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Le document préparatoire du Synode des évêques qui se tiendra du 7 au 28 octobre a été présenté mardi au Vatican. "Le Monde" en donne une lecture presque uniquement négative... (24/6/2012)

     



L'Instrumentum Laboris du Synode des évêques qui se tiendra du 7 au 28 octobre 2012 a été présenté mardi au Vatican lors d'une conférence de presse. Dans la perspective de l'année de la foi, le thème en est : La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne.

Il s'agit d'un document de quelques 85 pages, que l'on peut télécharger ici au format PDF: www.osservatoreromano.va
Compte tenu de la longueur, et du caractère assez technique du texte, il a été très peu médiatisé (car sans doute très peu lu, et le format PDF interdit le simple "copié-coller"), et mes recherches sur mes sources habituelles sur Internet n'ont pas donné grand chose.
Le site www.finesettimana.org (une mine, surtout quand on veut savoir ce que pensent les progressistes du monde entier!) a traduit en italien l'article écrit pour l'occasion par Stéphanie Le Bars, du Monde (cf. Faiseurs d'opinion).
Ne le trouvant pas sur internet en français, je l'ai re-traduit dans notre langue (voir ci-dessous).

Dans une première réaction, on pourrait penser "Chapeau!".
Le résumé de texte est un exercice difficile, comme le savent bien les candidats aux concours d'entrée aux Grandes Ecoles. A fortiori, synthétiser en une page un texte qui en comporte 80, c'est un exploit dont je ne me sens pas capable (par contre, je serais très capable de prélever quelques passages pour donner une tonalité en accord avec ma "sensibilité" personnelle).
Sauf que Stéphanie Le Bars n'a pas fait un résumé, elle a pratiqué une lecture sélective et négative, pour ne pas dire catastrophiste, à travers quelques bribes de paragraphes soigneusement choisis pour donner l'impression que tout va mal, que l'Eglise doit se réformer (certes!) et les catholiques se couvrir la tête de cendres. De là à proposer elle aussi un Vatican III, il n'y a qu'un pas. L'intention est très bien résumée dans le titre: Le Vatican analyse de façon réaliste l'«apostasie silencieuse» des catholiques
Quand on lit la synthèse proposée par VIS (et celle sur l'Osservatore Romano), on a la sensation qu'il ne s'agit pas du même texte.

Voici un exemple, qui confine à la désinformation.
Le Bars écrit dans son article:

En ce qui concerne la forme, les responsables catholiques reconnaissent la nécessité de renouveler les façons de proclamer l'Evangile: «L'Europe, aujourd'hui, ne doit pas purement et simplement se référer à son héritage chrétien antérieur»

Or, dans le document, on lit quelque chose d'un peu différent, et surtout, émanant d'un document de 2003, lui-même se référant à la situation de 1991:

n°46 Les interlocuteurs changent, les temps aussi et le Pape s'adresse à l'Église en Europe, lui lançant un appel semblable : «[dans le Synode de 1991] étaient apparues l'urgence et la nécessité de la ‘nouvelle évangélisation’, dans la certitude que l'Europe ne doit pas purement et simplement en appeler aujourd'hui à son héritage chrétien antérieur: il lui faut trouver la capacité de décider à nouveau de son avenir dans la rencontre avec la personne et le message de Jésus-Christ». (JP II, exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, 28/6/2003)

* * *

Curieusement, Patrice de Plunkett qui a lu l'article de S. Le Bars (mais ne le cite pas, pas plus qu'il ne met en lien le document du Vatican) titre
La lucidité et la franchise du Vatican frappent les médias (???)
...qui ont lu le document préparatoire du synode d'octobre 2012 sur la nouvelle évangélisation
(cf. plunkett.hautetfort.com/ )
...
Lui aussi aime battre sa coulpe sur la poitrine des catholiques "bien-pensants", coupables de tous les maux, et lui aussi leur verrait bien la tête couverte de cendres, y compris pour les fautes commises par d'autres.

Et il conclut, sans rire:

Cette directive est à prendre au sérieux. Autrement dit : elle ne doit être ni tronquée, ni déformée (ndlr: doit-on comprendre que c'est le propos de Madame Le Bars sur la question de l'héritage chrétien qui ne doit pas être tronqué?).

Certes. Mais il y a du travail.
Et qu'il montre l'exemple, en commençant par revenir au texte original, plutôt que se fier au "résumé" de la "vaticaniste du Monde!
En citant, par exemple, les trois beaux derniers paragraphes sur la "joie d'évangéliser", dont est tiré ce passage:

Affrontons donc la nouvelle évangélisation avec enthousiasme.
Apprenons la joie douce et réconfortante de l'évangélisation, même quand l'annonce semble être des semailles dans les larmes (cf. Ps 126, 6)
.

Documents

1. Medias du Vatican


2. Stéphanie Le Bars

Traduit du texte en italien sur http://www.finesettimana.org/
J'ai rajouté entre parenthèses les numéros des paragraphes.

Le Vatican analyse de façon réaliste l'«apostasie silencieuse» des catholiques
Stéphanie Le Bars
dans "Le Monde" du 22 Juin 2012
------------------
Comme cela arrive souvent dans ce genre de documents publiés par le Vatican, le diagnostic émis sur la situation de l'Eglise catholique dans le monde n'est pas édulcoré. On pourrait le définir comme sévère s'il n'émanait pas de l'institution.
Rendu public mardi 19 Juin, le document préparatoire de travail pour le synode qui se tiendra du 7 au 28 Octobre, consacré à la «nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne», qui coïncidera avec le début d'une «Année de la foi» et des commémorations du cinquantième anniversaire du Concile Vatican II, ne fait pas exception à la règle.
Les rédacteurs qui ont synthétisé les analyses reçues par les évêques en fonction dans les diverses parties du monde, sont préoccupés par l'«apostasie silencieuse» de la part des fidèles qui se détournent de la pratique religieuse. Ils énumérent les raisons, internes et externes, de cette désaffection et s'interrogent sur les moyens à mettre en œuvre pour la «nouvelle évangélisation» qui puissent y porter remède.
De l'«insuffisance de la foi» à l'«éloignement des fidèles», de la« crédibilité des institutions ecclésiales» aux «spiritualités individualistes», ou au «néo-paganisme», le climat dans lequel est immergé l'Eglise - tant dans les pays du Nord que dans ceux du Sud , précisent les évêques -, y est longuement décrit (ndt: n°69).

La situation n'est pas nouvelle. Avant Benoît XVI, Paul VI dès 1975, et Jean-Paul II en 1983, en particulier, avaient pris acte des transformations sociales et culturelles «qui modifient profondément la perception que l'homme a de lui-même et du monde, et qui impliquent des conséquences sur sa façon de croire en Dieu», comme le résume le pape actuel. Dans le sillage de Vatican II, tous ont souligné la nécessité de relancer la «mission évangélisatrice de l'Eglise», en particulier dans les pays d'ancienne évangélisation.
Parmi les éléments qui rendent le message de l'Eglise difficilement audible, les évêques distinguent ceux qui dérivent du contexte extérieur: «consumérisme, hédonisme, nihilisme culturel, fermeture à la transcendance», «les nouvelles idoles» (selon l'Eglise «la science et la technologie») (ndt: n°59), et ceux qui sont propres à l'institution.

Il est question, par exemple, d'une «bureaucratisation excessive des structures de l'église» des «célébrations liturgiques formelles», des rites répétitifs. Plus généralement, au centre des réflexions des évêques, il devrait y avoir l'échec, ressenti par certains, de la part de l'Eglise «à donner une réponse adéquate et convaincante aux défis» économiques, politiques ou religieuses, du moment (n°69).
Beaucoup, dans différentes parties du monde, déplorent également «l'insuffisance numérique du clergé» (n°84) pour mener à bien les missions de l'Église et pointent le risque de s'enliser dans des problèmes de gestion (n°80). Une meilleure intégration des laïcs (n°84) leur paraît donc nécessaire. Selon le Vatican, «la foi passive» ou «tiède» de certains croyants explique aussi en partie la difficile transmission du message de l'Evangile.

Le texte veut toutefois souligner les avantages que l'Eglise peut tirer du contexte actuel. Les évêques considèrent que la mondialisation, la sécularisation, la confrontation avec d'autres croyances, en particulier avec l'Islam (n°73), obligent les chrétiens «à purifier leur foi et à la faire mûrir». Ils se réjouissent de l'émergence de nouvelles communautés chrétiennes et charismatiques, spécifiquement tournées vers l'évangélisation.
En ce qui concerne les réponses, elles sont pour la plupart de nature spirituelle. Pour le Vatican, l'oecuménisme (n°125) doit permettre aux chrétiens d'exprimer un message évangélique commun, tandis que le dialogue interreligieux doit les pousser à une meilleure compréhension de leur foi. Les catholiques doivent également examiner «la qualité de leur vie de foi» et avoir «le courage de dénoncer les infidélités et les scandales qui existent dans les communautés chrétiennes» (n°128).
Parce qu'au fond, la nouvelle évangélisation passe d'abord par le témoignage d'une vie chrétienne que pour certaines personnes et dans certains lieux peut atteindre la «sainteté» ou même le «martyre» (n°35).
«C'est le martyre qui donne aux témoins leur crédibilité», assure le texte, qui rappelle toutefois, que l'effort des croyants doit concerner «la charité, une vie sobre, l'aide aux pauvres, la mise en œuvre de la doctrine sociale de l'Église ou le service de l'Eglise en faveur de la réconciliation, de la justice et de la paix».

En ce qui concerne la forme, les responsables catholiques reconnaissent la nécessité de renouveler les façons de proclamer l'Evangile: «L'Europe, aujourd'hui, ne doit pas purement et simplement se référer à son héritage chrétien antérieur» (n°46).
Les nouvelles technologies doivent être exploitées, en évitant les dérives (n°60): on parle aussi des pèlerinages, de la valorisation des sanctuaires (n°145), la promotion des Journées Mondiales de la Jeunesse. Mais «l'urgence» réside dans la mise en œuvre d '«un style plus missionnaire» de communautés chrétiennes, sûres de leur foi et appelées à aller à la rencontre des non-croyants et des croyants «tièdes». Évitant tout «prosélytisme agressif» (?)(cf. n°35).

3. Quelques passages du document

(cités par S. Le Bars)

n°35 il existe cependant de fausses convictions qui limitent l'obligation d'annoncer la Bonne Nouvelle. En effet, «on note de nos jours une confusion sans cesse grandissante, qui induit beaucoup de personnes à ne pas écouter et à laisser sans suite le commandement missionnaire du Seigneur (cf. Mt 28, 19). Toute tentative de convaincre d’autres personnes sur des questions religieuses est souvent perçue comme une entrave à la liberté. Il serait seulement licite d’exposer ses idées et d’inviter les personnes à agir selon leur conscience, sans favoriser leur conversion au Christ et à la foi catholique: on affirme qu’il suffit d’aider les hommes à être plus hommes, ou plus fidèles à leur religion, ou encore qu’il suffit de former des communautés capables d’oeuvrer pour la justice, la liberté, la paix, la solidarité. En outre, certains soutiennent qu’on ne devrait pas annoncer le Christ à celui qui ne le connaît pas, ni favoriser son adhésion à l’Église, puisqu’il serait possible d’être sauvé même sans une connaissance explicite du Christ et sans une incorporation formelle à l’Église»

n°69 Diverses réponses aux Lineamenta ont essayé d'identifier les raisons pour lesquelles beaucoup de fidèles se détachent de la pratique chrétienne, dans une véritable « apostasie silencieuse », dans le fait que l'Église n'aurait pas donné une réponse adéquate et convaincante aux défis des scènes qui ont été décrites. En outre, ont été constatés l'affaiblissement de la foi des croyants, le manque de la participation personnelle et expérientielle dans la transmission de la foi, ainsi que l'insuffisance de l'accompagnement spirituel des fidèles pendant leur parcours formatif, intellectuel et professionnel. Une bureaucratisation excessive des structures ecclésiastiques a été déplorée, celles-ci étant perçues comme éloignées de l'homme commun et de ses préoccupations existentielles. Tout cela a entraîné la diminution du dynamisme des communautés ecclésiales, la perte de l'enthousiasme des origines, l'affaiblissement de l'élan missionnaire. Et il ne manque pas de personnes qui ont regretté des célébrations liturgiques formelles et des rites répétés presque par habitude, dénués de toute expérience spirituelle profonde, qui éloignent les personnes au lieu de les attirer.

n°145 Enfin, la piété populaire avec ses dévotions qui s'adressent à Marie, en particulier, et aux saints, dans les lieux sacrés, les sanctuaires, pour vivre des itinéraires de pénitence et de spiritualité, se révèle toujours plus comme une voie très actuelle et originale. C'est par la voie de l'expérience que l'on est introduit, dans les pèlerinages et dans les dévotions, à la foi et aux grandes questions existentielles qui touchent aussi à la conversion de sa propre vie. C'est une expérience de foi que l'on vit, et qui ouvre des nouvelles visions du monde et de la vie.
Travailler pour que la richesse de la prière chrétienne soit bien gardée dans ces lieux de conversion constitue certainement un défi qu'il faut confier à la nouvelle évangélisation.