L'autre discours de décembre 2005

(reprise) Après les célèbres "voeux à la Curie romaine", le bel hommage au travail manuel du Saint-Père, remerciant les ouvriers qui venaient d'achever les travaux de réfection de son Appartement (26/7/2012).

J'ai commencé une rubrique "Seconde chance". Des textes déjà publiés sur ce site, mais qui méritent d'être relus, en cette période de vacances où, heureusement, les nouvelles se font rares.
Mais de ces "reprises", jusqu'à présent, le Saint-Père est pratiquement absent, alors que ce site n'existerait pas sans lui.

A ceux qui s'interrogent: "Comment aborder l'auteur Benoît XVI?", je répondrai sans hésitation: Rendez-vous ici: www.vatican.va/phome_fr.htm
Les homélies, discours, messages, lettres, sont disponibles en français en totalité; ils sont une source inépuisable de richesse intellectuelle, et surtout spirituelle, souvent accessibles à tous, par leur simplicité. On y retrouve aussi toutes nos préoccupations quotidiennes, expliquées, éclairées, magnifiées, par l'enseignement d'un maître de vie et de sagesse.

Je voudrais proposer aujourd'hui un texte très court et sans prétention, et qui n'a d'actualité que pour moi. Un petit bijou, qui tombera certainement dans l'oubli, car il ne brasse pas de grandes idées.
On pourrait l'appeler "l'autre discours de décembre 2005" apès les envolées du célébrissime discours des voeux à la Curie Romaine, où le Saint-père plaidait pour une "herméneutique de la continuité" de Vatican II.
Nous arrivons au terme de quatre semaines de travaux dans notre maison, et quand il n'y avait pas trop de bruit et de dérangement, j'ai admiré la compétence et la générosité dans l'effort physique des ouvriers qui escaladaient les échafaudages dans tous les sens et se baladaient sur le toit par 45° au soleil. Il m'est revenu en mémoire ce discours que le saint-Père avait adressé en décembre 2005 aux ouvriers qui venaient d'achever la réfection de son appartement.
C'est un témoignage incomparable sur l'homme Benoît XVI, mais aussi le plus bel hommage au travail manuel qu'on puisse imaginer.
(texte original ici)

Chers collaborateurs et collaboratrices,

les nombreux engagements de ces derniers jours ne m'ont malheureusement pas permis de préparer un discours digne du travail que vous avez accompli. Je vous prie de m'en excuser. Je ne peux que parler, comme on le dit, "a braccio". Mais ces paroles viennent réellement du coeur.

Je ne dirai pas grand chose. Seulement un mot. Mais ce mot, avec toute ma conviction, est un "merci" sincère qui vient du plus profond de mon coeur. En moins de trois mois, vous avez accompli un travail immense de rénovation de mon appartement. Je suis convaincu - car en Allemagne j'ai fait construire une petite maison pour moi - qu'ailleurs, ces travaux auraient duré au moins une année et probablement plus. J'ai ainsi constaté comment et avec quel dévouement vous avez travaillé, avec quelle compétence, dans une collaboration entre les divers services techniques engagés dans un tel travail que je ne peux qu'admirer, et qui, pour moi, est le témoignage d'un engagement intérieur à bien travailler et à servir le Saint-Siège et le Successeur de Pierre. Vous avez ainsi réellement donné l'exemple d'un travail responsable. Je ne peux qu'admirer les choses que vous avez faites, comme ces beaux sols. J'aime ensuite de manière particulière ma nouvelle bibliothèque, avec son plafond antique. Je me sens comme entouré par des amis, à présent que sont arrivées les étagères avec les livres; il y a ensuite le cabinet médical, et toutes les autres choses que je ne peux pas maintenant mentionner. Mais j'ai vu, bien que je ne sois pas très compétent en la matière, qu'au cours de ces trois mois vous avez travaillé, je dirais, presque jour et nuit, avec un dévouement incroyable. Je peux seulement vous assurer de ma profonde gratitude et de ma prière.
Il me vient à l'esprit que dans le Nouveau Testament, définissant la profession du Seigneur Jésus avant sa mission publique, apparaît le mot "tecton", que nous traduisons généralement par "menuisier", parce qu'à l'époque, les maisons étaient en général en bois. Mais, plus qu'un "menuisier" c'est un "artisan", qui doit pouvoir faire tout ce qui est nécessaire pour la construction d'une maison. Ainsi, dans ce sens, vous êtes des "collègues" de Notre Seigneur; vous avez précisément accompli ce qu'Il avait fait intentionnellement, selon son choix, avant d'annoncer au monde sa grande mission. Le Seigneur a ainsi voulu montrer la noblesse de ce travail. Dans le monde grec, seul le travail intellectuel était considéré digne d'un homme libre. Le travail manuel était laissé aux esclaves. La religion biblique est totalement différente. En elle, le Créateur - qui selon une belle image a créé l'homme avec ses mains - apparaît précisément comme l'exemple de l'homme qui travaille avec ses mains, et de cette manière travaille avec son cerveau et son coeur. L'homme imite le Créateur, pour que ce monde qui nous a été donné par Lui soit un monde habitable. Cela apparaît dans le récit biblique, dès le début. Mais enfin, la noblesse et la grandeur de ce travail apparaît avec force dans le fait que Jésus était "tecton", "artisan", travailleur.

Maintenant, à l'approche de la fête de Noël, le moment est venu de dire "merci" pour tout cela, pour votre travail qui, pour ma part, m'encourage à donner - comme vous qui avez tout donné -, en cette heure tardive de ma vie, tout ce que je peux donner.

Je salue vos proches et je donne à chacun de vous de tout coeur ma Bénédiction apostolique!



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