La question de Dieu: la "question des questions"
C'est le fil conducteur du discours du Saint-Père aux Fidèles Laïcs, lors de leur assemblée plénière, hier. Il y est question des persécutions subies par les chrétiens en Asie, des JMJ de Madrid - "une extraordinaire cascade de lumière, de joie et d'espoir" - , de la crise "qui est une crise de sens et de valeurs, avant d'être une crise économique et sociale" - et de nous chrétiens, pour qui, trop souvent, "Dieu n'est pas le point de référence central dans la manière de penser et d'agir...". (26/11/2011)
Texte en italien: http://www.vatican.va/..
Ma traductions.
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Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et sœurs!
Je suis heureux de vous rencontrer tous, membres et conseillers du Conseil Pontifical pour les Laïcs , réunis pour la vingt-cinquième Assemblée plénière. Je salue en particulier le cardinal Stanislaw Rylko et le remercie pour ses paroles aimables qu'il m'a adressées, ainsi que Mgr Josef Clemens, Secrétaire. J'adresse un salut cordial à tous, en particulier aux fidèles laïcs, hommes et femmes, qui composent le Dicastère. La période écoulée depuis la dernière Assemblée plénière vous a vu impliqués dans diverses initiatives, mentionné par son éminence. Je voudrais moi aussi rappeler le Congrès pour les fidèles laïcs de l'Asie et les Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid . Ce furent des moments très intenses de foi et de vie ecclésiale, également important en vue du grand événement ecclésial qui nous célébrerons l'année prochainela treizième Assemblée générale du Synode des évêques sur la nouvelle l'évangélisation et l'ouverture de L'Année de la foi.
Le Congrès pour les laïcs en Asie s'est tenu l'année dernière à Séoul, avec l'aide de l'Eglise en Corée, sur le thème "Proclamer Jésus Christ en Asie aujourd'hui" . L'immense continent asiatique abrite des peuples des cultures et des religions différentes, d'origine ancienne, mais l'annonce chrétienne n'a jusqu'ici atteint qu'une petite minorité, qui souvent - comme vous avez dit, Eminence - vit la foi dans un contexte difficile, parfois même de persécution. Le congrès a offert aux laïcs, associations, mouvements et nouvelles communautés opérant en Asie, l'occasion de renforcer l'engagement et le courage pour la mission. Ces frères témoignent de manière admirable leur fidélité au Christ, laissant entrevoir comment en Asie, grâce à leur foi, s'ouvrent pour l'Eglise du troisième millénaire d'amples scénarios d'évangélisation. J'apprécie que le Conseil Pontifical pour les Laïcs organise un Congrès similaire pour l'Afrique prévu pour l'an prochain au Cameroun. Ces rencontres continentales sont précieuses pour stimuler le travail d'évangélisation, pour renforcer l'unité et rendre toujours plus solodes les liens entre les Eglises particulières et l'Église universelle.
Je voudrais aussi attirer l'attention sur les dernières Journées mondiales de la Jeunesse à Madrid . Le thème, comme nous le savons, était la foi: «Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi» (cf. Col 2,7). Et vraiment, j'ai pu contempler une multitude immense de jeunes, venus, enthousiastes, des quatre coins du monde pour rencontrer le Seigneur et faire l'expérience de la fraternité universelle. Une extraordinaire cascade de lumière, de joie et d'espoir a illuminé Madrid, et pas seulement Madrid mais aussi la vieille Europe et le monde entier, en reproposant de façon claire l'actualité de la recherche de Dieu. Personne n'a pu rester indifférent, personne n'a pu penser que la question de Dieu est insignifiante pour l'homme d'aujourd'hui. Les jeunes du monde entier attendaient avec impatience de pouvoir célébrer les Journées mondiales qui leur sont consacrées, et je sais que vous travaillez déjà sur l'événement à Rio de Janeiro en 2013.
À cet égard, il me semble particulièrement important d'avoir voulu affronter cette année, dans l'Assemblée plénière, le thème de Dieu: "La question de Dieu aujourd'hui". Nous ne devrions jamais nous lasser de poser à nouveau cette question, de "recommencer à partir de Dieu", pour restituer à l'homme l'ensemble de ses dimensions, sa pleine dignité. En effet, une mentalité qui s'est répandu à notre époque, niant toute référence à la transcendance, s'est avérée incapable de comprendre et de préserver l'humain. La diffusion de cette mentalité a conduit à la crise que nous vivons aujourd'hui, qui est une crise de sens et de valeurs, avant d'être une crise économique et sociale. L'homme qui cherche à exister seulement dans une perspective positiviste, dans le calculable et dans le mesurable, à la fin est étouffé. Dans ce cadre, la question de Dieu est, en un certain sens, "la question des questions". Elle nous ramène aux questions de fond de l'homme, aux aspirations à la vérité, à la facilité et la liberté inhérentes à son cœur, qui cerchent une réalisation. L'homme qui réveille en lui la question sur Dieu s'ouvre à l'espérance, à une espérance fiable pour laquelle il vaut la peine d'affronter les difficultés du voyage dans le présent (cf. Spe salvi , 1).
Mais comment réveiller la question de Dieu, pour qu'elle soit la question fondamentale? Chers amis, s'il est vrai qu'"qu'au début de l'être chrétien, il n'y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, une personne" ( Deus caritas est , 1 ), la question sur Dieu est réveillée par la rencontre avec ceux qui ont le don de la foi, avec ceux qui ont un rapport vitaleavec le Seigneur. Dieu est connu à travers des hommes et des femmes qui le connaissent: le chemin vers lui passe, de manière concrète, à travers ceux qu'Il a rencontrés. Ici, votre rôle de fidèles laïcs est particulièrement important. Comme le fait remarquer Christifideles laici (exhortation apostolique de JP II, 1988), c'est là votre vocation spécifique; dans la mission de l'Eglise "... une place spéciale revient aux fidèles laïcs, en raison de leur «caractère séculier» qui les engage, selon des modalités propres et irremplaçables, 'dans l'animation chrétienne de l'ordre temporel'(n° 36). Vous êtes appelés à rendre un témoignage transparent de l'importance de la question de Dieu dans chaque domaine de la pensée et de l'agir. Dans la famille, au travail, comme dans la politique et l'économie, l'homme contemporain a besoin de voir de ses propres yeux et de toucher du doigt à quel point avec Dieu ou sans Dieu tout change.
Mais le défi d'une mentalité fermée à la transcendance oblige les chrétiens eux-mêmes à revenir de façon plus déterminée à la centralité de Dieu. Parfois on s'est mobilisés pour que la présence des chrétiens dans la société, en politique ou en économie soit plus efficace, et peut-être ne s'est-on pas préoccupés autant de la solidité de leur foi, comm si c'était un fait acquis une fois pour toutes. En réalité, les chrétiens n'habitent pas une planète lointaine, immunisée contre les "maladies" du monde, mais ils partagent les troubles, la désorientation et les difficultés de leur temps. C'est pourquoi il n'est pas moins urgent de relancer la question de Dieu, y compris dans le tissu même de l'Eglise. Combien de fois, tout en se définissant chrétiens, Dieu n'est de fait pas le point de référence central dans la manière de penser et d'agir, dans les choix fondamentaux de la vie. La première réponse au grand défi de notre époque réside alors dans la conversion profonde de notre cœur, afin que le baptême qui a fait de nous la lumière du monde et le sel de la terre puisse véritablement transformer.
Chers amis, la mission de l'Église a besoin de l'apport de tous ses membres, et de chacun, en particulier des fidèles laïcs.
Dans les milieux de vie où le Seigneur vous a appelés, soyez des témoins courageux du Dieu de Jésus-Christ, vivant votre baptême. Pour cela, je vous confie à l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de tous les peuples, et je vous donne cordialement à vous et à vos proches, ma Bénédiction apostolique.
Je vous remercie.
