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Hommage à Vaclav Havel

Sur la Bussola. (24/12/2011)

Voir aussi:
->
Vaclav Havel est mort
-> Vaclav Havel et Joseph Ratzinger
-> Vaclav Havel n'était pas un indigné

Hier ont été célébrées dans la cathédrale Saint-Guy de Prague les obsèques de Vaclav Havel, en présence de nombreuses personnalités politiques et artistiques (parmi lesquelles peu de chefs d'Etat ou de gouvernement en exercice, Nicolas Sarkozy était accompagné d'Alain Delon).

Benoît XVI a envoyé un télégramme de condoléances au Président de la République tchèque, Václav Klaus.

* * *

HIS EXCELLENCY VÁCLAV KLAUS
PRESIDENT OF THE CZECH REPUBLIC

HAVING LEARNED WITH SADNESS OF THE DEATH OF FORMER PRESIDENT VÁCLAV HAVEL, I SEND HEARTFELT CONDOLENCES AT THIS TIME OF NATIONAL MOURNING. I JOIN ALL THOSE WHO HAVE GATHERED IN SAINT VITUS' CATHEDRAL FOR THE SOLEMN FUNERAL RITE IN COMMENDING THE SOUL OF THE DECEASED TO THE INFINITE MERCY OF OUR HEAVENLY FATHER. REMEMBERING HOW COURAGEOUSLY MR HAVEL DEFENDED HUMAN RIGHTS AT A TIME WHEN THESE WERE SYSTEMATICALLY DENIED TO THE PEOPLE OF YOUR COUNTRY, AND PAYING TRIBUTE TO HIS VISIONARY LEADERSHIP IN FORGING A NEW DEMOCRATIC POLITY AFTER THE FALL OF THE PREVIOUS REGIME, I GIVE THANKS TO GOD FOR THE FREEDOM THAT THE PEOPLE OF THE CZECH REPUBLIC NOW ENJOY. AS A PLEDGE OF SPIRITUAL STRENGTH AND COMFORT, I CORDIALLY IMPART MY APOSTOLIC BLESSING TO ALL WHO MOURN IN THE HOPE OF RESURRECTION TO NEW LIFE.

BENEDICTUS PP. XVI
(Source)

Ayant appris avec tristesse la mort du président précédent Vaclav Havel, j'adresse mes sincères condoléances en ce moment de deuil national. Je me joins à tous ceux qui se sont rassemblés dans la cathédrale Saint-Guy pour le rite funèbre solennel, recommendant l'âme du défunt à l'infinie miséricorde de notre Père Céleste. Rappelant combien courageusement Monsieur Havel a défendu les droits humains à une époque où ils étaient systématiquement déniés au peuple de votre pays, et rendant hommage à ses qualités visionnaires pour forger un nouveau gouvernement démocratique après la chute du précédent régime, je remercie Dieu pour la liberté dont le peuple de République tchèque jouit à présent. Comme gage de force spirituelle et de réconfort, j'accorde de tout coeur ma bénédiction apostolique à tous ceux qui pleurent, dans l'attente de la résurrection à une vie nouvelle.

* * *

Curieusement, Paris-Match a confié son éloge funèbre à... Jack Lang, qui l'a connu dans les années 70, alors qu'il était lui-même directeur du théâtre de Nancy et, dit-il, "à l'affut de nouveaux talents. Il faut se souvenir de l'incroyable ébullition artistique de cette époque-là".
Il y a des amis bien embarassants.
L'ex-ministre socialiste à vie de la culture (...) , qui ne doute vraiment de rien, déclare, en conclusion de son interviewe:
"C'est un homme qui a prouvé que la politique n'est pas que trahisons, opportunisme, retournements de vestes et combines". Tout le contraire de lui, en somme.
Au final, rien dans son portrait d'un Vaclav Havel réduit à sa dimension extérieure et horizontale, amateur de jolies femmes, de bière et de rock ne justifie l'aura qui l'entoure aujourd'hui.

Voici un hommage bien différent, sur La Bussola.
Texte en italien: http://www.labussolaquotidiana.it/
Ma traduction.

In memoriam
Vaclav Havel, l'amour et la liberté. Et Dieu qui existe
Angelo Bonaguro
24/12/2011
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«Si nous vivons tout en sachant l'inéluctabilité de la mort, et vivons comme des hommes, c'est-à-dire d'une manière digne et pleine de sens, cela n'est possible que grâce à la solide expérience intérieure d'un horizon absolu de l'être qui en nous a été éveillé justement par la conscience de la mort». Voilà ce qu'écrivait Vaclav Havel, disparu le 18 Décembre, à sa première épouse Olga, depuis sa prison, en Octobre 1981.

Havel est sans doute l'une des personnalités les plus intéressantes aux facettes les plus multiples du paysage culturel de l'Europe Centrale. Né à Prague en 1936, alors que la menace nazie s'épaississait à l'horizon de la Tchécoslovaquie, il a été - comme il se plaisait à le dire - «enfant d'une famille de classe moyenne, assistant de laboratoire, recrue, machiniste de théâtre, dramaturge, dissident, prisonnier, président, retraité , phénomène public et ermite, présumé héros et froussard en secret».

Il commence à s'exposer en personne lors du congrès des écrivains en 1965, prenant la défense des auteurs discriminés par le régime communiste; il ne manque pas les occasions offertes par le renouvellement social et politique durant le Printemps de Prague (1968), et en 1975 il s'expose à nouveau avec la Lettre ouverte au secrétaire du Parti , dans laquelle, anticipant les thèmes du court essai Le pouvoir des sans pouvoir (1978), il examine de façon critique le système en train de se «normaliser» à travers «pression existentielle» exercée sur les citoyens subjugués par la peur et par le mensonge. Commence alors pour lui l'aventure de la dissidence, le choix de «vivre sans mensonge», parce que « la responsabilité intérieure combinée à un ensemble de circonstances extérieures» l'avait «expulsé des structures existantes et mis en confrontation avec elles». Sa capacité de synthèse et de hjugement fait de lui un médiateur entre les âmes de la dissidence, celle plus culturelle, celle plus «politique» (Charta77) et celle liée à l'Eglise.

Puis en 1989 avec l'effondrement du régime, il se retrouve élu président de la Tchécoslovaquie: «La politique ne peut pas être seulement l'art du possible, c'est-à-dire de la spéculation, du calcul, de l'intrigue,des accords secrets et des manigances utilitaristes, mais plutôt l'art de l'impossible, c'est à dire l'art de rendre meilleur soi-même et le monde», affirmait-il dans son premier discours de Nouvel An.

Pendant ses 13 années de présidence, il explore les thèmes dont il avait tissé ses œuvres littéraires: l'expérience de l'absurde, la valeur de la dignité humaine, le pouvoir libérateur de la vérité, la relation entre la Création et l'homme qui doit en respecter le mystère. Quand il parle d'ethos, ce n'est pas pour faire la morale, mais pour rappeler cet "accrochage" de l'homme au transcendant, au seuil duquel Havel s'est toujours arrêté.
Durant son second mandat, une certaine désillusion n'a pas été absente: «Nous avons essayé d'avancer librement, de dire la vérité, de faire comprendre comment les choses étaient. Les dissidents étaient des peintres, des écrivains, des pompiers, pas des politiciens ... Il était évident qu'on ne pouvait pas penser que quelques jours suffisaient pour préparer et mettre en œuvre toutes les réformes nécessaires, puisqu'il faut les approfondir en examinant des montagnes d'arguments contradictoires ... Il faut maintenir une relation humble avec le monde, respecter ce qui nous dépasse, prendre conscience qu'il y a des mystères que nous ne comprendrons jamais et réaliser que nous devons assumer des responsabilités, mais sans présumer de savoir comment cela finira ... L'espoir, cependant, personne ne peut nous l'enlever. Du reste, une vie où il n'y aurait pas d'imprévus serait terriblement ennuyeuse».

En 2003, il quitte le château de Prague, direction institutionnelle de son pays, avec l'espoir de pouvoir vivre sa vieillesse, «comme un retraité sans obligations» et donc «de profiter de la vie, voyager, se reposer, penser et lire». Mais au contraire, «tout s'est passé autrement»: l'engagement envers la Bibliothèque-Centre culturel et le Forum 2000, les activités de la Fondation de bonne volonté pour le soin des enfants et des personnes âgées, la nouvelle pièce Le départ , dont cette année il a tiré son premier et dernier film, un effort qui l'a encore miné...

En Novembre, il avait revu pour la télévision, l'archevêque Duka, son vieil ami rencontré en prison en 1981, où ils avaient passé des heures à discuter de Dieu et de l'homme. «Je pense - a dit Duka - qu'il a maintenant rencontré Celui dont nous avons tant parlé ensemble. C'est ce qu'il m'a dit lors de notre dernière rencontre: «Je ne vais pas bien ... mais nous savons qu'Il existe».

En l'absence d'une figure d'autorité capable de donner une voix aux émotions qu'a suscité la nouvelles de la mort de Havel, les gens se sont déplacés spontanément, de façon surprenante pour le style simple de ce pays. Déjà dimanche matin à Prague, puis dans d'autres villes, des centaines de personnes de tous âges se sont détournées des achats de Noël pour s'arrêter et allumer des lumières ou déposer des fleurs sur les lieux historiques des manifestations de 1989, et vers le soir, de la Place Saint-Wenceslas, un cortège silencieux s'est formé jusqu'à l'île Kampa. «J'ai vu beaucoup de jeunes qui n'ont pas connu Havel, mais pour qui il était un symbole, et cela a été l'occasion de respirer un grand souffle de soulagement et de réfléchir sur les valeurs qu'il représentait», a commenté le père Halik, une des figures les plus en vue de l'Eglise de Bohême.
Son vieux slogan, «l'amour et la liberté l'emporteront sur la haine et le mensonge», si décrié et raillé, témoigne du désir toujours présent dans le cœur de chacun.

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