L'octobre de Benoît

José-Luis Restàn commente à sa manière l'agenda extrêmement chargé qui s'annonce pour le Pape. Traduction de Carlota (27/9/2012)

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Un intense mois d'octobre pour Benoît XVI

 

L’Octobre de Benoît
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C’est un mois d’octobre chargé, et même exténuant pour un homme de 85 ans qui doit maintenir les feux « plein phare » et tenir ferme la barre.
Dès lors il convient de tirer profit de toutes les opportunités, car Benoît XVI n’agit jamais sans intention (ndt la locution imagée en espagnol correspond à « ne faire un point de couture sans fil). Il n’y a pas de paroles de trop ni de gestes inutiles. Le Pape cisèle ses messages pour lancer un grand appel, pour montrer face au peuple chrétien la racine lumineuse de la foi, et pour témoigner au monde (comme il vient de le faire au Liban) le type d’expérience humaine qui forge cette même foi, amie de la liberté et de la raison.

Il y a quelques jours, en recevant un groupe d’évêques récemment ordonnés (cf. www.vatican.va), il a voulu rappeler l’intention du bienheureux Jean XXIII convoquant le Concile Vatican II: que la doctrine sûre et immuable de l’Église, qui doit être fidèlement respectée, s’approfondisse et se présente d’une façon qui répond aux exigences de notre temps.

La citation du Pape Jean dont il suivra les traces le 4 octobre prochain pour arriver au Sanctuaire de Lorette n’est pas un hasard. C’est là que ce dernier s’agenouilla il y a 50 ans pour demander la protection de la Vierge Marie pour un évènement que certains considéraient comme une folie et qui éveillait autant d’inquiétudes que d’espoirs.
Aujord’hui arrive à Lorette un autre homme opportunément avec les clefs de Pierre à la ceinture, un homme qui garde en mémoire le remue-ménage plein de l’espoir passionné de ces jours, quand Joseph Ratzinger était un théologien prometteur qui conseillait les évêques allemands.

Arrivent l’Année de la Foi et le Synode sur la Nouvelle Évangélisation. Un renouvellement dans la continuité, c'est la parole-clef de Benoît XVI pour interpréter le chemin de l’Église, et à l’intérieur de cela, la grande étape conciliaire dont nous sommes loin d’être sortis du rayon [d’actions]. Le fil ne s’est pas rompu, il ne se rompt jamais, et c’est pour cela que la présence physique du Pape Ratzinger à Lorette est déjà tout un message pour ceux qui affirment que Vatican II a rompu avec la Tradition. C’est vrai que déjà son discours à la Curie de décembre 2005 a défriché les plus gros fils de cette « herméneutique de la continuité », mais nous pouvons encore espérer beaucoup plus.

Pour le moment il a indiqué que la nouvelle évangélisation a commencé précisément avec le Concile. Et ce n’est pas un lapin sorti d’un chapeau.
Cet événement n’est pas né de la nécessité d’ajuster des mécanismes oxydés mais de la passion de faire partager le Christ à l’homme contemporain, un homme que les hommes les plus lucides de l’Église voyaient déjà rompre les amarres avec son histoire chrétienne.
De nouveau Benoît XVI se fait l’écho de la vision de Jean XXIII qui attendait du Concile une nouvelle floraison de l’Église dans sa richesse intérieure et dans son extension maternelle à tous les domaines de l’activité humaine. Une rénovation de l’intérieur, depuis l’origine, en rompant avec les inerties et en ouvrant les espaces à une foi limpide qui embrasse tout ce qui touche l’humain.

Et avant d’entrer dans les détails, qui viendront en leur temps, le Pape Benoît offre un bilan autorisé : « malgré les difficultés des temps, les effets de cette nouvelle Pentecôte (ndt par rapport à l’inspiration de l’Esprit Saint, le jour de la première Pentecôte, après la mort et la Résurrection du Christ) se sont prolongés, touchant la vie de l’Église dans toutes ses dimensions: depuis celle institutionnelle à celle spirituelle, depuis la participations des fidèles laïcs, à l’éclosion de nouveaux charismes et la sainteté des fidèles ». Ce sont les fruits que malgré les tempêtes, l’événement du Concile a déjà rendus : une Église qui foule le sillon de ce temps, pour boueux qu’il soit; une simplification des structures en accord avec l’Évangile ; de nouvelles formes de vie chrétienne, de nouvelles cultures de la foi pour maintenir vivant le feu du dialogue avec un monde qui change d’une manière accéléré ; un rôle croissant des fidèles, quelle que soit la forme de vie, et par conséquent, une Église moins cléricale, plus tournée vers sa mission.

Aux évêques français (ndt: 1/3 des diocèses, et ceux de l’Ouest de la France) en Visita ad Limina, il a dit que « les défis d’une société largement sécularisée nous invitent à chercher avec courage et optimisme une réponse, en proposant avec audace et inventivité la nouveauté pérenne de l’Évangile ». Et il les avertit paternellement que la solution des problèmes ne doit pas se limiter aux questions d’organisation. « Le risque existe de mettre l'accent sur la recherche de l'efficacité avec une sorte de «bureaucratisation de la pastorale», en se focalisant sur les structures, sur l’organisation et les programmes, qui peuvent devenir « autoréférentiels », à usage exclusif des membres de ces structures. Celles-ci n'auraient alors que peu d’impact sur la vie des chrétiens éloignés de la pratique régulière. »

Mais, écoutons-nous le Pape ? Durant l’Assemblée Plénière de l’épiscopat allemand l’archevêque Zollitsh a été interrogé sur les revendications de réformes de quelques groupes de laïcs et le prélat a répondu qu’il les comprenait et que lui-même parfois ressentait de l’impatience (???).
Il faut se demander de quelles réformes parlent les uns et les autres.
J’ai clairement à l’esprit de quoi nous parle Benoît XVI. Et devant certaines inerties et surdités, oui, que certains ressentent une certaine impatience. Soyons attentifs à cet octobre de Benoît .