La question de Dieu dans le monde d'aujourd'hui

Dans l'OR d'aujourd'hui, un théologien espagnol revient sur les catéchèses du Pape en l'Année de la foi. (29/11/2012)

Le 17 octobre 2012, Benoît XVI commençait sa catéchèse en ces termes:

Aujourd’hui je voudrais introduire le nouveau cycle de catéchèses, qui se développe sur toute l’Année de la foi qui vient de débuter et qui interrompt — pendant cette période — le cycle consacré à l’école de la prière. Avec la lettre apostolique Porta Fidei j’ai proclamé cette année spéciale, précisément pour que l’Église renouvelle l’enthousiasme de croire en Jésus Christ, unique sauveur du monde, ravive la joie de cheminer sur la voie qu’il nous a indiquée, et témoigne de manière concrète de la force transformatrice de la foi.

Depuis ce jour, il y a consacré toutes ses catéchèses, et il est peut-être utile de faire une pause pour les relire.

A suivre (avec passion) bien sûr.
José María Gil Tamayo (notice wikipedia ici), théologien peut-être surprenant déjà croisé dans ces pages (cf. Le Pape de la joie) consacre au thème un très bel article dans l'OR d'aujourd'hui.
Ma traduction.

     

Le pape et la question de Dieu dans le monde d'aujourd'hui
Cet athée, mon voisin...
José María Gil Tamayo
(Texte en italien: Raffa)
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Il est frappant de constater que le contenu central du livre de Benoît XVI, L'Enfance de Jésus, a été éclipsé, dans certains médias, par la question de la présence ou l'absence dans la grotte de Bethléem, de l'âne et du bœuf (cf. Le boeuf, la mule... et les ânes ), détournant l'attention du point focal de l'œuvre, qui comme le Pape lui-même l'a souligné, n'est pas un acte du magistère pontifical, mais l'expression de sa recherche personnelle et théologique du visage du Seigneur.
Peut-être, au-delà de l'aspect anecdotique, la confusion des médias est-elle un signe de la sécularisation et de la désertification spirituelle Benoît XVI identifie comme le principal problème de l'Eglise de notre temps. Et l'un des symptômes les plus douloureux, c'est la marginalisation silencieuse et transversale de Dieu de la vie privée et publique.

Ceci est également affirmé par l'archevêque et théologien espagnol Fernando Sebastián dans son dernier ouvrage «La fe que nos salva» quand il assure que «le problème numéro un l'Eglise d'aujourd'hui est d'aider les gens à croire».
Selon lui, en effet, «hier, l'athéisme était dans l'esprit de quelques philosophes. Aujourd'hui, l'athéisme nous l'avons à la maison, chez les cousins,les neveux, les voisins. L'athéisme nous concerne tous, et vivre comme si Dieu n'existait pas est devenu une sorte d'athéisme par omission».

Remédier à cette situation, et remettre à nouveauu Dieu au centre est ce que Benoît XVI est en train de faire.

Selon le Pape cet effort est également nécessaire dans l'Eglise, car «le défi d'un esprit fermé à la transcendance - a-t-il dit le 25 Novembre 2011 - oblige également les chrétiens eux-mêmes à revenir de manière plus décisive à la centralité de Dieu (...) C'est pourquoi il est non moins urgent de reproposer aussi la question de Dieu dans le tissu même de l'Eglise».

C'est à cette tâche de retourner à Dieu que Benoît XVI consacre depuis plus d'un mois ses catéchèses du mercredi.

Comme par le passé dans les cours de théologie que le professeur Joseph Ratzinger a donnés aux étudiants de l'université de Tübingen - recueillis il y a quarante ans dans le volume Einführung in das Christentum («Introduction au christianisme») - de la même façon, dans le cycle actuel de catéchèses, le Pape explique que «la foi n'est pas une simplereconnaissance intellectuelle par l'homme de vérités spécifiques sur Dieu, c'est un acte par lequel je me confie librement à un Dieu qui est Père et qui m'aime; c'est l'adhésion à un «Tu» qui me donne l'espérance et la confiance. Certes, cette adhésion à Dieu n'est pas dénuée de contenu: avec elle, nous sommes conscients que Dieu lui-même s'est montré à nous dans le Christ, il nous a fait voir son visage et est devenu proche de chacun de nous » (24 Octobre 2012).

Telle est la proposition fondamentale de l'«Année de la foi» que le Pape a appelée pour faire revivre dans l'Eglise la joie de croire à travers la récupération de la primauté de Dieu, parce que «si Dieu perd sa centralité, l'homme perd sa place, ne trouve plus sa place dans la création, dans les relations avec les autres» (14 Novembre 2012).

Sans Dieu, tout se retourne contre l'homme.
Pour sa part l'homme, que Benoît XVI appelle «mendiant de Dieu», porte en lui «un mystérieux désir de Dieu» (7 Novembre 2012), qui ne peut rester une passion inutile, mais doit se transformer en un désir profond, nourri de joies authentiques et de désir de plénitude.

Certes, la réponse de l'homme est essentiellement réponse à Dieu: mais aussi, et justement pour cette raison, elle est aussi réponse aux autres à travers l'œuvre d'évangélisation, qui à son tour est communication avec Dieu.
«Parler de Dieu - nous rappelle le Pape - c'est de communiquer, avec force et simplicité, avec la Parole et avec la vie, ce qui est essentiel: le Dieu de Jésus-Christ, le Dieu qui nous a montré un amour si grand qu'il s'est incarné, est mort et ressuscité pour nous; ce Dieu qui nous demande de suivre et de nous laisser transformer par son amour immense pour renouveler notre vie et nos relations; ce Dieu qui nous a donné l'Eglise, pour marcher ensemble et à travers la Parole et les Sacrements, renouveler la Cité des hommes toute entière, afin de devenir la Cité de Dieu»( 28 Novembre 2012 ).

Celles de Benoît XVI sont des catéchèses de l'essentiel, pour conduire à Dieu les hommes et les femmes de notre temps.

(© L'Osservatore Romano, 30 Novembre 2012)