Des nouvelles du livre du Pape

et des détails inédits, par Andrea Tornielli: rivalité entre les éditeurs, le "relecteur" allemand de Benoît XVI, comment le Pape écrit, Ingrid Stampa toujours à la barre, etc. (28/8/2012)

Photo ci-contre sur Vatican Insider: "Le Pape bibliophile"

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Texte en italien:
vaticaninsider.lastampa.it. Ma traduction.

 

Rizzoli veut publier le nouveau livre du pape

RCS (ndt: le groupe de presse Rizzoli-Corriere della Sera) a fait une offre au Vatican pour acheter les droits, tandis que le «lecteur» allemand Burkhard Menke travaille sur le livre consacré à l'Enfant Jésus. Egalement impliquée dans le travail d'édition, Ingrid Stampa
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Cette année, il a dû différer ses vacances et rester à Fribourg pour lire et relire les 150 pages du manuscrit de Benoît XVI consacré à l'Evangile (Die Kindheitsgeschichten), qui pourrait être publié par Rizzoli. Avant d'être traduit, le troisième volume, initialement pensé par le pape comme un «chapitre» ou un fascicule, est ces jours-ci revu par Burkhard Menke (ndt: il en est question ici: En visite chez le Pape), 51 ans, un laïc diplômé en théologie. Menke est un «lecteur» de la maison d'édition allemande Verlag Herder, avec laquelle Ratzinger est en relation depuis cinquante ans, et qui s'est déjà occupé à plusieurs reprises de l'édition de livres ratzingeriens. Le travail minutieux du «lecteur» concerne avant tout la présentation du contenu du livre. Un engagement très apprécié par le pape: Menke soumet à l'auteur, par l'intermédiaire de la Secrétairerie d'Etat ou du secrétariat particulier, les doutes apparus lors de la lecture et Ratzinger, qui a écrit ces livres en pensant à un public plus large que celui lié au monde académique et scientifique, tient beaucoup compte de chaque observation.

Le 2 Août, après que la nouvelle ait été anticipée par le Secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, le bureau de presse du Vatican a confirmé que le pape avait fini d'écrire le livre, et ajoutait: «On procède actuellement aux traductions dans les différentes langues, qui seront réalisées directement à partir de l'original allemand. On espère que la publication du livre aura lieu simultanément dans les langues contemporaines de plus large diffusion; il faut un certain temps pour obtenir une traduction précise d'un texte aussi important et attendu». Sans donner aucune indication sur la date de publication ou l'éditeur.

Avant la traduction, un travail approfondi de révision est fait. Le pape, qui écrit à la main, avec une toute petite écriture et utilise différentes abréviations, cite souvent de mémoire les textes évangéliques et les Pères de l'Eglise, et chaque verset doit être vérifié dans les diverses traductions de la Bible, pour que chaque expression et chaque virgule soit à sa place. Un travail de routine pour toute publication scientifique, d'autant plus nécessaire dans le cas des livres qui portent la double signature de Joseph Ratzinger-Benoît XVI. Même si le pape a expliqué dans l'introduction du premier volume (Jésus de Nazareth, Rizzoli 2007) que ces livres ne sont «en aucune manière un acte du Magistère» et donc «tout le monde est libre de me contredire», il est évident qu'une grande attention est requise.

Les prochains jours seront décisifs pour définir qui sera l'éditeur du troisième volume sur Jésus. Comme on s'en souvient, le premier a été confié par la Libreria Editrice Vaticana (LEV) à la maison d'édition Rizzoli, qui a obtenu la concession des droits de traduction, de diffusion et de commercialisation pour le monde entier: en Allemagne, le livre a été publié par Herder, aux États-Unis par Doubleday, de Random House (en France, c'est Flammarion, ndt). Le choix de privilégier les grands éditeurs laïcs avait suscité une certaine polémique chez les éditeurs catholiques. L'an dernier, pour le deuxième volume, le Vatican avait préféré faire les choses par lui-même et la LEV avait conservé les droits d'édition et de commercialisation, en choisissant par exemple, aux États-Unis, l'éditeur catholique Ignatius Press (et en France, les Editions du Rocher, propriété de Desclée de Brouwer, du groupe media-participation qui inclut également Famille Chrétienne et l'agence i.media, entre autres). Pour le texte très attendu dédié aux Evangiles de l'enfance, aucune décision n'a encore été prise, mais la Secrétairerie d'État et la LEV envisagent une offre provenant de Rizzoli, demandant d'obtenir la diffusion et la commercialisation du nouveau livre pape.

Le volume, 150 pages manuscrites, devrait atteindre, une fois imprimé, environ la moitié de la longueur des précédents (dans les éditions en italien, 446 pages pour le premier, 348 pour le second) et on peut s'attendre à quelques deux cents pages. Un problème majeur concerne le calendrier de sortie: un livre du Pape sur l'Enfant Jésus, même d'un grand intérêt à tout moment de l'année, serait un magnifique cadeau de Noël. Comme déjà le second volume, qui met l'accent sur la passion, la mort et la résurrection de Jésus, est sorti en 2011 pendant le Carême, la nouvelle œuvre s'insérerait idéalement dans la phase finale de l'Avent. Même s'il s'agit d'un texte plus court que les précédents, la traduction dans les différentes langues, supervisée par la Secrétairerie d'Etat, prend du temps, et l'automne du Vatican est très dense en événements qui impliqueront les bureaux: du Synode sur la nouvelle évangélisation au début du cinquantenaire du Concile Vatican II. Dans tous les cas, l'objectif est de sortir pour Noël.

Au travail de traduction et d'édition supervisé par la Secrétairerie d'État participe également le professeur Ingrid Stampa (parmi les responsables de l'édition italienne du premier volume et de la traduction du second), qui fut gouvernante de Ratzinger avant l'élection. En Juillet dernier, un journal (ndt: Repubblica, comme par hasard, voir ici Vatileaks: Les mauvais coups de la Repubblica) a suggéré qu'elle était impliquée dans les Vatileaks, provoquant un démenti sans précédent, à la fois par le porte-parole du Vatican Federico Lombardi, et par la Secrétairerie d'État. Certaines tensions internes dans l'entourage allemand de Ratzinger, en relation avec la fuite de documents ont effectivement eu lieu, même si tous ceux qui avaient auparavant accès à l'appartement du Pape ont maintenu ce privilège. En tout cas, cela ne semble pas avoir eu des conséquences dans le travail de bureau d'Ingrid Stampa, qui poursuit ses activités à la Secrétairerie d'État et devrait continuer à s'occuper de l'édition de livres du pape