Le Pape, le Concile et la réponse de Fellay (II)

L'interviewe de Mgr Fellay, à l'issue du Chapitre Général de la FSSPX, dans le commentaire d'Andrea Tornielli: la réponse qu'il va envoyer à Rome n'est pas à comprendre comme la clôture définitive du dialogue, et plus d'un passage met en évidence la reconnaissance de l'autorité du pape ainsi que le désir de ne pas donner naissance à une église parallèle (16/7/2012).

>>> Lire ici:
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Un entretien avec Mgr Fellay à l'issue du Chapitre Général de la FSSPX, sur le site DICI.
¤ Communiqué du site La Porte Latine. A propos des rumeurs: le bien ne fait pas de bruit (
http://www.laportelatine.org/)
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Et: Le Pape, le Concile et la réponse de Fellay

Fellay: «Nous ne voulons pas construire une Église parallèle»
Le Supérieur lefebvriste commente les travaux du chapitre général sans révéler sa réponse au Vatican.
Critiques à Müller et à l'influence «libérale moderniste» de l'après-Concile
(vaticaninsider.lastampa.it)
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«Ce ne sera jamais nous qui romprons avec la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité», mais il serait «irréaliste de nier l'influence moderniste et libérale présente dans l'Eglise après le Concile Vatican II et les réformes qui en ont découlé» affirme l'évêque Bernard Fellay, dans l'interview publiée dans le Bulletin de la Fraternité Saint-Pie X (DICI.org) à la fin du chapitre général du groupe lefebvriste, qui s'est tenu à Ecône durant ces derniers jours.

Fellay ne parle pas du contenu de la réponse qu'il va envoyer à Rome pour la dernière version du préambule doctrinal, bien que ces dernières semaines il avait laissé entendre qu'il ne pouvait pas signer le projet présenté par le cardinal William Levada, le 13 Juin. Fellay explique avant tout que la Fraternité a retrouvé l'unité après les récentes polémiques internes et dit qu'il a présenté au Chapitre tous les textes que le supérieur a échangés avec le Saint-Siège dans les derniers mois. «Cette exposition a permis une discussion franche qui a clarifié les doutes et dissipé les malentendus», et a favorisé «l'union des cœurs».

«Nous ferons parvenir à Rome la position du Chapitre qui nous a donné la possibilité de définir notre parcours», insistant sur la «préservation de notre identité, la seule façon efficace d'aider l'Eglise à restaurer le christianisme».
Fellay a ajouté: «Nous ne pouvons pas garder le silence face à la perte généralisée de la foi, ni devant la chute vertigineuse des vocations et de la pratique religieuse. Nous ne pouvons pas nous taire face face à l'"apostasie silencieuse" et à ses causes».

Le Supérieur lefebvriste explique ensuite comment la Société a l'intention de s'inspirer de Mgr Lefebvre, non seulement en ce qui concerne sa «fermeté doctrinale», mais aussi sa «charité pastorale». «L'Eglise a toujours considéré que le meilleur témoignage de la vérité a été donné par l'union des premiers chrétiens dans la prière et la charité».

Fellay prend «avec force» ses distances avec «tous ceux qui ont voulu profiter de la situation pour semer la discorde, opposant les uns aux autres les membres de la Fraternité»."
«Nous sommes catholiques - assure le Supérieur lefebvriste - nous reconnaissons le pape et les évêques, mais nous devons avant tout conserver la foi inaltérée ... Ceci a pour conséquence d'éviter tout ce qui pourrait la mettre en danger». Mais sans vouloir se substituer à l'«Église catholique, apostolique et romaine». «Loin de nous l'idée de mettre en place une église parallèle, exerçant un magistère parallèle».

«Nous défendons la foi dans la primauté du Pontife romain - poursuit Fellay - et dans l'Eglise fondée par Pierre, cependant, nous rejetons tout ce qui contribue à «l'auto-destruction de l'Eglise» reconnue par Paul VI lui-même en 1968».

Dans l'interview, Fellay consacre des mots tranchants au nouveau Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mgr Gerhard Muller. «Après que Benoît XVI a fait l'acte courageux en notre faveur en 2009» (la levée de l'excommunication des quatre évêques consacrés par Lefebvre en 1988, ndlr), Müller «n'a pas semblé vouloir collaborerdans la même direction, et il nous a traités comme des parias! C'est lui qui a dit que nos séminaires devraient être fermés ... et que les quatre évêques de la Fraternité devaient démissionner (Zeitonline, le 8 mai 2009). "

Le Supérieur lefebvriste définit ensuite comme «plus important et inquiétant» le rôle que Müller doit assumer en défense de la foi, combattant «les erreurs doctrinales et les hérésies». Fellay cite les passages désormais bien connus des oeuvres du nouveau préfet sur la transsubstantiation, la virginité de Marie et l'œcuménisme, les qualifiant de «plus que discutables» et affirmant qu'en d'autres temps, Müller lui-même «aurait sans aucun doute été l'objet d'une intervention du Saint-Office».

L'entrevue doit être lue en filigrane: Fellay a ressoudé la Fraternité, et a isolé Williamson. Il ne dit rien à ce sujet, mais on sait qu'il considère comme impossible de souscrire à la dernière version du préambule doctrinal, qui ne l'a pas peu surpris dans la mesure où n'ont pas été acceptées ses propositions et les demandes de changement qu'il avait avancées, après avoir obtenu - à ce qu'il semble - quelque aval officieux, y compris dans des salles romaines. Mais la réponse qu'il va envoyer à Rome n'est pas à comprendre comme la clôture définitive du dialogue, et plus d'un passage de l'interview met en évidence la reconnaissance de l'autorité du pape ainsi que le désir de ne pas donner naissance à une église parallèle.