La place des femmes dans l'Eglise

et le thème archi-rebattu du sacerdoce féminin. Une réflexion "vécue" de Monique (27/11/2012)

Image ci-contre: Sainte Bakhita (2)

     

Le thème rebattu de la place des femmes dans l'Eglise.
Monique T.
27/11/2012
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Ce débat est toujours engagé de la même façon: celui d'un pouvoir à conquérir, selon le schéma marxiste de l'opprimé en lutte contre l'oppresseur. Tous les catholiques "adultes" sont pour l'ordination des femmes et seuls quelques niais y trouvent à redire. En effet, le sacerdoce n'est pas un pouvoir mais un service, bien illustré par Jésus lui-même avec le Lavement des pieds.

Les femmes qui revendiquent l'accès au sacerdoce, comme si c'était une fonction gratifiante à occuper, oublient complètement qu'il s'agit d'un appel de Dieu. Il n'y a pas plus de droit au sacerdoce que de droit à l'enfant. Sans compter que Jean Paul II a clos définitivement le débat (1) et si l'on veut ergoter sur toutes les décisions des Papes, on se met légèrement en marge de l’Eglise, pour ne pas dire plus.

Quand on dit que les femmes n'ont que très peu de place dans l'Eglise, de qui se moque-t-on? Ceux qui n'ont pas remarqué qu'aux côtés du prêtre, ce sont essentiellement des femmes qui font vivre les paroisses ne doivent pas souvent fréquenter les églises et ne sont donc pas habilités à porter un jugement éclairé sur ce qui s'y passe. On sait très bien que la catéchèse est presque exclusivement entre les mains des femmes: ce qui est d'ailleurs un grave problème car les enfants manquent de modèles chrétiens masculins, dans le cas où leur père est incroyant ou indifférent. Les enfants ont donc tendance à en déduire que la religion est une affaire de femmes et même de femmes âgées, car dans la famille, la seule personne à pratiquer est souvent une grand-mère. On peut ajouter à cela que les jeunes garçons qui ne rencontrent que de gentilles dames mais presque jamais de prêtres (de plus en plus rares et surchargés) au cours de leurs années de catéchisme et d'aumônerie ne peuvent songer au sacerdoce que par miracle. Car Dieu appelle mais il se sert de médiations humaines, qui n'existent plus aujourd'hui.

Si nous disons que les femmes sont nombreuses à s'investir dans l'Eglise, on nous rétorque avec le plus grand mépris pour celles qui sont concernées : « Oui, mais toujours dans des rôles subalternes ».
Apporter le Corps du Christ à des malades, les assister à l'hôpital, s'occuper des pauvres, présider des funérailles, visiter les prisonniers, enseigner le catéchisme etc., tout cela serait donc sans valeur?
Mais qu'a donc fait Mère Teresa toute sa vie? Ainsi que des milliers de saintes? Nous sommes tous appelés à la sainteté et non à occuper des postes. On peut se sanctifier en balayant l'église (dans ma paroisse, plusieurs hommes le font aussi). Parmi les saints, on trouve aussi bien des Papes et des docteurs que des servantes, comme Ste Bakhita (2) dont le nom est inscrit pour l'éternité dans l'encyclique Spe Salvi de Benoît XVI. Parmi les femmes actives dans l'Eglise, n'oublions pas les mères de famille qui élèvent chrétiennement leurs enfants sans faire de bruit et qui sont encore plus utiles que les femmes qui œuvrent à l'extérieur.

On entend aussi souvent dire qu'au Vatican peu de postes sont occupés par des femmes. C'est vrai, mais on ne peut pas confier à des femmes des fonctions qu'il vaut mieux lier au sacerdoce. C’est le cas des cardinaux de la Curie. Et pourquoi postule-t-on que l'Eglise serait mieux gouvernée avec des femmes au plus haut niveau et partout? Quand on voit ce qui se passe dans certains gouvernements, on peut se permettre d'en douter! Benoît XVI avait manifesté l'intention d'ouvrir davantage les portes aux femmes, là où c'est possible. Ceci a été appliqué à l’Osservatore Romano. Ailleurs, je ne sais pas. De toutes façons, les personnes, hommes ou femmes, qui travaillent au Vatican représentent une fraction infinitésimale du peuple de Dieu et ce n'est pas à partir de cet exemple que l'on peut juger de la place des femmes dans l'Eglise universelle.

Pour ma part, je n'ai jamais rencontré la moindre entrave dans l'Eglise et celles qui se disent brimées ont beaucoup d'imagination. Elles épousent la mode de la victimisation partout répandue et avouent ainsi leur ambition toute mondaine et très peu évangélique de devenir responsables de ceci ou de cela ou d'occuper des postes d'autorité dans l’Eglise (comme dans l’Eglise anglicane que nous ne sommes pas obligés de singer), sans même évaluer le degré d'abnégation et le niveau de compétence que cela suppose. Je n'ai encore jamais rencontré une femme se plaignant d'avoir raté sa vie parce qu'elle n'avait pas pu devenir prêtre, évêque ou cardinal. Par contre, j'en ai rencontré plusieurs se lamentant de ne pas avoir pu mettre au monde des enfants.

Les femmes qui écrivent dans les journaux (y compris La Croix) et sur internet en faveur de l'ordination des femmes, « pour sauver l’Eglise » (c'est très à la mode!), ne voudraient pas du sacerdoce pour elles-mêmes, surtout si l'obligation du célibat subsistait pour les deux sexes! C'est juste une posture pour s'ajuster au monde, paraître modernes et mettre en accusation l'Eglise.
Celles qui aspirent vraiment à consacrer leur vie à Dieu ont toute latitude pour intégrer un ordre religieux féminin. En Occident, les congrégations religieuses ont toutes les peines du monde à « recruter » des jeunes femmes et on prétend par ailleurs que des foules de femmes aspirent au sacerdoce! De qui se moque-ton?
Il faut dénoncer le caractère artificiel et politique de cette revendication destinée à placer l’Eglise catholique sur la défensive. Je suis particulièrement agacée quand un évêque reste coi et penaud lorsqu'un journaliste met cette question de la place de la femme dans l’Eglise sur le tapis. L'évêque répond en général: « Oui, c'est vrai, les femmes n'ont pas assez de place dans l’Eglise (ce qui est faux! Ce sont les hommes qui manquent dans l’Eglise!) et il faudra y remédier dans l'avenir (comment, on ne sait pas) », au lieu d'avancer quelques arguments bien trempés.

La vérité c'est que les femmes compétentes qui veulent vraiment servir l'Eglise à un haut niveau ont d'infinies possibilités de le faire. Elles peuvent présider CARITAS, être théologiennes, présidentes d'universités catholiques, responsables d'associations et de la catéchèse, directrices d'institutions, professeurs de séminaires, abbesses, supérieures d'ordre, journalistes catholiques, observatrices aux synodes, traductrices (des livres du Pape, par ex.) et même Docteurs de l'Eglise, comme Ste Catherine de Sienne (influente auprès du pape et des monarques du temps) et Ste Hildegarde de Bingen, récemment proclamée.

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Notes

(1) Relire à ce sujet l'instruction de Jean-Paul II ORDINATIO SACERDOTALIS, en 1994 sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes:
" (...) afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église".

(2) Le 17 février 2007, Benoît XVI, en visite au Séminaire Romain Majeur évoquait en termes très émouvants la petite religieuse soudanaise (voir récit et video ici : beatriceweb.eu), à qui il fera par la suite l’honneur de consacrer un long paragraphe dans l’Encyclique Spe Salvi (§3)