Joseph Ratzinger et le Concile Vatican II

Protagoniste des assises, témoin, et aujourd'hui gardien (9/10/2012)

>>> Voir:
L'herméneutique de la réforme

>>> Le blogue du Mesnil-Marie propose une synthèse remarquable à lire ici (première partie ici):

Un article sur ANSA
(traduction)
--------------------------

Jeune théologien, au Concile, Joseph Ratzinger était l'assistant de l'archevêque de Cologne Frings, opposé au cardinal Ottaviani, c'est-à-dire au préfet du Saint-Office et président de la commission théologique, qui cherchait à freiner les réformes.
En tant que Pape, il s'apprête à célébrer solennellement le cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II, à l'occasion duquel il a appelé une Année de la Foi pour relancer la nouvelle évangélisation.
Comme expert conciliaire, il a été compté parmi les «progressistes» et a participé aux réunions de la «fronde» de langue allemande dans le Collège romain de Santa Maria dell'anima, mais , comme professeur en Allemagne, il a subi les répercussions de l'après-Concile au cours des années tendues de la contestation. La vie, la recherche théologique et la réflexion spirituelle de Benoît XVI-Joseph-Ratzinger sont entrelacées de manière singulière avec le grand événement ecclésial du XXe siècle. Du Concile Vatican II, le pape Benoît XVI est à la fois protagoniste, témoin et gardien.
Et si, dans une interview de 77, celui qui était alors le cardinal Ratzinger (ndt: il venait juste d'être nommé) a affirmé que le Concile était «un tremblement de terre et en même temps une crise salutaire», à ce jour sa réflexion la plus exhaustive sur l'héritage du Concile est celle qu'il a faite dans le premier discours de Noël à la Curie après son élection à la papauté, en Décembre 2005 .

La catégorie qu'il a choisie pour évaluer les assises œcuméniques du XXe siècle est celle de la «réforme», celle-la même, a-t-il rappelé, «présentée» par Jean XXIII et Paul VI.
«Herméneutique de la discontinuité et de la rupture» et «herméneutique de la réforme», pour le Pape, ce sont deux interprétations du Concile «qui se sont retouvées face à face et en conflit entre elles: l'une a porté la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté ses fruits». Il n'est pas rare que «la première interprétation ait rencontré la sympathie des mass media et aussi de la théologie moderne», mais «elle court le risque d'aboutir à une rupture entre Eglise préconciliaire et Eglise conciliaire».
Benoît XVI a enquêté sur les risques de la conviction que la fidélité envers le Concile doive être particulièrement sur son «esprit» plutôt que sur les textes, faisant ainsi place à «tous les caprices».
«Il ne faut pas considérer le Concile - a-t-i dit - comme une sorte de Constituante, qui élimine une vieille constitution et en crée une nouvelle»,« mais «l'Assemblée constituante a besoin d'un mandataire, puis d'une confirmation de la part du mandataire, à savoir les personnes à laquelle la Constitution allait servir, les Pères n'avaient pas un tel mandat; et du reste, personne ne le leur avait donné, et aucun n'aurait pu le faire car la constitution essentielle de l'Eglise vient du Seigneur ... ».
Le Pape, qui s'exprimait quarante ans après la fin du Concile, observe que «nous pouvons relever que le positif est plus grand et plus dynamique que ce qu'il a pu apparaître dans les années autour de 1968, et aujourd'hui, nous voyons que la bonne semence, même si elle se développe lentement, grandit et se développe, de même que notre profonde gratitude pour le travail accompli par le Concile».
La «vraie nature de la réforme» conciliaire, pour le Pape, est donc «dans l'ensemble de continuité et de discontinuité à différents niveaux». Et «les décisions de l'Eglise sur des questions contingentes devaient nécessairement être elles-mêmes contingentes». Parmi ces formes contingentes, le Pape a inclus «certaines formes concrètes de libéralisme ou d'interprétation libérale de la Bible».

Il y a aussi une critique au fait de considérer la liberté de religion «comme une expression de l'incapacité de l'homme à trouver la vérité».
En plus d'une analyse approfondie de la relation entre l'Eglise missionnaire et le concept de vérité, Benoît XVI a analysé le concept de «l'ouverture au monde moderne» tel que défini par le Concile: «Ceux qui espéraient qu'à travers ce "oui" fondamental à l'époque moderne, toutes les tensions se seraient relâchées et que l'"ouverture au monde" ainsi réalisée aurait tout transformé en une pure harmonie, avaient sous-estimé les tensions intérieures et les contradictions de l'époque moderne elle-même».
«Ce n'était certainement pas l'intention du Concile - selon Benoît XVI - d'abolir la contradiction de l'Evangile face aux dangers et aux erreurs de l'homme. En revanche, son intention était certainement d'écarter les contradictions erronées ou superflues, pour présenter à notre monde l'exigence de l'Evangile dans toute sa grandeur et sa pureté»