Le monde du cirque en audience chez le Pape

Le 1er décembre, le Saint-Père recevra les gens de cirque, forains, artistes de rue, groupes musicaux et "madonnari". Le 1er décembre, le Saint-Père recevra les gens de cirque, forains, artistes de rue, groupes musicaux et "madonnari". Que leur dira le Pape qui dans son "Introduction au Christianisme" citait la fable du clown et du village en flamme rapportée par Kierkegaard? (24/11/2012)

Benoît XVI avec les gens de cirque, forains, artistes de rue, groupes musicaux et "madonnari" (artistes qui dessinent des images pieuses à la craie sur les trottoirs et les places). Le monde du spectacle populaire vrai, authentique, «sans médiateur» et «non médiatique», qui existe toujours, embrassera le Saint-Père lors d'une audience le samedi 1er Décembre 2012.
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Le 1er Décembre, Benoît XVI étreindra le monde du cirque et tout le secteur du divertissement populaire (cirque, forains, artistes de rue, groupes et artistes, etc.), un évènement qui s'insère dans l'«Année de la Foi» et dans le programme du 25e anniversaire de la Fondation Migrantes (1987-2012).
Le président de «l'Association nationale des cirques» (Ente Nazionale Circhi, ENC) Antonio Buccioni, a envoyé une circulaire à tous les cirques italiens (affiliés et non-affiliés à l'ENC) en soulignant l'importance de l'événement.
Buccioni écrit: «Je crois qu'il ne peut échapper à personne l'importance historique de ce rendez-vous qui interpelle avant tout le cirque, protagoniste incontesté et central du spectacle vivant. C'est pourquoi mon invitation pressante à être présent est ouverte à tous, sans exception, à commencer par les cirques associés, mais aussi ceux qui ne font pas partie de l'ENC, et bien sûr quelle que soit leur dimension».

Le président del'ENC, souligne ensuite que «la rencontre du 1er Décembre sera une étreinte chorale du monde du cirque tout entier au Saint-Père, dont nous écouterons les paroles précieuses qui résonneront en nous comme encouragement et valorisation, d'autant plus importants qu'ils tombent dans un moment difficile pour la vie des cirques, appelés tous les jours à faire face à des tentatives d'exclusion ou même de criminalisation, comme c'est le cas à propos des animaux. Je pense qu'il est clair pour tout le monde, mais aujourd'hui, en particulier, que le monde du cirque trouve dans l'Église son support principal et le plus convaincu , comme en témoignent le Magistère pontifical, les prises de position du Conseil Pontifical pour les Migrants et des Personnes en Déplacement , la conférence épiscopale italienne et les représentants les plus autorisés de l'Église catholique romaine.
Aux parole autorisées du Pape, ainsi qu'à la participation massive du monde du cirque, nous regardons donc avec espoir pour pouvoir faire vivre, renforcer et accroître la considération envers l'art du cirque, ses personnages et ses valeurs fondamentales dans la société d'aujourd'hui
».

Le programme de la la manifestation, avec l'invitation « ALLA GENTE DELLO SPETTACOLO VIAGGIANTE circensi, fieranti, artisti di strada, bande musicali e madonnari» est à voir sur le site circo.it qui rapporte également l'information du travail en cours à un «petit» chef-d'œuvre de l'art du cirque.
Giovanni Giannuzzi, l'un des piliers du Circo Royal (Royal Circus), achève en effet un modèle réduit de cirque que l'ENC offrira à Benoît XVI.
Les dernières touches sont données par l'artiste à Marina di Carrara (la ville toscane où le cirque fait ces jours-ci étape) et reproduisent en tous points un vrai cirque. La maquette est si parfaite dans les moindres détails que Gianni Giannuzzi dit: «la monter, c'est comme monter un vrai cirque».

L'article sur le site de l'ENC illustrant «Un cirque pour Benoît XVI» se termine par une observation intéressante (cf. www.circo.it/un-circo-per-benedetto-xvi):
«Qui sait ce que dira le pape qui, pour rendre plus compréhensible à tous sa théologie dans son livre Introduction au christianisme a dépoussiéré la fable du clown et du village en flamme rapportée par Kierkegaard (*). Il faudra être le 1er Décembre à l'audience avec le pape pour raconter cette partie de l'histoire».

     

La fable du clown (*)

Quiconque aborde de nos jours le problème de la foi devant des auditeurs peu ou pas familiarisés, de par leur profession ou le milieu ambiant, avec le langage et la pensée de l'Église, ressentira bien vite la singularité, voire l'étrangeté de son entreprise. Rapidement il aura l'impression de se trouver dans une situation comparable à celle admirablement décrite par Kierkegaard dans son célèbre apologue, et récemment reprise par Harvey Cox dans La Cité séculière (Paris, 1968) : celle du clown criant « au feu ! »
L'histoire se passe au Danemark ; le feu s'était brusquement déclaré dans un cirque ambulant. Aussitôt le directeur envoya le clown, déjà costumé pour le spectacle, au village voisin, où le feu menaçait de se communiquer également à travers les chaumes. Le clown se rendit en hâte au village pour appeler les gens au secours du cirque en détresse. Mais les villageois, accourus aux cris du clown, crurent à un stratagème habile pour les attirer au spectacle et se mirent à l'applaudir en riant jusqu'aux larmes. Le clown avait plutôt envie de pleurer. Il s'efforça en vain de les conjurer et de leur démontrer qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie, mais que le cirque était bel et bien la proie des flammes. Plus il insistait, plus on riait, plus on trouvait son jeu excellent. Quand finalement le feu eut gagné le village, il était trop tard pour intervenir. Tous deux, cirque et village, furent pareillement ravagés.

Cox se sert de cet apologue pour illustrer la situation du théologien moderne ; le clown, impuissant à se faire comprendre, en serait le symbole. Affublé de ses habits du Moyen Âge ou de toute autre époque écoulée, il n'est pas pris au sérieux. Quoi qu'il dise, son rôle le classe et le catalogue immédiatement. Quelque air qu'il prenne ou quelque effort qu'il fasse pour exposer le sérieux de la situation, il sera toujours regardé comme un clown. D'avance on connaît son boniment et l'on sait qu'il donne une représentation sans rapport avec le réel. Aussi peut-on l'écouter tranquillement, sans se laisser troubler par ses propos. C'est là une image assez fidèle de la triste réalité dans laquelle se trouve aujourd'hui le théologien qui veut enseigner ; elle donne une idée de l'impossibilité de briser les routines et de montrer que la théologie est une affaire éminemment sérieuse qui intéresse la vie humaine.
Mais à y regarder de plus près, il faut reconnaître que cet apologue - en dépit de son riche contenu de vérité et de matière à réflexion - simplifie trop les choses. Car tout se passe, comme si le clown, c'est-à-dire le théologien possédait toute la vérité et en apportait un message lumineux. Les villageois au contraire, chez lesquels il se rend, c'est-à-dire les gens qui n'ont pas la foi, seraient plongés dans une ignorance totale, dont il faudrait les sortir en les instruisant. Que le clown change donc de costume, enlève ses fards et tout sera bien. La chose, en réalité, n'est pas aussi simple.

« Foi chrétienne hier et aujourd'hui » (Mame, 1976)
(http://www.ndarche.org/benoit_croire.html )