Ainsi soient-ils: le vrai scandale

La vérité sur une récompense (16/10/2012)

La série avait bien obtenu un prix au festival Mirabile dictu en juillet dernier ... et ce prix lui a été retiré.
C
ette video de Rome Reports témoigne que la série était nominée, sous le titre "Churchmen"

A ceux qui m'accusent (en toute bonne foi, je n'en doute pas!) d'avoir transmis un faux scoop, je répondrais d'abord que si je n'avais pas eu l'idée saugrenue d'écouter Bruno Nahon sur Europe 1, il n'est pas certain que l'on aurait parlé de ce prix devenu fantôme (enfin, peut-être...). Et aussi que je n'avais pas exclu la possibilité que le film ait bien été récompensé par un prix "catholique", puisque (pardon de me citer) j'écrivais ici le 12 octobre:

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"Il semble [dit le Père Amar], qu'il y ait eu un bug au Vatican. Ils ont dû donner la récompense en n'ayant vu que le premier épisode... et du coup on retiré le prix".
Autrement dit,
les producteurs ont fait des pieds et des mains pour participer au festival (belle manifestation d'"entrisme"!). Ils ont peut-être même eu le prix. Et le prix avait déjà été attribué, et a dû être retiré par la suite, ce qui explique que sur le site mirabile dictu, il n'y ait pas de "meilleur film 2012".
Monsieur Nahon ne pouvait pas l'ignorer, et il a menti délibérément.
Cela laisse quand même une certaine perplexité sur ce Conseil Pontifical pour la culture, et surtout les choix de son (trop) libéral président, le Cardinal Ravasi.
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Précisons que le site "Mirabile dictu" est devenu entre-temps inaccessible.
Mais j'avais - par prudence - sauvegardé la page, et voici ce qu'on pouvait lire le 11 octobre à 10h31: mirabile.pdf [83 KB]
On constatera que le palmarès (étrangement) ne contient pas de "meilleur film".
Alors que le
cache de Google témoigne que le 2 octobre, le film "Churchmen" avait bien obtenu le prix (capture d'écran ici ).

La note explicative du conseil pontifical pour la culture m'a été transmise par le Père Amar, et elle donne les raisons de ce retrait de prix (cf. Le faux prix catholique d'"Ainsi soient-ils" (II) ).
Des excuses, en quelque sorte, adressées aux catholiques, mais des excuses bien maladroites, qui témoignent d'un vrai malaise, et qui mettent en lumière le véritable scandale, celui qui m'avait échappé au début, en détournant mon attention vers un prix indûment revendiqué.

Rappelons quand même que ladite note précisait:
Le patronage du Conseil Pontifical de la Culture n'a été explicitement concédé qu'au colloque sur 'Cinéma et nouvelle évangélisation', évènement organisé en lien avec la manifestation Mirabile Dictu International Catholic Film Festival 2012. Ce patronage n'a été formellement concédé, par contre, qu'à l'édition 2010 de ce Festival cinématographique, et non aux éditions 2011 et 2012 qui l'ont repris comme s'il avait été automatiquement concédé.

Le vrai scandale

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Lorsque la télé dénigre l'Eglise, elle fait son job, en quelque sorte (puisqu'on sait bien que c'est une épreuve de force, et même une guerre culturelle, qui est engagée entre les medias et elle, en particulier sur les questions de société), et elle le fait de l'extérieur. Donc, même en tant que contribuable qui paie la redevance, on peut se dire que c'est dans l'ordre des choses, même si c'est scandaleux.
Cela devient beaucoup plus grave lorsque ces attaques sont soutenues de l'intérieur (et c'est loin d'être la première fois): il est évident que Bruno Nahon n'a pas menti en affirmant qu'il avait été "coaché" par des "cathos", et même des prêtres.

A ce sujet, un lecteur m'a envoyé cet article très éclairant, paru sur le site croire.com, sous la plume de Sébastien Antoni, assomptionniste.
La série, dit-il est "vraisemblable", preuve qu'elle a eu des conseillers très bien informés. Donc, de l'intérieur. Et c'est tout le problème.

(Extrait)
http://www.croire.com/Definitions/Mots-de-la-foi/Pretre/Ainsi-soient-ils
"Ainsi soient-ils", une fiction vraisemblable

Le nom du séminaire, les rites liturgiques, les "affaires de l’Eglise", les profils de certains personnages. Pas de doute, David Elkaïm et Vincent Poymiro (les scénaristes) ont été très bien coachés et accompagnés pour ce film ! Il n’est pas question de faire une enquête qui permettrait de remonter à la source, mais de simplement relever les indices volontairement laissés à la sagacité des curieux.
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Après avoir visionné toute la première saison d'"Ainsi soient-ils", je m’en tiendrai à des questions en guise de bilan, refusant de tomber dans le piège du "pour ou contre" le film.
Les conseillers des scénaristes voulaient-ils régler des comptes ? Soulever des lièvres ? Se venger ou peut-être même nuire ?
Pourquoi ces références historiques et d’actualités si précises, que seuls des esprits un peu avertis sauront reconnaître, alors que, même si c’est Arte qui la diffuse, la série est destinée à un large public ?
Dans un monde qui connaît si peu de chose de la vie des séminaires, comment les vrais séminaristes seront-ils perçus désormais ? Les considérera-t-on tous comme des psychotiques et des dissimulateurs désenchantés et tristes ?
Quel est, au fond, le projet du film ? Montrer que les contradictions des aspirants curés sont celles de tout un chacun ? On enfonce ici des portes ouvertes ! Tout le monde le sait… Ce constat sera-t-il tourné en sympathie : "Eh oui ce sont des gens comme nous, et cela fait du bien !" ou en suspicion : "Vous voyez ces prêcheurs et leur morale, ils ne sont pas mieux que nous !"
Ce film entretiendra-t-il la distance que certains voudraient immense entre la hiérarchie corrompue et vieillissante et les élans généreux des jeunes ?
Et que dire de l’exploitation des hormones chatouilleuses de ces jeunes hommes souvent amoureux ? Certains n’y verront-ils pas l’occasion de réduire la continence à un pensum… à dépasser ou, pire, à contourner ?
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Comment ne pas penser à ce que disait Paul VI, le 29 septembre 1971, s'exprimant a braccio lors d'une audience générale (Quand Paul VI s'en prenait aux médias):

«Hier soir encore, à la télévision italienne - disons-le quand même - il y a eu de terribles attaques contre l'Eglise, pourquoi elle est constituée ainsi, pourquoi elle est construite ainsi. Que n'est-il pas entré dans l'âme et le cerveau de beaucoup de personnes, pourtant bonnes et honnêtes, en entendant retourner en critiques tous les biens qu'ils ont reçus de l'Église institutionnelle? S'il n'y avait pas cette Église du Christ ainsi constituée, qu'en serait-il aujourd'hui de tant d'âmes?».