Comment est choisi le "Nobel Ratzinger"

Remise du prix 2011

Le Pape et Manlio Simonetti

Une interviewe du président de la Fondation, Mgr Giuseppe Scotti, par Andrea Tornielli (29/7/2012)

Articles reliés

¤ Rémy Brague, "Nobel" Ratzinger?

Et aussi:
------------
¤
Sandro Magister: Ceux qui vont recevoir le Nobel de théologie: chiesa.espresso.repubblica.it/..
¤ Un jésuite américain lauréat du "Prix Ratzinger" (Americatho): un portrait élogieux du futur lauréat, un jésuite qui "dans la très progressiste revue de la Compagnie, America, ... promouvait la pratique de l’Adoration eucharistique tombée en désuétude parce qu’on ne croit plus vraiment à la Présence réelle, une pratique à laquelle Benoît XVI est particulièrement attaché".
¤ Chrétiens et “christianistes”: interviewe de Rémy Brague dans la revue "30 Giorni" n°10, 2004 >>> à lire!
¤ Le site officiel de la Fondation Ratzinger
¤ Polémique autour de la remise du Prix 2011: benoit-et-moi.fr/2011-II/..
¤ Images de la remise du Prix 2011: benoit-et-moi.fr/2011-II/..

 

L'article «Rémy Brague, "Nobel" Ratzinger?», reprenant une information de Sandro Magister (qui écrit rarement des bêtises), a suscité une réaction de Monique T.

Est-on sûr que Rémy Brague va recevoir le prix Ratzinger ou s'agit-il d'une rumeur? Si c'est le cas, je ne crois pas que l'on puisse affirmer qu'il s'agit d'un choix personnel de Joseph Ratzinger. Ce dernier a l'habitude de respecter la liberté de ses amis (et même de ses ennemis) et je crois qu'il laisse toute latitude à sa fondation pour choisir les lauréats, à moins d'un veto de sa part pour un éventuel choix aberrant.... (1)

Je suis d'accord avec elle sur le dernier point.
Il faut comprendre dans ce choix, il me semble, la volonté que la liste des lauréats du Prix Ratzinger ne soit pas un simple hymne à la gloire de Joseph Ratzinger. Plus que quiconque, Benoît XVI aime le débat.
Et en ce qui concerne le nom des lauréats de cette année, je n'en sais pas plus que ce qui est annoncé par Sandro Magister.
Andrea Tornielli le cite, et il complète avec une intéressante interviewe (même si elle est un peu "langue de buis") du prélat italien pésident de la Fondation Razinger, qui dévoile - un peu - les modalités du choix, et le rôle du Saint-Père.

 

«Je vous présente le Nobel Ratzinger»
Le président de la Fondation, Giuseppe Scotti explique comment fonctionne le prix souhaité par le pape

Andrea Tornielli
vaticaninsider.lastampa.it/
-------------------------

Les deux noms seront officiellement publiés en septembre prochain, mais le site web de Sandro Magister a déjà révélé qui sont les gagnants du «Prix Ratzinger», parrainé par la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger - Benoît XVI. Dans cette deuxième édition, les lauréats seront le philosophe français Rémi Brague et le patrologue américain Brian E. Daley. Brague est professeur de philosophie grecque, romaine et arabe à la Sorbonne à Paris et à l'Université Ludwig-Maximilian de Munich et s'est distinguée ces derniers temps, par quelques polémiques contre les «libéraux» et aussi les «theocons» (ndt: Allusion à l'article de 30 Jours? Mais iln'est pas vraiment récent!). Le Père Daley est un jésuite, un spécialiste des Pères de l'Église qui enseigne à l'Université Notre-Dame dans l'Indiana et a collaboré à l'édition anglaise de la revue théologique "Communio", fondée par Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac et Joseph Ratzinger. Le site de Magister indique une curiosité au sujet du patrologue américain: pour garder la forme, il pratique le pugilat.
Vatican Insider a interviewé le président de la Fondation, Mgr Giuseppe Scotti, secrétaire adjoint du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales.


- Donc, c'est Brague et Daley qui seront récompensés: Pouvez-vous expliquer les raisons du choix?
« Je ne peux pas confirmer ni infirmer cette information car, comme je l'ai répété à tous les journalistes, en septembre prochain, il y aura une conférence de presse spécialement consacrée à ce sujet, en vue du prix, qui aura remis en Octobre».

- Qu'est-ce que la Fondation Joseph Ratzinger et comment est-elle née?
« C'est la manière concrète par laquelle le Pape veut dire" merci ". C'est le Pape lui-même qui a tracé le cadre de référence dans lequel, idéalement, la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger - Benoît XVI oeuvre, depuis le 1er Mars 2010, lorsqu'elle est née. La Fondation est un instrument avec lequel le Saint-Père tient à exprimer, ce sont ses propres mots, un grand "merci à ces théologiens qui veulent en savoir plus par amour de l'aimé". En somme, c'est l'occasion concrète et historique par laquelle le Pape remercie tous ces théologiens - et ils sont nombreux - qui ont le courage de ne pas suivre les modes culturelles du moment et rendent compréhensible à beaucoup, à la fois avec leurs écrits et par leur l'action de professeurs d'université ou de divulgateurs, que "le Seigneur nous a donné l'Eglise comme un sujet vivant, avec la structure des évêques en communion avec le Pape"

- Qui choisit les gagnants?
« C'est le rôle précis du Comité scientifique de la Fondation. Cela a été décidé par le conseil d'administration à sa première réunion. Et le comité scientifique, présidé par le cardinal Camillo Ruini, pour ce faire s'appuie sur un certain nombre de professeurs et doyens d'universités qui signalent les théologiens à soumettre à l'attention du Pape avant d'attribuer le Prix Joseph Ratzinger.

- Peut-on l'appeler "Nobel Ratzinger," comme certains l'ont fait?
« Si le terme "Nobel" est destinée à souligner que l'on remet une distinction honorifique de valeur mondiale, de grand prestige reconnu, alors je dis oui. La comparaison avec le "Nobel" est approprié. Mais je préfère l'appeler "Ratzinger", faisant explicitement référence à Joseph Ratzinger - Benoît XVI qui l'a voulu et a mis à a disposition une partie des droits d'auteur de ses livres, tout comme Alfred Nobel (inventeur de la dynamite) a voulu le prix et a mis à disposition son patrimoine.

- Un certain émoi a suivi la publication dans les "vatileaks" d'une note qui rendait compte du débat interne sur les prix de l'année dernière, notant que les positions de l'un des lauréats - le Professeur Manlio Simonetti - n'étaient pas du tout proches de celle exprimées par Benoît XVI dans ses livres sur Jésus. Comment l'expliquez-vous?
« Simonetti est l'un des plus grands spécialistes des Pères de l'Eglise, dont peut se glorifier non seulement l'Italie mais l'Europe toute entière. C'est un fait objectif, connu par tous les spécialistes. Le fait que le Saint-Père lui ait remis le "Ratzinger" est une très haute reconnaissance. Qu'ensuite un spécialiste très respecté puisse également exercer sur d'autres questions qui ne sont pas de sa compétence spécifique n'est pas surprenant. On doit davantage être surpris de l'étonnement de ceux qui ne comprennent pas quelque chose de si évident.

- Aujourd'hui, il semble que la théologie parle beaucoup en termes d'oppositions - positions condamnées ou à condamner, dissidence - et peu en termes de propositions. Quel est, de ton observatoire, l'état de la recherche, et comment la fondation en fait-elle la promotion?
« Je dirais que cette perception est un peu trop italienne. J'ai envie de dire marginale. Certes, la recherche voit des positions différentes, parfois fortement opposées. Mais cela n'a jamais été un problème dans toute l'histoire de l'Eglise. Bien sûr, peut-être est-il plus nécessaire aujourd'hui de rappeler la méthode de la théologie. Peut-être devons-nous préciser que faire de la théologie, c'est parler de l'Eglise comme d'un sujet vivant, et que la logique de la communion avec les évêques et le pape est un élément fondamental du travail théologique. Voilà, la Fondation souhaite encourager cela, particulièrement en impliquant ouvertement les universités. L'année dernière, cela a été fait à Bydgosczc, où 32 universités ont parlé de la façon d'être "Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix." Cette année, les 8 et 9 Novembre, nous le ferons à Rio de Janeiro où l'on réfléchira sur la dimension anthropologique avec un titre suggéré par l'archevêque de la ville, Mgr Orani Tempesta: "Ce qui fait que l'homme est homme." Il y a un très beau chemin à parcourir, nous n'en sommes qu'aux premiers pas. "

- Le pape suit-il de près votre travail, et comment?
« Il est évident qu'il le suit. La Fondation est à lui. Au-delà de la dimension plus officielle, solennelle, de la décision qu'il assume au sujet des personnes à qui attbuer le «Ratzinger», il ya le travail quotidien, simple, caché, mais que le Saint-Père connaît bien dans toutes ses articulations.

Note

(1) Monique ajoute:

Ce qui est un peu gênant avec Rémy Brague c'est qu'il dit sans dire tout en disant, en feignant de ne pas l'avoir dit, si bien qu'on ne comprend pas clairement sa pensée. Je n'ai jamais réussi à lire jusqu'au bout un de ses livres et j'en ai conclu que je n'avais pas le QI requis pour lire un auteur aussi subtil .
Je ne suis pas sûre qu'il dise toujours des choses parfaitement judicieuses. Grâce au site
Belgicatho, on peut lire une interview de lui où il dit: « L'athéisme ne tue pas les hommes, mais il les empêche de naître» (cf. "30 Giorni").
Je crains fort que l'athéisme nuise aussi gravement à ceux qui sont nés. Comment Rémy Brague peut-il dire une énormité pareille si l'on considère les millions de morts causées par les grandes idéologies athées, déjà à partir de la Révolution française puis avec le nazisme, le communisme, la révolution mexicaine, les républicains espagnols etc...?
Il est certain qu'il n'arrive pas à soutenir le Pape d'une façon nette et franche car ce n'est pas digne d'un intellectuel parisien.