Colère! Post-Scriptum...

à mon billet d'hier. Main basse sur le patrimoine immobilier de l'Eglise? (4/12/2012)

Cf.
Colère!!

Image ci-contre: Le monastère royal de Brou (Ain)

Sur le thème de la "richesse" de l'Eglise - car c'est de cela qu'il s'agit - il faut relire ce texte d'Alessandro Gnocchi et Mario Palmero, que j'avais traduit en juillet 2010: L'illusion spiritualiste: ils confondent pauvreté et paupérisme... (http://benoit-et-moi.fr/ete2010) [1]

     

Post-Scriptum

(4 décembre)
J'avais hésité, hier, sur l'opportunité de laisser en ligne ce billet (écrit en effet sous le coup de la colère) que certains pourront trouver déplacé dans un site consacré au Saint-Père.
Des sites amis, et d'autres, ont usé d'un ton plus "soft", et plus argumenté, en défense de l'Eglise: ils ont en général fait le lien avec les récentes prises de position de l'Eglise sur le mariage gay (mais c'est à mon avis plus profond que cette coïncidence de calendrier); et surtout, ils ont dit tout ce qu'il y avait à dire sur l'engagement de celle-ci pour les démunis, et rappelé qu'elle n'a certes pas de leçons à recevoir, de la part de ceux qui ne se préoccupent pas spécialement de soulager la misère des pauvres, mais seulement de l'instrumentaliser.
Personnellement, je doute cependant que leur plaidoyer "raisonnable" suffise à désarmer l'ennemi.

Ne nous leurrons pas sur les intentions de Cécile Duflot - qui n'a eu qu'à s'inspirer du dernier épisode de la série "Ainsi soient ils", où l'on voit les séminaristes investir leur propre Séminaire avec les "sans-papiers"!!
Loin d'avoir fait une bourde, elle a réussi un beau coup, un "buzz" comme on dit, et surtout elle a pris l'opinion publique à témoin, en s'appuyant sur un dossier du Canard Enchaîné, le journal héritier du pire anti-cléricalisme du XIXe siècle [2]. Vu l'ignorance des gens, et l'hostilité envers l'Eglise qui imprègne la société, c'est très grave.
Il ne peut échapper à personne que certains lorgnent sur le patrimoine de l'Eglise: on l'a vu aux Etats-Unis, avec les actions judiciaires consécutives aux affaires de pédophilie, qui ont acculé plus d'un diocèse à la faillite, alors qu'il est permis de douter que l'argent puisse à lui seul effacer de tels dégâts moraux.
Cette fois encore, le but - qui peut difficilement être atteint par les voies légales - est de la dépouiller, mais avec son consentement, plus ou moins "forcé". Disons qu'elle ne pourra pas faire autrement, sauf à renier les "valeurs" que le monde lui consent encore de porter. Un prérequis évident est la préparation de l'"opinion". Premier Acte, auquel on vient d'assister [3].

Ce qu'il faut, pour contrer les manoeuvres des malintentionnés, ce n'est pas la "gentillesse" (comme celle de Mgr Podvin, interrogé ce matin - ou plutôt mis sur le gril - sur Europe 1), car c'est un langage que ces gens-là ne comprennent pas; mais l'énergie et le franc-parler. Bref, foncer, plutôt que louvoyer

Deux mots encore: d'abord, ces biens immobiliers de l'Eglise n'appartiennent pas en propre, aux hommes d'une époque spécifique, qui n'en ont que l'usufruit. C'est un patrimoine millénaire, qui appartient, si je puis dire, à la "communion" de l'Eglise. Le céder, ou le vendre à bas prix (on ne vend qu'une fois!) laisserait intact le problème de la pauvreté mais aura l'effet collatéral de rayer de la carte l'Eglise-institution. Ensuite, bien sûr, des biens immobiliers aussi immenses et bien situés soient-ils, sont une charge plus qu'une jouissance. Une fois payés les impôts à l'Etat, il ne reste rien pour entretenir les bâtiments!

Notes

[1]
Le véritable scandale , selon les "cathorefondateurs" , réside dans le fait que l'Église continue à avoir un corps perceptible par tous, croyants et non-croyant, ceux qui l'aiment et ceux qui le haïsssent , ceux qui s'en rassasient et de ceux qui s'en fichent . Un corps qui continue à se montrer , à parler , à témoigner de Jésus-Christ dans la splendeur de sa liturgie , de son art, de sa culture, de ses œuvres de charité . Et même dans sa richesse légitime, parce que sans richesse , on ne fait pas la charité , on n'a pas les moyens de donner à son voisin ce dont il a réellement besoin : la nourriture de la terre et la nourriture du ciel .
...
Qui veut une Eglise pauvre, rêve d'une Eglise suicidaire, qui renonce à sa mission de parler de Dieu aux hommes et de parler des hommes à Dieu.
(... )

* * *

[2] « … Le Canard enchaîné dans son édition du 14 novembre, dresse la liste de tous les biens immobiliers de la capitale … »
Détails ici

* * *

[3] Cet épisode n'est pas sans rappeler la polémique qui agite l'Italie depuis une paire d'années: la gauche radicale accuse l'Eglise de bénéficier de privilèges fiscaux.
Ce sujet avait été traité en particulier ici:
¤ ITALIE: TIR RADICAL-MAÇONNIQUE CONTRE L'EGLISE, avec un article de Riccardo Cascioli (benoit-et-moi.fr/ete2011)

Dernier développement (ici):
Le gouvernement de Mario Monti veut que l'Eglise paye l'impôt foncier sur tous ses bâtiment dès lors qu'ils ne sont pas exclusivement voués au culte. Jusqu'à présent, c'était l'inverse, le Vatican était exempté d'impôts dès qu'une partie même minime d'un bâtiment était destinée au culte, comme une petite chapelle dans un hôtel par exemple ou une boutique de souvenirs dans un monastère.
l'Eglise italienne possède un patrimoine immobilier de près de 120.000 bâtiments, estimé à plus de 9 milliards d'euros.
...
Le ministre du Trésor assure que le cadre règlementaire sera précisé avant début 2013.

Si l'Eglise continue à échapper à l'impôt, le manque à gagner pour l'Etat italien sera de 100 à 600 millions d’euros l'an prochain selon les estimations.