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Discours complet de Benoît XVI à l'issue du Concert donné en son honneur par le Président de la République italienne (12/5/2012)

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Vivaldi et Verdi, dans le concert pour Le Pape

Original en italien: Raffaella
Ma traduction.

     



Monsieur le Président,
Messieurs les Cardinaux,
Illustres Ministres et Autorités
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Mesdames et Messieurs!

Un vif et respectueux salut au Président de la République italienne, l'Honorable Giorgio Napolitano et à sa Gentille épouse, auquel je joins mes sincères remerciements pour ses paroles aimables, pour les cadeaux d'un violon et d'une précieuse partition, et pour ce concert de musique sacrée de deux grands compositeurs italiens: ce sont des signes qui montrent, une fois de plus, le lien entre le Successeur de Pierre, et cette nation bien-aimée. Je salue le Président du Conseil, le sénateur Mario Monti, et toutes les autorités.

Un sincère remerciement à l'Orchestre et au Chœur du théâtre de l'Opéra de Rome, aux deux Soprano, et surtout au Maestro Riccardo Muti pour son interprétation intense, et son exécution. La sensibilité du Maestro Muti pour la musique sacrée est connue, ainsi que son engagement pour faire mieux connaître ce riche répertoire qui exprime en musique la foi de l'Église. Pour cela aussi, je suis heureux de lui conférer une distinction pontificale honorifique (1).
J'exprime ma gratitude à la ville de Crémone, au Centre musicologique Walter Stauffer et à la Fondation Antonio Stradivari-La Triennale pour avoir mis à la disposition des premiers rôles de l'orchestre quelques anciens et précieux instruments de leurs collections.

Antonio Vivaldi est un grand représentant de la musique vénitienne traditionnelle. De lui, qui ne connaît au moins les Quatre Saisons! Mais demeure encore peu connue sa production sacrée, qui occupe une place importante dans son oeuvre et est d'une grande valeur, en particulier parce qu'elle exprime sa foi. Le Magnificat que nous avons entendu est le chant de louange de Marie et de tous les humbles de cœur, qui reconnaissent et célèbrent avec joie et gratitude l'action de Dieu dans leur vie et dans l'histoire; de Dieu qui a un «style» autre que celui de l'homme, parce qu'il se range du côté des derniers, pour donner l'espérance. Et la musique de Vivaldi exprime la louange, l'exultation, le remerciement et aussi l'émerveillement face à l'œuvre de Dieu, avec une extraordinaire richesse de sentiments: de la solennelle unisson chorale du début, où c'est toute l'Eglise qui magnifie le Seigneur, à l'«Et exultavit», au très beau moment choral du «Et misericordia» sur lequel elle s'arrête avec des harmonies audacieuses, riches de modulations inattendues, pour nous inviter à méditer sur la miséricorde de Dieu qui est fidèle et s'étend à tous les générations.

Avec les deux morceaux sacrés de Giuseppe Verdi que nous avons entendus, le registre change: nous nous trouvons face à la douleur de Marie au pied de la Croix: Stabat Mater dolorosa. Le grand opériste italien, comme il avait exploré et exprimé la tragédie de tant de personnages dans ses œuvres, traite ici de la Vierge qui voit son Fils sur la Croix. La musique se fait essentielle, elle «s'aggripe» presque aux mots pour en exprimer de la manière la plus intense possible ce qui est contenu dans un large éventail de sentiments. Il suffit de penser à la douloureuse sensation de «pitié» (pietà) avec laquelle commence la séquence, au dramatique «Pro peccatis suae gentis», au «dum emisit spiritum» murmuré, aux invocations chorales chargées d'émotion, mais aussi de sérénité, adressées à Marie «fons amoris», pour que nous puissions partager sa douleur de mère et rendre nos cœurs brûlant d'amour pour le Christ, jusqu'à la strophe finale, la supplication intense et puissante à Dieu pour que soit donnée à l'âme la gloire du Paradis, l'aspiration ultime de l'humanité.
Le Te Deum est lui aussi une série de contrastes, mais l'attention de Verdi au texte sacré est minutieuse, au point d'en offrir une interprétation différente de la tradition. Il ne voit pas tant le chant des victoires et des couronnements, mais, comme il l'écrit, une succession de situations: l'exaltation initiale - «Te Deum», «Sanctus» - la contemplation du Christ incarné, qui libère et ouvre le Règne des Cieux, l'invocation à la «Judex venturus» (ndt: le juge qui doit venir), afin qu'il ait pitié, et enfin le cri répété par la soprano et le chœur, «In te, Domine speravi» qui conclut le morceau, presque une demande de Verdi lui-même d'avoir espérance et lumière dans la dernière étape de sa vie.
Ceux que nous avons entendus ce soir sont les deux derniers morceaux écrits par le compositeur, non destinés à la publication, mais seulement pour lui-même; et même, il voulait être enterré avec la partition du Te Deum.

Chers amis, je souhaite que ce soir, nous puissions répéter à Dieu, avec foi: En Toi, Seigneur, je repose avec joie mon espérance, fais que je t'aime comme sa Sainte Mère, afin qu'à mon âme, au terme du chemin, soit donné la gloire du Paradis.
A Monsieur le Président de la République italienne, aux solistes, à l'ensemble du théâtre de l'Opéra de Rome, au Maestro Muti, aux organisateurs et à tous ceux ici présnts encore merci. Le Seigneur vous bénisse vous et votre proches.
Merci de tout cœur!

© Copyright 2012 - Libreria Editrice Vaticana

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(1) Benoît XVI a conféré à Riccardo Muti l'ordre de Grand-Croix de Saint-Grégoire le Grand.