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Celles en France et en Grèce, vues par un homme politique espagnol (Paginas digital, traduction de Carlota). Et d'autres, en Italie, passées inaperçues en France, mais non moins inquiètantes, dans leur portée symbolique. (9/5/2012)

     



Beppe Grillo

et ses soi-disant listes "antipolitiques"

Le week-end dernier, il n’y avait pas que les français, qui votaient. Il y avait aussi les Grecs, et l’homme politique espagnol Eugenio Nasarre (Parti Populaire) met en perspective les deux évènements, dans une tribune publiée par Paginas Digital, et traduite par Carlota.

J’ajoute qu’en plus de grecs et des français, les italiens aussi votaient (1). Et le résultat est au moins aussi inquiétant pour la « démocratie » que la percée des partis dits d’extrême-droite, en France et en Grèce.
Dans la plus parfaite indifférence médiatique en France, le parti du « comique » Beppe Grillo fait une percée. Au moment où la frontière entre la politique et le divertissement (à travers les « revues de presque » et autre « Grand Journal », bref, en France, « l’esprit Canal »), se fait de plus en plus ténue, et où les politiques se comportent de plus en plus comme des amuseurs de foires (c’était le ton des meetings de campagne !), faut-il s’étonner que les gens fassent la confusion, ou, plus cyniquement, l’amalgame, et apportent leurs voix à des bateleurs ?
Et qui a intérêt à accorder une tribune à ces "faux dissidents"? (cf. http://benoit-et-moi.fr/2009-II/)

Une société a les élus qu’elle mérite.

Tempête et chants des sirènes
http://www.paginasdigital.es/
Eugenio Nasarre (*)
07/05/2012

Je présage dans l’Europe qui surgit des urnes de dimanche [dernier] une nouvelle traversée de la crise dans laquelle deux dangers complémentaires menacent. La navigation devient beaucoup plus difficile encore et les risques de naufrages s’accentuent.

Le premier danger, c’est l’orage grec. Nous ne pouvons pas nous tromper. Les résultats des élections rendent la Grèce ingouvernable selon les actuels paramètres démocratiques. Les deux partis piliers du régime grec ont perdu la moitié de leurs votes et représentent déjà la minorité de la population. Le régime s’est effondré. Tous les extrémismes ont occupé la majorité de la scène politique. Dans ces circonstances la Grèce n’est pas en condition pour remplir ses engagements pour continuer à faire partie du club de l’euro (ndt en a-t-elle eu vraiment une fois les moyens depuis son admission « truquée » par l’Europe de l’euro elle-même ?). Même un éventuel « gouvernement de salut national » ne pourrait exiger des citoyens les sacrifices pour surmonter son actuel marasme. Mon pouls tremble en l’écrivant : mais la sortie de la Grèce de l’euro, à plus ou moins long terme, est escomptée. C’est un échec, bien sûr, de toute l’Europe. Non seulement par la dimension économique du problème et les effets collatéraux, qui peuvent être dévastateurs. Ce n’est pas cela le plus important. La Grèce, hors de l’euro, pourra durement reconstruire son économie. Le plus important c’est que la démocratie grecque est en grave danger. Et cela nous concerne aussi tous.


Le second risque, ce sont les chants de sirène qui avec la victoire de Hollande sont en train de se propager dans toute l’Europe, tant des porte-paroles de la gauche que de la droite. Ce sont des chants qui résonnent mélodieux et séducteurs. Ils viennent nous dire : ça suffit les sacrifices ; écartons de nous le médicament amer de la rigueur et de l’austérité, que nous impose la perfide Merkel [Sarko est déjà tombé (ndt dans l’imaginaire des Espagnols, il était dans le camp de l’Allemagne pour tirer sur l’Espagne, alors qu’il me semblait simplement lampiste dans l’affaire !], revenons aux politiques d’ « impulsion », comme dans la joyeuse Europe d’avant la crise. Oublions ceux qui nous disaient « que nous vivions au dessus de nos moyens ». Faisons confiance à l’État tout puissant qui pourvoit à nos besoins. L’État du bien-être intouchable, bien que quelques uns posent la question qui dérange: qui paie ? Reportons le paiement de nos dettes et même essayons de ne pas les payer.

La Merkel n’est pas Ulysse. Elle ne peut pas mettre sur les oreilles des Européens des bouchons pour qu’ils n’écoutent pas ces irrésistibles chants de sirène. Elle ne peut pas non plus s’attacher au mât du voilier pour ne pas se laisser entrainer et pour maintenir le cap de la navigation. Le son des chants de sirène, dans le ressac post-électoral est déjà pour moi assourdissant. Avec des mots pleins d’astuce, même ceux qui ne sont pas alignés avec les positions idéologiques de Hollande, susurrent que sa victoire va être très bénéfique. Elle nous permettra d’être plus complaisants avec les désirs des gens, chez qui l’on perçoit déjà une irritation croissante.

C’est cela le fond de la nouvelle Bataille qui va être livrée après les élections de dimanche. C’est une bataille de dimension morale, même si elle reste cachée par des arguments technocratiques avec lesquels on va nous inonder les jours à venir. Il a semblé qu’à un moment les sociétés européennes ont partagé un diagnostic de la crise qui admettait que nous avions commis des erreurs, que nous avions dépensé plus que nous n’avions gagné, que nous nous étions endettés à l’excès et que nous devions planifier de nouveau la marche de notre économie (et aussi d’importants aspects de notre vie sociale) parce qu’elle n’avait pas de fondements solides. Nous devions, en somme, rectifier. Mais rapidement nous nous sommes rendus compte que la rectification ne pouvait pas se faire sans sacrifice et sans renoncements. Et nos forces ont commencé à flancher. Alors nous avons eu recours à ce qui est propre à l’attitude des enfants : a commencé à circuler le « c’est pas moi ! ». Nous n’avons pas accepté les responsabilités elles-mêmes et nous avons commencé à chercher le bouc émissaire.

Tout cela démontrait que nous les Européens nous affrontions la crise avec des vertus morales et civiles très affaiblies (même les patriotes) et c’est sur cela que s’appuie notre principale difficulté. Maintenant les chants des sirènes vont les affaiblir plus encore. Avec le naufrage en vue de la Grèce, serons-nous capables de voir la réalité et l’assumer d’une manière responsable ? En cela est en jeu l’avenir de l’Europe et de ses démocraties (**).

* * *

Remarques de traduction

(*) Eugenio Nasarre Goicoechea est un homme politique espagnol né en 1946. Il a commencé sa carrière à la fin de l’époque franquiste dans les rangs de la « gauche », et au sens large de la démocratie chrétienne. Il a aussi une carrière de secrétaire d’état, de député régional, national, et européen, sous l’étiquette Parti Populaire.

(**) Malgré les chiffres sortis des urnes française, je crois que beaucoup de « petites gens » et de petits commerçants de proximité quand ils existent encore, ceux de cette France invisible et travailleuse, ne sont absolument pas dupes du « qui paie » et ont tout compris de ceux qui ont permis dans une France encore majoritairement de droite de mentalité, d’avoir une gauche qui l’emporte. Mais c’est sans doute ainsi depuis l’été 1789…
Et ce monde du travail et du bon sens, sait parfaitement qu'un budget équilibré, et un train de vie correspondant à ses gains est viable, au niveau de son foyer, comme au niveau de l’état. Et que depuis toujours les politiques «de la fausse monnaie », des assignats de la révolution aux prêts virtuels, pour relancer la croissance et l’emploi (les politiques keynésiennes pour faire savante) n’ont jamais fonctionné.

(1) Vote en Italie: le chant du grillon

1. Des millions d'Italiens votaient dimanche pour renouveler leurs maires et conseillers communaux, dans une élection partielle et locale qui donnera des signaux sur l'humeur du pays près de six mois après le début de l'ère Monti.
9,5 millions d'Italiens étaient appelés aux urnes, lors de ce scrutin qui doit se prolonger jusqu'à lundi, dans 944 municipalités, dont 26 chefs-lieux de province. (Source)

2. Les droites de Berlusconi et Bossi s'effondrent, le mouvement de l'ex-humoriste Beppe Grillo s'impose.
Une gifle cinglante aux listes de Silvio Berlusconi, une Ligue du Nord en débandade, une abstention en progression de six points et les listes antipolitiques du comique Beppe Grillo qui s'affirment: les élections locales dont le premier tour a eu lieu dimanche et lundi en Italie constituent un avertissement sévère pour tous les partis et risquent de compliquer la tâche du président du Conseil, Mario Monti.
Roberto Castiglion incarne le changement. Cet ingénieur de 32 ans est devenu le premier maire d'Italie présenté par «Cinque Stelle» (5 étoiles), le mouvement de Beppe Grillo. Les électeurs de Sarego, petite commune lombarde de 6 500 habitants dont la Ligue du Nord a fait le siège de son fantomatique «Parlement de la Padanie», lui ont accordé leurs préférences. Son programme: transparence, pistes cyclables, éloignement des usines et surtout pas d'incinérateur.
«Notre virus se répand», s'est réjoui Beppe Grillo sur son blog. Pour leur première bataille électorale, ses listes enregistrent des scores encourageants en Vénétie, où elles dépassent les 10 %, et dans de grandes villes du Nord, Parme, Gênes, ville natale du comique, Monza, Alessandria, Vérone et Belluno. «Un fait inouï, un changement d'époque. Et maintenant allons au Parlement», s'est enflammé Beppe Grillo.
(Source)

3. GRILLO, LE TRIOMPHE DE "L'ANTIPOLITIQUE" http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=13781

4. A propos de Beppe Grillo: Le club des faux dissidents: http://benoit-et-moi.fr/2009-II/

5. Andrea Tornielli consacre un billet cinglant à la déroute des partis: http://2.andreatornielli.it/?p=4083
Ce qui est amusant (façon de parler), c'est que les commentaires des spécialistes laissent toujours supposer que "l'herbe est plus verte ailleurs". Ah! Si seulement on était chez nos voisins!
Or, il n'en est rien. Et en lisant ce commentaire, on pourrait croire qu'il a été écrit pour nous français, dimanche dernier:

Je ne peux pas imaginer de réaction plus éloignée de la réalité que ces commentaires "lunaires" le lendemain . Nos politiciens - les mêmes visages depuis dix, vingt, trente ans - ne semblent pas avoir perçu (ou si ils l'ont perçue, ils ont fait comme si de rien n'était) la distance désormais sidérale qui existe entre la plupart d'entre eux et le pays réel.