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Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

Idiots utiles ou idiots sympathiques?

"Violents" manifestants

Photo dans La Vie

A propos des manifestations contre les spectacles blasphématoires représentés ces jours-ci en France, les propos ambigus de l'Archevêque de Paris (10/12/2011)

S'exprimant sur radio Notre-Dame le 29 octobre 2011 à propos de la pièce de Castellucci "Sur le concept de visage du fils de Dieu" - et non pas l'inqualifiable, au sens strict du terme, "Golgota Picnic" - et évoquant les manifestants pacifiques (et courageux), mais qui ne s'étaient pas ralliés à son panache gris, le cardinal Vingt-Trois, a parlé d'"idiots sympathiques". Il ne voulait sans doute pas citer exactement Lénine, et c'est sciemment qu'il a troqué "utiles" contre "sympathiques" (ce qui ne veut quand même pas dire la même chose!).

Il n'était pas si simple de trouver la référence sur Internet, voici donc "dans leur jus" les propos de l'archevêque de Paris (vers 6'50").


Entretien du Cardinal - Radio Notre Dame -... par radio_notre_dame



Le cardinal Vingt-Trois, avec tout le respect que je lui porte, ne s'expose-t-il pas ainsi à ce que sa boutade malheureuse lui revienne comme un boomerang, se voyant lui même accusé de ce qu'il impute à d'autres?

Qu'il soit président de la Conférence épiscopale (ces conférences, comme l'avait rappelé le Cardinal Ratzinger, n'étant que des structures administratives) n'ajoute d'ailleurs rien à l'autorité de son magistère. Sa démarche ne me semble pas paternelle, mais de division, et de rejet. C'est une démarche partisane, et non pas de pasteur.

Carlota m'écrit:
C'est Volkoff qui disait qu'employer le langage de l'ennemi c'est déjà avoir perdu la guerre. (ndlr: mais nous en avons pris l'habitude, avec les slogans détournés comme "touche pas à mon Pape", auxquels ne manque même pas la main jaune imaginée par SOS racisme, les holywins et autres cathoprides, quelle que soit par ailleurs la bonne foi - ou la naïvité - de ceux qui en font la promotion).

Elle m'envoie le lien vers cet éditorial de l'Abbé Hervé Benoît, dans le dernier numéro de La Nef:

Citer Lénine, lorsque l’on est un membre « éminent » de la hiérarchie catholique, ne relève pas, à mon humble avis, de l’erreur excusable mais de la faute. Qui ose citer Pol Pot ou Hitler d’un ton aussi badin ? Trop de sang est attaché à ce nom. Il faut pratiquer une damnatio memoriae définitive. Rien de ce qu’il a dit ne devrait franchir nos lèvres, même pour le bien de la conversation.

Qui sont ces « idiots sympathiques » dénoncés aujourd’hui par l’autorité ? Les agents manipulés d’une superpuissance totalitaire bien décidée à s’emparer du monde ? Des nervis rouant de coups de pauvres saltimbanques, des poseurs de bombes ou des incendiaires ? Non point. Sauf hallucinations de ma part, je n’ai vu qu’une poignée de jeunes gens ayant pris un coup de sang à force d’entendre insulter le Christ par une bande de « mutins de Panurge », d’« intermitteux » du spectacle d’État grassement subventionnés et de révolutionnaires en peau de lapin protégés par la police. Mais alors, qu’ont-ils donc fait de terrible ? Ils ont interrompu brièvement un spectacle et récité des chapelets. Avouez que c’est terrifiant. Remarquons au passage qu’il faut quand même manquer de virilité pour voir là un déchaînement de violence insupportable. On croirait entendre les dirigeants du Temple après le passage d’un certain fouetteur .
...


Il n'y a rien à ajouter.
Si, toutefois.
D'abord, c'est juste, l'homélie du cardinal Vingt-Trois: www.paris.catholique.fr/

Frères et Sœurs,

Nous n’avons pas honte de la croix du Christ.
Cette croix est notre fierté.
Nous n’avons pas honte de Jésus de Nazareth cloué sur le bois.
L’offrande qu’il fait de sa vie est notre Salut.
.....

* * *


Et cet article de Jeanne Smits, dans Présent (illustré par un beau dessin de Chard).
Personne ne peut l'accuser de représenter le parti de la violence, ou de la division. Au contraire. C'est un magnifique message d'espoir.
Comme il est en accès libre sur le site, je me permets de le reproduire, simplement pour lui servirde caisse de résonnance:


Jeudi soir, Paris était chrétienne

La parole d’un évêque

Elle aura suffi, cette parole. Un court communiqué du cardinal André Vingt-Trois évoquant le spectacle Gólgota Picnic qui « insulte le Christ en croix » a suffi pour remplir Notre-Dame de Paris et faire déborder la cathédrale. Plus de 7 000 personnes se sont tassées dans la nef, les bas-côtés, les allées pour venir méditer la Passion et vénérer les Saintes Reliques que la France doit à saint Louis. Le cardinal et une suite interminable de prêtres et de clercs ont accompagné en procession la Sainte Couronne d’épines, un morceau de la Vraie Croix et l’un des clous utilisés pour crucifier notre sauveur, pour les porter triomphalement dans la cathédrale en passant par le milieu du parvis, où des centaines de fidèles attendant patiemment de pouvoir se glisser dans l’édifice déjà bondé leur faisaient une sorte de garde d’honneur.
D’aucuns ont regretté l’aspect caché et enfoui de ce rendez-vous alors que le scandale de Gólgota Picnic se déroulait à quelques milliers de mètres de là, au Théâtre du Rond-Point. ...

Mais la cérémonie de vénération des reliques était tout sauf discrète. Les cloches de Notre-Dame sonnaient à toute volée, les abords de la cathédrale étaient noirs de monde, la cérémonie s’est déroulée toutes portes ouvertes ; impossible d’enfermer cette volonté des chrétiens de répliquer par la prière et la présence au pied de la Croix à la profanation de Rodrigo Garcia.

Le cardinal aurait-il organisé cet événement de chrétienté sans avoir été aiguillonné par les jeunes chrétiens qui dès le début de la saison du blasphème dans le monde du spectacle parisien ont dit leur tristesse et leur colère ? Certes non. Et ces « idiots sympathiques » – comme il les a appelés – ont oublié le quolibet en s’associant nombreux à la veillée du 8 décembre. Mais il y avait aussi des Versaillais et des petites bonnes sœurs en civil, des séminaristes en noir et des Martiniquais, des cathos bon chic bon genre et des étudiants de tout poil, des tradis, des pas-tradis.

Le cardinal a parlé de manière émouvante de ce Christ qu’on insulte et que l’on moque. Ce Christ qui est « notre maître » et le « maître du monde ». Il a parlé du « péché de la haine », qui non seulement blesse le Christ mais révèle quelque chose du cœur de celui qui hait, et de sa désespérance. Il a ajouté (mais on le savait et le souligner marquait donc une volonté) que le rassemblement n’était pas une protestation : « Nous ne sommes pas venus ici pour faire une manifestation, nous sommes venus ici le cœur débordant d’amour. » Certes. Mais pourquoi ne pas dire que les milliers de personnes qui étaient venues de tout Paris et de sa banlieue voulaient laver l’offense faite au Christ ?

La « réparation », « l’expiation » sont des mots qui auraient été à leur place. Assurément le blasphème n’amoindrit pas Dieu, mais il blesse l’homme à mort. Le rappeler aux gogos qui se gargarisent des profanations de Gólgota Picnic ou qui tentent d’y trouver matière à dialogue n’est pas une violence, mais une charité.

Jeudi soir, Paris était chrétienne. Tout le quartier latin était envahi par les doux ; de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, une belle et priante procession s’est rendue au Rond-Point des Champs-Elysées pour y affirmer sur place les droits de Dieu ; dans les rues de quartier du XVe, une autre procession multipliant bannières, litanies et Ave voyait descendre sur la chaussée plus de 500 personnes derrière le curé de Saint-Jean-Baptiste de la Salle en chape d’or et une statue de l’Immaculée portée par des Chevaliers du Saint-Sépulcre, en union avec la veillée de Notre-Dame et en « réparation » des outrages contre le Christ.

Portant des fleurs blanches aux abords du Théâtre du Rond-Point – aussitôt arrachées, aussitôt piétinées par une contre-manifestation de gauche – l’association « Culture et foi, si on se respectait » avec Mgr Nicolas Brouwet, Frigide Barjot, Jacques de Guillebon ont manifesté avant de demander à être reçus par le directeur Jean-Michel Ribes. Je doute, soit dit en passant, que les intéressés aient vu le spectacle, qui rend tout dialogue difficile, voire déplacé.

Christine Boutin s’est hélas (pour elle) pris les pieds dans le tapis en affirmant à propos de ce rassemblement-là : « Je condamne ces manifestations. » « Je préfère la liberté d’expression, elle est beaucoup plus importante que toute censure. Je suis absolument hostile à la censure. »

Approuve-t-elle vraiment le droit et la liberté de mettre en scène des représentations obscènes de la Crucifixion et de Jésus dans les bras de sa Mère ?

JEANNE SMITS

Article extrait du n° 7493
du Samedi 10 décembre 2011

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