D'où somme-nous?

Dans son dernier billet, JL Restàn revient sur les évènements de la semaine dernière: la sortie de "L'Enfance de Jésus" et le consistoire. Dans l'homélie du dimanche, le Saint-Père a expliqué la logique du Royaume de Dieu. Traduction de carlota (28/11/2012)

>>> Homélie du 25 Novembre, Fête du Christ-Roi:
http://www.vatican.va/

     

D’où sommes-nous?
Texte original en espagnol ici: http://www.paginasdigital.es/
José Luis Restán
27/11/2012

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A la fin de semaine dernière les premiers commentaires sur le nouveau livre du Pape, le Consistoire pour la création de six nouveaux cardinaux et la fête du Crist Roi de l’Univers se sont entrelacés. Trois fils qui se nouent dans le mystère de la divinité-humanité de Jésus, dans la signification de ce royaume qui inquiétait au temps om l’interrogeait Pilate, et la mission ardue de distinguer le témoignage de la Vérité face aux pouvoirs de ce monde.

Le livre sur l’enfance de Jésus s’ouvre et se ferme avec des chemins, pages vertigineuse, sur l’origine et le destin du Nazaréen. Benoît XVI affine le paradoxe d’un homme dont le profil était connu (il venait de Nazareth, il était fils du charpentier et ses parents étaient connus) et qui, cependant, en permanence rompt le moule : d’où sort-il tout cela, avec quelle autorité parle-t-il celui-là ? C’est la question que formule Pilate face à l’homme que lui ont remis les chefs du peuple : d’où es-tu ? Mais au-delà des sollicitations géographiques la conversion dérive vers le royaume que met en avant ce prisonnier aux porte de la torture, un royaume qui « n’est pas d’ici ».

Mais la surprise du gouverneur romain n’a pas été différente de celle qu’ont eu à supporter Joseph et Marie, quand ils ont trouvé leur fils, celui qu’ils avaient perdu parce qu’il était resté au Temple. Le Pape dépeint magistralement la scène dans les dernières pages de son livre : c’est un moment critique car il devient évident que la mission de Jésus brise toute mesure humaine. Marie et Joseph devront accepter que se brise dans leur chair cette mesure quand ils écouteront de ce garçon de douze ans sa réponse : « Je suis précisément où est ma place, avec le Père, dans sa maison ». Mais tandis que Pilate a résolu sa curiosité en remettant Jésus au bourreau, Marie a accepté de cohabiter avec le mystère, et même si elle ne pouvait le comprendre complètement, elle l’a conservé en le méditant dans son cœur.

Le dimanche Benoît XVI présidait la Messe de Jésus Christ Roi de l’Univers dans la Basilique Saint Pierre. Parmi les co-célébrants figuraient les six nouveaux cardinaux en provenance de Colombie, Liban, Nigéria, Inde, Philippines et Etats-Unis. Le Pape a voulu expliquer une fois de plus la nature du royaume que Jésus apportait : un royaume que les siens encore et encore rêvaient comme pouvoir politique instauré et défendu par la force. « À Gethsémani, Pierre a sorti son glaive du fourreau et a commencé à se battre, mais Jésus l’a arrêté. Il ne veut pas qu’on le défende avec les armes, mais il veut accomplir la volonté du Père jusqu’au bout et établir son royaume, non pas avec les armes et la violence, mais l’apparente faiblesse de l’amour qui donne la vie. Le royaume de Dieu est un royaume complètement différent de ceux de la terre ». Peut-être, peut-il exister un pouvoir qui ne répond pas à la logique de la domination et de la force ? L’incompréhension de Pilate peut nous le rendre sympathique, parce que nous aussi nous avons du mal à comprendre. Avec quelle facilité nous identifions le succès de la mission avec le triomphe social et politique d’une série de valeurs, avec l’influence et la reconnaissance de nos constructions culturelles ou le respect infondé du à notre pouvoir en nombre. Nous confions à la stratégie et à l’organisation ce que seulement peut produire la rencontre avec Jésus Christ, présent à travers la faiblesse de notre chair, celle des chrétiens d’ici et de maintenant.

La royauté qu’incarne Jésus consiste dans le témoignage de la vérité d’un Dieu qui est amour, en face duquel il est impossible de ne pas s’émouvoir. C’est la même folie pour les puissants et les sages d’hier et d’aujourd’hui. C’est pour cela que le Pape avertit, à la fois sévère et doux, qu’être disciple de Jésus signifie ne pas se laisser captiver par la logique mondaine du pouvoir, mais porter au monde la lumière de la vérité et de l’amour de Dieu. De là l’invitation pressante à nous convertir en permanence à son royaume, à son commandement, à la vérité. Sur ce point Benoît XVI a regardé les nouveaux membres du Collège des cardinaux. Beaucoup de chroniques lient ce Collège à l’influence et au pouvoir mondain, mais le Pape leur a avertis qu’ils doivent se préparer à se comporter avec courage jusqu’à verser leur sang pour que grandisse la foi chrétienne, pour la paix et la quiétude du Peuple de Dieu. Certains savent déjà de première main de quoi leur parle le Pape, qui insiste : « Je vous ai confié cette responsabilité difficile, témoigner du royaume de Dieu, de la vérité » Cela veut dire mettre toujours en avant la priorité de Dieu et sa volonté en face des intérêts du monde et de ses puissances ».

De ces cardinaux l’on connaît aussi leur trajectoire, leurs parents et leurs frères, les collèges où ils ont étudié, leur langue et leur culture…Et cependant il y a en eux, comme en tout chrétien, un quelque chose d’inconnu, quelque chose qui ne se déduit pas du curriculum ni des ancêtres. Le Successeur de Pierre a pris congé d’eux en les chargeant d’imiter Jésus devant Pilate : leur gloire sera seulement celle de rendre témoignage de la Vérité, une vérité qui est amour jusqu’à l’extrême. Le christianisme ne peut triompher qu’à travers cette logique, celle du cœur de l’homme qui trouve une présence qui lui correspond. C’est pour cela que vit et perdure l’Église.