Syrie, désinformation et puissance dominante

Un article salutaire de Roland Hureaux, cité sur Polemia, et une réflexion de Carlota sur la puissance dominante du moment (23/8/2012)

Que se passe-t-il vraiment en ce moment en Syrie, et, plus largement, au Proche et Moyen-Orient? Nous ne le savons pas, mais ce que les medias "mainstream" nous en disent n'est certainement pas là pour nous aider à y voir clair.
L'article de Roland Hureaux (1), d'un ton modéré, reproduit sur le site Polemia sous le titre "Syrie, de la guerre et des medias", est un véritable antidote à la désinformation dont nous somme submergés.
Les mots clés choisis par l'auteur sont particulièrement pertinents: manichéisme, désinformation, grégarité .

Il n’est pas nécessaire, dit l'auteur, "d’être un partisan du régime du président Assad, mais simplement un observateur aimant la vérité pour être perplexe devant les récits d’atrocités liées à ce qu’il faut bien appeler la guerre civile de Syrie. Le nombre total de victimes : 10 000, 20 000 ? est très incertain, comme il advient d’ailleurs dans toutes les tragédies de ce genre où bienheureux est l’observateur ou l’historien qui peut déjà avoir une idée du nombre de zéros.
L’autre question est de savoir qui est responsable de ces massacres ? Dès lors qu’il y a deux camps disposant d’armements létaux, on peut supposer, comme dans toutes les guerres, que le bilan est partagé, sans doute inégalement mais partagé quand même, surtout si certains adversaires d’Assad se réclament d’Al Qaida, qui ne passe pas pour une organisation humanitaire
".

Roland Hureau rappelle opportunément que "les vingt-cinq dernières années ont vu se multiplier, sur le thème humanitaire, des opérations de manipulation de l’opinion internationale de grande ampleur, chaque fois menées avec le plus parfait professionnalisme : Timisoara, le Kosovo, les prétendues armes de destruction massive de l’Irak, le Rwanda (où certes l’opinion internationale a été informée des massacres mais pas de tous, ni même des plus graves)".
Avant de conclure:
"L’information est devenue une arme de guerre. Et comme telle, elle fait appel aux techniques les plus sophistiquées : elle se trouve manipulée par des gens qui en possèdent tous les ressorts et jouent sans doute comme sur du velours sur la naïveté et l’idéalisme de jeunes journalistes. Le paradoxe est que la plupart de ces correspondants de presse sont orientés à gauche, c’est-à-dire que, pris un à un, ils sont sans doute opposés à la suprématie américaine, critiques de la finance internationale qui la sous-tend, de la prison de Guantanamo ou de l’utilisation abusive de drones etc. Qu’ils en arrivent à être de manière à peu près systématique les fantassins de la guerre médiatique menée par la grande puissance en dit long sur la sophistication des mécanismes à l’œuvre. Sous réserve d’une étude approfondie du sujet qui ne pourra généralement se faire qu’avec le recul de plusieurs années, voire dizaines d’années, quand tel ou tel régime est présenté comme le plus odieux de la terre, on n’est certain que d’une chose : il déplaît à la puissance dominante".
(L'article a été publi sur le site www.magistro.fr)

L'allusion à la "puissance dominante" est le lien idéal vers cette réflexion que vient de m'adresser Carlota:

Proche et Moyen Orient
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Ce qui est terrible c'est que tout cela se passe avec l'accord tacite d'un certain grand pays dont le président il y a moins de deux ans déclamait et "déblatérait" sur l'esprit de tolérance de l'islam en donnant comme exemple l'Al Andalus (qui d'ailleurs au pire de son expansion médiévale allait jusqu'à Nîmes et qui malgré son « esprit de tolérance » a été combattu pendant 700 ans. Bizarre!).
Ce pays et une oligarchie mercantile mondialiste (l’argent n’a pas d’odeur) veut dominer le monde (intérêt des consommateurs des pays de l'islam ou qui pratiquent cette religion en Europe, qui font encore des enfants, mais qui bientôt seront sans doute aussi des acheteurs de la pilule via les entreprises pharmaceutiques du même pays) et n'en a rien à faire des chrétiens d'Orient.
Pour ce grand pays et ses alliés occidentaux, alliés complices ou aveugles par électoralisme, ces chrétiens d'Orient qui sont majoritairement orthodoxes ou catholiques peuvent disparaitre. De toute façon l’état d'esprit des Chrétiens d’Orient les porte plus vers le Pape de Rome et le Patriarche moscovite, deux entités religieuses qui ont tout compris de ce qui est en train de se tramer. Je suis persuadée que Washington ne veut pas que le Pape aille au Liban.
Par contre, il n'est pas sûr que les alliés musulmans de ce grand pays, qu’ils soient turcs, saoudiens, qataris, etc., se laissent toujours manipuler, par le grand frère d'outre Atlantique, sans demander le moment venu le retour sur investissement.
Cette grande puissance avec majoritairement (tout au moins pour ceux qui ont le pouvoir et leurs alliés) une sensibilité protestante (absence des images et des statues, "liaison soit disant directe" avec Dieu sans le prêtre et la confession, refus du dogme de la Vierge Marie, pour certains églises aussi de la présence réelle dans l'eucharistie) s'accommode beaucoup plus de l'islam que du christianisme latin ou oriental, cet islam en pleine expansion démographique y compris dans les pays occidentaux et qui peut encore pour un certain être un client qui consomme d’une manière effrénée si tant est qu’on l’attire avec de nouvelles gammes de produits permis (cf. les produits halal tout azimut etc.), sans oublier le contrôle du croissant "fertile" énergétique.
Cette grande puissance favorise donc ou tout au moins ne fait rien contre, l'instauration de la « démocratie » qui reposant sur le principe de la majorité ne pourra que broyer encore plus facilement ces chrétiens d'Orient. Comme si la démocratie était compatible avec l’Islam, un système politico-religieux qui repose sur la loi du plus fort et qui punit de mort l’apostasie !
Cette grande puissance que la suffisance ou peut-être plus encore l’absence de scrupule rendent aveugle à la réalité s'imagine sans doute aussi (pour se donner bonne conscience) diffuser son "christianisme" et ses idéologies en isme via ses églises style évangéliques que l'on a vu à l'œuvre par exemple en Irak et qui s'acharnaient surtout à évangéliser les chrétiens qui l'étaient depuis deux millénaires…
Comme je voudrais me tromper.
Oui, le diable est vraiment à l'œuvre.
Le rosaire et les prières à la Sainte Vierge sont vraiment indispensables en ces temps épouvantables.
(Carlota, 22/8/2012)

Note

(1) Roland Hureaux (bio ici: www.magistro.fr/)

Né le 14 juin 1948

Ecole normale supérieure (Saint-Cloud)
Institut d'études politiques (IEP)
Ecole nationale d'administration (ENA)
Agrégé d’histoire
Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN)

Rapporteur à la Cour des Comptes
Professeur associé à l’Institut d’études politiques de Toulouse
Conseiller au Cabinet du président de l’assemblée nationale (Philippe Séguin) et au Cabinet du Premier ministre (Edouard Balladur)
Conseiller technique à la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR)
Diplomate
Sous-préfet
La revue Communio a publié certains de ses articles.