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Avant la visite apostolique en Toscane, le témoignage de Piero Coda, prêtre et théologien membre des "Focolari" et secrétaire de l'Académie pontificale de théologie (10/5/2012)

Article paru dans le n° spécial de l'hebdomadaire Toscana Oggi, à l'occasion de la visite du Saint-Père à Arezzo.
Ma traduction.

Photo ici: http://www.vatican.va/

     



5/09/2012
Le pape théologien qui nous guide vers Dieu

Piero Coda, Doyen de l'Institut Universitaire «Sophia» de Loppiano
(ndt: Loppiano est une localité faisant partie de la commune d'Incisa in Val d'Arno, province de Florence, et qui s'est développé autour de terrains appartenant au Mouvement des Focolari. Elle est devenue une "citadelle permanente" dudit mouvement).

C'est presque devenu une habitude, désormais, de définir Benoît XVI comme «le pape théologien». Et il l'est certainement, et de classe. Mais dans quel sens? Approfondir la chose n'est pas secondaire, car cela peut ouvrir un regard nouveau, et reconnaissant, sur le cœur de son ministère.

Tout d'abord, il faut dire que Benoît XVI n'est pas un théologien seulement parce que - avant de devenir archevêque de Munich, puis d'être appelé à Rome à la Doctrine de la Foi - il a été l'un des professeurs de théologie les plus brillants du monde catholique, déjà avant, et surtout depuis le Concile Vatican II, auquel, par ailleurs, il a participé en tant qu'expert. Il ne l'est pas non plus parce que dans l'exercice de son service comme Évêque de Rome et Pasteur de l'Eglise universelle, il nous donne de splendides «leçons» d'une théologie dense mais accessible, nourrie comme elle l'est de la Parole de Dieu et modelée sur l'enseignement des Pères de l'Église, des grands Docteurs et des Saints.

Plutôt, Benoît XVI est un pape théologien surtout parce que, en tout ce qu'il dit et fait, il poursuit un objectif pécis: celui de contribuer à ouvrir à tous un accès de lumière et de joie vers le mystère du Dieu Très-Haut qui en Jésus est descendu jusqu'à nous et, grâce au don de l'Esprit Saint répandu dans les cœurs, habite en nos cœurs, illumine nos pas, donne sens et vigueur à nos actions. «Voici - dit le Seigneur dans le livre de l'Apocalypse -, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un m'ouvre, je viendrai avec lui et je dînerai avec lui "(3:20). Le pape Benoît XVI, avec passion, ténacité et maestria, veut que nous tous, enfants, jeunes et adultes, croyants et personnes en recherche, nous écoutions cet appel, nous ouvrions la porte à Jésus et apprenions à converser avec lui

N'est-ce pas précisément ce retour au cœur de la foi chrétienne, c'est-à-dire au Dieu qui s'est révélé en Jésus et qui en Jésus s'est offert à nous comme l'ancre sûre de l'espérance, ce qui anime ses encycliques - Deus Caritas Est , en particulier, et Spe Salvi - et qui l'a poussé à déclarer, à partir de l'automne prochain, une «année de la foi»? Et cela - notons-le - pas seulement pour raviver et alimenter le feu et la lumière de la présence de Dieu au plus profond de chacun, mais pour faire resplendir la beauté et l'efficacité de cette présence dans le tissu varié de notre société, là où les gens vivent leur vie, leurs affections, leur travail. Il suffit de penser à l'encyclique Caritas in veritate , dans laquelle l'amour de Dieu pour nous en Jésus, et de nous pour Dieu, en réponse, se déploie dans le projet fascinant et stimulant d'un renouveau social, économique, politique, à tous les niveaux.

Mais venons-en au rappel de quelques épisodes que j'ai personnellement vécus et qui m'ont permis de voir cette inspiration en action.
Le premier remonte à il y a une quinzaine d'années. Le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, devait rencontrer une personnalité célèbre de la philosophie japonaise de la tradition bouddhiste, le professeur Masao Abe de Kyoto. Ne pouvant le faire lui-même, il me demanda de l'accueillir à sa place. Je me suis donc retrouvé dans les bureaux de la Congrégation pour cette importante conférence qui tenait beaucoup à coeur au cardinal: parce que la question à l'ordre du jour était l'originalité du visage de Dieu révélé en Jésus, que le professeur Abe voulait connaître de plus près. Le dialogue ce matin-là, fut riche et profond, et le cardinal Ratzinger, plus tard informé par moi en détail, en fut très heureux. Cela m'est venu spontanément à l'esprit quand, des années plus tard, j'ai vu Benoît XVI debout en prière, avec un haut représentant islamique, à la Mosquée Bleue à Istanbul lors de sa visite en Turquie. Là réside le "voie maîtresse" de la vie et de la mission de l'Eglise d'aujourd'hui que nous montre le pape: témoigner à tous, dans la paix, et avec l'amour, le visage de Dieu que Jésus nous a révélé.

Un second épisode - dont nous avons tous pu être spectateurs, au moins à la télévision - est celui de la rencontre de prière avec les jeunes lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid. Ce fut quand le Pape, après la pluie, s'agenouilla devant Jésus-Eucharistie sur l'autel, entraînant dans ce geste une multitude de jeunes qui, en silence, longuement, et immobiles, sont restés avec lui en prière. Guider à la contemplation et à l'expérience de Dieu, du Dieu qui s'est fait chair en Jésus et qui se donne à nous dans l'Eucharistie: que peut-il y avoir de plus grand et de plus décisif?

Un dernier épisode, enfin, l'année dernière. Lui aussi a pour protagoniste un jeune, non voyant, un brésilien. J'étais sur la Place Saint-Pierre avec des étudiants de l'Université Sophia de Loppiano, dont je suis le doyen depuis 2008,pour l'audience générale du mercredi. L'un d'entre nous, représentant tous les autres, fut désigné pour saluer le Pape. Quand vint notre tour, Caelison, le jeune homme en question, tout ému, a dit à Benoît XVI, qui lui serrait la main: «J'ai rencontré Jésus, la Lumière, et je veux avec mes compagnons L'apporter à tous, comme Vous nous invitez à le faire». Le pape l'a regardé avec des yeux pénétrants, s'est rendu compte qu'il était aveugle, s'est ému de ce que le jeune lui avait dit (Jésus, la Lumière!) et l'a embrassé avec chaleur.
Oui, Benoît XVI est le pape théologien de l'amitié avec Dieu.