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La belle analyse par Angela Ambrogetti de la nomination d'un conseiller en communication pour le Vatican (26/6/2012)

>>> Voir aussi:
Un "spin-doctor" au Vatican?

     



Angela Ambrogetti connaît à fond le milieu des vaticanistes, puisqu'elle en fait partie, mais elle pratique un journalisme qui est un modèle d'honnêteté.

Article ici: korazym.org.
Ma traduction.

* * * *

Le Pape ne travaille pas pour faire plaisir aux journaux
Angela AMBROGETTI
25 Juin 2012
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Après plus de sept années du pontificat de Benoît XVI, c'est peut-être seulement maintenant que se passe la véritable transition d'un Pape à l'autre.
Les presque 27 années de pontificat de Jean-Paul II ont révolutionné beaucoup de choses dans l'Église catholique et bien sûr dans la Curie romaine. Mais, comme avec tous les pontificats longs, elles ont également créé des «incrustations», des habitudes qui semblaient être la seule façon de gérer la vie de la Curie et le Saint-Siège.
Ce qu'il y a de beau dans l'Église catholique, cependant, c'est qu'il n'y a pas une façon unique de faire, il n'y a pas une sorte de ligne de régime politique pour guider l'Eglise. Chaque Pape apporte son style, sa pensée, sa personnalité. Que ce soient les Papes saints, ou ceux qui n'ont pas rejoint les autels, ils sont, pour les croyants, inspirés dans leur action par l'Esprit Saint. Certes, ce sont des hommes et comme tels, ils se trompent ou peut-être ne pas toujours être ouverts au souffle de l'Esprit. Mais à coup sûr, ils n'agissent pas pour plaire à l'opinion publique, on ne vote pas pour eux, ils ne sont pas élus, ni soumis au pouvoir des lobbies et des magnats. Un Pape l'est pour la vie. Et cela n'a certes aucun sens de dire: qu'il démissionne, parce qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond à la Curie.

Et cela n'a pas de sens non plus d'essayer d'influencer leurs actions à travers les médias ou les pressions de l'opinion publique. Au besoin, ce sont les Papes et leurs collaborateurs qui devraient chercher à agir de manière formative et informative sur l'opinion publique.
Pendant ce temps, on continue à lire des articles fantaisistes sur ce que seraient les opinions du Pape. Or, je considère comme très peu probable que Benoît XVI ait révélé aux journalistes plutôt qu'à son secrétaire d'État quels sont ses projets, tandis qu'il me paraît bien plus réaliste que différents personnages cherchent à ôter au Pape son autorité en répandant des rumeurs non vérifiées pour «influencer» des collègues à la chasse au scoop.
Heureusement, une grande partie de la presse ne sait encore distinguer les faits des ragots. Mais sans doute, du côté du Saint-Siège, a-t-on pris conscience que la communication vers l'extérieur est hors de contrôle. La décision d'appeler quelqu'un d'extérieur, expérimenté et membre de l'Opus Dei avec un profil similaire à celui de Navarro-Valls, suggère que dans l'Appartement on est depuis quelque temps à la recherche d'une solution communicative, une stratégie pour rendre la papauté plus populaire auprès des media.
Greg Burke, un peu plus de 50 ans, correspondant à Rome de la chaîne conservatrice Fox, quel sera exactement son rôle? Il nous reste encore à le comprendre. Dans ses tout premiers entretiens, il a expliqué son rôle comme quelque chose de similaire, à la Maison Blanche.

Bien sûr, Burke sait que le Saint-Siège est une institution totalement différente. Justement parce qu'il ne cherche pas le consensus électoral, mais la vérité. Et nous devons nous rappeler que l'opinion publique semble beaucoup plus proche du Pape que ce que veulent nous faire croire certains opinionistes.
Le rôle du media advisor serait-il alors seulement d'enseigner aux cardinaux comment "gérer" l'opinion publique? Les attaques désormais quotidiennes et violentes contre le Secrétaire d'Etat sont des attaques déguisées au Pape de la part de certains milieux laïcs et ecclésiastiques qui digèrent mal la linéarité de Benoît XVI. Au début du mandat du cardinal Bertone, j'ai également eu quelques réserves au sujet de sa façon de gérer le Secrétariat d'Etat. Trop de voyages et peu de travail de bureau, une trop grande exposition médiatique et peu de travail diplomatique dans le sens classique du terme, et peut-être un façon trop expéditive de faire certaines nominations. Opinions sur la méthode, que l'on peut même discuter académiquement, et dont, si je le pouvais, je discuterais avec le cardinal. Mais aujourd'hui, je crois que chaque chrétien devrait défendre le travail du cardinal qui a fait preuve de fidélité au Pape et à sa mission au-delà de toutes les attentes.

Les médias jouent un rôle important, fondamental dans le monde moderne, mais l'Eglise ne vit pas dans une seule époque, dans une temporalité fugace. L'Eglise regarde au-delà, elle voit sur le long terme et la révolution Ratzinger n'est pas à courte vue comme les journaux. Benoît XVI et les collaborateurs à qui il fait confiance, travaillent sur un projet dont nous serons en mesure de juger l'efficacité dans 50 ans.
Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas faire quelque chose aujourd'hui. On devrait commencer par les directeurs de journaux, qui réclament tous les jours d'étonner les lecteurs plutôt que de les informer, et les journalistes qui devraient apprendre à dire non. Certes, au prix de la gloire personnelle.
Pendant ce temps, le Pape travaille avec ses collaborateurs et montre qu'il veut consulter tous les cardinaux qui ont une expérience dans les divers secteurs. Un laïc qui peut faire entendre la voix de la rue a certainement sa place dans les communications. Les points de vue sont si nombreux, à la Curie, chacun a son propre modèle, sa vision et suivre cue que tout le monde raconte ne signifie pas savoir ce que le Pape décidera.

Tant et si bien que la nouvelle de l'arrivée de Burke a été jalousement gardée jusqu'à ce jour, et ce n'est pas un des habituels «bien informés» qui l'a révélé, mais une agence américaine (?). Peut-être même que les corbeaux ont cessé de voler?