Confidences d'un historien hors du système

Dieu, la repentance, le catéchisme, les crimes du marxisme, le terrorisme d'extrême-gauche....
Carlota a transcrit une interviewe de l'historien espagnol anticonformiste Pio Moa (12/7/2012)

Nous l'avons déjà rencontré dans ces pages.
Cf. Pio Moa, un espagnol vraiment libre (14/1/2012) benoit-et-moi.fr/2012-I/

Né en 1948, venu de l’extrême-gauche, comme beaucoup d’intellectuels qui ont viré depuis (Giuliano Ferrara, Alain Besançon, etc.), historien autodidacte, il suscite de violentes polémiques parmi les milieux universitaire et médiatique pour ses travaux sur la guerre d'Espagne, mais ses livres rencontrent un vrai succès auprès du public.

Il m'inspire personnellement une double réflexion.
D'une part, il n'est pas facile d'être historien, ou géopoliticien, et de s'opposer à la vulgate officielle (que l'on pense en France à Sylvain Gouguenheim, à Reynald Seycher ou à Aymeric Chauprade).
Il n'est pas facile non plus (hélas) de dénoncer les erreurs et les horreurs du marxisme, et de son fils monstrueux, le terrorisme de gauche, si l'on n'est pas soi-même un repenti.

Quoi qu'il en soit, Pio Moa est une personnalité singulière et attachante, à découvrir.
Ilest regrettable (mais cela n'est pas un hasard et reflète assez bien l'état du monde de l'édition en France) que ses livres ne soient pas traduits en français.

Carlota

« Il n’est pas bon que Dieu soit seul » (sic !)
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Voici
la retranscription (partielle) d’une émission du journaliste espagnol Gonzalo Altozano. Même si cela ne concerne pas directement le Saint Père, cela rappelle néanmoins combien son ministère est primordial. Et je reste persuadée que quel que soit l’endroit où l’on se trouve, pour peu que l’on veuille d’abord faire fonctionner sa raison et les qualités humaines dont le Seigneur a bien voulu nous doter, on doit pouvoir s’y reconnaître, sachant bien sûr que le grand diviseur est toujours là pour nous faire cheminer vers un enfer toujours pavé de bonnes intentions.
On le sait, errare humanum est... mais surtout: persevare diabolicum.

Gonzalo Altozano est donc un journaliste espagnol né en 1976 qui depuis plusieurs années mènent des entretiens sur le thème de Dieu, sous le titre provocateur de « Il n’est pas bon que Dieu soit seul », avec des personnalités de son pays. Ces premiers entretiens ont d’ailleurs été rassemblés dans un livre (www.ciudadela.es/). Depuis quelques mois, toujours sous le même concept (entretien d’une demi-heure) son émission est diffusée le dimanche soir sur la chaîne de télévision privée espagnole (internet, satellite et cable) Intereconomia TV.
Parmi ses invitations nous avions déjà fait connaissance avec José Javier Esparza (cf. benoit-et-moi.fr/2012 (II)); mais je citerai aussi et parmi beaucoup d’autres, Jesús Poveda, un médecin qu’il a qualifié de «hors-la-loi face à l’avortement ». Le Dr Poveda racontait qu’il avait compris l’horreur de l’IVG, quand il était étudiant en médecin au milieu des années 80, et qu'il s’était trouvé pour la première fois face à un fœtus dont la mort, à l’époque, était liée à une fausse-couche et non pas encore un avortement légalement provoqué. Depuis il n’a pas cessé de se battre pour le respect de la vie des enfants à naître.

J’ai donc essayé aujourd’hui de résumer l’émission toute récente consacrée à l’atypique historien Pío Moa, qui a quitté «l’intérieur du temple » qu’il fréquentait quand il était jeune, mais qui pourrait de nouveau se rapprocher de « la cour des gentils ». Nous avons déjà eu l’occasion de parler de lui dans ces pages.

C’est un entretien informel et qui ne s’est pas déroulé en studio. J’ai repris une bonne partie des éléments au fur à mesure des questions (VO www.youtube.com).
Pío Moa s’y exprime sans détour pour fustiger ses adversaires mais aussi avec un humour qui ne peut cacher la profondeur de ses sentiments. Il répond aux questions les plus difficiles avec une grande sincérité. On aimerait que beaucoup d’ « intellectuels » et d’ « élites » censés montrer le chemin à leurs concitoyens, aient cette même démarche, au lieu de toujours plus s’enfoncer sans vergogne dans le mensonge qui les rend toujours plus esclave de leurs compromissions, même s’ils ne voudront jamais l’avouer. Les remarques de l’historien, notamment sur la Seconde République espagnole sont d’une étonnante actualité, et sont celles que l’on pourrait malheureusement faire au sujet de toutes les idéologies aux ambitions planétaires qu’elles soient de coloration religieuse, mais aussi mercantile, artistique, pseudo sociale ou scientifique, et qui ne peuvent s’imposer que par le mensonge de circonstance et la force de coercition des lois et/ou des armes - à balles réelles ou non.

Pio Moa à l’émission « Il n’est pas bon que Dieu soit seul »
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Gonzalo Altozano présente Pío Moa en insistant sur le succès de son œuvre d’historien et l’interrogeant sur son travail en cours en lui souhaitant toujours le même succès auprès du grand public. Pío Moa précise que son prochain ouvrage aura pour thème les dates clefs de l’histoire de l’Espagne, à sortir à l’automne prochain, mais que pour le succès, avec la crise il ne pouvait se prononcer !
Le journaliste lui demande si son succès ne lui a pas amené des critiques, d’autant qu’il n’avait pas un cursus universitaire d’historien. Pío Moa répond : « Critiqué, non, détesté, insulté ou passé sous silence, oui » et constate que ses livres sur la Guerre Civile n’ont jamais eu de réponses de la part de ceux qui les censurent : « Ils n’ont jamais réussi à réfuter mes livres sur aucune donnée importante ». Quant aux historiens universitaires, il considère que si l’on devait juger l’Université à leurs travaux, l’on aurait des questions à se poser sur la valeur de l’enseignement reçu. Parmi ses détracteurs, il évoque évidemment la gauche dans son ensemble et en particulier l’emblématique secrétaire du parti communiste espagnol Santiago Carrillo et les termes qu’il emploie sont loin de correspondre à une certaine image comme celle qui est donnée ici . Je relève l’expression « Tipejo despreciable » dont le sens va de «polichinelle négligeable » à « sale type méprisable » et ses variantes !
Pío Moa parle aussi parmi ses détracteurs des catholiques progressistes bien pensants…

Le journaliste, parce qu'évidemment le thème de son émission concerne le rapport entre Dieu et les hommes, interroge l’historien sur son éducation religieuse, ses croyances, la notion de faute par rapport à son passé de militant d’extrême gauche au sein du Grapo (1).

La faute
« Est-ce que tu te repens? » (ndt: le tutoiement, et sans doute encore plus aujourd’hui, est plus spontané en espagnol qu’en français) lui demande ex abrupto Altozano.
« Se repentir est un sentiment intime ; c’est hors de propos d’en parler (2). Ce que nous avons fait a été une énorme erreur, je me suis complètement trompé. Et c’était du terrorisme, bien que nous ayons cru que c’était la lutte armée ». « Nous disions nous battre contre le fascisme (3), c’était une erreur démentielle». « Le problème principal du Grapo et des communistes » ajoute-t-il, « n’est pas comment ils agissent mais ce qu’ils poursuivent. Et j’ai quitté le Grapo quand je me suis rendu compte que, même si nous n’en étions pas conscients, ce que nous prétendions c’était transformer l’Espagne en un régime carcéral. Ce n’était pas par hasard, à cause d’une mauvaise application du marxisme mais parce que le marxisme amène à cela ».
...
Le journaliste lui fait évoquer ses participations aux manifestations des victimes du terrorisme (à l’époque de Zapatero) et lui demande s’il a rencontre des victimes des Grapo. Il n’en a pas eu l’opportunité mais il a parlé avec des membres de force de l’ordre de l’époque qui avaient compris qu’il les soutenait vraiment non seulement parce qu’ils étaient des victimes du terrorisme mais aussi parce qu’ils représentaient une attitude morale en faveur de la démocratie et de l’unité de l’Espagne. Il dit n’appartenir à aucun parti mais se définir comme un libéral conservateur.

Dieu, la religion catholique
« Est-ce que tu crois en Dieu ? » lui demande toujours aussi directement Altozano: « Je ne sais pas. J’aimerais consacrer du temps pour penser à ces choses. Un de ces jours je le ferai ». et Altozano reprend : « Et en ce moment tu n’as pas le temps ?». Pío répond : « Non […] J’ai du mal à croire, mais il y a une grande quantité de faits qui devraient avoir un sens ».

À la question sur sa foi de son enfance, Pío répond qu’il croyait quand il était petit et explique qu’il a fait sa scolarité chez les maristes (ndt: l’historien est né il y a 64 ans en Galice), que c’était plus ou moins religieux mais pas non plus « violemment ».

Sur la question de l’éducation religieuse, il considère que l’éducation religieuse qu’il a reçue était meilleure que l’actuelle : « Elle se basait sur le catéchisme, l’histoire sacrée, un peu de liturgie qui ne m’a jamais plu et un peu d’histoire de l’église. Elle donnait une certaine vision générale qui me paraît bien meilleur que ce qui s’enseigne aujourd’hui. Maintenant, c'est une espèce d’éthique progressiste. Cela m’a étonné quand j’ai lu les manuels de ma fille […] Les manuels d’aujourd’hui éloignent de la foi, enfin c’est mon opinion, une opinion depuis l’extérieur ». « Je crois que l’Église a tenté de se moderniser pour employer ce terme et je crois qu’elle n’a pas obtenu un succès démesuré en cela. Elle n’a pas été capable d’utiliser un langage plus approprié (4) à l’époque actuelle avec la nécessité de sauvegarder la base de ce qui est l’essence de la religion». Pío Moa s’étonne d’entendre dans un collège tenu par des religieuses la chanson « Imagine » qui est une chanson complètement anti-religieuse, et « ils la mettent et la remettent !» (ndt: dans le texte, John Lennon dit effectivement « imagine un monde sans pays, sans religions, rien pour tuer… »... mais la plupart des gens qui l'ont mise au Panthéon de leurs goûts musicaux ne sont pas conscients de cette portée anti-religieuse: cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Imagine...). « Et ils te font des musiques des Beatles avec des paroles catholiques, comme si l’on ne pouvait pas avoir sa propre musique. Ou la musique de l’hymne national d’Israël avec des paroles catholiques. Ce sont des belles musiques mais cela montre un manque de créativité propre particulièrement lamentable ».

Interrogé sur les attitudes des deux derniers Papes par rapport aux fautes de l’Église (ndt: Je préférai dans l’Église, mais en Espagne comme en France l’on emploie malheureusement le langage de l’Ennemi, puis que l’Église est toujours sainte, si ses membres sont pécheurs), Moa pense que toutes les institutions humaines peuvent faire des erreurs et que c’est bien de la part de l’Église de le reconnaître. C’est en outre une incitation pour tous les autres à reconnaître leurs erreurs et à être plus modestes. Mais il insiste sur la notion personnelle du repentir, dans le sens où les déclarations générales ne peuvent pas remplacer le repentir de ceux qui ont commis personnellement la faute (ndt: Pío Moa a demandé publiquement pardon il y a des années aux familles des victimes du Grapo, mais il pense que cela n’est pas quelque chose dont on fait étalage).

Questionné de nouveau sur la liturgie, il dit que c’est une question de goût et de caractère. Il n’a jamais été un amoureux de la liturgie: « Dans la religion on trouve du mythe et du rite Le mythe m’intéresse, le rite non ». Il admet que c’est en général tout ce qui est cérémonieux, qui touche le cérémonial qui ne l’attire pas, dans la religion comme ailleurs, mais il insiste vraiment pour dire que c’est une question de goût et que des personnes légitimement peuvent penser le contraire (5).
Il admet aussi que le marxisme voulait éradiquer la religion comme une superstition mais qu’il en mettait une autre à la place. Le journaliste lui demande si la Guerre Civile espagnole, celle de 1936, a été une guerre de religion. Il répond : « Elle l’a été en partie parce que le marxisme, la gauche en général l’a imposée comme telle L’objectif principale dès le début de la République (ndt: donc en 1931) était d’anéantir l’héritage catholique de l’Espagne, et durant la guerre ils l’ont mené à bien partout où ils l’ont pu, en détruisant des monastères, des bibliothèques, des églises, des croix dans les cimetières, tout ce qui rappelait le christianisme ».

Le journaliste lui demande ensuite si leurs héritiers n’essaient pas de faire la même chose aujourd’hui d’une façon plus sophistiquée. Pío Moa, répond que oui, et donne notamment l’exemple du journal « El País » qui sous son étiquette de journal supposé modéré attaque sans cesse la religion en utilisant, les sous-entendus insidieux, la calomnie, les attaques pour la banaliser sous le prétexte d’une mixture idéologique de progrès avec des aspects de marxisme, de féminisme, d’écologisme; une mixture qui a pas mal d’adhérents parce qu’elle a disposé pendant de nombreuses années d’un appareil de propagande gigantesque de la part des médias et qu’elle n’a pas reçu la plupart du temps une réponse à la hauteur de la menace.

« Toi qui doute », lui demande le journaliste, «es-tu gêné de voir une croix sur une place ?
Pío Moa répond « Non, car c’est un aspect de notre culture et cela me paraît très bien. Ce qui me gênerait c’est de voir un croissant, ou quelque chose du même style, cela serait quelque chose de très différent. Mais la croix c’est différent car l’Espagne et même plus, toute l’Europe se sont faites avec la croix. Les enlever est un signe de barbarie ». […] « Et s’il y a des gens qui veulent théoriquement et intellectuellement parlant, dynamiter la croix de la Vallée de « Los caídos » c’est de la folie. Ils n’ont pas appris de l’expérience du passé !

Interrogé sur une émission de la télévision où il a été dit que c’est le catholicisme qui avait réduit de l’Espagne à ce qu’elle est devenue (ndt: dans le sens qu’elle ne s’est pas hissée dans la position de pays riches de l’Europe du nord), et de savoir si le catholicisme espagnol (sic) a été ou non un « poids mort » pour l’Espagne, il déclare « Le catholicisme en Espagne a connu différentes étapes, une étape très brillante au XVIème et une partie du XVIIème siècle. Ensuite il s’est ankylosé en partie, c’est ce qui l’a rendu moins apte à répondre convenablement aux défis de ce qu’on appelle la modernité. Il s’est ritualisé (ndt: dans le sens, je pense, de vivre sur ses acquis, l’habitude) et c’est ce qu’il l’a rendu non pas incapable, mais l’a mis en plus grandes difficultés pour se défendre contre toutes les attaques et critiques dont il a souffert sans cesse par la suite, et fait que beaucoup de gens ont cessé de croire au catholicisme.

Par la suite le journaliste et son invité reparlent du sentiment de la faute.
Pour Moa: « La faute et la façon de l’assimiler sont un aspect fondamental de la psyché humaine (ndr de ψυχή - l’âme, esprit, déjà évoqué par les Grecs anciens). Il n’est pas pour la tendance actuelle qui tend à nier la faute. Il rejette les théories qui diluent la faute, détruisent le sens de la responsabilité et avec elle la liberté. Il insiste encore sur « la repentance (repentir?) qui est quelque chose de très intime. « L’exhiber est une farce ». Et revenant sur son passé de marxiste : « Notre but était monstrueux. Je reconnais que cela a été une erreur et pour moi, tout c’est terminé là, au moins pour ce qui est tourné vers l’extérieur ».

Il va également être interrogé sur sa croyance à l’enfer et si Staline était en enfer. Il dit ne pas savoir répondre avec certitude aux deux questions. Sont effleurées les pistes de repentance au dernier moment, de désir de faire peut-être à un moment donné le bien, d’un homme qui n’aurait rien pu faire s’il avait été seul (ndr Il me semble que Moa semble penser que si Dieu existe, il ne peut pas se mettre à sa place pour). Il paraît penser que si l’enfer existe, peu doivent y être au départ précipité (ndr le jugement particulier après la mort qui précipitera la plupart d’entre nous au purgatoire en attendant le jugement dernier). Pour lui et pour l’instant les questions sur un tel sujet sont bien plus nombreuses que les réponses. Il pense que « Beaucoup connaissent déjà l’enfer ici bas ». Par contre il insiste pour dire qu’il faut se montrer particulièrement vigilant face aux idéologies de toutes natures qui promettent le paradis sur terre.

La conversion?
« Si en mourant si tu découvres que Dieu existe, que lui dirais-tu ? », demande Gonzalo. « Je lui demanderais pourquoi il ne me l’a pas rendu plus évident quand j’étais en vie. Ou peut-être que je n’ai pas su voir les signe qu’il m’a mis, ou que je n’ai pas eu la capacité pour les voir. » « Et qu’est ce que Dieu te demandera » Pío : « Il saura bien ! ».

Altozano, lui dit : « et si après l’émission tu rencontre quelqu’un dans la rue qui te dit qu’il prie pour ta conversion ». Moa répond clairement : « Je lui dirais merci. Cela ne m’impressionne pas beaucoup mais je n’ai rien non plus à lui opposer contre».

« Tu pries ? » lui demande pour finir Altozano. « Parfois, parce que l’être humain est très faible, les choses sont compliquées et c’est difficile de voir si les conséquences des actes sont bonnes ou mauvaises. Les sentiments de faiblesse et d’impuissance sont quelques unes des bases de la croyance en Dieu ».

Fin de l’émission « Il n’est pas bon que Dieu soit seul »

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Notes de traduction

(1) GRAPO pour Groupes de Résistance Antifacistes Premier Octobre, était une organisation terroriste d’extrême gauche marxiste léniniste (« officiellement » fondé en 1975 à partir d’un noyau idéologique né dans les années 1968 à Paris) dont l’activité fut particulièrement importante après la mort du Général Franco en novembre 1975. Le Grapo fut légalement dissous en 2002. Lui sont attribuées un millier d’attaques et une centaine d’assassinats majoritairement de militaires et de policiers, sans compter plus de 600 blessés dont des familles. En 2006 la plus haute juridiction espagnole a considéré comme prouvé que les GRAPO étaient le bras armé du Parti Communiste Espagnol (déjà reconstitué en 1975 mais légalisé seulement en avril 1977). À l’époque l’empire soviétique était au maximum de son développement et avait toujours comme but l’instauration dune républiques populaires dans le monde entier, l’Espagne pouvait apparaître comme le fruit mûr qui n’était pas tombé en 1936.

(2) Le sujet reste d’actualité car l’État espagnol a initié sous Zapatero une procédure de réinsertion de certains détenus du groupe terroriste et indépendantiste basque ETA, avec de la part des prisonniers une déclaration de repentir. Le même Gouvernement a permis au parti Amaiur, considéré pour certains comme issu de la même mouvance, à présenter et faire élire à la chambre 7 députés lors des dernières législatives. Pío Moa va d’ailleurs déclarer dans l’entretien, alors que le journaliste parle de la notion chrétienne du repentir, que l’État n’a pas à leur faire demander pardon mais doit les harceler, les désarmer, les neutraliser. […] Ces terroristes ne sont pas dans la repentance, ils ne sont pas chrétiens, pourquoi demanderaient-ils pardon, alors qu’ils pensent qu’ils ont eu raison d’agir comme ils l’ont fait et que leurs assassinats leur ont permis d’obtenir des concessions de la part du Gouvernement ». Moa parait vouloir absolument séparer la justice terrestre, de ce qui touche à la religion. Peut-être pense-t-il à une-éventuelle justice divine même si pour l’instant il doute encore de l’existence de Dieu et ne prononce pas ces deux mots.

(3) Le terme fascisme qui correspond au départ à une réalité politique bien concrète et cernée dans le temps, a été sorti de son contexte pour fustiger, dès la guerre civile espagnole, tous les opposants au « front républicain espagnol » au sens large, voire même dans les luttes d’influence à l’intérieur de la gauche, ceux qui ne pensaient pas bien, selon le bon principe de l’amalgame bien connue et qui perdure avec l’utilisation toujours aujourd’hui du même terme pour tuer toute velléité d’exprimer le moindre avis différent aux « dogmes » autoproclamés «corrects ». Un équivalent de ce qui est « permis » et « pas permis ».

(4) « Le langage approprié » : Je ne suis pas dans l’enseignement, mais je crois que ce décalage existe dans tous les domaines du savoir. Les nouvelles générations disposent d’un vocabulaire de plus en plus limité qui ne leur permet plus de comprendre des nuances que comprenaient leurs anciens, y compris dans les textes des chansons même populaires (à comparer la chanson populaire françaises des années 30 à 60, y compris celles des chanteurs des rues, avec ce qui passe en boucle aujourd’hui sur 95% des radios dites françaises. Le phénomène est bien évidemment identique en Espagne.

(5) À restituer dans la façon de s’exprimer de Pío Moa qui semble vouloir employer des mots sans connotation catholique stricto sensu ! Pour ce qui est de la liturgie qui est le centre de la foi, pour l’instant Pío Moa n’y voit qu’un cérémonial et donc l’on peut comprend que son esprit rebelle ne le porte pas spontanément vers cela. Il a débuté comme marxiste léniniste dans la clandestinité et pas comme élève aspirant dans l’armée espagnole! Mais. je ne doute pas qu’il ne soit pas capable d’un retour aux sources de la Liturgie qui n’est justement pas que cérémoniale mais Foi vivante.