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L'Europe technocratique

Après l'accord de Vendredi dernier à Bruxelle, visant à "renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro", l'Europe s'enlise dans le cycle des abandons de souveraineté. Intéressant éditorial de Robi Ronza, pour La Bussola. (12/12/2011)

A l'issue du "marathon" de Bruxelles qui s'est terminé vendredi par "un nouvel accord pour renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro", les medias se sont focalisés sur les discussions "viriles" qui auraient opposé Nicolas Sarkozy et David Cameron. Bon sujet, autorisant quelques belles photos.
Mais comme d'habitude, ils étaient à côté de la plaque, peut-être sciemment (Andrea Massari écrivait récement sur le site Polemia: "les médias de la superclasse mondiale ne cherchent pas à éclairer l’opinion, ils cherchent à la formater ; les médias de la superclasse mondiale ne sont pas des médias d’information mais des médias de manipulation..." ). Car il y a, il me semble, bien plus grave, que Robi Ronza met bien en évidence dans cet éditorial de la Bussola. Ce qui se dessine de manière inquiétante, en réalité, c'est un abandon de souveraineté, et une dépossession "en douce" des compétences des parlements nationaux.

Voir les explications d'Yves Daoudal ici et ici .
Lire aussi le résumé très factuel de l'agence chinoise Xinhua (!!) qui apporte un éclairage abordable aux non-initiés, et permet donc de se faire une idée (1).

L'Europe technocratique
Robi Ronza
10/12/2011
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Avec l'accord signé à l'aube du 9 Décembre à Bruxelles par 26 chefs de gouvernement sur 27, l'Union européenne a franchi une nouvelle étape vers sa transformation en un gigantesque organe de pouvoir technocratique que l'Allemagne s'illusionne de pouvoir contrôler à distance à son avantage, mais qui au contraire finira par échapper au contrôle politique de quiconque.
On a beaucoup dit que le Royaume-Uni n'a pas signé cet accord, mais il faudrait également souligner que parmi les États membres qui ont adhéré, trois - la Finlande, la Suède et la République tchèque - l'ont fait sous réserve d'un vote favorable de leurs parlements respectifs. Toutefois, le fait est qu'ont signé sans réserve tous les grands pays de la zone euro et, à l'exception du Royaume-Uni, tous les grands pays de l'Union.
Il y aurait beaucoup à dire du contenu technique de l'accord, mais avant cela, il convient de mettre l'accent sur sa substance politique. Premièrement, au moins dans le cas de l'Italie (mais, il me semble, aussi dans celui de beaucoup d'autres, sinon tous), la Constitution a été violée. Bien qu'on l'ait appelé pudiquement «pacte fiscal», ce soi-disant accord est un traité international, qui donc ne peut entrer en vigueur, pour ce qui nous concerne, qu'après l'éventuelle ratification du Parlement italien.
Donc, Monti aurait lui aussi dû signer sous réserve, mais apparemment il ne l'a pas fait. Et surtout, les clauses du «pacte» tournent à une destitution totale du Parlement précisément dans ce qui est sa prérogative fondamentale: les décisions sur la fiscalité et le budget. Et pas seulement cela: au point n°4 du document, là où sont définies les grandes lignes du nouveau pacte, les gouvernements signataires s'engagent à reconnaître "la compétence de la Cour de justice et à vérifier la mise en œuvre de cette règle au niveau national". Par conséquent, non seulement il est ordonné aux Parlements (qui, pour bien ou mal qu'ils fonctionnent, sont malgré tout expression démocratique de la souveraineté populaire) de voter sur ordre en termes de budget et de fiscalité, mais surtout, au-dessus d'eux, est placé un organe de pouvoir judiciaire.

En somme, ce qui en Italie est encore, malgré tout, le rêve (néfaste) de certains milieux de la magistrature, hier, dans l'Union européenne, d'un trait de plume a été ratifié de jure . Vice-versa, la Banque centrale européenne continue à ne pas être prêteur de dernier recours et on ne parle pas des titres de la dette publique européenne, les "euro-obligations". Nous continuons en somme à avoir une monnaie européenne privée de ces outils décisifs qui permettent au dollar, qui se porte pire que l'euro, de faire semblant de bien se porter, et à Obama de jouer son rôle de grand conseiller occulte pro domo sua de l'Allemagne (ce n'est pas un hasard si mardi et mercredi, le secrétaire américain du Trésor est venu en douce en Europe pour rencontrer son homologue allemand).
Le pacte en question se situe dans la perspective d'un nouveau traité de l'Union européenne, qui, selon président de la Commission, Herman Van Rompuy sera signé "aux alentours de Mars prochain, sinon avant". Sont au programme à ce sujet d"'amples consultations, en particulier avec le Parlement européen". Là aussi, ce serait risible, s'il n'y avait pas plutôt de quoi pleurer: alors que d'un côté, les parlements nationaux ont été transformés en «gorilles» (ndt au sens de "garde du corps") des décisions de la Commission, de l'autre, le Parlement européen est réduit à un rôle de consultation. Un nouveau traité de l'Union est hautement souhaitable, mais avec les forces en jeu dans cette situation, il est très probable qu'il finira par être non pas meilleur mais largement pire que le précédent.

La situation est ce qu'elle est, et nécessite certainement de grandes décisions. Mais celles-ci ne sont pas neutres: on peut les prendre en suivant la voie de la liberté, de la responsabilité et de la confiance, ou bien celle du contrôle centralisé de l'autre, de la méfiance générale envers le prochain et de systèmes qu'en d'autres temps on aurait qualifié de policiers. Des systèmes qui aujourd'hui ont changé de peau, ou plutôt ont une peau plus variée, mais qui, en substance, restent tels. En adoptant ces systèmes, nous ne sortirons pas de la crise, mais nous risquons même de nous y enfoncer encore plus

http://www.labussolaquotidiana.it/ita/articoli-leuropa-tecnocratica-3863.htm

(1)

Les dirigeants de l'Union européenne (UE) se sont mis d'accord vendredi matin sur l'établissement d'un nouveau "pacte budgétaire" basé sur des accords intergouvernementaux et non sur les modifications de l'ancien traité de l'UE.
Lire la suite ici: Agence Xinhua.

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