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Un autre regard sur une commémoration qui n'est peut-être pas exempte d'arrières-pensées mercantiles. Article en espagnol, traduit par Carlota (15/4/2012)

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On reparle beaucoup en ce moment du paquebot transatlantique britannique Titanic dont le naufrage eut lieu, il y a tout juste un siècle.
Ce tragique évènement de mer eut dès l’origine une énorme diffusion médiatique, et fut, de nouveau, largement commenté lors de la sortie du film de James Cameron, en 1997, un film précédé d’une dizaine d’autres dont une première version sonore dès 1929.
Depuis lors, des musées sur le Titanic ont été ouverts, notamment en Irlande (dernière escale du navire), mais aussi en France (cf ici le portail internet très complet http://cherbourg-titanic.com), où l’origine des passagers, les conditions de leur voyage, et enfin les circonstances du naufrage, sont largement décrits mais où il est aussi fait mention de l’énorme phénomène migratoire européen particulièrement encouragé à l’époque par la nouvelle grande puissance économique et industrielle mondiale, les Etats-Unis.
Ces musées semblent attirer un important public. Par contre je ne sais pas si les noms des prêtres catholiques qui étaient à bord, en cette tragique traversée d’avril 1912, ont été souvent évoqués. J’en profite donc pour vous adresser la traduction d’un article paru ici: www.religionenlibertad.com et là: http://www.osv.com/

(Carlota)

     


Dans la matinée du 14 au 15 avril 1912, le Titanic coulait, et naissait la légende, qui en est à son premier centenaire, ce samedi.
Cette date est arrivée accompagnée de la version 3D du film de James Cameron où l'on peut, dans différentes scènes, apprécier l’œuvre spirituelle d’un prêtre quand le navire commence à s’enfoncer par la proue, et où il ne lui reste plus qu’à encourager les survivants et prier avec eux en attendant la fin inévitable.

Il ne s’agit pas d’un artifice cinématographique du réalisateur ou du scénariste. Dans le navire il y eut trois prêtres catholiques, en provenance de différents pays, qui ne se connaissaient pas entre eux, qui étaient à bord du transatlantique pour des raisons différentes, mais qui firent tous honneur à leurs ordres sacrés, observant un comportement héroïque, comme le rappelle un récent article du « Our Sunday Visitor » (ndt magazine catholique de l’Indiana - Etats-Unis. Voir l’article ici avec des photos)

Des héros en soutane et en seconde classe
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Jouzas Montvila
, âgé de 27 ans, lituanien, était monté à bord à Southampton (GB) avec un billet de seconde classe. Il allait aux Etats-Unis pour s’occuper de l’importante communauté de compatriotes en Amérique du Nord. Il avait été expulsé de Lituanie par les Russes, qui a l’époque était les représentants de la puissance dominante, ayant découvert qu’il menait son apostolat parmi les Ukrainiens catholiques.

Le bénédictin, Benedikt Peruschitz, âgé de 41 ans, allemand, il voyageait également en seconde classe. Sa destination était l’Abbaye de Saint Jean à Collegeville, Minnessota, où il devait être intégré comme professeur. Selon les témoins, il passa ses derniers moments de vie en faisant réciter le Rosaire à un groupe de passagers, bien que d’autres, peut-être ne croyant pas encore à ce qui allait arriver, se moquaient d’eux.

Thomas Roussel Davids Byles, 42 ans, provenait d’une famille de l’aristocratie anglaise et était le fils d’un pasteur congrégationnaliste (ndt une des églises protestantes anglaises née dans la seconde partie du XVIème siècle sous l’impulsion du théologien Robert Browne). Il s’était fait anglican alors qu’il étudiait à Oxford. En 1894 il s’était converti au catholicisme et il avait été ordonné prêtre en 1902. Comme ses deux autres compagnons il était monté à bord du Titanic à Southampton et voyageait en seconde classe. Il était attendu à New-York pour marier son frère. Il célébra deux messes le jour du naufrage, une pour les passagers de seconde et une autre pour ceux de troisième. Pour ces derniers, des immigrants en provenance de nombreux pays, il fit un prêche en anglais et en français, et lors de la même messe, le Père Peruschitz le fit en allemand et en hongrois. Quand l’on sut que le navire avait heurté un iceberg, il laissa la seconde classe et descendit en troisième classe où il entendit quelques personnes en confessions avant qu’ils soient tous évacués sur le pont.

Les témoins qui ont survécu à la tragédie ont rappelé ensuite qu’aux trois prêtres qui étaient en train d’encourager les passagers et de prier sur les différents ponts du navire, avaient été offert un place dans les chaloupes de sauvetage, et qu’ils avaient tous les trois refusé. Ils coulèrent avec le Titanic et leurs corps ne furent jamais repêchés.

Le séminariste photographe
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En la circonstance, la dernière photo qui fut faite du commandant du navire, le capitaine Edward John Smith, fut prise par un séminariste de la Compagnie de Jésus, qui avait quitté le bord du Titanic à Queenstown, Irlande, la dernière escale avant le départ vers l’Amérique. Le jésuite Frank Browne (1880-1960) avait alors 32 ans. Son oncle, Robert Browne, évêque de Cloyne (Irlande), lui avait offert ce petit voyage en première classe (ndt donc de Southampton à Queenstown, via Cherbourg), et c’est ainsi qu’il photographia la partie la plus célèbre et la plus luxueuse du Titanic, même s’il fit aussi les cabines et les cales de troisième classe.

Le jeune Borwne eut une vie intense. Son lien familial ecclésiastique lui permit de faire la connaissance du Pape Saint Pie X, en audience privée, et il fut ensuite un condisciple de classe de l’écrivain James Joyce (ndt 1882-1941), qui en fit un des personnages de son œuvre Finnegans Wake (ndt voir ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Finnegans_Wake).

Comme le raconte Sarah McDonald pour CNS (ndt portail d’information nord-américain), un couple nord-américain de ses amis, qui était à bord, lui proposa de lui offrir le voyage jusqu’à New-York pour qu’il finisse la traversée. Browne envoya un télégramme à son supérieur, le provincial de Dublin, pour lui demander la permission, mais celui-ci fut catégorique dans sa réponse : « descendez de ce navire ».

C’est ainsi qu’il lui sauva la vie. Et durant la Première Guerre Mondiale, Browne se transformera en aumônier de l’armée britannique particulièrement décoré, et en plus en photographe accompli. Il publia un livre avec ses photos du Titanic. Et en 1985, un quart de siècle après sa mort, on retrouva par hasard, à la maison générale des jésuites dans la capitale irlandaise, des archives avec 42 000 instantanés qu’il avait pris tout au long de sa vie.

Peut-être pour ne pas s’être opposé à l’obéissance religieuse qui était due, parmi les photos figurait une authentique image du navire incliné à la verticale d’une manière fantasmagorique, avant de se transformer en mythe.