L'aggiornamento vu par Benoît XVI

Introduites par un édito de Jean Madiran, toutes les interventions du Saint-Père depuis le 7 octobre regroupées en une page (24/10/2012)

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... je voudrais seulement rappeler comment un mot, lancé par le bienheureux Jean XXIII, de façon quasi programmatique, revenait continuellement dans les travaux conciliaires : le mot « aggiornamento ».
Cinquante ans après l’ouverture de ces assises solennelles de l’Église, d’aucuns se demanderont si cette expression, peut-être dès le début, a été très heureuse. Je pense que l’on pourrait discuter pendant des heures sur le choix des mots, et l’on trouverait des avis continuellement discordants, mais je suis convaincu que l’intuition du bienheureux Jean XXIII résumée par ce mot a été et est encore exacte.
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Le christianisme est un arbre qui est, pour ainsi dire, dans une « aurore » éternelle, qui est toujours jeune. Et cette actualité, cet «
aggiornamento », ne signifie pas rupture avec la tradition, mais en exprime la vitalité permanente ; elle ne signifie pas réduire la foi, en la réduisant à la mode des époques, à l’aune de ce qui nous plaît, à ce qui plaît à l’opinion publique, mais c’est le contraire : exactement comme l’ont fait les Pères conciliaires, nous devons amener « l’aujourd’hui » que nous vivons à l’aune de l’événement chrétien, nous devons amener « l’aujourd’hui » de notre temps dans « l’aujourd’hui » de Dieu.

(rencontre avec les évêques, 12 octobre, voir ci-dessous)

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Avec l'aimable autorisation de Madame Jeanne Smits, je reproduis l'éditorial de Jean Madiran, paru dans le n° de Présent du 23 octobre
C'est une introduction idéale pour cette page, où j'ai regroupé toutes les interventions faites par le Saint-Père sur le Concile Vatican II, depuis le 7 octobre - et même avant, puisque l'inédit de l'OR a été écrit le 2 août - en ne conservant que ce qui y est directement lié.
Il témoigne d'une lecture équilibrée entre les extrémistes des deux bords: ceux qui persistent à parler d'une grande occasion manquée, voire réclament un "Vatican III", et ceux qui s'obstinent à y identifier la cause unique d'une apostasie massive.
Pour le Saint-Père, l'heure est venue d'une "remise à plat".

     

Enfin une mise à jour de l’« aggiornamento »

Benoît XVI vient d’en donner l’exemple : on peut désormais, sans être traité d’intégriste et de raciste, contester le mot-clé de Vatican II, on peut estimer que le mot d’« aggiornamento » a été dès le début une expression tout à fait malheureuse. On l’a comprise comme annonçant une rupture avec la tradition, et l’on en est venu à réduire la foi, à la plier à l’air du temps et à ce qui plaît à l’opinion publique.

C’est ainsi que dans les années qui ont suivi le Concile (mais déjà, ajouterais-je, dans celles qui l’ont précédé), on a pu accueillir sans discernement la mentalité dominante, mettant en discussion jusqu’aux fondements de la foi. Et c’est pourquoi, dit Benoît XVI, si l’Eglise invite aujourd’hui à une Année de la Foi, ce n’est pas pour célébrer un anniversaire, mais parce que le besoin de réveiller et d’instruire la foi elle-même se fait sentir dans l’Eglise encore plus qu’il y a cinquante ans.

Ce propos du Pape n’est pas isolé, il est au milieu de beaucoup d’autres, semblables ou complémentaires. Les « vaticanistes » ont en effet recensé, dans les cinq jours qui vont du 7 au 11 octobre, pas moins de sept interventions de Benoît XVI concernant le concile Vatican II. La Croix en a donné quelques phrases. On attend sans trop l’espérer que La Documentation catholique ose publier en France l’intégralité de ces sept documents. Il est vrai qu’une salve aussi nourrie échappe par nature aux mœurs intellectuelles de la soi-disant « information » telle qu’elle est devenue dans sa course d’instantanés en instantanés qui passent vite et que l’on oublie aussi vite.

L’état de la question a donc fortement évolué sous le pontificat de Benoît XVI, d’abord discrètement, et désormais d’une manière explicite.

Il est devenu clair que la foi était déjà fort refroidie lors de l’ouverture du Concile ; et que maintenant, cinquante années plus tard, elle l’est encore davantage, à cause notamment d’un « aggiornamento » qui a été en fait une rupture avec l’expression traditionnelle de la foi chrétienne. Cette idée de rupture enthousiasmait l’épiscopat français, comme le montrent ses documents officiels de l’époque, et elle est depuis lors ancrée dans la partie la plus ancienne du clergé, dans les universités catholiques, dans toute une élite supposée mais officielle qui s’imagine et enseigne que Jacques Delors, l’ancien démocrate-chrétien passé au parti socialiste, est celui qui « incarne les options prises par l’Eglise au concile Vatican II ».

La rupture la plus éclatante, et aussi la plus ravageuse, a été l’abolition de la messe traditionnelle, remplacée par une messe nouvelle présentée comme issue du Concile. Ce fut au sein de l’Eglise une profonde blessure. Elle a été désavouée, elle a été pansée par Rome, mais elle n’est pas cicatrisée. Peu d’évêques se sont publiquement associés à ce désaveu pontifical de l’abolition et de la rupture, très peu participent activement au pansement de la persistante blessure. La plupart, du moins en France (mais aussi, semble-t-il, en plusieurs autres pays européens), manifestent autoritairement leur opposition ou bien l’abritent derrière une apparence d’inattention et d’attentisme. Oui, il est fort bon d’avoir publiquement révisé l’emploi malheureux du mot d’« aggiornamento ». Et tout ce qui va avec.

JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7713 de Présent, du Mardi 23 octobre 2012

Le Concile de Benoît XVI
Discours du mois d'octobre (cliquez sur les titres pour développer ou réduire les rubriques)

Ce fut une journée splendide lorsque, le 11 octobre 1962, avec l'entrée solennelle de plus de deux mille Pères conciliaires dans la basilique Saint-Pierre à Rome, s’ouvrit le Concile Vatican II. En 1931, Pie XI avait dédié ce jour à la fête de la Divine Maternité de Marie, en mémoire du fait que mille cinq cents ans auparavant, en 431, le Concile d’Éphèse avait solennellement reconnu à Marie ce titre, pour exprimer ainsi l’union indissoluble de Dieu et de l’homme dans le Christ. Le Pape Jean XXIII avait fixé ce jour pour le début du Concile, afin de confier la grande assemblée ecclésiale, qu’il avait convoquée, à la bonté maternelle de Marie, et enraciner fermement le travail du Concile dans le mystère de Jésus Christ. Ce fut impressionnant de voir entrer les évêques provenant du monde entier, de tous les peuples et races : une image de l’Église de Jésus Christ qui embrasse le monde entier, dans laquelle les peuples de la terre se savent unis dans sa paix.

Ce fut un temps d’attente extraordinaire. De grandes choses allaient se passer. Les conciles précédents avaient presque toujours été convoqués pour une question concrète à laquelle ils devaient répondre. Cette fois-ci il n’y avait pas un problème particulier à résoudre. Mais précisément pour cela flottait dans l’air un sentiment d’attente générale : le christianisme, qui avait édifié et façonné le monde occidental, semblait perdre toujours plus sa force efficace. Il apparaissait fatigué et il semblait que l’avenir était déterminé par d’autres pouvoirs spirituels. La perception de cette perte du présent de la part du christianisme et de la tâche qui en découlait était bien résumée dans le terme « mise à jour ». Le christianisme devait être dans le présent pour pouvoir donner forme à l’avenir. Afin qu’il puisse devenir à nouveau une force qui modèle l’avenir, Jean XXIII avait convoqué le Concile sans lui indiquer de problèmes concrets ou de programmes. Ce fut cela la grandeur et en même temps la difficulté de la tâche qui se présentait à l’assemblée ecclésiale.

Les épiscopats particuliers s’approchèrent sans aucun doute du grand événement avec des idées différentes. Certains y arrivèrent davantage dans une attitude d’attente à l’égard d’un programme qui devait être développé. Ce fut l’épiscopat du centre de l’Europe – Belgique, France et Allemagne – à avoir les idées les plus arrêtées. Dans le détail, l’accent était assurément placé sur des aspects différents ; toutefois il existait certaines priorités communes. Un thème fondamental était l'ecclésiologie, qui devait être approfondie du point de vue de l’histoire du salut, trinitaire et sacramentelle ; à cela s’ajoutait l’exigence de compléter la doctrine du primat du Concile Vatican I à travers une réévaluation du ministère épiscopal. Un thème important pour les épiscopats du centre de l'Europe était le renouveau liturgique, que Pie XII avait déjà commencé à réaliser. Un autre accent central, en particulier pour l'épiscopat allemand, était mis sur l'œcuménisme : supporter ensemble la persécution de la part du nazisme avait beaucoup rapproché les chrétiens protestants et catholiques ; maintenant cela devait être compris et mis en avant aussi au niveau de toute l’Église. À cela s’ajoutait le cycle thématique Révélation - Écriture - Tradition - Magistère. Chez les Français fut toujours plus mis en première ligne le thème du rapport entre l’Église et le monde moderne, à savoir le travail sur ce que l’on appelait le « Schéma XIII », qui a ensuite donné naissance à la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps. Ici on touchait le point de la véritable attente du Concile. L’Église, qui à l’époque baroque avait encore, d’une certaine manière, modelé le monde, à partir du XIXe siècle était entrée d’une façon toujours plus évidente dans une relation négative avec l'époque moderne, qui ne commença vraiment qu’à ce ce moment-là. Les choses devaient-elles demeurer ainsi ? L’Église ne pouvait-elle accomplir un pas positif dans les temps nouveaux ? Derrière la vague expression « monde d’aujourd’hui » se trouve la question du rapport avec l'époque moderne. Pour l’éclaircir il aurait été nécessaire de mieux définir ce qui était essentiel et constitutif de l'époque moderne. On n’y est pas parvenu dans le « Schéma XIII ». Même si la Constitution pastorale exprime beaucoup de choses importantes pour la compréhension du « monde » et apporte d’importantes contributions sur la question de l’éthique chrétienne, sur ce point elle n’a pas réussi à offrir un éclaircissement substantiel.

De manière inattendue, on ne trouve pas la rencontre avec les grands thèmes de l'époque moderne dans la grande Constitution pastorale, mais bien dans deux documents mineurs, dont l'importance est apparue seulement peu à peu, avec la réception du Concile. Il s'agit tout d'abord de la Déclaration sur la liberté religieuse, demandée et préparée avec une grande sollicitude en particulier par l'épiscopat américain. La doctrine de la tolérance, telle qu'elle avait été élaborée en détail par Pie XII , n'apparaissait plus suffisante face à l'évolution de la pensée philosophique et de la manière de concevoir l'État moderne. Il s'agissait de la liberté de choisir et de pratiquer la religion, ainsi que de la liberté d’en changer, en tant que droits fondamentaux de la liberté de l'homme. Pour des raisons très profondes, une telle conception ne pouvait pas être étrangère à la foi chrétienne, qui était entrée dans le monde en demandant que l'État ne puisse pas décider de la vérité et ne puisse exiger aucun type de culte. La foi chrétienne revendiquait la liberté de la conviction religieuse et de sa pratique dans le culte, sans pour autant violer le droit de l'État dans sa propre organisation : les chrétiens priaient pour l'empereur, mais ils ne l'adoraient pas. De ce point de vue, on peut affirmer que le christianisme, avec sa naissance, a apporté dans le monde le principe de la liberté de religion. Toutefois, l'interprétation de ce droit à la liberté dans le contexte de la pensée moderne était encore difficile, car il pouvait sembler que la version moderne de la liberté de religion présupposait l'inaccessibilité de la vérité pour l'homme et qu'elle déplaçait donc la religion fondamentalement dans le domaine de la subjectivité. Il a certainement été providentiel que, treize années après la conclusion du Concile, le Pape Jean-Paul II soit venu d'un pays dans lequel la liberté religieuse était contestée par le marxisme, c'est-à-dire dans lequel régnait une forme particulière de philosophie d'État moderne. Le Pape provenait d'une situation qui ressemblait par certains côtés à celle de l'Église antique, si bien que devint à nouveau visible le rapport intime entre la foi et le thème de la liberté, en particulier la liberté de religion et de culte.

Le deuxième document qui se serait ensuite révélé important pour la rencontre de l'Église avec l'époque moderne est né presque par hasard et s'est développé en plusieurs étapes. Je fais référence à la déclaration Nostra aetate sur les relations de l'Église avec les religions non chrétiennes. Au début, l'intention était de préparer une déclaration sur les relations entre l'Église et le judaïsme, un texte devenu intrinsèquement nécessaire après les horreurs de la shoah. Les Pères conciliaire des pays arabes ne s'opposèrent pas à un tel texte, mais ils expliquèrent que si l'on voulait parler du judaïsme, alors il fallait aussi prononcer quelques mots sur l'islam. Nous n'avons compris que peu à peu en occident à quel point ils avaient raison à cet égard. Enfin, l'intuition se développa qu'il était juste de parler également de deux autres grandes religions – l'hindouisme et le bouddhisme – ainsi que du thème de la religion en général. À cela s'ajouta ensuite spontanément une brève instruction relative au dialogue et à la collaboration avec les religions dont les valeurs spirituelles, morales et socioculturelles devaient être reconnues, conservées et promues (cf. n. 2). Ainsi, dans un document précis et extraordinairement riche, fut abordé pour la première fois un thème dont l'importance à l'époque n'était pas encore prévisible. La tâche que celui-ci implique, les efforts qu'il faut encore accomplir pour distinguer, éclaircir et comprendre, apparaissent toujours plus évidents. Au cours du processus de réception active est peu à peu apparue également une faille dans ce texte, qui est en soi extraordinaire : celui-ci parle de la religion uniquement de manière positive et ignore les formes malades et déviées de religion, qui du point de vue historique et théologique ont une vaste portée ; c'est pourquoi, dès le début, la foi chrétienne a été très critique, que ce soit vers l'intérieur ou vers l'extérieur, à l'égard de la religion.

Si au début du Concile avaient prévalu les épiscopats du centre de l’Europe avec leurs théologiens, au cours des étapes conciliaires, le domaine de travail et de responsabilité commune s’est étendu toujours plus. Les évêques se reconnaissaient comme des apprentis à l’école de l’Esprit Saint et à l’école de la collaboration réciproque, mais précisément de cette façon, ils se reconnaissaient comme des serviteurs de la Parole de Dieu qui vivent et œuvrent dans la foi. Les Pères conciliaires ne pouvaient pas et ne voulaient pas créer une Église nouvelle, différente. Ils n’avaient ni le mandat, ni la charge de le faire. Ils étaient Pères du Concile avec une voix et un droit de décision uniquement en tant qu’évêques, c’est-à-dire en vertu du sacrement et dans l’Église sacramentelle. C’est pourquoi ils ne pouvaient pas et ne voulaient pas créer une foi différente ou une Église nouvelle, mais les comprendre toutes deux de façon plus profonde et donc véritablement les «renouveler». C’est pourquoi une herméneutique de la rupture est absurde, contraire à l’esprit et à la volonté des Pères conciliaires.

Avec le cardinal Frings, j’ai eu un « père » qui a vécu de façon exemplaire cet esprit du Concile. C’était un homme d’une profonde ouverture et grandeur, mais il savait aussi que seule la foi conduit à sortir au grand jour, vers cet ample horizon qui demeure étranger à l’esprit positiviste. C’est cette foi qu’il voulait servir avec le mandat reçu à travers le sacrement de l’ordination épiscopale. Je ne peux que lui être toujours reconnaissant de m’avoir emmené – moi qui étais le professeur le plus jeune de la Faculté de théologie catholique de l’université de Bonn – comme son consultant à la grande assemblée de l’Église, me permettant d’être présent dans cette école et de parcourir de l’intérieur le chemin du Concile. Dans cet ouvrage sont rassemblés les divers écrits par lesquels, dans cette école, j’ai demandé la parole. Il s’agit de demandes de prise de parole tout à fait fragmentaires et qui laissent transparaître également le processus d’apprentissage que le Concile et sa réception ont signifié et signifient encore pour moi. Je forme le vœu que ces multiples contributions, avec toutes leurs limites, puissent toutefois aider dans l’ensemble à mieux comprendre le Concile et à le traduire dans une vie ecclésiale juste. Je remercie de tout cœur Mgr Gerhard Ludwig Müller, ainsi que les collaborateurs de l’Institut Papst Benedikt XVI pour l’engagement extraordinaire dont ils ont fait preuve pour réaliser cet ouvrage.

Castel Gandolfo, en la fête du saint évêque Eusèbe de Vercelli, 2 août 2012

BENOÎT XVI

http://www.vatican.va/special

Dans notre temps, l’Esprit Saint a aussi suscité dans l’Église un nouvel élan pour annoncer la Bonne Nouvelle, un dynamisme spirituel et pastoral qui a trouvé son expression la plus universelle et son impulsion la plus autorisée dans le Concile Vatican II. Ce nouveau dynamisme de l’évangélisation produit une influence bénéfique sur deux « branches » spécifiques qui se développent à partir d’elle, à savoir, d’une part, la missio ad gentes, c’est-à-dire l’annonce de l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore Jésus Christ et son message de salut ; et, d’autre part, la nouvelle évangélisation, orientée principalement vers les personnes qui, tout en étant baptisées, se sont éloignées de l’Église, et vivent sans se référer à la pratique chrétienne.
(http://www.vatican.va/)

La première strophe [de l'hymne de l'heure tierce commentée ici] dit: «Dignàre promptus ingeri nostro refusus, péctori», c'est-à-dire prions afin que vienne le Saint-Esprit, qu'il soit en nous et avec nous. En d'autres termes: nous ne pouvons pas faire l'Église, nous pouvons seulement faire connaître ce qu'il a fait Lui. L'Eglise ne commence pas avec notre «faire», mais avec le «faire» et le «parler» de Dieu.
Ainsi, les apôtres n'ont pas dit, après quelques assemblées: maintenant nous voulons créer une Eglise, et sous la forme d'une Assemblée constituante, ils auraient élaboré une constitution (ndt: cf. L'herméneutique de la réforme) . Non, ils ont prié et attendu dans la prière, parce qu'ils savaient que seul Dieu peut créer son Eglise, que Dieu est le premier agent: si Dieu n'agit pas, nos choses sont seulement les nôtres et elles ne sont pas suffisantes; Dieu seul peut témoigner que c'est lui qui parle et a parlé. La Pentecôte est la condition de la naissance de l'Eglise: ce n'est que parce que Dieu a d'abord agi, que les Apôtres peuvent agir avec lui et avec sa présence, et rendre présent ce que Lui a fait. Dieu «a parlé» et ce «a parlé» est le parfait de la foi, mais c'est toujours un présent: le parfait de Dieu n'est pas seulement un passé, parce que c'est un passé vrai qui porte toujours en soi le présent et l'avenir. Dieu a parlé veut dire: «Il parle». Et de même qu'à cette époque, ce n'est qu'avec l'initiative de Dieu que l'Église est née, que l'Évangile et le fait que Dieu a parlé et parle ont pu être connus, encore aujourd'hui, Dieu seul peut commencer, nous pouvons seulement coopérer, mais le début doit venir de Dieu.
(Méditation d'ouverture du Synode )

Nous sommes à la veille du jour où nous célébrerons le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile œcuménique Vatican II et le début de l’Année de la foi. Avec cette catéchèse, je voudrais commencer à réfléchir — à travers quelques brèves pensées — sur le grand événement d’Église qu’a été le Concile, événement dont j’ai été le témoin direct. Celui-ci, pour ainsi dire, nous apparaît comme une grande fresque, peinte dans sa grande multiplicité et variété d’éléments, sous la direction de l’Esprit Saint. Et comme face à un grand tableau, nous continuons aujourd’hui encore à en saisir l’extraordinaire richesse, à en redécouvrir des passages, des fragments, des morceaux particuliers.

Le bienheureux Jean-Paul II, au seuil du troisième millénaire, écrivit : « Je sens plus que jamais le devoir d’indiquer le Concile comme la grande grâce dont l’Église a bénéficié au vingtième siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence» (Lett. ap. Novo millennio ineunte, n. 57). Je pense que cette image est éloquente. Les documents du Concile Vatican ii, auxquels il faut revenir, en les dépouillant d’une foule de publications qui souvent, au lieu de les faire connaître, les ont cachés, sont, également pour notre époque, une boussole qui permet au navire de l’Église d’avancer en haute mer, au milieu des tempêtes ou des vagues calmes et tranquilles, pour naviguer en toute sûreté et arriver à bon port.

Je me souviens bien de cette période : j’étais jeune professeur de théologie fondamentale à l’université de Bonn, et ce fut l’archevêque de Cologne, le cardinal Frings, pour moi un point de référence humain et sacerdotal, qui m’emmena avec lui à Rome comme son conseiller en théologie ; je fus ensuite également nommé expert conciliaire. Ce fut pour moi une expérience unique : après toute la ferveur et l’enthousiasme de la préparation, j’ai pu voir une Église vivante — près de trois mille pères conciliaires venus de toutes les parties du monde réunis sous la direction du Successeur de l’Apôtre Pierre — qui se place à l’école de l’Esprit Saint, le véritable moteur du Concile. Rares sont les fois dans l’histoire où l’on a pu, comme alors, presque « toucher du doigt » concrètement l’universalité de l’Église à un moment de grande réalisation de sa mission d’apporter l’Évangile en tout temps et jusqu’aux extrémités de la terre. Ces jours-ci, si vous revoyez les images de l’ouverture de cette grande assemblée, à travers la télévision ou les autres moyens de communication, vous pourrez percevoir vous aussi la joie, l’espérance et l’encouragement qu’a été pour nous tous de prendre part à cet événement de lumière qui irradie jusqu’à aujourd’hui.

Dans l’histoire de l’Église, comme vous le savez je suppose, divers Conciles ont précédé Vatican II. D’ordinaire, ces grandes assemblées ecclésiales ont été convoquées pour définir des éléments fondamentaux de la foi, en particulier en corrigeant les erreurs qui la menaçaient. Pensons au Concile de Nicée en 325, pour combattre l’hérésie aryenne et répéter clairement la divinité de Jésus Premier Né de Dieu le Père ; ou à celui d’Éphèse, de 431, qui définit Marie comme Mère de Dieu ; à celui de Chalcédoine, en 451, qui affirma l’unique personne du Christ en deux natures, la nature divine et la nature humaine. Plus près de nous, nous devons citer le Concile de Trente, au XVIe siècle, qui a éclairci des points essentiels de la doctrine catholique face à la Réforme protestante ; ou encore Vatican I, qui commença à réfléchir sur diverses questions, mais qui n’eut le temps de produire que deux documents, l’un sur la connaissance de Dieu, la révélation, la foi et les relations avec la raison, et l’autre sur le primat du Pape et sur l’infaillibilité, parce qu’il fut interrompu par l’occupation de Rome en septembre 1870.

Si nous considérons le Concile œcuménique VaticanII, nous voyons qu’à ce moment du chemin de l’Église, il n’y avait pas d’erreurs de foi particulières à corriger ou condamner, ni de questions spécifiques de doctrine ou de discipline à clarifier. On peut alors comprendre la surprise du petit groupe de cardinaux présents dans la salle capitulaire du monastère bénédictin à Saint-Paul-hors-les-Murs, lorsque, le 25 janvier 1959, le bienheureux Jean XXIII annonça le synode diocésain pour Rome et le Concile pour l’Église universelle. La première question qui se posa dans la préparation de ce grand événement fut précisément comment l’entamer, quel tâche précise lui attribuer.
Le bienheureux Jean XXIII, dans le discours d’ouverture, le 11 octobre il y a cinquante ans, donna une indication générale: la foi devait parler d’une manière « renouvelée », plus incisive — parce que le monde était en train de changer rapidement — en conservant intacts toutefois ses contenus éternels, sans céder ni faire de compromis. Le Pape désirait que l’Église réfléchisse sur sa foi, sur les vérités qui la guident. Mais à partir de cette réflexion sérieuse, approfondie sur la foi, devait être tracé de manière nouvelle le rapport entre l’Église et l’époque moderne, entre le christianisme et certains éléments essentiels de la pensée moderne, non pas pour se conformer à celle-ci, mais pour présenter à notre monde, qui tend à s’éloigner de Dieu, l’exigence de l’Évangile, dans toute sa grandeur et dans toute sa pureté (cf. Discours à la Curie romaine pour les vœux de Noël, 22 décembre 2005). Le serviteur de Dieu Paul VI l’indique très bien dans l’homélie à la fin de la dernière session du Concile — le 7 décembre 1965 — avec des paroles extraordinairement actuelles, lorsqu’il affirme que, pour bien mesurer cet événement « il faut se rendre compte du moment où il s’est accompli. En effet — dit le Pape — il s’est accompli en un temps que tous reconnaissent comme orienté vers la conquête du Royaume terrestre plutôt que vers le Royaume des Cieux, un temps où l’oubli de Dieu devient courant et semble, à tort, suggéré par le progrès scientifique, un temps où la personne humaine qui a pris davantage conscience d’elle-même et de sa liberté, tend essentiellement à s’affirmer dans une autonomie absolue et à s’affranchir de toute loi qui la dépasse. C’est un temps où le laïcisme semble écouler normalement de la pensée moderne, et représenter la sagesse dernière de l’ordre social temporel... C’est dans ce temps-là que le Concile s’est tenu, en l’honneur de Dieu, au nom du Christ et sous l’impulsion de l’Esprit Saint ». Telles sont les paroles de Paul VI. Et il concluait en indiquant la question de Dieu comme le point central du Concile, ce Dieu qui « est une réalité, un être vivant et une personne, qui exerce une providence; qui est infiniment bon, et non seulement en lui-même mais d’une bonté sans mesure à notre égard également. Qui est notre créateur, notre vérité, notre bonheur, au point que l’effort de fixer en lui notre regard et notre cœur, dans une attitude de contemplation, comme nous l’appelons, devient l’acte le plus élevé et le plus plénier de l’esprit, celui qui aujourd’hui encore peut et doit ordonner l’immense pyramide des activités humaines » (aas 58 [1966], 52-53 ; cf. orlf n. 50 du 70 décembre 1965).

Nous voyons que l’époque dans laquelle nous vivons continue à être marquée par l’oubli et la surdité à l’égard de Dieu. Alors, je pense que nous devons apprendre la leçon la plus simple et fondamentale du Concile, c’est-à-dire que le christianisme dans son essence consiste dans la foi en Dieu, qui est Amour trinitaire, et dans la rencontre, personnelle et communautaire, avec le Christ qui oriente et guide la vie: tout le reste en découle. Ce qui est important aujourd’hui, précisément tel que cela était le désir des Pères conciliaires, est que l’on voit — à nouveau, avec clarté — que Dieu est présent, nous regarde, nous répond. Et que, en revanche, lorsque la foi en Dieu est absente, ce qui est essentiel s’effondre, car l’homme perd sa dignité profonde et ce qui fait la grandeur de son humanité, contre tout réductionnisme. Le Concile nous rappelle que l’Église, dans toutes ses composantes, a le devoir, le mandat de transmettre la parole de l’amour de Dieu qui sauve, pour que soit écouté et accueilli cet appel divin qui contient en lui notre béatitude éternelle.

En regardant sous cette lumière la richesse contenue dans les documents de Vatican II, je voudrais seulement citer les quatre Constitutions, qui sont comme quatre points cardinaux de la boussole capable de nous orienter. La Constitution sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium nous indique que dans l’Église, au début, se trouve l’adoration, Dieu, le caractère central du mystère de la présence du Christ. Et l’Église, corps du Christ et peuple en pèlerinage dans le temps, a pour tâche fondamentale de glorifier Dieu, comme l’exprime la Constitution dogmatique Lumen gentium. Le troisième document que je voudrais citer est la Constitution sur la divine Révélation Dei Verbum : la parole vivante de Dieu convoque l’Église et la vivifie tout au long de son chemin dans l’histoire. Et la manière dont l’Église apporte au monde entier la lumière qu’elle a reçue de Dieu pour qu’il soit glorifié, est le thème de fond de la Constitution pastorale Gaudium et spes.

Le Concile Vatican II est pour nous un appel puissant à redécouvrir chaque jour la beauté de notre foi, à la connaître de manière profonde pour une relation plus intense avec le Seigneur, à vivre jusqu’au bout notre vocation chrétienne.
(http://www.vatican.va)

...
Le Concile Vatican II n’a pas voulu consacrer un document spécifique au thème de la foi. Pourtant, il a été entièrement animé par la conscience et le désir de devoir, pour ainsi dire, s’immerger à nouveau dans le mystère chrétien, afin d’être en mesure de le proposer à nouveau efficacement à l’homme contemporain. À cet égard, le Serviteur de Dieu Paul VI déclarait deux ans après la clôture de l’Assise conciliaire : « Si le Concile ne traite pas expressément de la foi, il en parle à chaque page, il en reconnait le caractère vital et surnaturel, il la répute entière et forte et établit sur elle toutes ses affirmations doctrinales. Il suffirait de rappeler quelques affirmations conciliaires […] pour se rendre compte de l’importance essentielle que le Concile, en cohérence avec la tradition doctrinale de l’Église, attribue à la foi, à la vraie foi, celle qui a pour source le Christ et pour canal le magistère de l’Église (Catéchèse de l’Audience générale du 8 mars 1967). Ainsi s’exprimait Paul VI en 1967.

Mais nous devons maintenant remonter à celui qui a convoqué le Concile Vatican II et qui l’ouvrit : le Bienheureux Jean XXIII. Dans son discours inaugural, celui-ci présenta le but principal du Concile en ces termes : « Voici ce qui intéresse le Concile Œcuménique : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit défendu et enseigné de façon plus efficace. (…) Le but principal de ce Concile n’est donc pas la discussion de tel ou tel thème de doctrine… pour cela il n’est pas besoin d’un Concile … Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée de façon à répondre aux exigences de notre temps » (AAS 54 [1962], 790.791-792) Ainsi l’a dit le Pape Jean à l’inauguration du Concile.

À la lumière de ces paroles, on comprend ce que j’ai moi-même eu l’occasion d’expérimenter : durant le Concile il y avait une tension émouvante face au devoir commun de faire resplendir la vérité et la beauté de la foi dans l’aujourd’hui de notre temps, sans pour autant sacrifier aux exigences du moment présent ni la confiner au passé : dans la foi résonne l’éternel présent de Dieu, qui transcende le temps et qui pourtant ne peut être accueillie par nous que dans notre aujourd’hui qui est unique. C’est pourquoi je considère que la chose la plus importante, surtout pour un anniversaire aussi significatif que celui-ci, est de raviver dans toute l’Église cette tension positive, ce désir d’annoncer à nouveau le Christ à l’homme contemporain. Mais afin que cet élan intérieur pour la nouvelle évangélisation ne reste pas seulement virtuel ou ne soit entaché de confusion, il faut qu’il s’appuie sur un fondement concret et précis, et ce fondement est constitué par les documents du Concile Vatican II dans lesquels il a trouvé son expression. Pour cette raison, j’ai insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de revenir, pour ainsi dire, à la “ lettre ” du Concile – c’est-à-dire à ses textes – pour en découvrir l’esprit authentique, et j’ai répété que le véritable héritage du Concile réside en eux. La référence aux documents protège des excès ou d’une nostalgie anachronique et ou de courses en avant et permet d’en saisir la nouveauté dans la continuité. Le Concile n’a rien produit de nouveau en matière de foi et n’a pas voulu en ôter ce qui est antique. Il s’est plutôt préoccupé de faire en sorte que la même foi continue à être vécue dans l’aujourd’hui, continue à être une foi vivante dans un monde en mutation.

Si nous acceptons la direction authentique que le Bienheureux Jean XXIII a voulu imprimer à Vatican II, nous pourrons la rendre actuelle durant toute cette Année de la foi, dans l’unique voie de l’Église qui veut continuellement approfondir le dépôt de la foi que le Christ lui a confié. Les Pères conciliaires entendaient présenter la foi de façon efficace. Et s’ils se sont ouverts dans la confiance au dialogue avec le monde moderne c’est justement parce qu’ils étaient sûrs de leur foi, de la solidité du roc sur lequel ils s’appuyaient. En revanche, dans les années qui ont suivi, beaucoup ont accueilli sans discernement la mentalité dominante, mettant en discussion les fondements même du depositum fidei qu’ils ne ressentaient malheureusement plus comme leurs dans toute leur vérité.
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Rencontre avec des évêques ayant participé au Concile Œcuménique Vatican II et les présidents des conférences épiscopales

Nombreux sont les souvenirs, qui affleurent à notre esprit et que chacun garde imprimés dans le cœur, de cette période si vivante, riche et féconde qu’a été le Concile ; toutefois, je ne veux pas m’étendre trop, mais — en reprenant des éléments de mon homélie d’hier — je voudrais seulement rappeler comment un mot, lancé par le bienheureux Jean XXIII, de façon quasi programmatique, revenait continuellement dans les travaux conciliaires : le mot « aggiornamento » (mise à jour n.d.t.).

Cinquante ans après l’ouverture de ces assises solennelles de l’Église, d’aucuns se demanderont si cette expression, peut-être dès le début, a été très heureuse. Je pense que l’on pourrait discuter pendant des heures sur le choix des mots, et l’on trouverait des avis continuellement discordants, mais je suis convaincu que l’intuition du bienheureux Jean XXIII résumée par ce mot a été et est encore exacte. Le christianisme ne doit pas être considéré comme « quelque chose du passé », et il ne doit pas être vécu le regard fixé en permanence « en arrière », parce que Jésus Christ est hier, aujourd’hui et pour l’éternité (cf. He 13, 8). Le christianisme est marqué par la présence du Dieu éternel qui est entré dans le temps et qui est présent à chaque époque, afin que chaque époque jaillisse de sa puissance créatrice, de son éternel « aujourd’hui ».

C’est pour cela que le christianisme est toujours nouveau. Nous ne devons jamais le voir comme un arbre pleinement développé à partir du grain de sénevé évangélique, qui a grandi, a donné ses fruits, et un beau jour vieillit et dont l’énergie vitale arrive à son crépuscule. Le christianisme est un arbre qui est, pour ainsi dire, dans une « aurore » éternelle, qui est toujours jeune. Et cette actualité, cet « aggiornamento », ne signifie pas rupture avec la tradition, mais en exprime la vitalité permanente ; elle ne signifie pas réduire la foi, en la réduisant à la mode des époques, à l’aune de ce qui nous plaît, à ce qui plaît à l’opinion publique, mais c’est le contraire : exactement comme l’ont fait les Pères conciliaires, nous devons amener « l’aujourd’hui » que nous vivons à l’aune de l’événement chrétien, nous devons amener « l’aujourd’hui » de notre temps dans « l’aujourd’hui » de Dieu.

Le Concile a été un temps de grâce pendant lequel l’Esprit Saint nous a enseigné que l’Église, sur son chemin dans l’histoire, doit toujours parler à l’homme contemporain, mais cela ne peut avoir lieu que grâce à la force de ceux qui ont des racines profondes en Dieu, qui se laissent guider par Lui et vivent leur foi avec pureté; cela ne vient pas de ceux qui se modèlent sur le moment qui passe, qui choisissent la voie la plus commode. Le Concile l’avait bien compris, lorsqu’il affirma dans la Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, au paragraphe 49, que tous dans l’Église sont appelés à la sainteté selon les paroles de l’apôtre Paul : « La volonté de Dieu, c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3): la sainteté manifeste le vrai visage de l’Église, fait entrer « l’aujourd’hui » éternel de Dieu dans « l’aujourd’hui » de notre vie, dans « l’aujourd’hui » de l’homme de notre temps.

Chers frères dans l’épiscopat, la mémoire du passé est précieuse, mais elle n’est jamais une fin en soi. L’Année de la foi que nous avons inaugurée hier nous suggère la meilleure façon de rappeler et de commémorer le Concile: se concentrer sur le cœur de son message, qui du reste n’est rien d’autre que le message de la foi en Jésus Christ, unique Sauveur du monde, proclamée à l’homme de notre époque.
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Procession aux flambeaux pour célébrer le 50e anniversaire de l'ouvertire du Concile

«J'étais là moi aussi, il y a 50 ans, lorsque le bienheureux Jean XXIII parla avec des mots inoubliables, pleins de poésie et de bonté, des mots du coeur. Ce soir-là nous étions heureux, et je dirais, pleins d'enthousiasme.
Le grand concile oecuménique avait été inauguré, et nous étions sûrs d'un nouveau printemps... d'une nouvelle Pentecôte avec la grâce libératrice de l'Évangile »
...
«Aujourd'hui, notre joie est plus sobre, humble...
Dans ces 50 années, nous avons appris et expérimenté que le péché originel existe et se traduit en péchés personnels, qui peuvent devenir structures de péché, puisque dans le champ du Seigneur, il y a aussi l'ivraie, que dans le filet de Pierre il y a aussi des poissons mauvais, que la fragilité humaine est présente également dans l'Église, que le navire de l'Église navigue avec le vent contraire, avec des menaces contraires. Et quelques fois nous avons pensé, "le Seigneur est endormi et il nous a oubliés". Mais nous avons fait aussi l'expérience de la présence du Seigneur, de Sa bonté, de Sa présence: le feu du Christ n'est pas dévorant, ni destructeur, c'est un feu silencieux, une petite flamme de bonté; le Seigneur ne nous oublie pas, sa manière est humble, le Seigneur est présent, il donne de la chaleur au cœur, il crée des charismes de bonté et d'amour qui éclairent le monde et sont pour nous garantie de la bonté de Dieu. Oui, le Christ vit avec nous et nous pouvons être heureux aujourd'hui aussi.
(Le discours de la lune de Benoît XVI )

Remise du "Prix Ratzinger"
20 octobre:
... j'ai remarqué une chose qui m'a fait réfléchir, qui est que les deux lauréats de cette année sont compétents et engagés dans deux aspects cruciaux pour l'Eglise de notre temps: je me réfère à l'œcuménisme et à la confrontation avec les autres religions. Le Père Daley, en étudiant en profondeur les Pères de l'Église, s'est situé dans la meilleure école pour connaître et aimer l'Eglise une et indivisible, malgré la richesse de ses traditions, et c'est pourquoi il effectue également un service de responsabilité dans les relations avec les Eglises orthodoxe. Et le professeur Brague est un grand érudit de la philosophie des religions, en particulier celles juive et musulmane du Moyen-Age.

Voilà, à 50 ans de l'ouverture du Concile Vatican II, j'aimerais relire avec eux deux documents conciliaires: la Déclaration Nostra aetate sur les religions non chrétiennes et le décret Unitatis redintegratio sur l'œcuménisme, auxquels j'ajouterais, cependant, un autre document qui s'est avéré être d'une importance extraordinaire: la déclaration Dignitatis humanae sur la liberté religieuse. Il serait certainement très intéressant, cher Père, cher professeur, d'écouter vos pensées et aussi vos expériences dans ces domaines, où se joue une partie importante du dialogue de l'Eglise avec le monde contemporain.
Remise du "Prix Ratzinger"