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Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

Le Pape et la femme de Lot

Gian Maria Vian, le directeur de l'Osservatore Romano, commente à chaud le discours du Saint-Père à la Curie, autour de l'allusion - énigmatique - à un épisode biblique (22/12/2011)

Il est important de le souligner: Benoît XVI n'est ni pessimiste ni fatigué.

Le Pape et la femme de Lot.
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Qu'est-ce qui tient vraiment au coeur du Pape? Avec une clarté croissante, la réponse vient du Pape lui-même, qui a de nouveau choisi l'essentiel pour le bilan de l'année qui se termine. Avec une lecture en parfaite cohérence avec la réalité, et qui en même temps sait aller droit au cœur des questions, les dépouillant des contingences et confirmant qu'au sommet des préoccupations de Papa Benedetto , il y a la crise de la foi en quelque sorte représenté par l'image biblique de la femme de Lot (1).
Mais la préoccupation, ce n'est pas le pessimisme, malgré des représentations désormais un peu «frustes» et que les faits démentent jour après jour. Non, Benoît XVI n'est pas pessimiste ou fatigué, et son style aimable de gouvernement, respectueux, attentif et concret, est enraciné justement dans l'essentiel, comme il l'avait anticipé au début du pontificat, en présentant ses véritables intentions, à savoir l'abandon à la parole et à la volonté du Seigneur, « de sorte que ce soit lui-même qui guide l'Église en cette heure de notre histoire», avait-il déclaré lors de la messe inaugurale.

Dans son adhésion à la réalité, le Pape a parlé à nouveau de la crise économique et financière qui opprime l'Europe, et a répété que celle-ci se fonde sur une crise éthique, parce qu'il manque souvent la force qui conduit à des renoncements et des sacrifices. Comment la trouver alors? C'est à cette question que doit répondre l'annonce de l'Evangile dans des sociétés qui l'ont oubliée ou supprimée, une urgence qui a motivé la création d'un nouvel organe curial et qui explique le choix du thème central de la prochaine Assemblée synodale et l'appel à une «année de la foi» pour le cinquantenaire de Vatican II, le plus grand événement religieux du siècle dernier.

Il y a une crise dans l'Eglise en Europe et son noyau est précisément la crise de la foi, qui entraîne une fatigue et même «une lassitude d'être chrétien».
L'analyse de Benoît XVI ne s'arrête pourtant pas à ce diagnostic impitoyable et, surtout, elle ne laisse place à aucun pessimisme.Justement, deux des voyages internationaux les plus récents - en Afrique et en Espagne - ont montré que c'est dans la joie d'être chrétiens, que se trouve le remède, et même le «grand médicament» contre l'épuisement du "croire".
Le Pape en a tracé les contours à partir des Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid. Ainsi, la catholicité de l'Église permet de faire l'expérience de l'unité profonde de la famille humaine, tandis que l'utilisation attentive de son propre temps, y compris dans la vie quotidienne, est crucial. Et voici l'image - choisie par Benoît XVI comme un symbole de la crise de la foi - de la femme de Lot, qui regarde derrière elle, uniquement préoccupée d'elle-même et se transforme en statue de sel, désespérément vide .
Au contraire, c'est la relation personnelle avec l'unique Dieu qui sauve, une relation authentique qui n'est pas motivé par le désir de gagner le ciel ou la crainte de l'enfer - a dit le Pape - mais simplement «parce que faire le bien est beau, être là pour les autres est beau». Avec la nourriture de ce qui est au cœur de la foi catholique, l'adoration de Dieu réellement présent dans l'Eucharistie: le Dieu qui pardonne et qui vainc la force de gravité du mal dans la pénitence et aime vraiment chaque être humain.

(© L «L'Osservatore Romano, 23 Décembre, 2011)

Ce qu'a dit le Pape

Une des expériences les plus importantes de ces journées [de Madrid] a été pour moi, la rencontre avec les volontaires des Journées Mondiales de la Jeunesse : ils étaient environ 20.000 jeunes qui, sans exception, avaient mis à disposition des semaines ou des mois de leur vie pour collaborer à la préparation technique et organisationnelle, et au contenu des JMJ. Ils avaient ainsi rendu possible le déroulement harmonieux de l’ensemble. Avec son temps, l’homme donne toujours une partie de sa vie. À la fin, ces jeunes étaient visiblement et « tangiblement » comblés d’une grande sensation de bonheur : leur temps donné avait un sens ; en donnant justement de leur temps et de leurs forces de travail, ils avaient trouvé le temps, la vie. Et alors, une chose fondamentale est devenue évidente pour moi : ces jeunes avaient offert dans la foi une partie de leur vie, non pas parce que cela a été commandé et non pas parce qu’avec cela on gagne le ciel ; non pas non plus parce qu’on échappe ainsi au péril de l’enfer. Ils ne l’avaient pas fait parce qu’ils voulaient être parfaits. Ils ne regardaient pas en arrière, vers eux-mêmes.
Il m’est venu à l’esprit, l’image de la femme de Lot qui, regardant en arrière, devint une colonne de sel. Combien de fois la vie des chrétiens est caractérisée par le fait qu’ils regardent surtout vers eux-mêmes, ils font le bien, pour ainsi dire, pour eux-mêmes ! Et combien est grande la tentation pour tous les hommes d’être préoccupés surtout d’eux-mêmes, de regarder en arrière vers eux-mêmes, devenant ainsi intérieurement vides, “des colonnes de sel” ! Ici, au contraire, il ne s’agissait pas de se perfectionner soi-même ou de vouloir avoir sa propre vie pour soi-même. Ces jeunes ont fait du bien – même si cela a été rude et a requis des sacrifices –, simplement parce que faire le bien est beau, être pour les autres est beau.

Voir ici: Voeux à la Curie

(1) La femme de Lot

(Source)
Souvenez-vous de la femme de Lot (Lc 17.32). Jésus a prononcé cette parole alors que les pharisiens l’interrogeaient sur la venue du Royaume de Dieu. Du temps de Noé, comme de Lot, les hommes vaquaient à leurs affaires, s’adonnaient aux penchants de leurs cœurs, sans se préoccuper de Dieu. Mais le jour où l’Éternel exerça son jugement, tous les hommes mauvais périrent, d’une manière aussi totale que subite. C’est pourquoi la Bible invite à se mettre en règle avec Dieu, dès à présent voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut (2 Co 6.2).

Mais l’avertissement de Jésus comporte une notion profonde qui concerne le chrétien.
On peut avoir accepté Jésus comme sauveur, mais pas comme le maître de notre vie. L’homme pour lequel il en est ainsi se préoccupe encore par trop des choses matérielles, des plaisirs du monde, etc… Et ce fait peut l’amener à être tellement lié à la terre qu’il ne pourra pas s’envoler vers le ciel lorsque Jésus reviendra. C’est pour cela que Jésus dit : celui qui cherchera à préserver sa vie la perdra, et celui qui la perdra la retrouvera (Lc 17.33).

La femme de Lot, sur les traces de son mari, quittait une ville, fief du péché, que Dieu allait détruire. Mais son cœur était attaché à cette cité où elle avait dû goûter à une vie de plaisirs de toutes sortes, d’abondance, peut-être. Elle désirait conserver ces choses, et c’est ce qui lui coûta la vie. Pourtant, son crime ne paraît pas bien grand, à priori. Elle a juste regardé en arrière. Mais Dieu avait interdit ce geste car il avait une signification importante. Il témoignait de l’attachement aux choses terrestres et du désintéressement à la vie spirituelle.
La parole de Jésus nous invite à considérer l’exemple de cette femme, car, si la forme de la sentence a peu de possibilités de se renouveler, l’avertissement, lui, demeure : et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ? Ou, que donnerait un homme en échange de son âme ? (Mt 16.26).

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