Gabriele: Finalement, la grâce est venue..

Ce que l'on aimerait voir aussi, sous le sapin de Noël, ce sont les excuses de certains, admettant "je me suis trompé". Formidable commentaire dans l'Avvenire" (23/12/2012)

>>> Paolo Gabriele: la grâce pour Noël

     

La grâce accordée au majordome par le Pape à la veille de Noël fait grincer certaines dents, essentiellement parmi les medias, et donne lieu à des commentaires dont celui qui suit, diffusé sur la chaîne suisse RTS est une parfaite (et révoltante) synthèse.

Sur RTS, Valérie Dupont répond aux questions du présentateur du JT:

- Le majordome est gracié, mais il reste un personnage encombrant pour le Vatican
- C'est certain. On va lui retrouver un travail, c'est certes de la charité, mais c'est de la charité très intéressée, le Vatican veut garder mainmise sur son ancien employé... ils vont peut-être le placer dans une institution religieuse à Rome mais ils vont avoir l'oeil, car ils ont très peur que dans quelques mois sorte un livre "Les secrets du majordome". Il ne faut pas oublier que pendant plusieurs années, Paolo Gabriele a été au courant des secrets les plus intimes du Pape, donc il y a un risque qu'il parle.

- Ce cas est clos, mais il reste beaucoup de zones d'ombre au sein du Vatican
- Oui Vatileaks a mis en lumière un problème au sein du Vatican... Ce cas est clos, mais il y en a peut-être un autre qui va éclater, c'est ce que le Vatican craint. Mais il y a aussi d'autres problèmes, par exemple ceux de la banque du Vatican, il y a beaucoup de zones d'ombre que le saint-Siège n'a jamais voulu vraiment expliquer. Donc le cas du majordome a mis quelque part le Saint-Siège en difficulté, mais cela n'est pas terminé.

Ces gens ne voudront jamais admettre qu'ils se sont trompés, et ne comprendront jamais un acte de vraie charité.
Dommage pour eux.

En guise d'antidote à ce venin, dont on se doute qu'il resservira, voici le point de vue de Salvatore Mazza, dans un éditorial sur l'Avvenire (qui, quoi que l'on pense, ne se comporte pas toujours comme un soutien inconditionnel du Saint-Père).

     

Le pardon du Pape à celui qui l'a trahi
La grâce de Benoît (et les consciences silencieuses)
http://www.avvenire.it
Salvatore Mazza

Et finalement, la grâce est venue.
Annoncée, c'est vrai, presque dès le début de cette «triste histoire», comme l'a à juste titre décrite le porte-parole du Vatican le père Lombardi. Pour clore le chapitre des documents d'abord volés par Paolo Gabriele dans l'appartement du Pape, dont il était le majordome de confiance depuis le début de son pontificat, et ensuite «recelés» et utilisés pour une opération éditoriale et médiatique méprisable et délibérément injurieuse. Vatilileaks, c'est le nom donnée à toute l'histoire, et l'écho de ces wikileaks a mis pendant des mois sens-dessus-dessous la diplomatie dans le monde entier.
Une vilaine histoire, de toutes façons, à la fois en elle-même et pour l'environnement dans lequel elle s'est produite. Mais qui même dans l'acte qui clôt le procès, une fois de plus, offre plusieurs éléments qu'il serait bon pour tous de méditer.

Le premier, inévitablement, concerne Benoît XVI.
Même si on s'y attendait, même si elle était annoncée, la manière dont le pardon du Pape, devenu grâce judiciaire, s'est manifesté, ne peut pas être mise au second plan. Ce n'était pas un simple «ouvrez la porte».
Cette porte, la porte de la prison, Benoît XVI l'a ouverte en personne, et il a voulu s'entretenir durant un quart d'heure avec l'homme qui pendant de nombreuses années a été le laïc le plus proche de lui, avant de le rendre à sa famille.
De manière significative, tout cela à la veille de Noël, qui, de la famille, est la fête; tout en assurant à Gabriele, avec la grâce, la possibilité d'un avenir digne, une maison et un emploi, même si - bien sûr - rien ne pourra plus être comme avant.
Il y a, dans ce final, le sceau de cette idée de justice qui, pour l'Eglise, même quand il s'agit de délits «temporels» n'est jamais disjointe de la miséricorde.

Le procès de Gabriele l'a amplement démontré, révélant à chaque étape, par la transparence totale dans laquelle toute la phase judiciaire s'est déroulée, depuis la phase d'instruction, une attention absolue et constante pour l'homme - même après qu'il ait avoué avoir trahi le pape, une chose inimaginable pour un catholique, et pas seulement à l'intérieur des murs léonins. Une attention qui, c'est vrai, est un élément de contradiction par rapport à la recherche de la vérité que vise tout procès. Et dont la grâce accordée par le Pape a été, en fin de compte, le sceau naturel.
Une leçon précieuse, ou si l'on veut, presque un éclat de magistère transvasé dans l'acte concret de l'administration de la justice.
Et aussi, en quelque sorte, une réponse à tous ceux qui, dans le sarcasme superficiel, ont voulu lire dans le procès une «farce» pour mettre au plus vite le couvercle sur une histoire «embarrassante». Aujourd'hui, nous pouvons dire: le procès de Gabriele a été tout , sauf une farce. Aucun «couvercle», aucune volonté de se hâter pour tout mettre sous silence, se cacher, détourner l'attention.

Et ce qui le confirme ce n'est pas seulement, comme l'a expliqué le père Lombardi le jour de la publication des motifs de la sentence dans le procès parallèle Sciarpelletti - également gracié hier par le pape - le fait que d'autres enquêtes Vatileaks sont toujours en cours. C'est aussi, comme nous l'avons dit, l'exemplarité qui a caractérisé chaque instant de cette histoire, depuis l'arrestation de l'ex-majordome de Benoît XVI, jusqu'au pardon, arrivé hier matin.

Ce qui est vraiment embarrassant, et qui selon toute probabilité, le restera, c'est plutôt, le silence de ceux - combien ils sont, c'est difficile de les compter - qui devraient présenter des excuses, et ne le feront pas. De ceux qui ont recelé ces documents volés, qui ont spéculé dessus; de ceux qui ont cru qu'ils pourraient construire des montagnes de boue et qui en ont fait seulement des monticules d'argent.

Ce serait bien, dans les prochaines heures, d'entendre certains d'entre eux dire: «Je me suis trompé». Un beau cadeau de Noël, en vérité, que cependant, nous aurons du mal à trouver sous le sapin.