L'Année de la foi de Mgr Chaput

L'archevêque de Philadelphie s'est exprimé longuement devant le Catholic Life Congress, dans sa ville, le 17 novembre dernier. Il a posé très précisément le diagnostic, et proposé les remèdes, contre la perte de la foi... en Amérique mais, aussi, et plus encore, chez nous. Ma traduction complète de sa formidable conférence (26/11/2012)

Où l'on verra que Mgr Chaput est un grand pédagogue... et un grand cinéphile!

Texte original en anglais: catholicphilly.com/2012/11/archbishop-chaput
Ma traduction.

     

Renouveler l'Église et sa mission dans une Année de la Foi
Catholic Life Congress, Philadelphia
17 Novembre 2012
+ Charles J. Chaput
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Mes commentaires aujourd'hui seront simples. Je veux me concentrer sur trois points.
Le premier point est où nous en sommes en tant qu'Eglise et en tant que catholiques individuels, étant donné le contexte actuel de notre pays.
Le deuxième point est ce que nous devons faire à ce sujet.
Et le troisième point est ce que nous devons être - ou devenir - pour vivre le genre de témoignage que Dieu veut de nous. Avant d'en arriver là, toutefois, je tiens à présenter quelques réflexions préliminaires.

Le langage a de l'importance. Il exprime et façonne notre pensée. Un langage vulgaire suggère une âme vulgaire. Évidemment, de nombreuses exceptions existent. Un paysan peut avoir un vocabulaire grossier et mener une vie sainte. Et un leader politique peut avoir une langue d'or et être un menteur absolu. Mais en général, les mots sont révélateurs. Ils ont du pouvoir parce qu'ils ont un sens. Donc, nous devrions prendre soin de les comprendre et de les utiliser correctement.

Les paroles du Credo de Nicée sont la déclaration définitive de l'identité chrétienne. Ils sont le ciment de la communauté catholique. Les Juifs sont des Juifs du fait d'être né d'une mère juive. Mais être un chrétien n'a rien à voir avec le sang ou une tribu ou une origine ethnique ou nationale. L'identité chrétienne provient des sacrements, de la sainte Ecriture et du Credo. Ce que nous croyons et professons ensemble pour être vrais en tant que catholiques est le fondement et le ciment de notre unité.

Chaque mot dans le Credo a été prié, argumenté et clarifié par des décennies de lutte de l'Église primitive. Les mots sont précieux et sans compromis. Ils nous dirigent vers Dieu et nous distinguent dans le monde. Quand les gens prétendent parfois que l'islam et le christianisme ont beaucoup en commun, ils devraient lire - ou relire - le Credo. Les Catholiques prient le Credo chaque dimanche à la messe comme le cadre et la profession fondamentale de notre foi. Les musulmans pieux en rejettent presque chaque ligne.

Au cours d'une vie, un catholique récite le Credo de Nicée, ou le Credo des Apôtres, des milliers de fois. Mais si nous sommes honnêtes, nous devons admettre que nous marmonnons souvent des mots sans même y penser. Cela a des conséquences. Moins nous comprenons les paroles du Credo et en vénérons la signification sous-jacente, plus nous dérivons loin de notre identité catholique - et plus nous devenons confus à propos de ce que nous sommes vraiment en tant que chrétiens. Nous devons donner nos cœurs à ce que nous entendons et ce que nous disons dans notre prière publique. Sinon, petit à petit, nous devenons malhonnêtes.

Voici mon but en disant tout cela. Le thème dont nous sommes là pourparler aujourd'hui est: «Renouveler l'Église et sa mission dans une Année de la Foi». Quatre de ces mots méritent une certaine attention: renouveler, Église, mission, et foi.

1. Commençons par ce premier mot: renouveler.
Au fil du temps, même les mariages les plus forts peuvent s'user avec les difficultés ou la lassitude. Des couples renouvellent leurs vœux pour rappeler et renforcer leur amour l'un pour l'autre. L'histoire de l'Eglise est en grande partie la même. L'histoire a montré à maintes reprises qu'au cours du temps, la vie de l'Eglise peut devenir routine; puis revirement; et puis stagnation et cynisme, ou pire. Dieu nous envoie des saints comme Bernard de Clairvaux, François d'Assise, sainte Thérèse d'Avila et Catherine de Sienne pour changer cela; pour nettoyer le cœur même de l'Eglise - en d'autres termes, pour la rendre à nouveau jeune. Ils ravivent le «feu sur la terre» (Lc 12:49) que Jésus voulait que tous ses disciples soient.

De nos jours, on peut voir le même travail de l'Esprit Saint dans le Chemin Néo-catéchuménal, le Mouvement de Vie Chrétienne (Christian Life Movement), .. et tant d'autres nouveaux efforts apostoliques. Les nouveaux mouvements ecclésiaux sont un moment très important de grâce pour l'Eglise, y compris l'Eglise de Philadelphie. Il ne faut pas les craindre, parce que c'est exactement la façon dont les franciscains et d'autres communautés religieuses ont autrefois commencé. Nous devrions nous réjouir sans réserve du zèle derrière ces nouveaux charismes, alors même que nous les testons. L'Église a toujours besoin de changement et de réforme - mais de changement et de réforme qui restent fidèles à Jésus-Christ et à l'âme de l'enseignement catholique. Le véritable renouveau est organique, et non pas destructeur.

2. Tournons-nous à présent vers le deuxième mot: Eglise.
L'Eglise n'est pas un «quoi», mais un «qui»; pas un «objet» (it), mais une personne (she). Personne ne peut aimer l'Eglise en tant qu'institution, pas plus qu'on ne peut aimer General Motors ou l'IRS (ndt: Internal Revenue Service, le fisc aux Etats-Unis). L'Église a des formes institutionnelles parce qu'elle a besoin de travailler dans les structures juridiques et matérielles du monde. Mais l'essence de l'Eglise est d'être Mère et Maîtresse; guide et consolatrice; famille et communauté de foi. C'est comme cela que nous devons penser à elle. Et l'Eglise est «Son» Église - l'épouse de Jésus-Christ - et pas «notre» Eglise dans le sens que nous la possédons ou que nous avons le pouvoir de réécrire ses enseignements.

Le grand évêque du troisième siècle, saint Cyprien, a dit que «Vous ne pouvez pas avoir Dieu pour Père, si vous n'avez pas l'Église pour mère». Nous devons appartenir à l'Église comme ses fils et filles. L'Eglise doit vivre dans nos cœurs comme notre famille, et nous devrions venir ensemble le dimanche pour nous aimer et nous renforcer mutuellement en tant que famille, pour prier notre Père et partager la nourriture qu'il nous donne en son Fils.

Notre culte du dimanche doit être vivant et plein de foi, et célébré avec conviction et joie. Briques et mortier sont une coquille morte, sans le zèle pour Dieu et pour le salut de chacun, qui brûle à l'intérieur des murs de la paroisse.

3. Le troisième mot est mission.
Notre mission - notre but et notre tâche en tant que disciples chrétiens - est simple: «Faites des disciples de toutes les nations» (Mt 28:19). Jésus a voulu dire exactement ce qu'il a dit, et il entendait ces paroles de l'Evangile pour nous tous, y compris vous et moi. Nous devons apporter Jésus Christ au monde entier, et le monde entier vers Jésus-Christ. Notre mission découle directement de la vie intérieure de la Trinité. Dieu a envoyé son Fils. Le Fils envoie son Eglise. Et l'Église nous envoie.

Évidemment, nous ne pouvons pas convertir le monde tout seuls. Nous ne sommes pas appelés à réussir. Le succès est l'affaire de Dieu. Notre entreprise est d'essayer, de travailler ensemble et de nous soutenir les uns les autres comme croyants, et de toujours demander l'aide de Dieu. Dieu est à l'écoute. Il va s'occuper du reste. Mais nous devons essayer. Nous devons être plus que des mainteneurs de vieilles structures. Nous devons être des missionnaires.

4. Quatrièmement et finalement, il y a ce mot foi.
La foi n'est pas une émotion. Ce n'est pas un ensemble de doctrines ou d'idées, mais toutes ces choses jouent un rôle important dans la vie de foi. La foi est la confiance dans les choses invisibles fondées sur la parole de quelqu'un que nous connaissons et aimons - dans ce cas, Dieu.

La foi est un don de Dieu. Il nous choisit. Nous pouvons certainement demander le don de la foi, et quand il est offert, nous pouvons librement choisir de l'accepter ou non. Mais l'initiative est à Dieu, et seule une rencontre vivante et une relation vivante avec Jésus-Christ rendent la foi durable.

La foi nous ouvre les yeux sur la réalité vraie de Dieu. Parce que nous voyons avec des yeux nouveaux, nous avons des raisons d'espérer. Et l'espoir permet de charité en nous permettant de mettre de côté la peur et de regarder au-delà de nous-mêmes, vers la souffrance et les besoins des autres. L'histoire est façonnée et la vie est avancée par des gens qui croient en quelque chose de plus important qu'eux-mêmes. Ainsi la foi est la pierre angulaire de la vie chrétienne, parce qu'elle nous agrandit, elle nous anime; elle est sans repos. Elle doit être partagée, sinon elle meurt. Elle nous emmène en dehors de nous et nous permet de prendre ldes risques.

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Maintenant, revenons aux trois points que j'ai mentionnés au début de cet exposé.

A. Le premier point dont je veux parler, est: où nous en sommes comme Église et comme catholiques individuels, étant donné le contexte actuel de notre pays. Nous devons connaître les faits de notre terrain pastoral avant que nous puissions renouveler ou réaliser quelque chose.

Certains d'entre vous ici aujourd'hui ont probablement vu le film d'il y a quelques années, intitulé "Cinderella Man" (2005, titre français "De l'ombre à la lumière", réalisé par Ron Howard, avec Russel Crowe dans le rôle-titre ).
Il est basé sur une histoire vraie - l'histoire de Jimmy Braddock, le boxeur irlandais catholique venu de nulle part pour remporter le championnat du monde des poids lourds en 1935. Sans travail, blessé et pauvre au milieu de la Grande Dépression, Braddock ne trahit jamais sa femme. Il ne renonce jamais à ses devoirs de père. Il est honnête, humble, reconnaissant, laborieux, fidèle à ses amis, et il rembourse chaque centime qu'il reçoit de l'aide aux chômeurs par l'Etat. Surtout, Braddock accepte les coups que la vie lui donne à la fois sur et hors du ring. Il les subit sans amertume. Il n'abandonne jamais. Et à la fin, il fait quelque chose de presque miraculeux. Il remporte le titre contre le grand champion Max Baer.
Les gens qui aiment ce film l'aiment pour une raison, en dépit de sa violence: à bien des égards, le personnage de Jimmy Braddock incarne le meilleur de la vertu américaine.
Le problème, c'est que de moins en moins de cette vertu semble aujourd'hui survivre dans la vie américaine, sinon comme une forme de nostalgie. Et la nostalgie est juste un autre fil dans ce cocon d'irréalité qui nous entoure 24 heures par jour sur nos écrans, dans nos théâtres, dans notre marketing de masse et sur le web.

En un sens, notre pouvoir politique et économique, notre dépendance au confort, à la consommation et au divertissement, nous ont rendus stupides.
David McCullough, le lauréat du prix Pulitzer, a récemment déclaré que nous sommes devenus «historiquement analphabètes» en tant que nation. Il raconte l'histoire d'une étudiante d'une université prestigieuse qui a assisté à une de ses conférences et l'a remercié par la suite. Jusqu'au jour où elle l'a entendu parler, dit-elle, elle ignorait que les 13 colonies américaines originelles étaient situés sur la côte est.

Le taux d'analphabétisme dépasse l'histoire et d'autres matières académiques. Christian Smith, chercheur en sciences sociales à l'Université Notre-Dame, a suivi avec ses collègues dans les moindres détails la vie spirituelle des jeunes adultes et adolescents d'aujourd'hui. Les résultats donnent à réfléchir. De même que les implications. La vraie religion d'un grand nombre de jeunes Américains est une sorte de gentillesse morale floue, avec un Dieu générique, peu exigeant sur les devoirs, qui doit nous rendre heureux chaque fois que nous en avons besoin. C'est ce que Smith appelle «le déisme moraliste thérapeutique».

Ou, pour dire les choses comme une jeune femme du Maryland, «C'est juste ce qui vous fait vous sentir bien».
Comme Smith l'observe: «Ce n'est pas tellement que le christianisme aux États-Unis est sécularisé. De manière un peu plus subtile, soit le christianisme dégénére en une version pathétique de lui-même soit, de façon plus significative, il est activement colonisé et remplacé par une foi religieuse très différente».

Tel est l'héritage - pas la seule partie de celui-ci, mais la plus triste - que ma génération, la génération du baby boom, a laissé à l'Eglise aux Etats-Unis. Plus de 70 millions d'Américains se décrivent comme catholiques. Mais en pratique, ils ne sont pas différents des autres dans leurs vues, leurs appétits et leurs comportements.
Ce n'est pas ce que le Concile Vatican II avait en tête quand il a commencé ses travaux il y a 50 ans. Ce n'est pas ce que le Concile Vatican II entendait par «réforme». Et laissée à elle-même, notre vie comme Eglise ne va pas aller mieux. Elle va s'aggraver. Donc, si nous voulons un véritable renouveau de la foi catholique, à Philadelphie, aux États-Unis et dans le monde, il faut commencer par nous, ici et maintenant.

B. Cela m'amène à mon deuxième point: ce que nous devons faire au sujet des réalités pastorales auxquelles nous sommes confrontés. En appelant une Année de la Foi, le pape Benoît XVI a dit que «le renouveau de l'Église est ... atteint à travers le témoignage offert par la vie des croyants» (Porta Fidei, n°6). Cela signifie nous tous - clergé, religieux et laïcs. Nous devons tous faire repentance, et nous avons tous besoin de conversion.

La crise des abus du clergé de la décennie écoulée a été une terrible tragédie. Elle a causé de grandes souffrances. Elle a blessé de nombreuses victimes innocentes. Elle a éloigné de l'Église des milliers de braves gens. En tant qu'évêque, je regrette amèrement ces choses, et je leur demande pardon - en particulier aux victimes, mais aussi à notre peuple et aux prêtres. Dieu nous demandera des comptes, à nous, évêques, pour la douleur qui en a résulté. Et je l'accepte comme un jugement juste.

Mais si nous sommes honnêtes - et il ne peut y avoir aucune vraie réforme, aucun renouvellement réel, sans honnêteté - nous devons admettre que les problèmes de la vie catholique américaine d'aujourd'hui sont beaucoup plus larges et beaucoup plus profonds que tout le scandale du clergé. Et ils ont grandi de plus en plus dans nos propres cœurs depuis des décennies.
Si les jeunes sont moralement et religieusement ignorants par millions, ils n'ont pas pris ce chemin d'eux-mêmes. Nous le leur avons appris. Ils ont appris de notre indifférence, de notre complaisance, nos compromis moraux, notre égocentrisme, notre volonté de réussir, notre vanité, notre avidité, notre manque de conviction catholique et de zèle.

Nous avons fait ce moment ensemble - prêtres, religieux et laïcs. Et Dieu ne nous aidere à défaire les erreurs du passé, et à les refaire dans un moment de renouvellement, que si nous choisissons aujourd'hui de servir les desseins de Dieu ensemble.

Si nous voulons vraiment une nouvelle vie dans l'archidiocèse, certaines choses que nous devons faire sont évidentes.

-- Nous devons protéger et éduquer nos jeunes. Nous devons faire comprendre à leurs cœurs que le salut n'est pas une pieuse fiction, mais une affaire aux conséquences éternelles, un don de Dieu, qui lui a coûté la vie de Son propre Fils. Nos écoles catholiques sont essentielles dans ce travail. Saint John Neumann fonda nos écoles il y a 150 ans pour protéger la foi de nos jeunes de la pression protestante dans les salles de classe. Mais ces mêmes écoles catholiques sont encore plus importantes aujourd'hui dans une époque de sécularisation agressive, de confusion morale et de critique acerbe de l'Eglise.

-- Nous devons faire beaucoup plus pour soutenir les prêtres, les diacres et les religieux qui accomplissent si généreusement leur ministère dans les communautés des minorités. Des minorités qui apportent une énorme transfusion de vie nouvelle dans l'Église. Nous devons également aider nos communautés des minorités à voir qu'elles aussi ont part à l'appel de Dieu à être des missionnaires.

-- Nous devons utiliser nos ressources matérielles beaucoup plus judicieusement - et nous devons en être responsables.

-- Nous devons être à nouveau désireux d'inviter les jeunes hommes à la prêtrise, à commencer par les parents qui encouragent leurs fils à la maison. Rien n'est plus héroïque comme mode de vie qu''un sacerdoce vécu avec pureté et de zèle. Et nous devons former nos jeunes prêtres à être plus que des responsables et des gestionnaires, mais des missionnaires réels, des hommes nouveaux pour un nouveau type de champ de mission, avec une faim d'amener le monde entier à Jésus-Christ.

-- Enfin, nous avons besoin de construire un nouvel esprit d'égalité, de franchise et d'amitié qui tisse ensemble toutes les vocations dans notre Église. Sacerdoce, diaconat, vie religieuse et vocation laïque: Chacun a une importance distincte et irremplaçable. Il n'y a pas de catholiques de «seconde classe», et pas de vocations de «seconde classe». Nous avons besoin les uns les autres.

D'une certaine manière, être ensemble aujourd'hui, à la mi-Novembre, pour parler de l'avenir de l'Eglise, c'est exactement le bon moment pour notre thème. Novembre est le mois de tous les Saints. C'est un temps où l'Église nous invite à réfléchir sur notre propre mortalité et l'appel universel à la sainteté que nous partageons tous. La vie est courte. Le temps est la seule ressource nous ne pourrons jamais reconstituer. Par conséquent, le temps compte. Tout comme ce que nous en faisons .
En fin de compte, le renouvellement de l'Église est l'œuvre de Dieu. Mais il opère à travers nous. Le privilège et le défi nous reviennent. Nous devons donc nous poser les questions: quel sens veux-je donner à ma vie? Si je prétends être catholique, puis-je le prouver avec les exemples de ma vie? Quand dois-je prier? A quelle fréquence dois-je me confesser? Qu'est-ce que je fais pour les pauvres? Comment vais-je servir les nécessiteux? Est-ce que je connais vraiment? Qui ai-je conduit à l'Église? A combien de jeunes ai-je demandé d'envisager une vocation? Combien de temps ai-je consacré à Dieu partage avec mon conjoint, mes enfants et mes amis? Dans quelle mesure et avec quel sérieux suis-je attentif à la volonté de Dieu dans ma vie?

L'Eglise a beaucoup de bonnes raisons pour lesquelles les gens doivent croire en Dieu, et croire en Jésus-Christ et croire en la beauté et en l'urgence de sa mission propre. Mais elle n'a qu'un seul argument irréfutable en faveur de la vérité de ce qu'elle enseigne - l'exemple personnel de ses saints.

C. Et cela m'amène à mon troisième et dernier point: ce que nous devons être, et ce que nous devons devenir.

Lorsque le moment que nous passons ensemble aujourd'hui sera fini, j'ai un devoir à la maison pour vous. Avant le week-end de Thanksgiving, je veux que vous louiez ou achetiez ou empruntiez une copie du film de 1966 sur Sir Thomas More,
A Man for All Seasons ("Un homme pour l'éternité"). Je veux que vous le regardiez en famille. Voici pourquoi. More était l'un des savants les plus distingués de son temps, un brillant juriste, un diplomate talentueux et un leader politique qualifié. Jonathan Swift, le grand écrivain anglo-irlandais, l'a décrit comme «la personne de plus grande vertu que ce royaume (d'Angleterre) ait jamais produit».

Par-dessus tout, More était un homme de profonde foi et pratique catholique. Il a vécu ce qu'il affirmait croire. Il avait ses priorités dans le bon ordre. Il était d'abord un mari et un père; un homme qui - selon Robert Bolt, l'auteur de la pièce originale et du film de 1966 - «adorait, et était adoré par sa nombreuse famille»

A Man for All Seasons a remporté des Oscars à la fois pour le meilleur film et le meilleur acteur, et c'est clairement une des plus grandes histoires jamais portées à l'écran. Mais il ne saisit qu'une petite fraction de l'homme réel. Dans sa vie quotidienne, Thomas More aimait rire. Il aimait la vie et chacun de ses cadeaux. Erasme, le grand savant humaniste hollandais et un ami de More et de sa famille, le décrit comme un homme de «joie aimable (et) de vêtement simple ... né et fait pour l'amitié ... facile d'accès à tous», peu intéressé par le décorum et la richesse, humble, indifférent à la nourriture, peu impressionné par les opinions de la foule, et ne se départant jamais du sens commun.

En dépit de l'intégrité de More et son caractère, et en dépit de son fidèle service, Henri VIII lui fit subir le martyre en 1535. More refusait d'accepter le mariage illicite du roi Tudor avec Anne Boleyn, et refusa de renier sa fidélité au Saint-Siège. En 1935, l'Église a déclaré Thomas More saint. Aujourd'hui - un demi-millénaire après sa mort et un continent plus loin - la foi de ce seul homme nous émeut toujours autant. C'est la puissance de la sainteté.

Voici la leçon que je veux vous laisser Nous sommes tous appelés au martyre. C'est ce que le mot martyr signifie: C'est le mot grec pour «témoin». Nous pouvons ou non souffrir personnellement pour notre amour de Jésus-Christ. Mais nous sommes tous appelés à être des témoins. En proclamant l'Année de la foi, Benoît XVI a écrit ce qui suit:

«Par la foi, à travers les siècles, des hommes et des femmes de tous âges, dont les noms sont écrits dans le Livre de Vie ... ont confessé la beauté de suivre le Seigneur Jésus là où ils ont été appelés à témoigner du fait qu'ils étaient chrétiens: dans la famille, au travail, dans la vie publique, dans l'exercice des charismes et des ministères auxquels ils ont été appelés». (Porta Fidei, n°13)

La seule chose qui importe, c'est d'être un saint. C'est ce que nous devons être. C'est ce que nous devons devenir. Et si nous pouvons servir Dieu par le témoignage de notre vie en allumant le feu de la sainteté à nouveau au cœur de Philadelphie, alors Dieu fera toutes choses nouvelles - dans notre Église, dans nos familles et dans notre pays.