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Un jeune philippin bientôt canonisé

Le Pape a signé le 19 décembre dernier le décret reconnaissant le miracle obtenu par l'intercession de Pedro Calungsod, mort martyr en 1672. Un article sur Religion en Libertad, traduit par Carlota (29/12/2011)

Carlota:

J’avoue avoir toujours un grand bonheur à rappeler l’universalité de l’Espagne catholique et l’extraordinaire courage de ses missionnaires qui, avec une foi immense et des moyens dérisoires, n’ont pas hésité à aller porter la Parole du Christ à travers le monde…
J’ai traduit ci-dessous (original ici: www.religionenlibertad.com) un article de Pablo Ginés, qui revient sur l’histoire de Pedro Calungsod, bientôt canonisé, un jeune Philippin qui donne l’exemple à tant d’autres qui se retrouvent aujourd’hui, travailleurs émigrés, dans des contrées souvent hostiles à notre Seigneur Jésus Christ et qui n’avaient plus vu de chrétiens depuis des siècles, voire n’en ont jamais vus.
Le récit met aussi à mal le mythe des sociétés primitives, véritable paradis terrestre des utopies rousseauistes.
L’on peut également penser aux îles polynésiennes du Pacifique sud évangélisées près de deux siècles plus tard et notamment au Bienheureux Pierre Chanel martyr à Futuna en 1841.
Nous avons besoin de la foi et du courage de ces hommes-là.
Heureusement, Dieu est patient.

Bienheureux et bientôt Saint Pedro Calungsod, martyr à l’île de Guam
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Le 19 décembre 2011 le Saint Siège a approuvé officiellement le miracle: des médias parlent d’une mort clinique, d’autres d’une mort cérébrale. C’est à ce moment que le médecin pria Pedro Calungsod, un jeune de 17 ans qui mourut martyr en évangélisant l’île de Guam, aux côtés d’un Jésuite espagnol, Diego de San Vítores.
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Pedro Calungsod avait 17 ans et était l’assistant du père jésuite espagnol Diego de San Vítores dans l’évangélisation de l’île polynésienne espagnole de Guam (*). En ce lieu ils avaient élevé ensemble une première humble chapelle en 1669, aujourd’hui la très belle cathédrale El Dulce Nombre de María (Doux Nom de Marie), qui a gardé son nom d’origine espagnole bien que Guam ait été conquise par les États-Unis en 1898 et que sa langue principale soit depuis l’anglais (*)

Mis en morceau et jetés à la mer
Pedro Calungsod, d’origine philippine, et son mentor Diego de San Vítores moururent ensemble en martyr le 2 avril 1672 dans le village de Tomhom. Des guerriers envoyés par le chef local tuèrent le jésuite en lui transperçant la poitrine d’une lance, et ils tuèrent le jeune catéchumène en lui donnant un coup sur la tête avec une épée genre katana (ndt genre sabre japonais). On ne peut vénérer leurs reste : ils les ont coupés en morceau et jetés à la mer.

Le jésuite avait tenté une évangélisation pacifique, sans soldats. Mais à la suite de cet “incident” arriveront les soldats et commencera la guerre des « Chamorros » (**) qui dura quelques 25 ans. En effet les îliens se divisèrent en deux groupes, car il y en avait de nombreux déjà baptisés qui avaient accepté la proposition espagnole et protégeaient les rares Espagnols des îles. Pedro et San Vítores sont morts mais ils ont porté leurs fruits et aujourd’hui on les vénère à Guam et dans les îles Mariannes : sur le territoire de l’archidiocèse d’Agaña il y a 150 000 habitants dont 130 000 catholiques (ndt les îles Mariannes comprennent 15 îles dont Guam devenue très célèbre depuis les terribles affrontements entre les États-Unis et le Japon entre 1941 et 1945. L’archipel s’étend sur 1020 km et comprend 250 000 habitants).

Le disciple devance le Maître
En 1985 le Jésuite a été béatifié par Jean-Paul II et le catéchiste philippin l’a rejoint comme martyr en l’an 2000. Mais désormais Pedro Calungsod va devancer son vieux maître dans la gloire des autels et sa canonisation sera bientôt célébrée puisque le 19 décembre dernier le Saint Siège a approuvé officiellement le miracle accepté par la Congrégation pour la Cause des Saints, un miracle qui n’a pas eu lieu dans des circonstances confuses ou très anciennes, mais dans les salles d’opération d’un hôpital de la ville philippine de Cebú en 2003.

Des médias affirment que la miraculée est restée deux jours « cliniquement morte » quand le chirurgien cardiologue a prié pour elle en demandant l’intercession du Bienheureux Pedro. D’autres affirment qu’elle souffrait « d’une mort cérébrale ». Il n’y a pas de communiqué officiel de l’Église qui ait diffusé la nature médicale concrète du cas.

Une chef d’entreprise miraculée
Les médias qui ont donné le plus de détails citent le vice-postulateur de la cause, Ildebrando Leyson, qui assure que la femme, une chef d’entreprise n’avait même jamais entendu parler du bienheureux, elle souffrait d’un « coma de niveau 3 sur l’échelle Glasgow ». Le niveau 3 est le pire, le plus bas (il n’y a pas de Glasgow 2, ni 1, ni 0), c’est celui qu’on attribue, après un traumatisme cérébral, il ne répond ni aux stimuli auditifs, ni à la douleur, ni à la lumière dans les yeux. La chef d’entreprise venait de passer deux heures dans cet état (qui s'il n’est pas la mort, est son antichambre) à cause d’un infarctus du myocarde.

Elle est aujourd’hui en bonne santé et plein de joie, elle travaille à Leyte (ndt ville de la province du même nom, dans l’île de Samar, archipel de Visayas, centre est des Philippines) et pense venir pour la canonisation, selon ce qu’a rapporté dans le « Cebú Daily News », le cardinal et archevêque émérite Ricardo Vidal, grand promoteur du bienheureux. Les médecins locaux comme ceux de la commission médicale vaticane, n’attribuent la récupération de cette dame ni à la médecine ni à une cause connue.

Il s’agit d’un autre de ces miracles qui ont lieu dans la lumière et les salles d’opération, devant des médecins, dans des hôpitaux du XXIème siècle et non dans des rumeurs lointaines et confuses. Pour des raisons du respect des personnes les noms des médecins impliqués de l’hôpital et de la femme qui a récupéré n’ont pas encore été donnés, mais il est probable dans un futur proche, ils se feront connaître d’eux-mêmes.

« Un Saint travailleur philippin à l’étranger »
Pour les Philippins, spécialement pour ceux des îles Visayas et ceux de Cebú, Pedro est « leur » saint. Il n’y a qu’un seul autre saint philippin, Saint Lorenzo Ruiz (***), martyr des persécutions du Japon au XVII. Dans la presse philippine ces jours-ci, l’on parle avec fierté de ce qu’il était comme tant de compatriotes aujourd’hui, un travailleur philippin à l’étranger ».

À Cebú on rappelle avec fierté que son île d’origine a reçu avec courtoisie les Espagnols et le christianisme, que la houle a amené sur ses plages la statue en bois de l’Enfant Jésus de Cebú (encore aujourd’hui la plus grande dévotion du pays) et que ses habitants ont accepté le baptême en 1521, avec Magellan, 50 ans avant les habitants de Manille. Le porte- paroles des évêques philippins, Pedro Quitorio, encourage les fidèles à se recommander au nouveau saint dans ces jours de douleurs dus à la tempête tropicale « Sendong » qui a provoqué de grandes destructions

Les Marianas... ou les Voleurs
Les îles Mariannes doivent leur joli nom au bienheureux Diego de San Vítores, qui les a ainsi appelées en 1665, pour s’attirer les bonnes grâces de la Reine et veuve, régente d’Espagne, Marie Anne d’Autriche, mais aussi en hommage à la Sainte Vierge. Avant le missionnaire jésuite, l’on utilisait le vilain nom que leur avait donné Magellan pour caractériser la façon dont il avait été mal reçu par ses habitants : les îles des Voleurs.

Diego de San Vítores était de famille noble et avait renoncé à une carrière militaire pour se consacrer à l’évangélisation. En chemin vers Manille aux Philippines, il était passé par Guam en 1662 et s’était promis de revenir pour christianiser les îles. Avec le soutien moral de Philippe IV d’Espagne et de la Reine Marie Anne d’Autriche, mais avec à peine quelques ressources, il débarqua en 1668 accompagné du jeune Pedro, essayant d’imiter son modèle, Saint François Xavier, un missionnaire sans soldats. Le chef Kepuha le reçut bien et il put baptiser et commencer à catéchiser un certain nombre d’habitants, et sur la terre qu’il lui donna se trouve aujourd’hui la cathédrale du Doux Nom de Marie. Malheureusement à peine un an plus tard l’accueillant chef Kepuha mourut et une forte opposition aux missionnaires commença. Comme tout bon jésuite, Diego avait déjà en 1669 créé une école pour les garçons et ensuite une autre pour les filles, en outre il avait ouvert 4 paroisses dans divers villages avec l’aide de Pedro.

Crânes, sorcières et prostitution institutionnalisée
Cependant il y avait parmi les coutumes des autochtones certaines qui se heurtaient à l’Évangile. Les îliens gardaient chez eux les crânes de leurs ancêtres, ils leur parlaient, les traitaient avec respect, et cela paraissait être une forme de sorcellerie.
En outre c’était une société de castes très strictes, avec une noblesse qui voyait très mal l’idée chrétienne qui par le baptême rendait tous les hommes égaux.
Le Jésuite espagnol préchait souvent contre les prêtres païens (makahnas) et plus encore contre les prêtresses (kakahnas) et ces dernières voyaient que leur statut était en danger face à une religion qui paraissait moins féministe (ndt par rapport à leurs privilèges de prêtresses évidemment, par par rapport au respect de la dignité des femmes) mais aussi plus égalitariste.
En outre, au moment de la puberté les jeunes hommes se rassemblaient pour vivre en « Guma Uritao » («Maisons des hommes »), où des hommes plus âgés leur montraient des choses d’adultes comme pécher, naviguer…et du sexe, avec l’aide de femmes qui se consacraient à cela, à former sexuellement des jeunes. Pour le jésuite il s’agissait d’une simple prostitution institutionnalisée et de corruption des adolescents.
Enfin avec les Européens arrivèrent des maladies. En tira profit un Chinois nommé Choco, marié avec une autochtone, qui diffusa la rumeur selon laquelle l’eau du baptême et les huiles baptismales étaient ce qui empoisonnait et rendait malades les gens.

Martyrs pour avoir baptisé une petite fille
Le 2 avril 1672 après seulement trois ans de travail missionnaire vint le martyre. Le chef Mata’pang était un adversaire tenace aux chrétiens, mais son épouse était convertie. Elle demanda aux missionnaires de baptiser sa petite fille qui venait de maître, et c’est ce qu’ils firent. Quand Mata’pang l’apprit il envoya son guerrier Hirao, accompagné de quelques hommes, pour tuer les missionnaires.
Sur le lieu du martyre il y a aujourd’hui un monument qui rappelle comme la lance et la katana en finirent avec l’Espagnol et le jeune Philippin. Bientôt les 130 000 catholiques du diocèse de Guam célébreront le Saint qu’ils partagent avec les Philippins et l’Église Universelle.

L'archipel des Mariannes

Note de traduction:
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(*) « L’île polynésienne espagnole de Guam », terminologie espagnole qui correspond à une réalité historique, bien oubliée aujourd’hui. L’île de Guam de l’Archipel des Mariannes, et les îles avoisinantes, dans le Nord-Est du Pacifique, sur la route des Philippines, étaient effectivement lors de leur découverte au nom de la Couronne d’Espagne avaient pour habitants des peuples de race et de langue polynésiennes. Guam fut ainsi territoire espagnol de 1521 à 1898.
Les « Chamorros » était le nom espagnol des habitants des îles Mariannes. La langue « Chamorra », encore parlée aujourd’hui par la moitié des habitants de Guam et des Mariannes Nord est une langue de structure grammaticale polynésienne mais qui comprend un pourcentage important de mots d’origine espagnole, pour désigner en particulier des choses ou des notions qui n’étaient pas connues avant l’arrivée des Espagnols.
« Les Chamorros, des latinos oubliés », ici en VO, rédigé par une universitaire mexicaine, donne un excellent résumé de l’histoire de Guam et des Mariannes et de notamment leur deshispanisation forcée entreprise par les Etats-Unis à partir de 1898. Une anticipation de ce que nous connaissons aujourd’hui en matière de mondialisme ?

(**) On peut voir ici, place d’Espagne à Agaña, principale ville de l’île de Guam qui regroupe plus de la moitié des Guaméniens, l’actuelle cathédrale basilique du Doux Nom de Marie. Dans la basilique l’on trouve une antique statue de la Sainte Vierge dite Sainte Marie du « Kamalen » (terme chamorro pour le mot espagnol camarín, niche), patronne de l’Archidiocèse d’Agaña.

(***) Saint Lorenzo Ruiz né vers 1600 aux Philippines; d’un père d’origine chinoise et d’une mère philippine, tous deux catholiques. Mort martyr au Japon en 1637, en même temps que trois prêtres dominicains, un prêtre japonais Saint Vincent Shiwozuka de la Croix et un laïc lépreux, le Lazare de Kyoto. Béatifié à Manille en 1981 et canonisé en 1987.

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Ndlr: En recherchant des illustrations, j'ai trouvé un récit sur ce site: http://nouvl.evangelisation.free.fr/pedro_calungsod.htm

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