Articles La voix du Pape Livres, DVD Sites reliés Recherche Saint-Siège
Page d'accueil Articles

Articles


Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

A la paroisse Santa Rita de Cotonou

Un reportage à la fois bouleversant et coloré de Mario Ponzi, envoyé spécial au Bénin, dans l'OR daté des 21-22 novembre (27/11/2011)

Dans son récit du voyage du Saint-Père au Bénin (cf. La lettre de Jeannine du 25 novembre), Jeannine parlait de la "séquence tendresse avec la visite de Benoît au foyer Paix et Joie des missionnaires de la charité".
Derrière ces images de joie, il y a le sort tragique des enfants du Bénin. Il y a aussi l'activité inlassable et totalement gratuite des missionnaires catholiques, dont on ne parle jamais.
Voici à ce sujet un reportage à la fois bouleversant et coloré (il faut lire les dernières lignes!) de Mario Ponzi, l'envoyé spécial au Bénin, dans l'OR daté des 21-22 novembre.
Et, pour l'illustrer, cette merveilleuse photo en grand format, publiée sur la page Flicker du Vatican



Voir aussi



Le Pape parmi les enfants recueillis par les soeurs missionnaires de Mère Teresa de Calcutta
Dans la maison de l'amour

Du correspondant de l'OR, Mario Ponzi (source, ma traduction)
-------------

Et pour finir, curieux, mais heureux du cadeau insolite, ils tournent dans leurs menottes le chapelet que le pape vient de leur offrir. Un cadeau simple mais précieux, celui laissé par Benoît XVI aux deux cents enfants rencontrés dans la paroisse de Santa Rita à Cotonou, samedi après-midi, avant de terminer une journée bien remplie autour d'une table avec les évêques de la région, à la nonciature.
Le Pontife a laissé un «instrument», comme il l'appelé, pour aider les enfants à prier. Et pour convaincre aussi les parents de le faire. A prier pour le Pape, comme il le leur a demandé, pour l'Eglise et pour toutes les choses importantes dont ils ont besoin.
La prière semble être l'unique ancre de salut pour beaucoup, beaucoup d'entre eux. Elle l'est certainement pour ces enfants qui ne partagent pas le sort de ce petit groupe des plus chanceux qui ont trouvé avec l'accueil, l'amour et l'aide des Missionnaires de la Charité dans le Foyer Paix et Joie.
Le pape est allé les trouver avant de se rendre à la paroisse de Santa Rita. L'émotion était forte. Il se trouvait en face d'enfants aux visages défigurés et aux corps mutilés par la maladie, abandonnés à eux-mêmes s'il n'y avait pas eu ces religieuses au coeur immense.
Déjà vendredi soir, peu après son arrivée au Bénin, dans la basilique de Notre-Dame de l'Accord de Cotonou, le Pape avait salué un petit groupe d'enfants atteints de la lèpre.
C'est précisément dans des moments comme ceux-là que se montre l'un des plus grands fléaux de l'Afrique, la souffrance des innocents. Benoît XVI s'est trouvé parmi les petits réunis dans la cour de la maison des religieuses de Mère Teresa de Calcutta. Ils l'attendaient depuis des heures, habillés en dimanche. Les plus petits, avec la chemise flambant neuve, comme les chaussures et la cravate. Les plus grands, en revanche, avaient revêtu des costumes traditionnels, plus en harmonie avec la chorégraphie qu'ils ont effectué pour le Pape.
Une fois entré dans le foyer, on lui a présenté Bénédicte, à peine quinze jours. Il l'a regardé avec une grande tendresse et marqué son front d'une croix. Puis il s'est mis à écouter les chants des enfants et à regarder leurs danses. Le visage était souriant, mais les yeux clairement voilés par la tristesse. Il a réussi à la cacher jusqu'à ce qu'ils l'entourent à nouveau pour l'accompagner dans la paroisse où les autres l'attendaient. En cadeau, il leur a laissé une mosaïque de la Sainte vierge bohémienne. C'est une image très chère à ces enfants. Ils en conservaient une semblable dans l'entrée de la maison. Ils l'appelaient la bohémienne, parce que c'est une image qui a fait le tour du monde avant de se retrouver dans le hall. Durant l'inspection effectuée l'an dernier par Alberto Gasbarri et Paolo Corvini pour définir certains aspects logistiques de la visite, cette image, aujourd'hui ruinée par le temps, avait été remarquée. Et donc il avait été décidé de la reproduire dans une mosaïque. Ils ont été ravis de la recevoir.

Dans l'église paroissiale, le pape a été accueilli par la chorale dirigée par l'Enfance Missionnaire. Puis, après le discours des adultes - l'Evêque de Porto Novo, capitale du Bénin, Mgr René-Marie Ehouzou, responsable de la Pastorale des Enfants - Aïcha Hounsounou, une fillette de neuf ans à la voix argentine, lui a parlé d'eux et de leur pays. Paroles peut-être un peu trop graves pour une enfant, qui toutefois n'ont pas entièrement expliqué la réalité de la tragédie qui pèse sur leurs frêles épaules.
Peut-être qu'Aïcha ne sait pas encore qu'aujourd'hui, au moins 400 000 enfants Béninois sont victimes de traffics louches, et que les hôpitaux du pays sont surpeuplés, avec des petits hospitalisés dans un état grave à cause de la malnutrition; en 2010, six mille ont été soignés à l'hôpital Fatebenefratelli de Tanguiéta. «Rien que l'an dernier - dit Frère Luca Beato, vice-président d'une ONLUS (ndt: organizzazione non lucrativa di utilità sociale) qui depuis quinze ans soutient les hôpitaux des Fatebenefratelli au Bénin et au Togo - en raison de l'aggravation de la crise économique qui frappe le pays, les enfants hospitalisés pour malnutrition ont doublé, de trois mille à six mille". Et la situation ne cesse de s'aggraver. Les hôpitaux sont pleins à craquer; les petits patients sont même installés le long des couloirs, sur de pauvres grabats. "Le personnel soignant - dit-il - peut à peine circuler". Mais c'est l'histoire même du pays, qui est défiguré par la violence perpétrée contre les enfants.
Témoin, le Père Pierre-Bio Sanou, un missionnaire qui vit parmi les Bariba au nord du Bénin, en grande majorité animistes et obsédés par la croyance dans le pouvoir des sorciers. "Une ancienne coutume - dit-il - veut que soit déclaré sorcier, et comme tel doive mourir à peine sorti du sein de sa mère, tout enfant né avec un accouchement par le siège ou un accouchement prématuré à huit mois et avec le visage vers le bas. Le nouveau-né est abandonné, sans aucune assistance. Puis passent les bourreaux qui l'amènent à un endroit d'où il ne revient jamais. Lorsqu'ils traversent le village avec le bébé, il se crée un vide."
Il raconte d'autres histoires, le Père Pierre. Extrêmement dramatiques. "Ceux qui naissent avec une dent ou dont la dentition de la machoire supérieure commence à partir de huit mois, sont soumis à une violence extrême, jusqu'à la mort". Beaucoup de parents, désormais, tiennent cachés les enfants qui naissent avec ces défauts et gardent le secret. Il est difficile de dire si et dans quelle mesure cette pratique infâme est encore suivie. Le Père Auguste, un capucin local, lutte depuis des années avec une sœur de l'institut des Filles de Padre Pio, contre ce fléau, et a dénoncé l'infanticide dans tous les sièges nationaux et internationaux. Il dit: "Certes, dans certaines régions, on pratique encore cette barbarie, également condamné par les institutions. Mais le contrôle est difficile ou pratiquement inexistant".
Même s'ils ne le savent pas, les enfants de Sainte Rita prieront pour cela aussi.

L'Église locale est très impliquée dans l'aide aux plus défavorisés. Différentes structures ont été réalisées, pour les aider. Par ailleurs, l'Hôpital pédiatrique du pape, le Bambino Gésù (à Rome), pratiquement en même temps que la visite au Bénin a signé un accord avec l'Hôpital San Padre Pio de N'Dali, une zone rurale dans le nord de l'État. L'accord prévoit la formation de personnel médical pour combattre la malnutrition. L'hôpital est géré par la Congrégation béninoise des Filles de San Padre Pio et par les frères capucins. A présent, grâce à l'accord de coopération signé avec le Président Profiti et le Dr Borghese, de la section internationale du Bambino Gésù, il sera en mesure de garantir une assistance et des soins à une population de plus de 500.000 habitants.

La fête dans la paroisse de Santa Rita s'est poursuivie un bon moment. Le pape, pas du tout fatigué par le 'tour de force' (en français) qui a caractérisé la journée de samedi, était heureux d'être là, d'écouter ces enfants, de rester avec eux, malgré la lourdeur d'une atmosphère étouffante, avec un taux d'humidité à 97%. Après avoir quitté l'église il s'est retrouvé une fois de plus immergé dans une foule immense, aussi colorée que festive. Avec beaucoup de difficulté le cortège a pu avancer. Ils chantaient tous, se mouvant rythmiquement et même dangereusement, car de nombreuses femmes dansaient avec leurs charges sur la tête. Elles portaient de tout: des paniers de pain aux réfrigérateurs portables avec des boissons gazeuses, et aux paniers pleins de cigarettes. Il y en avait même une avec une vieille télé posée sur la tête, de ces petites avec le tube cathodique. Ce sont elles, le marché mobile de Cotonou. Il y a une succursale dans chaque rue et on peut acheter de tout, de l'épicerie aux vêtements et aux articles ménagers. Pourtant, malgré le poids, ces femmes courageuses, n'ont pas voulu faire manquer leur contribution à une fête que toute la ville a vécue avec une joie intense. (

© L'Osservatore Romano, 21 à 22 Novembre 2011)

Le sapin de Gubbio L'arbre de Gubbio