Georg Gaenswein dans Die Zeit

(reprise). Une interviewe du secrétaire du Pape, à Castelgandolfo, en septembre 2008 (26/7/2012).



Malgré les réserves que peut inspirer le ton mi-sarcastique mi-intrigué d'un journal qui se définit lui-même comme "centriste, libéral et tolérant", ayant "plusieurs fois oscillé entre le centre gauche et le centre droit" (selon wikipedia...), c'est un témoignage intéressant, surtout si l'on pense qu'il date déjà de 4 ans - c'était juste avant le voyage du saint-Père en France.
Le fil conducteur de l'article est bien indiqué dans le titre: la foi, et le style. Les remarques "futiles" sur la mode sont un prétexte pour évoquer la volonté de "restauration" de la liturgie.

On note aussi qu'il n'y a hélas pas eu de grands changements dans la perception des medias.
L'auteur de l'article, sans doute pas catholique, avoue en effet avec une grande ingénuité les effarants préjugés que lui et ses semblables nourrissent envers le Vatican, pouvant être à ses dires "un nid de serpents, où courent rumeurs d'envie, ambition, intrigues", et envers l'Eglise catholique (Luther a bon dos!). Et on est stupéfait de lire ce portrait en négatif de Georg Gaenswein:
« Aucune trace de cette froideur de marbre du Vatican, cet aspect pointilleux, fruit de décennies passées dans la diplomatie, la prudence, l'intrigue. L'image que les protestants ont des prélats catholiques continue à être hantée par l'abbhoration de Luther, marqué par la bigoterie et la tendance à la fausseté supposées des papistes. »
Comme si il devait se justifier de n'être pas exactement celui qu'il devrait nécessairement être selon les canons des medias.
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Article original en Allemand ici: http://www.zeit.de/2008/40/Mode-Gaenswein-40.
Ma traduction d'après la traduction en anglais de Teresa.

Glauben und Stil
"La foi et le style"
Wolfgang Büscher |
© DIE ZEIT, 25.09.2008
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Rome, en septembre, est rempli de touristes et de pélerins, et il y fait encore chaud.
Depuis la Via Appia, vieille de 2000 ans , on a une vue vers le sud et les palais d'été des nobles romains, perchés sur les collines. Une de ces résidences d'été - celle des papes à Castel Gandolfo - peut être identifiée de loin grâce au dôme de l'Observatoire du Vatican qui est rattaché au palais apostolique.
Ici l'air est clair et pur, certainement plus frais que dans la touffeur de la plaine romaine.
La porte d'entrée du palais apostolique donne directement sur la place de cette jolie petite ville avec ses bâtisses baroques ocres et couleur de terre cuite - le tout rutilant sous le soleil d'été, comme si le mal n'existait pas dans le monde.

Le pape porte-t-il des chaussures Prada ? Que porte-t-il en réalité?
Nous sommes ici pour tirer au clair quelques-uns des mythes du Vatican.

Castel Gandolfo est une enclave extra-territoriale de l'état du Vatican. Tout comme l'est cet après-midi - une heure loin des soucis du monde.
Les gardes suisses saluent et indiquent le chemin dans le palais apostolique rose pâle. On nous conduit dans une petite salle de réception - sols de marbre, une table, un plateau avec de l'eau et des tasses de plastique. Et une requête " Merci de patienter - il sera ici dans un instant".
Et il entre.
La première impression : un homme dans le début de la cinquantaine, dans la fleur de l'âge. Il est tout en noir aujourd'hui. Aucun extra. Rien particulier au sujet de ses chaussures. Mais… Georg Gaenswein est-il vraiment aussi bien que sur les photos?
Bien qu'on n'ignore rien des merveilles d'artifice dont les medias sont capables pour présenter les héros de la culture pop, celui-ci est différent. Oui, c'est un bel homme. Peut-être un peu moins Hollywoodien que ses photos ne le suggèrent, mais aussi plus réel.
La deuxième impression - c'est un homme franc. Aucune trace de cette froideur de marbre du Vatican, cet aspect pointilleux, fruit de décennies passées dans la diplomatie, la prudence, l'intrigue. L'image que les protestants ont des prélats catholiques continue à être hantée par l'abhoration de Luther, marqué par la bigoterie et la tendance à la fausseté supposées des papistes.
Mais les manières, le style tout entier de l'homme qui vient d'entrer, est à l'opposé exact de ce stéréotype. Un pas énergique, une poignée de main ferme, et une manière de parler qui n'a absolument rien d'évasif. Il pourrait très bien être pilote. Ou à la tête d'une compagnie d'exportation dans la Forêt Noire, dont il est originaire, ou spécialisé dans la production de machine, une activité pour laquelle sa région est connue
Le Vatican est une machine hautement spécialisée - le centre de l'unique Eglise véritablement planétaire - en même temps qu'un maître dans la diplomatie globale. Mais ce peut également être un nid de serpents, ou courent rumeurs d'envie, ambition, intrigues.

Et Gaenswein doit l'avoir éprouvé, comme star internationale virtuelle qui a semblé sortir de nulle part, lui qui était il y a quelques années encore, un visage anonyme à Rome. Son nom ne figure sans doute pas sur les listes de prélats du Vatican soucieux de leur carrière.

Il ne s'embarasse pas de banalités polies, ne cherche pas à rompre la glace. Ce n'est que plus tard, après plusieurs questions qu'il parle de son père de 80 ans qui est malade (" C'était un lion ! " ) et de ce qu'il peut faire pour lui.
Mais il veut savoir exactement le sujet de cette interview.
Eh bien, c'est à propos de style et de forme, dans leur rapport avec l'église et la foi - à propos de l'attraction évidente exercée par le pape, et son secrétaire personnel, par exemple.
Il lui vient une expression amusée.
Nous lui posons la question: quand la vague de la renommée a déferlé sur lui, quand il a lu des titres comme 'le play-boy en soutane' ou 'le George Clooney du Vatican', quelle fut sa première réaction ?
Il rit sous cape. "Je ne savais même pas qui était George Clooney! Bon, d'accord, je dois bien avoir entendu le nom avant, c'est tout. J'ai été très étonné de toutes ces histoires. Je n'avais jamais eu à m'occuper de choses de ce genre auparavant"
Et maintenant ?
" Eh bien, cela va en diminuant, et cela finira par s'arrêter."

Que pense-t'il de la déclaration de Donatella Versace disant qu'il l'avait inspirée pour concevoir une ligne d'habillement masculin ?
" Je me demande comment! En tous cas, je n'ai jamais eu le moindre contact avec elle, maintenant ou alors."

Les modes viennent et disparaissent. Mais il y a en général un certain noyau - une aspiration à la beauté - qui est commun au monde en général et à l'Eglise. Non pas la beauté comme artifice et scintillement mais comme miroir de quelque chose à quoi nous aspirons tous.
Ce pape a toujours voulu accentuer la beauté de la liturgie traditionnelle. Cette semaine, lors de son Audience Générale à Rome, il a dit que la liturgie était, avec l'écriture sainte et la prière, un chemin pour rencontrer Dieu. Cela le distingue de son prédécesseur Jean Paul II, avec qui il est étroitement lié à beaucoup d'autres égards. Le pape polonais rayonnait de charisme personnel mais il n'était pas particulièrement préoccupé de subtilités liturgiques. Entre autres, il lui est arrivé de paraître à des évènement télégéniques de masse (en termes de foules), avec des vêtements qui auraient semblé plus appropriés sur une popstar que sur un pape.

Et aujourd'hui le Bavarois qui occupe la chaire de Pierre montre un goût raffiné pour les couvre-chef, les accessoires papaux et les vêtements de cérémonie, que nous n'avions pas observé chez le cardinal Ratzinger, si réservé et qui évitait les mondanités.
Quand il était cardinal, on le voyait souvent, Place Saint-Pierre, se rendant à son bureau en soutane noire et béret basque, avec une serviette noire usagée. Parfois, on l'a même vu porter un sac en plastique. Et depuis qu'il est pape, il est devenu notoire, par exemple, qu'il boit du Fanta, ce qui n'est pas vraiment un attribut aristocratique. Quelqu'un qui se prive de vin, alors que c'est l'un des aspects les plus raffinés du style de vie européen? Inutile d'en dire plus.
En fait, le Saint-Père préfère le jus d'orange et prend du vin seulement de temps en temps.

Alors, comment expliquer son élégance comme pape - pas seulement les chaussures rouges mais les couvre-chef , les vestes de loisirs (ndt: comme le note Teresa, il s'agit sans doute de cet anorak blanc matelassé à manches amovibles, qu'il porte lorsqu'il se promène en privé, il n'a rien de particulièrement élégant, et ne peut l'être que par la personne qui le porte, c'est vrai qu'il lui va bien) et les lunettes de soleil ?
Gaenswein doit le savoir, parce que c'est sans doute lui qui lui choisit ses vêtements, et qui l'aide parfois en public, par exemple en tenant la cape que le pape porte à l'autel et à d'autres services liturgiques. Lui et, naturellement, Mgr Guido Marini, le nouveau maître des cérémonies du Pape.

Au sujet des chaussures rouges, Gaenswein tient à rectifier :
" Cela a été la tradition durant des siècles, que les papes portent des chaussures rouges. Le Pape Benoît XVI ne veut pas s'écarter de la ligne de cette tradition."
OK, mais que dire des couvre-chef papaux que ce pape a 'redécouvert' - le Saturno a à larges bords pour l'été, et le camauro en velours bordé d'hermine en hiver?
Ces choses montrent une préférence personnelle et n'ont aucune signification liturgique, bien que les chaussures rouges puissent rappeler que le pourpre était dans le passé la couleur des empereurs - et il y avait des papes d'autrefois qui étaient considérés comme tels - et que donc, le rouge est une couleur qui marque la seigneurie.

Ces faits sont eux-mêmes des signes - et celui qui pense que les formes ne sont que des coquilles vides est un illettré iconographique. C'est pourquoi nous avons des questions au sujet de la mode (du style).
Mais les interventions de Benoît dans la liturgie de l'église universelle sont d'une sorte différente - la Renaissance tranquille et progressive mais certainement intentionnelle des formes et des pratiques écclésiales dont beaucoup de catholiques ont semblé être honteux depuis la réforme liturgique qui a suivi le Concile Vatican II.
'Pré-conciliaire' est le slogan-choc contre la tradition de l'église considérée comme quelque chose devant être dépassé. Il résonne comme le mot 'pré-moderne', utilisé dans les discussions sur les sujets profanes - n'importe qui ou n'importe quoi qui est décrit par l'un ou l'autre mot est considéré comme périmé.
Par conséquent, le fait que le prêtre soit face à Dieu et tourne le dos à l'assemblée, coeur de la messe traditionnelle, était 'pré-conciliaire' - une chose avec laquelle il fallait en finir. L'opposition s'était enracinée, depuis la réforme liturgique d'après Vatican-II.
Aujourd'hui, à chaque fois qu'il a pu, Benoît a réhabilité les pratiques pré-conciliaires qui avaient été complètement remplacées, avec l'abandon virtuel de la Messe traditionnelle. Et ce n'est plus une question de mode. C'est relié avec tout ce que l'Eglise défend.

Un autre grand mot de la réforme post-conciliaire catholique était 'communio' , et sa parenté avec le mot 'communauté' est délibérée

Quand on repense au film de Michel-Angelo Antonioni, datant de 1970, "Zabriskie's point", montrant des gens nus à la messe dans un désert, ou des images de Woodstock - et puis, les vidéos des célébrations des JMJ et d'autres grands rassemblements catholiques, on peut comprendre. [Teresa note: seulement dans un sens superficiel ! Comme Joseph Ratzinger/Benoît XVI l'a souvent précisé, 'communio' a une connotation religieuse spécifique qui renvoie au mot grec koinonia.] Ce qui était pour les hippies une communauté libertaire de 'loving people' est pour beaucoup de catholiques la communauté des croyants, qui sont là pour occuper le centre de la messe post-conciliaire [Teresa note encore: ce n'est pas la communauté qui est au centre de la messe, mais le Christ ! Je me permets d'ajouter: en réalité, rien ne saurait mieux montrer la vraie nature de cette messe post-conciliaire, où l'homme se célèbre lui-même, alors qu'il devrait célébrer le mystère du Christ qui dans l'Eucharistie se donne à chaque fois aux fidèles. On est très loin du sacré]
En fait: l'auto-salut par l'unité.

Benoît voit les choses différemment. Le Crucifix est de nouveau au centre de l'autel, avec six cierges. Mais quelle quantité de retour à la tradition prévoit le pape? Jusqu'où poussera-t-il le changement des conventions post-conciliaires?
"Ceux qui le connaissent, dit Georg Gaenswein, savent qu'il a été très ferme sur le sujet de la continuité de la liturgie. Mais c'était devenu un tel 'dogma' que Vatican II a représenté une rupture avec le passé, bien qu'un Concile ne devrait jamais créer la moindre rupture. Le pape a le devoir de protéger et préserver la continuité de l'église, pour ne pas la rompre. Et en cela, le pape Benoît reste fidèle à lui-même".

Mais l'église catholique n'a-t'elle pas elle aussi, bien qu'à un moindre degré, le 'problème protestant' d'ignorer les formes? On a pu l'observer à l'Audience Générale, qui se tient dans l'Aula Paul VI - le hall pourrait être n'importe quelle salle destinée à accueillir des évènements profanes - aucun crucifix, aucune image religieuse, deux fenêtres de verre coloré avec des dessins abstraits, et derrière le pape, une sculpture moderne géante qui pourrait être la couverture d'un disque des années 60. [Teresa: La sculpture représente la résurrection, et si on sait cela, elle est suffisamment figurative.]

Gaenswein évite de commenter directement ces observations mais explique qu'il n'est pas vraiment un fan de la salle Paul VI.
"Elle a été conçue pour de grandes assistances. Avant il n'y avait aucun lieu de réunion pour des assistances de 6.000 à 10.000 personnes"
"D'ailleurs, précise-t'il, on a failli démolir davantage de bâtiments du Vatican que ceux qui ont été démolis pour faire place à l'Aula Paul VI ; il y avait des plans qui prévoyaient même de démolir le Palais du Saint-Office qui est l'un des bâtiments les plus importants et les plus historiques du Vatican, et le siège de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il a été épargné uniquement parce que Paul VI a respecté les souhaits du cardinal Ottaviani qui était alors le préfet du CDF."

Revenant à la question de la liturgie, Gaenswein commente : "Il était clair à n'importe qui de sensé que beaucoup de développements erronés avaient eu lieu dans l'Eglise, dans la liturgie et en dehors. Mais le pape Benoît n'est absolument pas un iconoclaste qui fonce comme un bulldozer. Il considère les choses comme elles sont, et il agit en conséquence, en douceur et parfois graduellement, mais de façon décisive."
Que va-t-il se produire, alors ? Benoît XVI, qui souligne continuellement la continuité de l'église et de ses rites, s'en tiendra-t'il aux corrections qu'il a faites jusqu'ici, ou d'autres suivront-elles? "
Là où il n'a pas encore atteint son but en termes de continuité, oui, il ira de l'avant. Naturellement, il y en a, dans le clergé, qui n'apprécient pas, y compris beaucoup parmi ceux qui sont plus jeunes que moi." Il veut parler des corrections à la réforme liturgique post-conciliaire, de l'indignation de prêtres aussi bien que de laïques.

Mais à quoi ressemblait Georg Gaenswein comme jeune homme ? Est-ce que sa vie l'a mené directement là où il est maintenant, ou y a-t'il eu quelques ruptures ?
Sur les sujets dont nous venions de discuter, il dit qu'il avait envisagé tous les arguments "contre" quand il était étudiant.
"Durant mes études de théologie à Freiburg, j'ai eu la chance de me lier d'amitié avec quelqu'un qui est venu tard à la vocation - il avait 20 ans plus que moi. Et je lui suis très reconnaissant".
- Pour quelle raison ?
" Qu'il ne m'ait pas permis de poursuivre de fausses lumières".
- Il vous connaissait bien ?
" Évidemment. Il y avait un certain nombre de condisciples plus âgés, comme lui, qui sont venus pour étudier en vue du sacerdoce, et qui ont résisté à la contamination progressiste."
- Ainsi votre chemin n'a pas eu de rupture?
"Eh bien, je n'avais pas l'intention d'être un prêtre séculier, je voulais rejoindre un ordre monastique strict, et j'ai été attiré par les Carthusiens."
Les Carthusiens, qui sont probablement le plus strict des ordres ! L'ordre du silence. Les moines qui se réveillent au milieu de la nuit pour chanter ensemble leurs chansons merveilleuses dans l'éloge du Seigneur mais qui autrement n'échangeront pas un mot les uns avec les autres !
Ainsi le jeune homme de la Forêt Noire, ex-professeur de ski et, aujourd'hui secrétaire personnel du Pape, a voulu être un moine ! On ne peut imaginer un plus grand contraste avec l'image médiatique de lui comme 'George Clooney'
"Je me suis confessé une fois à un vieux moine dans un monastère Carthusienn, et je lui ai demandé 'Mon père, que dois-je faire?'; il m'a dit, 'Finis d'abord tes études. Si après, la question se pose encore, alors reviens ici'. Plus tard, j'ai pensé que je deviendrais un moine bénédictin… puis graduellement, je me suis éloigné de l'idée et me suis bientôt retrouvé prêtre séculier". Qui vit dans le monde et non pas enfermé dans un monastère.

Un autre plan inaccompli trahit qu'il souhaitait vraiment un style de vie plus méditatif. "J'ai voulu me spécialiser en l'histoire et en histoire de l'Eglise" . Il n'a pas abandonné cet intérêt.

Et l'histoire nous entoure, alors que Georg Gaenswein nous guide à travers le palais apostolique. Il y a tellement de choses à remarquer, et il fait cela si bien. Même si Castel Gandolfo n'offre pas comme le Vatican ce mélange typique de salles souvent riches de trésors artistiques et de mobilier du XVIIème siècle.
La résidence d'été du pape a été restaurée et meublée dans les années 30 [après des décennies de désuétude] dans un style volontairement sobre. Mais la marqueterie des sols de marbre est impeccable ; les tapisseries ornant les salles de réception bleues, vertes et rouges sont splendides.

Nous nous rendons dans la chapelle privée du Pape, initialement restaurée pour Pie XI (le pacte du Latran en 1929 avaient restitué à la papauté, entre autres propriétés, Castel Gandolfo, après la confiscation de toutes les propriétés de l'Eglise hors du Vatican lors de la réunification de l'Italie, au milieu du XIXème siècle).
Puis la grande salle d'audience. Georg Gaenswein se dirige vers une porte à l'extrémité d'un long couloir. "Derrière , dit-il, il y a les appartements privés du Saint-Père". Il ajoute tout de suite, voyant l'intérêt évident dans le regard de son visiteur: "c'est une double porte."
- Travaille-t-il là, en ce moment?
" Oui, il écrit probablement. Ici, à Castel Gandolfo, il trouve ici et là le temps de travailler à son nouveau livre."
Nous faisons un pas sur un balcon. La lumière pâle de la soirée met le paysage en relief - cela ressemble à une peinture. Au-dessous de nous, d'un bleu profond, il y a le lac d'Albano, et dans les collines, sur l'autre rive, il y a d'autres villages et des palais d'été. Dans le lointain, la mer est légèrement bleu-argent [la mer tyrrhénienne].
"Et en bas, dans les jardins, nous indique-t-il, c'est là que nous faisons habituellement un tour, à midi ou dans l'après-midi. Mais nous allons également dans d'autres endroits du parc."
'Nous', cela veut dire Benoît XVI et lui-même.
Jamais le public ne s'est autant intéressé au secrétaire personnel d'un Pape, et beaucoup au Vatican n'apprécient pas. Certains en sont même indignés.
Ils devraient se calmer. C'est inévitable. Non seulement parce que Don Giorgio est très bel un homme, mais parce qu'aujourd'hui, il y a des caméras partout, il y a nos yeux voraces.
Les caméras de télévision, les appareils-photo des 'news', ont toujours faim d'images, ainsi va le monde. La personnalité de Jean-Paul II s'est prêtée à alimenter cet appétit. Mais le patron de Georg Gaenswein est d'une nature différente. Et il a un paratonnerre dans la personne de son secrétaire, qui peut être sous les projecteurs tandis qu'il prie, écrit et pense. Comme il le fait en ce moment, dans cette heure bleue paisible, derrière ces doubles portes.