Le vrai Saint-François

(reprise) Aujourd'hui, c'est la fête liturgique de Saint-François d'Assise "véritable évangile vivant". Occasion de relire ce texte de Vittorio Messori: François ne répugnait pas au châtiment corporel, et loin de chercher à répandre des idées iréniques, il voulait convertir les musulmans (4/10/2012)

Aujord'hui, le pape concluait son homélie à Loreto par ces mots:

Chers frères et sœurs, en ce pèlerinage, qui parcourt à nouveau celui du Bienheureux Jean XXIII – et qui a lieu de manière providentielle, le jour de la fête de Saint François d’Assise, véritable « évangile vivant » –, je voudrais confier à la très Sainte Mère de Dieu toutes les difficultés que vit notre monde à la recherche de la sérénité et de la paix, les problèmes de tant de familles qui regardent l’avenir avec préoccupation, les désirs des jeunes qui s’ouvrent à la vie, les souffrances de ceux qui attendent des gestes et des choix de solidarité et d’amour. Je voudrais confier aussi à la Mère de Dieu ce temps spécial de grâce pour l’Église, qui s’ouvre devant nous. Toi, Mère du « oui », qui a écouté Jésus, parle-nous de Lui, raconte-nous ton chemin pour le suivre sur la voie de la foi, aide-nous à l’annoncer pour que tout homme puisse l’accueillir et devenir demeure de Dieu.

>> Traduction d'un article paru sur le site ami Totus Tuus, le 21/10/2010

* * *

Le vrai saint François pacifiste et écologiste? Un brave homme qui parle aux oiseaux? Certainement pas!

Vittorio Messori
---------------
François d'Assise est trop précieux pour le laisser aux superficiels, aux mal informés, quand ce n'est pas aux faussaires. Récemment, quelqu'un qui connaît le "vrai" saint, celui de l'histoire et non pas le mythe qui circule aujourd'hui, a réagi avec la passion qui est la sienne.

Franco Cardini, médiéviste, historien des croisades ("et François d'Assise - rappelle-t-il - est le produit le plus représentatif et orthodoxe de l'Eglise des Croisades") dit que ce très grand "n'est absolument pas le personnage qui nous est habituellement présenté aujourd'hui. Il n'était pas le précurseur de la théologie de la libération. Encore moins le héraut d'un christianisme mièvre, niais, éco-pacifiste: le type qui rit tout le temps, l'idiot du village qui parle avec les oiseaux et se lie d'amitié avec les loups. Je l'aime trop, François, pour le voir ainsi réduit par ses partisans autoproclamés. Non, François était bien autre chose. "

Le problème est de taille: aujourd'hui (et même, peut-être plus que jamais), la figure extraordinaire du fils de Pierre Bernardone exerce une fascination unique sur les hommes de toute les races, toutes les croyances, toutes les incryances. Mais souvent, "leur" François n'a jamais existé. Avec lui, ils croient se refaire disciples et prosélytes d'idéologies et d'utopies contemporaines, suspectes, voire néfaste, sous de nobles apparences.

C'est en son nom que l'on parle d'un "esprit d'Assise", qui a souvent l'air d'un esprit de pseudo œcuménisme, de "tous à la maison". Discours qui, s'il l'entendait, induirait le saint à convoquer à nouveau son "boxeur de Florence."

Voici, en effet, ce qui est raconté dans la «Vita Seconda» de Thomas de Celano, son premier biographe: «Comme toute âme remplie de charité, François détestait lui aussi ceux qui étaient odieux à Dieu, mais parmi tous les autres vicieux, il haïssait avec une véritable horreur les dénigreurs, disant qu'ils portaient sous la langue le poison avec lequel ils attaquaient le prochain (...). Un jour, il entendit un moine qui dénigrait la réputation d'un autre et, se tournant vers son vicaire, le Frère Pietro di Cattaneo, il prononça ces mots terribles: "De graves dangers incomberont à l'Ordre, s'il n'est pas remédié aux détracteurs. Bientôt la douce odeur de beaucoup se transformera en une odeur dégoûtante, si on ne ferme pas la bouche de ces fétides. Courage, va, examine avec diligence et, si un moine qui a été accusé est reconnu innocent, punis l'accusateur d'un châtiment sévère et exemplaire! Remets-le entre les mains du boxeur (pugiliste) de Florence, si personnellement tu ne te sens pas capable de le punir". Il appelait "boxeur" le Frère Jean de Florence, un homme de grande stature et doté une grande force.

Ce n'étaient pas de vaines menaces, puisque ce Frère Jean, entré dans l'Ordre avec une réputation de saintes vertus, n'hésitait pas, sur ordre, à se remettre en action . Et ses poings, il savait les utiliser sur ses confrères, au point que Salimbene, dans sa «Chronique», n'hésite pas à l'appeler "bourreau impitoyable". On doit admettre que ce "fioretto" (caché par de nombreux historiens, car il ne s'inscrit pas dans leur programme) est en contradiction avec l'image d'un saint tout en fade douceur.

En ce qui concerne un certain œcuménisme, entendu comme abandon ou démission, le "vrai" François n'en a que faire. Après la conversion, toute sa vie est marquée par l'anxiété non pas d'entretenir avec les musulmans un "dialogue" académique, mais de les "convertir" à Jésus-Christ. Il essaie à plusieurs reprises de se rendre en Orient avec l'intention expresse d'atteindre le martyre: il n'y allait donc pas pour y répandre des idées iréniques, mais pour prêcher l'Evangile de manière explicite au point de mériter la mort par les infidèles.

Du reste, les premiers martyrs de l'époque franciscaine sont Saint Daniel et ses compagnons, tués au Maroc peu après la mort du saint, car, malgré les avertissements des autorités islamiques, ils ne voulaient rien savoir du "dialogue" et essayaient de les convertir, prêchant en italien et en latin, parce qu'ils ne connaissaient pas les idiomes locaux ...