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Homme de Dieu, ami de l'Afrique

Dans l'OR, une belle interviewe de Mgr Giovanni Angelo Becciu, substitut de la Secrétairerie d'Etat, qui accompagnait le Saint-Père au Bénin (25/11/2011)

Ma traduction (texte en italien).

23/11/2011
Mario Ponzi
L'Osservatore Romano
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Le voyage de Benoît XVI au Bénin racontée par un témoin, le substitut de la Secrétairerie d'Etat Angelo Becciu.
Osservatore Romano

Il y a deux ans, alors qu'il était nonce apostolique en Angola, il accueillait Benoît XVI à l'occasion de son premier voyage en Afrique. Aujourd'hui, comme substitut de la Secrétairerie d'Etat, il l'a accompagné durant sa visite au Bénin.
Un "singulier privilège" qui fait de Mgr Giovanni Angelo Becciu (http://2.andreatornielli.it/?p=1676) un témoin autorisé de cette seconde expérience pastorale vécue par le Pontife sur le sol africain. Dans cet entretien avec l'OR, Le prélat raconte ses impressions et ses sentiments.

- Quoique avec des rôles différents, vous avez été aux côtés de Benoît XVI dans les deux voyages apostoliques qu'il a faits en Afrique. Quels sentiments avez éprouvé?
« En effet, j'ai eu ce double privilège et les souvenirs sont liés à un sensation très belle. En Angola, j'ai vécu la période de préparation de son arrivée avec grande anxiété. Il fallait organiser chaque détail, pour que tout se déroule de la meilleure façon possible. La tension était compréhensible. Et puis ensuite, tout a disparu dès que le pape est arrivé. La joie a pris le dessus presque immédiatement, et est allée croissant tout le temps vécu à côté de lui, grâce à l'enthousiasme qu'il suscitait chez les gens. Quand est venu le moment du départ, j'ai partagé ce sentiment de vide, qui je dois l'avouer, a affecté un peu tous les Angolais.

- Auriez-vous jamais pensé, à ce moment, que peu après le pape allait vous appeler à Rome ?
« Absolument pas. J'ai toujours continué à servir le pape et l'Eglise, là où j'étais destiné à le faire. Donc, j'ai continué ma mission en Angola pour quelques mois encore, puis à Cuba. Bien sûr, je me suis senti honoré d'être invité à travailler avec lui plus étroitement en tant que substitut. Et justement cete fonction m'a donné l'occasion de le suivre dans ce deuxième voyage. Par rapport à l'expérience vécue en Angola, je dois dire que cette fois, j'étais moins chargé de responsabilité et, par conséquent, plus "léger". J'ai eu l'occasion de participer plus profondément aux différents événements, j'ai aussi pu prier davantage. Disons que j'ai pu profiter encore plus de la mission pastorale du pape.

- Quelle a été votre perception de la relation de Benoît XVI avec l'Afrique?
« Comparé à l'Angola, j'ai pu confirmer et renforcer la perception de la manière dont les Africains aiment le pape. En lui, ils voient vraiment un homme de Dieu: l'homme de Dieu qui vient les voir, les bénir, les encourager. Ils le voient avant tout comme un ami. Je me suis demandé pourquoi tant d'Africains descendent dans les rues quand le Pape est parmi eux. Ceux qui ne connaissent pas l'esprit africain pourraient penser que c'est leur habitude d'acclamer un visiteur, quel qu'il soit. Je peux l'exclure par expérience personnelle. J'ai été témoin de l'arrivée des chefs d'Etat et de personnalités, mais je n'ai jamais vu un accueil similaire. C'est la religiosité naturelle des Africains qui les amène à voir dans le pape l'homme de Dieu. Je pense à ce que m'a au Nigeria un ambassadeur musulman: "Souvenez-vous que le Pape ne vient pas seulement pour vous catholiques. Il vient pour nous tous, pour tous les Africains qui le considèrent comme un père: Le père de toute l'humanité". En ces jours aussi, de nombreux membres d'autres Eglises et confessions religieuses ont participé activement à la fête. Le Nonce apostolique Blume m'a dit qu'il avait reçu des musulmans de nombreuses expressions d'adhésion. Dans le Pape, les africains voient l'homme qui donne une voix à leurs souffrances, à leurs besoins devant le monde, au-delà de toute culture ou croyance religieuse. Ils le ressentent vraiment comme un ami.

L'ami de l'Afrique

Un joli dessin dattant du voyage de mars 2009, trouvé sur le site France Catholique



- Justement à Cotonou, le grand chancelier du Bénin, Mme Koubourath Osseni, qui est musulmane, l'a salué comme "un véritable ami de l'Afrique et des Africains.
« Il est impossible de ne pas le reconnaître comme tel après avoir écouté ses paroles. Comme il l'a déjà fait en Angola, en ces jours aussi, le pape a prononcé des discours courageux. Et il a appelé les Africains à être, à leur tour, courageux dans la défense de l'espérance, exhortant dans le même temps les dirigeants et les politiciens de ne pas décevoir cet espérance. Il a rappelé qu'il y avait déjà eu de nombreuses promesses, mais maintenant il est temps de leur donner une suite.

- Dans son premier discours, le pape a demandé aux Africains à ne pas avoir peur de la modernité, mais plutôt de s'en approcher, en restant fermement ancré à la richesse de leur passé.
« Pour faire comprendre le sens profond de cette invitation du Pape, je retournerais avec la pensée à quelques années plus tôt, lorsque l'Europe a commencé à proposer avec insistance - au moins de la part de certains courants de pensée - certains modèles culturels contraires aux valeurs évangéliques. Face à ces propositions, les Africains sont restés pantois. Je dis cela pour faire comprendre comment l'âme des africains, il y a des valeurs fortes auxquelles ont ne peut renoncer. Et si on leur offre certains modèles, ils ont du mal à les suivre.

- Le pape a voulu souligner de manière particulière, parmi ces valeurs, la famille. Mais en Afrique, la famille apparaît comme une réalité faible. Pourquoi?
« La cause principale est l'état de crise dans lequel vivent les Africains. Le manque d'opportunités valides pour assurer la stabilité économique a ses retombées les plus lourdes sur les familles. L'homme en profite, et force la femme à travailler, parfois à sa place. Cela conduit les femmes loin de chez elles la majeure partie de la journée: et ainsi les enfants restent seuls et privés d'orientation. Pour ne rien dire des mères célibataires, abandonnées à elles-mêmes, avec les enfants à élever et à soigner. Souvent cette situation les amène à se tourner vers d'autres hommes, qui leur offre, au moins, une chance de survie. Sans oublier le contexte général de la culture africaine, qui est plutôt enclin à la polygamie. C'est là l'un des premiers défis qu'affronte le christianisme. En Afrique - il est bon de ne pas l'oublier - la monogamie est née avec la première évangélisation. Là où le christianisme a pu pénétrer, il a défendu la valeur de la famille et la défend toujours efficacement.

- Pourquoi le Pape a-t-il demandé de ne pas considérer le christianisme comme "un système européen" mais comme "un message universel"? « Je crois qu'il a voulu spécifier que l'Evangile n'est pas réductible à une dimension géographique, et encore moins à celle européenne. Du reste, l'effort des missionnaires a justement été de libérer ce message de tout lien, pour consentir aux Africains la greffe dans leur culture. Et je dirais que les fruits de ce précieux travail se voient, surtout dans les liturgies. Le vrai danger est représenté par les sectes. Elles sont nombreuses et se répandant comme une tache d'huile. Elles offrent des modèles beaucoup plus facile à suivre, basé sur le formalisme, l'extériorité. Elles font des adeptes parce que les africains aiment à participer à la liturgie, avec leurs expressions typiques, leurs chants, leur danse: c'est un moyen de donner libre cours à l'esprit joyeux qui les fait se sentir partie de la liturgie elle-même.

- L'année dernière, dans de nombreux Etats d'Afrique a été célébré un demi-siècle d'indépendance. Pouvez-vous tirer un bilan de ces années?
« Le bilan de l'indépendance ne peut être enfermé dans un chiffre précis. Les Africains ont clairement ressenti la fierté d'être les architectes de leur avenir. Dans le même temps, cependant, ils se sont trouvés impréparés pour cela. Ont commencé ainsi les rivalités tribales, qui ont causé tant de guerres fratricides. C'est le vrai drame du continent. Malheureusement, on compte des dizaines de pays déchirés par des luttes internes. Sur lesquelles se sont ensuite greffés les intérêts internationaux qui ont terminé le travail de désagrégation.

- L'Exhortation apostolique post-synodale Africae munus est un document très lisse, à la fois concret et très dense. Comment pensez-vous qu'il sera accueilli?
« Certainement avec enthousiasme. Surtout parce qu'il propose l'espérance. Il insiste beaucoup sur l'espérance. Et je crois que l'Afrique, après tant d'illusions, tant de promesses non tenues et tant d'offenses à sa dignité, a compris qu'elle pouvait compter sur l'Eglise. Elle a compris qu'il faut se laisser aller au découragement, mais qu'elle doit réagir et trouver en elle-même la force de continuer.

- Dans ce document, le pape insiste sur la plaie de l'illettrisme.
« Il a adressé un vibrant appel en particulier aux nombreux pays qui utilisent leurs ressources pour s'armer plutôt que pour éduquer les citoyens. L'Eglise a fait et continue à faire beaucoup dans ce sens. Dès le début, les missionnaires ont construit des églises, mais à côté d'elles, ils ont aussi construit des écoles. Et cela en dit long sur l'importance qu'accorde l'Eglise à la formation pour aider l'Afrique à sortir de l'isolement. Là où on ne peut pas construire des écoles, les missionnaires, les religieuses et les catéchistes se chargent d'enseigner aux enfants, même sur des bancs placés sous les arbres, dehors.

- La présence de missionnaires en Afrique continue-t-elle à être importante?
« Pas seulement importante, mais nécessaire pour aider une Eglise jeune, qui n'a pas la solidité des autres communautés enracinées dans le territoire depuis des siècles. Ce n'est pas un hasard si le Pape demande aux catholiques de renouveler leur engagement dans la mission ad gentes. Mais dans le même temps, il adresse à l'Église en Afrique une invitation à envoyer des missionnaires dans le monde, surtout dans les terres d'évangélisation ancienne. Et cela me semble très beau.



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