Le boeuf, la mule... et les ânes

En Espagne, les deux animaux de la Crèche tiennent le rôle de la date de naissance dans notre pauvre pays, pour éclipser dans la médiocrité de l'anecdote le livre "L'Enfance de Jésus". Enquête de Carlota (26/11/2012)

Voir aussi:
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L'enfance de Jésus: honte aux journaux français!
¤ L'enfance de Jésus: honte aux journaux français (2)

     

Carlota

En Espagne, grand émoi dans la große presse ! Dans son dernier livre sur l’enfance de Jésus, le Pape a écrit que les Évangiles ne parlaient d’aucun animal auprès de la mangeoire où l’Enfant Jésus nouveau né avait été déposé (1) ! L’âne et le bœuf seraient-ils désormais eux aussi « persona non grata ». À noter pour la suite du texte qu’en Espagne le parler populaire use du mot mule à la place de l’âne (la mule issue d’un âne et d’une jument – ou d’un cheval et d’une ânesse - est donc plus forte que l’âne, et a le pied plus sûr que le cheval sur les chemins escarpés de la « sierra »).

Évidemment il s’agit encore d’un lamentable bourdonnement médiatique qui aurait pu arriver aussi en France si nous n’étions déjà un peu plus sécularisés que les Espagnols: ce n’est même plus l’âne et le bœuf qui posent problème, mais l’évocation de Noël où désormais seul le bonhomme qui fait acheter des cadeaux reste encore toléré car il lui reste quelque utilité dans cette société suicidaire mercantile. Il faut dire aussi que l’actualité française est pour l’instant polarisée sur d’autres sujets.

Nous savons pourtant bien ce que le Saint Père pense de la foi des simples et de cette si belle tradition de la crèche (2). En plus nous pouvons imaginer que l’âne même non mentionné par les évangélistes, n’était pas bien loin, Joseph le charpentier n’aurait pas laissé sa jeune épouse, enceinte de près de neuf mois cheminer à pied vers Bethléem et c’est peut-être le même âne qui l’a portée avec l’Enfant Jésus sur la route de l’exil vers l’Égypte. Plus tard Jésus adulte, rentrera triomphalement à Jérusalem, monté sur un âne, choisi justement parce que lui aussi était le plus humble des équidés. Alors qui pourrait douter de ces animaux et de leur présence à un moment ou à un autre, même s’ils ne sont pas mentionnés en toutes lettres, au moment de Noël ?

Quelques réactions de clercs à ce sujet :

     

1.- Interrogé par les journalistes, les porte-paroles de la Conférence des Évêques espagnols, Monseigneur Juan Antonio Martínez Camino a répondu (ici) à ce sujet:

« Un message pour Noël : mettez la crèche avec la mule et le bœuf et sachez ce que cela signifie ! Le Pape dit qu’il faut continuer à suivre cette belle iconographie ».

L’évêque a également confié qu’il avait beaucoup étudié le sujet après avoir prononcé une proclamation (tradition spécifique hispanique où l’on annonce d’une manière très élogieuse et officielle devant le public un événement à venir pour l’inviter à y participer) de Noël à l’association des constructeurs de crèche de Noël de la ville d’Oviedo. Il a poursuivi : « Cela fait deux mille ans que toute personne qui a lu les Évangiles voit que la mule et le bœuf n’y apparaissent pas. Le Pape explique dans son livre qu’ils apparaissent par la suite, dans l’Art, du fait du chapitre 1er d’Isaïe : « Le bœuf connaît son maître, et l’âne, connaît le maître de la mangeoire, mais Israël ne connaît pas son Créateur ». Saint Justin, au IIème siècle, l’interprète en expliquant que, avec Jésus, désormais Israël connaît son Créateur, et il met comme symbole, ces animaux près de la mangeoire. Dans la peinture romane catalane du XIIème siècle, ils apparaissent avec des yeux comme des assiettes, regardant l’Enfant Jésus, et aussi dans la crèche, que Saint François d’Assise a inventée au Moyen-Âge (ndt: Première crèche – à l’époque vivante : Noël 1223, voir ici benoit-et-moi.fr/2011-III) ».

L’évêque s’est dit étonné de la polémique mais pas ennuyé : « C’est bien pour qu’on lise le livre » […] (ndt: Merci Monseigneur, de positiver).

     

2.- Le frère Jorge Enrique Mújica, LC (vo ici) a parlé plus longuement de cette polémique animalière :

La « petite divagation » (mots textuels du Pape dans son livre sur l’Enfance de Jésus) autour de l’absence du bœuf et de l’âne dans la grotte de Bethléem a été un prétexte à la presse sécularisée pour réduire une œuvre aussi belle, - et sûrement pas lue pas ceux qui ont écrit les articles - au titre facile qui touche le frivole.

On peut comprendre qu’un journaliste aille vers ce qui est anecdotique, ce que n’importe quel « fils du voisin » est capable de comprendre, en commençant pas lui-même. Risible le fait d’imaginer seulement que des rédacteurs aient pu penser que la foi catholique se base sur deux petits animaux d’ornementation… Je préfère penser que les responsables des titres ont été un « peu des mules » au moment d’intituler des articles de presse, en trouvant des similitudes avec l’autre petit animal de la crèche (ndt comprendre le qualificatif péjoratif d’absence de savoir injustement donné à l’équidé aux longs oreilles ?).
Dans le domaine des titres, il y en a un qui m’a vraiment plu c’est celui de Sandro Magister qui a nommé l’un de ses articles « L’Enfant Jésus raconté par Joseph » (http://chiesa.espresso.repubblica.it). Évidemment il s’agit d’un jeu de mot : le « Joseph » du titre fait allusion non pas à l’époux de la Vierge Marie mais à Joseph Ratzinger lui-même.

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[...] Le frère Jorge évoque aussi l’excellent article du Père Guillermo Juan Morado (ici) intitulé « Le bœuf, la mule et la frivolité », où il déclare notamment:
«La Nativité n’est pas un conte pour enfants mais la réponse de Dieu au Drame de l’humanité qui cherche la paix véritable. Cependant, il n’y a rien de mal dans le fait qu’une idée, une conviction se revête d’éléments imaginaires, comme c’est le cas du bœuf et de la mule. Rester au niveau de l’anecdote serait superficiel. Mais tout laisse à penser que cette superficialité n’est pas du tout innocente. Peut-être que cela gêne trop que Dieu se soit rapproché à ce point de nous».

Au-delà des titres sur ce sujet (reprend le frère Jorge), - d’autres titres se sont « centrés sur des aspects comme la virginité de la Très Sainte Vierge Marie ou les Rois Mages (je ne sais si honnêtement les journalistes s’attendaient à ce que le Pape changeât d’un trait de plume la doctrine bimillénaire de l’Église sur la Saint Vierge, ou bien si c'est un moyen de nous faire partager leur ignorance…ou leur sens de l’humour), ce qui est est intéressant, c'est l’attente que peut susciter un livre dont l’unique finalité est « d’aider beaucoup de personnes dans leur chemin vers Jésus ».

     

3.- Le Père Juan García Inza quant à lui sur son blog (ici) a qualifié le livre du Pape de « vraiment délicieux ».

Et il a aussi réagi sur son blog avec un article intitulé « Nous croyons en Jésus ou en la mule et le bœuf ?»
Il cite quels titres qui le consternent à juste titre (même s’il faut mieux en rire) sur cette affaire des animaux de la crèche: « Et que l’explication de Benoît XVI ait suscité des malheureux titres comme ceux-là : « Le bœuf et la mule au chômage » ; « Le Pape démonte la crèche » ; « On nous a enlevé la mule et le bœuf » ; « La mule et le bœuf ne disent même plus meuhh »…
Jusqu’où va la culture religieuse de quelques journalises....!! L’un plus indulgent, titre : « Les évêques absolvent la mule et le bœuf » (ndt en référence à la déclaration de Mgr Martínez évoquée plus haut).
Mais sûrement l’immense majorité n’a pas lu le livre, et ce que nous célébrons réellement à Noël ne leur importe en rien.
On entend même des cris : « On va nous enlever notre foi », « Quoi qu’en dise le Pape, moi dans ma crèche il y aura une mule et un bœuf ».
Voilà la culture « théologique » d’une partie de notre cher peuple. C’est Pénible !

* * *

C'est le moment d’évoquer un peu d’histoire grâce à un expert.
Le professeur d’Histoire de l’Art de l’Université CEU San Pablo (Madrid), Mme Sirga de la Pisa, rappelle que « Les Évangiles sont brefs quand ils narrent la réalité historique de la naissance de Jésus, de ce fait la tradition ajoute une information qui le complète d’un point de vue humain le moment de la naissance de l’Enfant à Bethléem. Ainsi elle signale que « le bœuf et la mule sont mentionnés dans l’Évangile Apocryphe du Pseudo Matthieu, un texte non considéré comme canonique par l’Église, écrit au VIIème siècle par un auteur inconnu ». Il le met en relation avec la prophétie d’Isaïe (1 :3) « le bœuf connaît son maître, et l’âne la mangeoire de son maître : mais Israël ne me reconnaît pas, et mon peuple ne comprend pas ma voix ». Il fait ainsi allusion à l’humble et pauvre naissance du Fils de Dieu ignoré par presque tous.
Mme de la Pisa rappelle que les textes apocryphes « ne prétendent pas être historiques mais se préoccupent de la curiosité populaire que voulait connaître la vie quotidienne de la Sainte Famille dans tous ses détails. Ils sont par conséquent une source fondamentale pour l’art chrétien et de fait déterminent l’image que nous avons tous dans notre esprit de la naissance de Jésus de Nazareth ».
En outre, le bœuf et la mule selon une « interprétation simple et humaine » auraient donné de la chaleur au pauvre lieu où eut lieu la délivrance de Marie. « Sur quelques peintures même on peut voir la vapeur de la respiration des animaux installés près de l’Enfant », ajoute-t-elle.
De la Pisa signale que dans « l’Art postérieur au Concile de Trente (1545-1563), on a essayé d’éviter les détails en provenance des apocryphes considérés comme non dignes de confiance, même si la tradition a continué à être demandeuse de cette information jusqu’à aujourd’hui » […]

«Dans les crèches, on continuera à installer juste à côté de la Sainte Famille, les petits animaux, pour leur rôle dans l’interprétation biblique de la part d’Isaïe, et pour ce qui se rattache à la pure tradition populaire. Dans nos crèches traditionnelles s’incorporent des éléments étranges, comme une rivière qui n’a jamais existé à Bethléem. Ou des coutumes populaires étrangères au lieu de naissance du Christ. Dans ma ville de Murcie, ,on reproduit des villages et des lieux et même le clocher de la Cathédrale, à côté de la crèche. Et il ne se passe rien. L’important c’est l’Enfant Jésus qui, il y a deux mille ans, est né dans le petit village de Bethléem, et que Marie et Joseph ont soigné comme le plus grand des trésors, et ils l’ont montré pour que l’adorent les gens simples du village, qui en arrivant à la crèche, ou à la grotte, peut-être n’ont pas fait attention s’il y avait une mule ou un bœuf, et se sont épris de cet Enfant qui un jour rachètera l’humanité et donnera sa dignité au rôle des animaux en entrant à Jérusalem sur un petit âne.
Finalement ma foi est en Jésus Christ, pas dans la mule et le bœuf. Lisez, je voue en prie, le livre de Benoît XVI, et ne faites pas de la politique sur quelque chose de si divin. C’est bien mieux de prier et de chanter un chant de Noël».

Conclusion de Carlota

Sans doute y a-t-il beaucoup d’ignorance dans ces présentations médiatiques du dernier livre du Saint Père.
J’ai lu un commentaire d’un lecteur qui a d’ailleurs mis « le bœuf, la mule et …les ânes », qualifiant ainsi les journalistes.
Malheureusement sous couvert du bon mot qui fait vendre leurs journaux, nous sommes toujours les otages de ce pernicieux bouillon de culture que l’on veut nous faire boire à petites cuillérées ou à grandes louches, en tout lieu et toute circonstance. Tout leur est bon pour démolir l’Église catholique, brouiller l’image du Saint Père et donc nous éloigner du Christ, faute de ne pouvoir le faire avec les armes comme contre nos frères martyrs de l’Église d’Afrique et d’Orient. Je ne crois pas tant à l’ignorance qu’à la malfaisance (même si elle utilise comme relais beaucoup « idiots utiles).

« Mon Dieu, pardonnez-leur ils ne savent pas ce qu’ils font ». Peut-être parfois un peu, malgré tout, et surtout quand ils s’attaquent aux enfants…
Alors le seul antidote pour les plus grands, lire le « délicieux » dernier livre du Saint Père, et bien préparer la crèche dans l’affection et l’amour, avec par exemple, les si peu historiques mais si parlants personnages des santons provençaux (La famille maternelle de Saint François d’Assise était de Tarascon, dit-on !).
Nous serons dimanche prochain, le premier de l’Avent.

     

Notes

(1) Ce qu'il y a dans le livre "L'Enfance de Jésus":
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La mangeoire renvoie - comme on a dit - aux animaux, pour lesquels elle est le lieu de la nourriture. Ici, dans l'Évangile, on ne parle pas d'animaux. Mais la méditation guidée par la foi, lisant l'Ancien et le Nouveau Testament reliés entre eux, a bien vite comblé cette lacune, en renvoyant à Isaïe 1, 3 : « Le bœuf connaît son possesseur, et l'âne la mangeoire de son maitre, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas. »

Peter Stuhlmacher note que probablement la version grecque de Habaquq 3, 2 eut aussi une certaine influence : « Au milieu des deux êtres vivants... tu seras connu; quand sera venu le temps, tu apparaîtras » (cf. Die Geburt des Immanuel..., p. 52). Par les deux êtres vivants on entend évidemment les deux Chérubins qui, selon Exode 25, 18-20, sur le couvercle de l'arche d'alliance, indiquent et en même temps cachent la mystérieuse présence de Dieu. Ainsi la mangeoire deviendrait d'une certaine façon l'arche d'alliance, dans laquelle Dieu, mystérieusement gardé, serait au milieu des hommes, et devant laquelle pour « le bœuf et l'âne », pour l'humanité composée de juifs et de gentils, l'heure de la connaissance de Dieu serait arrivée.

Dans l'étonnant lien entre Isaïe 1, 3, Habaquq 3, 2, Exode 25, 18-20 et la mangeoire, apparaissent donc les deux animaux comme représentation de l'humanité sans intelligence qui, devant l'Enfant, devant l'humble apparition de Dieu dans l'étable, arrive à la connaissance et, dans la pauvreté de cette naissance, reçoit l'épiphanie qui apprend maintenant à tous à voir. L’iconographie chrétienne a cultivé très tôt ce thème.
Aucune représentation de la crèche ne renoncera au bœuf ni à l'âne.

(page 100-101)

(2) QUI SONT LE BOEUF ET L'ÂNE DE LA CRÈCHE?
Une méditation de Noël du Cardinal Joseph Ratzinger (voir ici: benoit-et-moi.fr/2011-III)

«Le bœuf et l'âne connaissent leur Seigneur »
Par le Cardinal Joseph Ratzinger

François voulut qu'un bœuf et un âne soient présents dans la grotte de Greccio (*) dans la nuit de Noël
Il avait dit à Jean, le noble: «Je voudrais réveiller en pleine réalité le souvenir de l'enfant tel qu'il est né à Bethléem, et toutes les difficultés qu'il eut à endurer dans son enfance. Je souhaite voir de mes yeux corporels ce que c'est de coucher dans une mangeoire et de dormir sur le foin, entre un bœuf et un âne».
Depuis lors, le boeuf et l'âne ont eu leur place dans tous les crèche - mais d'où proviennent-ils réellement? Il est bien connu que les récits de Noël du Nouveau Testament ne les mentionnent pas. Lorsque nous étudions cette question, nous découvrons un facteur important dans toutes les coutumes de Noël et, en fait, dans toute la piété de Noël et de Pâques de l'Eglise, à la fois dans la liturgie et dans les coutumes populaires.

Le boeuf et l'âne ne sont pas simplement des produits de l'imagination pieuse: la foi de l'Église dans l'unité de l'Ancien et du Nouveau Testament, leur a donné leur rôle comme un accompagnement de l'événement de Noël. Nous lisons dans Isaïe: «Le bœuf connaît son propriétaire, et l'âne la maison de son maître, mais Israël ne la connaît pas, mon peuple ne comprend pas» (1:3).

Les Pères de l'Eglise ont vu dans ces paroles une prophétie qui anticipait le nouveau peuple de Dieu, l'Église composée de Juifs et de païens. Devant Dieu, tous les hommes, Juifs et Gentils, étaient, comme le bœuf et l'âne, sans raison ni connaissance. Mais l'enfant dans la crèche a ouvert leurs yeux afin qu'ils reconnaissent maintenant la voix de leur Maître, la voix de leur Seigneur.

Il est frappant de constater dans les images médiévales de Noël combien les artistes donnent aux deux animaux des visages presque humains et comment ils se tiennent devant le mystère de l'enfant et se prosternent dans la conscience et la révérence. Mais après tout, ce n'était que logique, puisque les deux animaux ont été considérés comme le symbole prophétique du mystère de l'Église - de notre propre mystère, puisque nous ne sommes que des bœufs et des ânes vis-à-vis du Dieu éternel, des bœufs et des ânes dont les yeux sont ouverts le soir de Noël, afin qu'ils puissent reconnaître leur Seigneur dans la crèche.

Qui l'a reconnu, et qui n'est pas parvenu à le reconnaître?
Mais l'avons-nous vraiment reconnu? Lorsque nous plaçons le boeuf et l'âne à côté de la crèche, nous devons nous rappeler tout le passage d'Isaïe, qui n'est pas seulement une bonne nouvelle - dans le sens de la promesse d'une connaissance à venir - mais aussi un jugement prononcé sur la cécité contemporaine. Le boeuf et l'âne savent, «mais Israël ne sait pas, mon peuple ne comprend pas».

Qui sont le boeuf et l'âne d'aujourd'hui, et qui est «mon peuple», qui ne comprend pas? Comment pouvons-nous reconnaître le bœuf et l'âne? Comment pouvons-nous reconnaître «mon peuple»? Et pourquoi l'absence de raison reconnaît-elle, alors que la raison est aveugle?
Afin de découvrir la réponse, il nous faut revenir avec les Pères de l'Eglise au premier Noël. Qui l'a reconnu? Et qui n'a pas su le reconnaître? Et pourquoi en a-t-il été ainsi?
Celui qui a échoué à le reconnaître, c'est Hérode, qui n'a pas compris quand on lui a parlé de l'enfant: au contraire, il a été aveuglé d'autant plus profondément par sa soif de pouvoir et la paranoïa qui l'accompagne (Mt 2:3)
Ceux qui ont échoué à le reconnaître, c'est «tout Jérusalem avec lui» (ibid.)
Ceux qui ont échoué à le reconnaître, ce sont les gens «vêtus de vêtements moelleux» -ceux qui ont une position sociale élevée (Mt 11, 8).
Ceux qui ont échoué à le reconnaître, ce sont les maîtres savants, ceux qui étaient experts de la Bible, les spécialistes de l'interprétation biblique qui, certes, connaissaient le passage correct de l'Écriture, mais n'ont pas réussi à en comprendre quelque chose (Mt 2:6).

Ceux qui l'ont reconnu, ce sont «le bœuf et l'âne» (en comparaison à ces hommes de prestige): les bergers, les Rois Mages, Marie et Joseph.
Mais les choses auraient-elles pu être autrement? Ceux qui ont une haute position sociale ne sont pas dans l'écurie où se trouve l'enfant Jésus: c'est là que le bœuf et l'âne ont leur demeure.

Et nous? Sommes-nous si loin de l'étable, parce que nos vêtements sont bien trop moelleux et que nous sommes bien trop intelligents?
Sommes-nous si empêtrés dans l'exégèse savante des Écritures, dans les démonstrations de l'inauthenticité ou de l'exactitude historique de passages individuels, que nous devenons aveugles à l'enfant lui-même et ne percevons rien de lui?
Sommes-nous tellement «à Jérusalem», dans le palais, enfermés en nous-mêmes et dans notre arrogance et notre paranoïa, que nous ne pouvons entendre dans la nuit la voix des anges et puis nous mettre en route pour aller adorer l'enfant?

En cette nuit, donc, le visage du bœuf et de l'âne nous regardent avec une question: Mon peuple ne comprend pas, mais voyez-vous la voix de votre Seigneur?

Quand nous plaçons les figurines familières dans la crèche, nous devrions demander à Dieu de donner à nos cœurs la simplicité qui découvre le Seigneur dans l'enfant, tout comme François autrefois à Greccio.
Car alors, nous aussi, nous pourrions faire l'expérience de ce que Celano (**) rapporte au sujet de ceux qui ont pris part à la Messe de minuit à Greccio - et ses paroles font écho aux paroles de saint Luc au sujet des bergers dans la première nuit de Noël: Tous sont rentrés chez eux remplis de joie.

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