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La voix du Pape


Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

Le Pape "a braccio" avec les détenus

Radio Vatican en italien a transcrit les échanges. Je me demande si le Saint-Père n'a pas écrit ce matin une des plus belles pages du Pontificat, à l'égal de la mémorable rencontre avec les enfants de Rome, en 2005 (18/12/2011)

Cette transcription (et a fortiori ma traduction) est officieuse, c'est du langage parlé, et c'est très proche de ce que j'ai entendu ce matin.
La simplicité du vocabulaire, comme les préoccupations exprimées par les hommes, assurent de la spontanété de l'échange. La splendide humanité de Benoît XVI s'exprime ici.

Question n°1:
Je m'appelle Rocco. Avant tout, je voudrais vous apporter notre gratitude, et la mienne personnelle pour cette visite qui est très bienvenue et revêt, dans un moment si dramatique pour les prisons italiennes, un grand contenu de solidarité, d'humanité et de réconfort. Je voudrais demander à Votre Sainteté, si son geste sera compris, dans sa simplicité, aussi de nos politiciens et nos dirigeants, afin que soit restituées à tous les derniers, y compris nous, les prisonniers, la dignité et l'espérance qui doivent être reconnues à tous les êtres vivants. Espérance et dignité indispensables pour reprendre le chemin vers une vie digne d'être vécue.

Réponse n°1:
Merci pour vos paroles. Je sens votre affection pour le Saint-Père, et je suis ému par cette amitié que je sens chez vous tous. Et je voudrais dire que je pense souvent à vous, et que je prie toujours pour vous, car je sais que c'est une condition très difficile qui souvent, au lieu d'aider à renouveler l'amitié avec Dieu et avec l'humanité, rend la situation pire encore, même intérieure. Je suis venu surtout pour vous montrer ma proximité personnelle et intime, dans la communion avec le Christ qui vous aime, comme je le disais. Mais certainement cette visite, qui veut être personnelle pour vous, est aussi un geste public qui rappelle à nos citoyens, à notre gouvernement qu'il y a des grands problèmes et des difficultés dans les prisons italiennes. Et certes, le sens de ces prisons est précisément d'aider la justice, et la justice implique en premier la dignité humaine. Elles doivent donc être construites de manière que croisse la dignité, que la dignité soit respectée, et que vous puissiez renouveler votre propre sens de la dignité afin de mieux répondre à notre vocation intime. Nous avons entendu le ministre de la Justice, entendu comment elle ressent avec vous, comment elle ressent toute votre réalité, et ainsi nous pouvons être confiants que notre gouvernement et les responsables feront leur possible pour améliorer cette situation, pour vous aider à trouver vraiment, ici, une bonne réalisation d'une justice qui vous aider à retourner dans la société avec toute la conviction de votre vocation humaine et avec tout le respect qu'exige votre condition humaine. Donc, moi, pour autant que je le puisse, je voudrais toujours montrer des signes de combien il est important que ces prisons répondent à leur sens de renouveler la dignité humaine, de ne pas attaquer cette dignité, et d'en améliorer la condition. Et nous espérons que le gouvernement a la possibilité, et toutes les possibilités pour répondre à cette vocation. Merci .

Question n°2
Mon nom est Omar. Saint-Père, je voudrais te poser un million de questions, que j'ai toujours pensé à te demander, mais aujourd'hui, il m'est difficile de te poser une question. Je suis ému par l'événement, ta visite ici, en prison est un fait très fort pour nous, détenus chrétiens catholiques, et c'est pourquoi, plutôt qu'une question, je préfère te demander de nous permettre de nous accrocher à toi avec notre souffrance et celle de notre famille, comme un câble électrique qui communique avec Notre Seigneur. Je t'aime.

Réponse n°2
Je t'aime aussi, et je suis reconnaissant pour ces mots qui touchent mon cœur. Je pense que ma visite montre que je voudrais suivre les paroles du Seigneur qui me touchent toujours, je l'ai lu dans mon discours, là où il est dit, au jugement dernier "j'étais en prison et vous m'avez visité et c'est moi qui vous attendais". Cette identification du Seigneur avec les détenus nous oblige profondément et moi-même, je dois me demander: Ai-je fait selon cet impératif du Seigneur? Ai-je gardé à l'esprit la parole de l'Éternel? C'est une des raisons pour lesquelles je suis venu, car je sais qu'en vous, le Seigneur m'attend, que vous avez besoin de cette reconnaissance humaine, et que vous avez besoin de cette présence du Seigneur qui, dans le Jugement dernier, nous interroge justement sur ce point et c'est pourquoi j'espère qu'ici pourra être de plus en plus réalisé le but réel de ces maisons de détention, d'aider à se retrouver soi-même, d'aider à aller de l'avant avec soi-même, dans la réconciliation avec soi-même, avec autrui, avec Dieu, pour entrer à nouveau dans la société et aider au progrès de l'humanité. Le Seigneur vous aidera, dans mes prières, je suis toujours avec vous. Je sais que pour moi, c'est une obligation particulière de prier pour vous, de vous tirer, presque, vers le Seigneur, au-dessus, vers le haut, parce que le Seigneur, à travers notre prière, aide la prière, est une réalité. J'invite aussi tous les autres à prier, de sorte qu'il y ait un câble solide, pour ainsi dire, qui vous tire vers le Seigneur et nous lient aussi entre nous, car en allant vers le Seigneur, nous sommes aussi liés entre nous. Soyez sûr de cette force de ma prière et j'invite aussi les autres à se joindre à vous dans la prière, et de trouver ainsi une unique cordée qui va que vers le Seigneur .

Question n°3:
Mon nom est Albert. Votre Sainteté, vous semble-t-il juste qu'après avoir perdu l'un après l'autre tous les membres de ma famille, maintenant que je suis un homme nouveau, et depuis un mois père d'une splendide petite fille Gaïa, on ne m'ait pas m'accordé la possibilité de rentrer chez moi, bien que j'aie largement payé ma dette à la société?

Réponse n°3:
Tout d'abord, félicitations! Je suis heureux que vous soyez père, que vous vous considériez comme un homme nouveau et que vous ayez une fille splendide, ceci est un don de Dieu. Bien sûr, je ne connais pas les détails de votre cas, mais j'espère que le plus tôt possible vous pourrez retourner dans votre famille. Vous savez que pour la doctrine de l'Eglise, la famille est fondamentale, il est important que le père puisse tenir sa fille dans ses bras. Et donc, je prie et j'espère que dès que possible, vous pourrez vraiment tenir votre fille dans vos bras, être avec votre femme et votre fille pour construire ensemble une belle famille et contribuer ainsi à l'avenir de l'Italie.

Question n°4
Sainteté, je suis Frédéric, je parle au nom des détenus du G14, qui est le département de l'infirmerie. Que peuvent demander des détenus malades et séropositifs au Pape? A notre Pape, déjà chargé du poids de toutes les souffrances du monde, peuvent-ils demander de prier pour eux? Qu'il leur pardonne? Qu'il les garde présents dans son grand cœur? Oui, cela, nous voudrions le demander, mais surtout qu'il porte notre voix là où elle n'est pas entendue. Nous sommes absents de nos familles, mais pas de notre vie, nous sommes tombés et dans notre chute, nous avons fait du mal aux autres, mais nous nous relevons.
On parle trop peu de nous, souvent de manière si féroce qu'il semble que l'on voudrait nous éliminer de la société. Cela nous fait nous sentir sous-humains. Vous êtes le Pape de tous, et nous vous prions de faire en sorte qu'on ne nous arrache pas la dignité, avec la liberté. Pour qu'il ne soit plus évident que reclus signifie exclus pour toujours.
Votre présence est un très grand honneur pour nous! Nos meilleurs vœux pour Noël, à tous.

Réponse n°4
Oui, vous m'avez dit des mots vraiment mémorables, nous sommes tombés, mais nous sommes ici pour nous relever. Ceci est important, ce courage de se relever, d'aller de l'avant avec l'aide du Seigneur et avec l'aide de tous les amis. Vous avez également dit que l'on parle de vous de manière féroce, malheureusement c'est vrai, mais je voudrais dire qu'il n'y a pas seulement cela, il y en a d'autres qui parlent bien de vous et pensent à vous. Je pense à ma petite famille papale, je suis entourée de 4 sœurs laïques et nous parlons souvent de ce problème, elles ont des amis dans différentes prisons, nous recevons également des cadeaux d'eux et de notre côté nous faisons notre cadeau, c'est donc une réalité très positive présente dans ma famille et je pense dans beaucoup d'autres. Nous devons supporter que certains parlent de façon féroce, ils parlent de façon féroce aussi contre le Pape, et pourtant nous avançons. Il me semble important d'encourager chacun à penser bien, qu'ils aient le sens de votre souffrance, le sentiment d'aider dans le processus de se relever, et je dirais que je vais faire mon possible pour inviter chacun à penser de cette façon juste, pas de façon méprisante, mais de manière humaine, en pensant que n'importe qui peut tomber, mais que Dieu veut que tous arrivent à Lui, et nous devons coopérer avec l'esprit de fraternité et aussi la reconnaissance de notre propre fragilité, pour qu'ils puissent vraiment se relever et aller de l'avant avec dignité, et trouver leur dignité toujours respectée, qu'elle croisse, et qu'ils puissent donc aussi trouver la joie dans la vie, parce que la vie nous est donnée par le Seigneur et avec son idée. Et si nous reconnaissons cette idée de Dieu qui est en nous, même les passages obscurs ont un sens pour nous donner davantage la reconnaissance de nous-mêmes, pour aider à devenir davantage nous-mêmes, davantage des enfants de Dieu et ainsi être heureux d'être des hommes, car créés par Dieu aussi dans des conditions difficiles. Le Seigneur vous aidera et nous sommes proches de vous .

Question n°5
Mon nom est Gianni, du Département G8.
Votre Sainteté, on m'a enseigné que le Seigneur voit et lit en nous, je me demande pourquoi l'absolution a été déléguée aux prêtres? Si je vous demandais à genoux, seul dans une pièce, m'adressant au Seigneur, me donneriez-vous l'absolution? Ou bien serait-ce une absolution de valeur différente? Quelle serait la différence?

Réponse n°5
Oui: c'est une grande et vraie question que vous m'apportez. Je dirais deux choses.
La première: bien sûr, si vous vous mettez à genoux et avec un vrai amour de Dieu, priez pour que Dieu pardonne, il pardonne. C'est toujours la doctrine de l'Eglise que si quelqu'un, avec un vrai repentir, c'est-à-dire pas seulement pour éviter la peine, les difficultés, mais pour l'amour du bien, pour l'amour de Dieu, demande pardon, il reçoit le pardon de Dieu. Ceci est la première partie. Si je reconnais vraiment que j'ai mal fait, et qu'en moi renaît l'amour du bien, la volonté du bien, le repentir de ne pas avoir répondu à cet amour, et que je demande à Dieu qui est le Bien, le pardon, il me le donne. Mais il y a un deuxième élément: le péché n'est pas seulement quelque chose de «personnel», individuel, entre moi et Dieu, et le péché a toujours une dimension sociale, horizontale. Avec mon péché personnel, cependant, même si peut-être personne ne le sait, j'ai également endommagé la communion de l'Église, sali la communion de l'Église, sali l'humanité. Et pour cela cette dimension sociale, horizontale du péché exige que je sois absous aussi au niveau de la communauté humaine, de la communauté de l'Eglise, de façon presque corporelle. Ainsi, cette deuxième dimension du péché qui est non seulement contre Dieu, mais concerne aussi la communauté, exige le sacrement, qui est le grand don dans lequel je peux, par la confession, me libérer de cette chose et je peux vraiment recevoir le pardon dans le sens aussi d'une pleine réadmission dans la communauté de l'Eglise vivante, du Corps du Christ. Et donc, dans ce sens, l'absolution nécessaire par le prêtre, le sacrement, n'est pas une imposition qui limite la bonté de Dieu, mais plutôt une expression de la bonté de Dieu, parce qu'il me démontre qu'aussi, dans communion de l'Église, j'ai reçu le pardon et je peux recommencer. Donc, je dirais qu'il faut garder à l'esprit ces deux dimensions: verticale, avec Dieu, et horizontale, avec la communauté de l'Eglise et de l'humanité. L'absolution du prêtre, l'absolution sacramentelle est nécessaire pour effectivement m'absoudre de ce lien du mal et me réinsérer dans la volonté de Dieu, dans l'optique de Dieu, complètement dans son Église, et me donner la certitude, aussi presque corporelle, sacramentelle: Dieu me pardonne, il me reçoit dans la communauté de ses enfants. Je pense que nous devons apprendre à comprendre le sacrement de pénitence dans ce sens: une possibilité de trouver, de façon presque corporelle, la bonté du Seigneur, la certitude de la réconciliation

Question n°6
Sainteté, mon nom est Nwaihim, département G11.
Saint-Père, le mois dernier, vous étiez en visite pastorale en Afrique, dans le petit pays du Bénin, l'une des nations les plus pauvres du monde. Vous avez vu la foi et la passion de ces hommes vers Jésus-Christ. Vous avez vu des personnes souffrir pour différentes causes: le racisme, le travail des enfants, la faim, ...
Je vous demande: ils mettent leur espoir et leur foi en Dieu et meurent entre la pauvreté et la violence. Pourquoi Dieu ne les écoute-t-il pas? Peut-être que Dieu n'entend que les riches et les puissants qu'ont pas la foi? Merci Saint-Père.

Réponse n°6
Je voudrais avant tout dire que j'ai été très heureux dans votre pays; l'accueil de la part des Africains a été extrêmement chaleureuse, j'ai senti cette chaleur humaine, qui en Europe est un peu obscurcie parce que nous avons tellement d'autres choses sur nos coeurs qui rendent aussi le cœur un peu. Là, il y avait une cordialité exubérante, pour ainsi dire; j'ai senti aussi la joie de vivre, et c'était l'une des impressions belles pour moi, que malgré toutes les souffrances et la grande pauvreté que j'ai aussi vues- j'ai salué des lépreux, des malades du SIDA, etc. - que malgré tous ces problèmes et la pauvreté, il y a une joie de vivre, une joie d'être une créature humaine, parce qu'il y a une conscience originelle que Dieu est bon, qu'il m'aime et que l'homme est un être aimé de Dieu. Donc, cela a été pour moi l'impression disons prépondérante, forte: voir dans un pays souffrant la joie, l’allégresse, plus que dans les pays riches. Et cela me fait aussi penser que dans les pays riches, la joie est souvent absente, nous sommes tous entièrement occupés par de nombreux problèmes: comment faire ceci, comment conserver cela, comment acheter encore ... Et avec la masse des choses que nous avons, nous somme de plus en plus éloignés de nous-mêmes et de cette expérience originelle que Dieu existe, et Dieu est proche de moi; et je dirais donc qu'avoir de grandes propriétés et un grand pouvoir ne rend pas nécessairement heureux, ce n'est pas le plus grand don. Cela peut également être, disons, une mauvaise chose qui m'empêche de vivre vraiment. Les mesures de Dieu, les critères de Dieu sont différents des nôtres, Dieu donne aussi à ces pauvres la joie, la gratitude de sa présence, il leur fait sentir qu'il est proche d'eux même dans la souffrance, les difficultés, et naturellement, il nous appelle tous pour que nous fassions tout notre possible pour sortir de cette obscurité, de la maladie, de la pauvreté. Il est de notre devoir de faire cela, et ainsi nous pouvons nous aussi devenir plus joyeux.
Ainsi, les deux côtés doivent se compléter, nous devons aider pour que l'Afrique elle aussi, ces pays pauvres, puissent surmonter ces problèmes, la pauvreté, les aider à vivre, et ils peuvent nous aider à comprendre que les choses matérielles ne sont pas les derniers mots. Et nous devons prier Dieu: montre-nous, aide-nous, pour qu'il y ait la justice, pour que tous puissent vivre dans la joie d'être tes enfants!

* * *

Un détenu lit une prière

Sainteté, mon nom est Stefano, département G 11
Prière derrière les barreaux
O Dieu, donne-moi le courage de t'appeler Père.
Tu sais que je ne réussis pas toujours à penser à toi avec l'attention que tu mérites.
Tu ne m'as pas oublié, même si je vis souvent loin de la lumière de ton visage.
Fais-toi sentir proche, malgré tout, malgré mon péché, qu'il soit grand ou petit secret ou public.
Donne-moi la paix intérieure, celle que Toi seul sais donner.
Donne-moi la force d'être vrai, sincère; arrache de mon visage les masques qui obscurcissent la conscience que je vaux quelque chose simplement parce que je suis ton fils.
Pardonne mes péchés et donne-moi l'occasion de faire le bien.
Raccourcit mes nuits blanches, donne-moi la grâce de la conversion du cœur.
Souviens-toi, Père, de ceux qui sont hors d'ici et qui m'aiment encore, parce qu'en pensant à eux, je me souviens que seul l'amour donne la vie, alors que la haine détruit et la rancoeur transforme en enfer, les jours longs et interminables.
Souviens-toi de moi, ô Dieu, Amen.

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