bernardin Gantin (dès le début attentif aux instances de théologie de la libération) est significatif à cet égard. Le Pape salue «son sens du discernement, sa capacité à ne pas tomber dans certaines phraséologie mais à comprendre ce qui était essentiel et ce qui n'avait pas de sens», avec une référence qui semble imputable à son attitude face à la théologie de la libération . «Le Bénin est le pays de mon cher ami, le Cardinal Bernardin Gantin: j'ai toujours eu le désir de prier, un jour, sur sa tombe - a dit Benoît XVI. Il a été vraiment un grand ami, et donc, visiter le pays du Cardinal Gantin, comme un grand représentant de l'Afrique catholique et de l'Afrique humain et civile, est pour moi une des raisons de vouloir aller dans ce pays».

La réédition sur le sol africain de l'option préférentielle pour les pauvres n'équivaut évidemment pas à une «table rase» par rapport aux excès du courant catholique de la pensée, qui s'est développé en Amérique latine, et qui tend à souligner les valeurs d'émancipation sociale et politique présentes dans le message chrétien. D'autant plus que les chrétiens de base attribuent à Jean-Paul II le fait d'avoir «normalisé» dans les années 80 et 90 le clergé et l'épiscopat sud-américains et de l'avoir remplide représentants de l'Opus Dei et des Légionnaires du Christ, marginalisant ces théologiens de libération qui avaient déplacé trop à gauche le centre de gravité de l'Église, dialoguant avec le communisme alors que le Vatican le combattait en Europe de l'est.

Et l'actuelle dramatique hémorragie de fidèles en faveur des sectes évangéliques serait elle aussi le résultat de la marginalisation des prêtres les plus étroitement liés avec les milieux populaires et les masses des favelas. La naissance du mouvement remonte au Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) ,qui s'est tenu en 1968 à Medellin, en Colombie, où les représentants de la hiérarchie ecclésiastique du sous-continent ont pris position en faveur des groupes les plus défavorisés de la société latino-américaine et de leur combat et se sont prononcés en faveur d'une Église populaire et socialement active.

La dénomination est devenue universelle après la publication de l'essai du prêtre péruvien Gustavo Gutierrez, Théologie de la Libération (1971). La propagation dans la quasi-totalité du sous-continent au cours des années soixante-dix, de dictatures militaires ou de régimes lourdement répressifs, souvent à cause des tensions aiguës entre de grands secteurs de l'Église catholique et les pouvoirs en place, stimula les efforts des théologiens de la libération à élaborer des propositions de plus en plus radicales pour faire face à l'aggravation de la crise politique et sociale en Amérique latine.



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