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Mort du Cardinal Foley

J'avais traduit un article de John Allen sur lui, lorsque Benoît XVI, en Novembre 2007, l'avait fait cardinal, et sa disparition me peine (11/12/2011).

Atteint de leucémie, il s'est éteint à l'âge de 76 ans, à Philadelphie, son diocèse d'origine, où il était revenu pour y passer ses derniers jours sur terre.
JP II l'avait appelé à Rome en 1984 pour lui confier la charge de président du Conseil Pontifical des Communications sociales, de CTV, et de la filmothèque du Vatican, et Benoît XVI l'avait fait cardinal en 2007 - en même temps que l'archevêque de Paris, Monseigneur Vingt-Trois -, le nommant Grand Maître de l'Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Je me souviens d'avoir traduit alors un article sur lui, de John Allen: La "barrette" rouge pour le pasteur ( cf. benoit-et-moi.fr/2007), et la nouvelle de sa mort m'a serré le coeur.
Mes raisons sont purement sentimentales. John Foley était un honnête homme.

La réaction du Père Lombardi sur Radio Vatican: http://www.oecumene.radiovaticana.org

Voici l'article de John Allen.
Sa conclusion (il écrit: A 72 ans, et en solide santé, Foley peut attendre encore bien des années d'activité, et on espère que Benoît XVI pourra trouver des moyens de l'utiliser comme un "ambassadeur itinérant" pour le Vatican et pour le catholicisme ) incite tous les pronostics à la réserve et à la modestie: eh oui, nous sommes tous "entre les mains de Dieu".

La "barrette" rouge pour le pasteur

Vendredi 21 novembre 2007
John Allen
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[..] l'adage "les gentils terminent derniers"... permet de saisir cette réalité que les coups tactiques sont souvent un chemin plus direct pour l'avancement que l'humilité et la gentillesse. Bien que les choses soient censées être différentes dans l'Eglise, ce n'est pas toujours le cas, c'est peut-être ce qui rend particulièrement satisfaisante l'élévation ce samedi de l'archevêque John Foley au Collège des Cardinaux.

J'ai été cité dans le 'Philadelphia Inquirer' du 18 Novembre pour avoir qualifié Foley d'"homme le plus gentil du Vatican", et je le pensais. Auparavant Président du Conseil pontifical pour les communications sociales, Foley est aujourd'hui le Grand Maître de l'Ordre Equestre des Chevaliers du Saint-Sépulcre. Même si chacun des 23 nouveaux cardinaux qui recevront la barrette rouge, ce samedi a sans doute une histoire à raconter, je vais me concentrer sur Foley parce que les Américains qui ont vécu à Rome ne peuvent s'empêcher de penser à lui, dans un sens, comme Notre pasteur.

Quatre qualités en particulier, du moins pour moi, se détachent.

Un coeur de pasteur: Bien qu'ayant servi pendant un quart de siècle au Vatican, Foley a toujours semblé plus à l'aise dans le cadre pastoral que dans les couloirs du pouvoir ecclésiastique. Foley est un habitué de l'église de Sainte-Suzanne, par exemple, la paroisse américaine à Rome, où il préside la confirmation et célébre la messe en des occasions particulières.... Au fil des ans, des légions de gens vivant à Rome ont des histoires à raconter sur des épisodes où Foley les a aidés, dans les coulisses, pendant les périodes difficiles.
Son légendaire sens de l'humour fait également partie de sa mission pastorale. ...

L'honnêteté: Les journalistes savent qu'alors que Foley prend toujours tous les appels téléphoniques, il n'a pas toujours les réponses qu'ils cherchent. Une réponse typique à une question délicate ressemblerait à ceci: "Je n'ai pas de connaissance interne sur la question, et si j'en avais, je ne serais pas en mesure de vous en parler." Ce qui peut être frustrant pour les journalistes pressés, mais reflète le profond attachement de Foley à la vérité. Il ne joue pas le jeu que d'autres ont porté à la hauteur d'un art, laissant l'impression d'en savoir davantage, ou disant des demi-vérités destinés à tourner une histoire dans une certaine direction.
Une anecdote illustre ce point.
En avril 2001, Foley s'exprimait lors d'une conférence sur les communications sociales à Rome. Foley a raconté qu'il lui avait parfois été demandé par les autorités ecclésiastiques de mentir, mais pas dans sa position au sein du Conseil pour les communications sociales. Il a dit qu'il a obstinément refusé.
Au début de sa carrière, il a travaillé comme responsable de l'information pour la Conférence épiscopale des États-Unis. À cette époque, les journalistes n'étaient pas admis à assister aux réunions des évêques, et ils comptaient sur les résumés de Foley pour savoir ce qui s'était passé. Au cours d'une séance à huis clos, dit Foley, un évêque dénonça l'oecuménisme. Ensuite, un autre évêque demanda à Foley s'il envisageait de le rapporter aux médias. Quand il eut répondu oui, l'évêque déclara: "Que se passerait-t-il si je vous demandais de ne pas le faire? " Foley dit qu'il répondit, "Vous outrepasseriez votre autorité."
"Non seulement ce que l'on m'avait demandé de faire était moralement inacceptable, c'était aussi idiot," dit Foley. "La vérité finit toujours par sortir".
"Ne jamais, jamais, jamais dire un mensonge", dit Foley.

La fidélité: En plus d'être un ami fidèle sur le plan personnel, Foley est aussi extraordinairement fidèle à l'institution qu'il sert. C'est d'autant plus remarquable que, si jamais il y eut au Vatican un fonctionnaire ayant de bonnes raisons de se plaindre, c'est bien lui.
Après avoir été nommé Président du Conseil pontifical pour les communications sociales en 1984, Foley a observé huit consistoires aller et venir, avec 214 nouveaux cardinaux, alors qu'il n'a jamais fait partie des différentes promotions. Il y a, bien sûr, des explications plausibles pour justifier pourquoi il n'a pas été promu -- surabondance de cardinaux issus du Vatican, d'une part, et absence de précédents pour un cardinal dans cette fonction particulière. (Son prédécesseur, le cardinal Andrzej Maria Deskur, est également entré dans le collège seulement après qu'il ait démissionné.) Mais cela n'explique pas, cependant, pourquoi il n'a jamais été promu à un poste avec plus de responsabilités. Au fil des années, Foley a acquis une réputation de perpétuelle "demoiselle d'honneur" (bridesmaid) de la hiérarchie catholique.
Etre écarté de l'avancement n'était pas le seul affront, volontaire ou non. En février 2005, le talentueux Mgr Renato Boccardo fut écarté du poste de numéro deux dans le bureau de Foley et affecté à la Cité du Vatican. Il était clair que la détérioration de la santé de Jean-Paul II impliquait un prochain Conclave, Foley écrivit donc au Secrétariat d'État pour faire remarquer que, tandis que d'autres bureaux du Vatican entrent dans un régime de "maintenance" lorsque le pape meurt, les communications sociales passent au régime supérieur pour faire face à l'avalanche de l'intérêt des médias. Malgré cet appel, aucun nouveau secrétaire n'a été attribué, de sorte que Foley a été laissé en sous-dotation de personnel, le moment venu. Même s'il était techniquement démis de ses fonctions pendant l'interrègne, Foley a passé longues heures, et lui et son équipe ont fait un travail remarquable pour maintenir les médias informés et bien organisés.
.. A travers tout cela, il n'a jamais perdu son sens de l'humour, et jamais trahi de ressentiment. On imagine que c'est en partie la raison pour laquelle Benoît XVI a voulu l'honnorer cette fois-ci, non pas simplement en le faisant un cardinal, mais en citant son nom, en deuxième position, juste après l'ancien substitut et actuel Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, Leonardo Sandri .

L'humilité: Le statut de Foley comme président d'un Conseil Pontifical aurait justifié la dépense d'un logement séparé à Rome, mais au fil des années, il a préféré demeurer à la Villa Stritch, la résidence pour les Américains travaillant au Vatican. Il conduit lui-meme sa voiture pour se rendre à son travail, s'arrêtant souvent le long de son chemin pour offrir de prendre avec lui quelqu'un qu'il connaît. Ce sont de petits gestes, mais ils révèlent beaucoup sur l'homme, qui n'a jamais exploité les privilèges du bureau afin de s'exalter lui-même.
Chaque année, le North American College de Rome attribue une récompense à un ecclésiastique américain au cours de son dîner annuel, et en 2004 l'honneur est allé à Foley. Au lieu de faire un catalogue de ses réalisations Foley s'adressa directement aux séminaristes, cette nuit-là, pour leur dire que pas un jour n'avait passé au cours de sa carrière sans qu'il remercie Dieu pour le don du sacerdoce. Voilà en quelques mots Foley -- en priorité, il pense à lui-même comme à un prêtre, en second lieu, un homme de pouvoir.
Sur le plan politique, on peut certes soulever quelques questions cruciales au sujet des 23 années passées par Foley en charge des communications sociales pour le Vatican. Pour la plupart, elles ne concernent pas tant de savoir si son cœur est à la bonne place, mais sa capacité à faire de les lourds choix politiques nécessaires pour façonner la politique institutionnelle.
Par exemple, après la leçon du Pape Benoît XVI en 2006 à l'Université de Ratisbonne, Foley admit candidement que l'épisode, où une référence à un empereur byzantin du 14e siècle avait mis le feu aux poudres, illustrait la nécessité de "prévoir les réactions possibles" aux déclarations papales. Et donc d'éviter un langage qui pourrait déclencher d'indésirables retours de flamme. Lorsque je lui demandai s'il pensait que la leçon avait été tirée, il répondit: "Elle devrait l'être. Quant à savoir si elle l'a été, je ne sais pas."
On aurait pu à juste titre protester, "Mais c'est votre travail de le savoir." Pour une raison quelconque, Foley a toujours été meilleur pour modéliser la stratégie de communication que pour entraîner l'institution. (Certes, cette dernière tâche est difficile pour quiconque, même l'esprit plus politique de Joaquin Navarro-Valls, ancien porte-parole du Vatican, ne pouvait pas faire grand chose contre une culture institutionnelle qu'on peut décrire charitablement comme "ambivalente" à l'égard de la Presse.)

En fin de compte, cependant, ce qui rend Foley remarquable est moins le poste qu'il occupe, ou bien comment il le fait, que de qui il est. Peu de personnalités ont aussi bien que John Foley réussi à mettre un "visage humain" à la direction de l'Eglise institutionnelle. A 72 ans, et en solide santé, Foley peut attendre encore bien des années d'activité, et on espère que Benoît XVI pourra trouver des moyens de l'utiliser comme un "ambassadeur itinérant" pour le Vatican et pour le catholicisme.

En la personne de John Foley, le consistoire de samedi marque le triomphe longtemps attendu du gentil, et ce seul fait le rend digne d'être célébré.


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