Nous avons des prêtres que nous ne méritons pas

Carlota a traduit un article d'un blogueur espagnol, qui rend hommage à un jeune prêtre castillan, le Père Luis Santamaria del Río . Non, je ne souffle pas le chaud et le froid (cf. Parmi les prêtres, peu de figures d'épaisseur )... car cette réalité-là existe aussi (20/10/2012)

« Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait » (Jean 15 :19).
Je vous adresse ci-dessous un texte (original infocatolica.com/) qui concerne un jeune prêtre espagnol dont nous avons eu l’occasion de lire l’un des écrits à l’époque des JMJ espagnoles de 2012 (Il est un spécialiste reconnu des sectes et anime notamment le blog « Réseau Ibéroaméricain des Études des Sectes »).
Ce qu’écrit le journaliste Bruno Moreno Ramos à son sujet, j’aurais bien voulu l’écrire, pour ce Père Luis Santamaria del Río (1), dont il est question, mais pour d’autres prêtres également, des jeunes ou des moins jeunes, qui chacun à leur manière, avec leur personnalité et leurs talents, sont ces mêmes authentiques travailleurs courbés sur cette terre ingrate de la vigne du Seigneur. À l’idée d’être cités, eux aussi, humbles et discrets, je suis sûre qu’ils diraient que ce qu’ils font n’a rien d’exceptionnel et que ce n’est pas de cela dont il faut parler. Ils ne font que répondre à l’appel du Seigneur. Sans doute. Alors n’oublions pas de Le remercier par leur intermédiaire. Tout le reste c’est du baratin, celui de la société du spectacle et la médiacratie.
J’en profite aussi pour parler du rite hispano-mozarabe de l’Église catholique latine dont peut user à l’occasion le père Luis.
(Carlota, 18.10.2012)

     

L’année passée j’ai eu l’opportunité d’aller à Zamora (ndt en Castille, à 80 km de la frontière portugaise) pour le lancement du livre « ¿Qué ves en la noche ? » (2) du Père Luis Santamaría du blog InfoRies (3). Puisque j’étais là-bas, en plus d’assister à la présentation d’un des livres les plus populaires que j’ai lus dans ma vie, j’ai accompagné le Père Luis dans quelques unes de ses tâches paroissiales.

Ce qui m’a frappé c’est que ce prêtre de Zamora ne s’occupe pas d’une seule paroisse, mais de plusieurs. Concrètement sept villages ! Muelas del Pan, Almaraz de Duero, Almendra, El Campillo (4-5), Ricobayo, Valdeperdices et Villaseco del Pan. Tout cela en plus d’être le Délégué de la Communication du Diocèse de Zamora, une charge qui suppose pas mal de temps et pour laquelle il fait un travail incroyable.

Et ne croyez pas qu’il se limite à dire la Messe une fois par mois dans chaque village, et puis c'est tout. Quand j’étais avec lui, il a présidé un Chemin de Croix dans les différentes paroisses, l’une après l’autre. Et il faisait un froid de canard (presque plus froid à l’intérieur de l’Église que dehors) et à chaque fois, pour six ou sept personnes. Mais avec le même enthousiasme que s’il s’était agi d’un million de jeunes aux JMJ. Et, surtout, avec le regard surnaturel qui voit en chaque personne un enfant chéri de Dieu.

Pour couronner le tout, j’apprends maintenant qu’il a fait l’objet d’une nomination dans le diocèse de Zamora. On l’a chargé de deux nouvelles paroisses…sans lui enlever aucune des anciennes. Ainsi donc, à partir de maintenant il ajoutera à la liste les villages de Villaflor et Villanueva de los Corchos (ndt Zone rurale au NO de Zamora, les villages ont pour les plus importants 700 hts et les petits une trentaine d’habitants. Ils peuvent être séparés à vol d’oiseaux d’une bonne trentaine de km les uns des autres).

Sans enlever aucun mérite au Père Luis, le plus impressionnant c’est que ces choses là ne sont pas exceptionnelles, mais qu’il y a beaucoup d’autres prêtres qui vivent ainsi tous les jours. On n’en parle pas dans les médias, ils ne sont pas célèbres. Nous-mêmes les catholiques nous ne nous en rendons même pas compte, parce qu’ils donnent leur vie discrètement, sans extravagances et avec (sur)naturel. Et nous prions si peu pour eux !

Pour moi, ces choses sont un signe clair de l’existence de Dieu. S’il n’en était pas ainsi, quel sens cela aurait qu’un type d’une trentaine d’années, intelligent, et avec une belle carrière universitaire, dépense et use sa vie à aller d’un village minuscule à un village minuscule pour un salaire misérable ? Il n’y a qu’une explication. Comme il y a deux mille ans, le Fils de l’Homme, qui n’a pas un endroit pour reposer sa tête et qui chemine vers Jérusalem, dit : « viens et suis-moi » et il y a encore quelqu’un qui laisse tout et le suit.

Notes de la traductrice

(1) Le père Luis Santamaría del Río est né à Zamora en 1982.

(2) L’ouvrage ¿Qué ves en la noche ? (Que vois-tu dans la nuit ? – pas encore de traduction en français ) évoque les besoins de religiosité des hommes de notre temps, et en particulier en Occident. Ces hommes qui ont rejeté notamment l’Église du Christ et qui recherche de toutes parts d’autres religions. Le Père Luis aborde différentes religiosités afin de mieux les décortiquer. Un outil indispensable pour nous faire toujours mieux comprendre le « génie du christianisme » et nous prémunir contre le(s) faux dieu(s).

(3) Le blog INFO RIES est hébergé ici. L’on y trouve des articles très intéressants. Le dernier en date, par exemple, sur l’approche des Évangélistes nord-américains par Romney, le candidat mormon à la présidente des E.U.

(4) le Père Luis dessert El Campillo sur le territoire duquel se trouve l’église de San Pedro de la Nave qui a été construite en 680, donc à l’époque du royaume wisigoth de Tolède. Dans quelques rares occasions le Père Luis y dit la messe selon le rite hispanique (aussi appelé mozarabe)

(5) Le rite hispanique (hispano-mozarabe) de la Messe (cf www.architoledo.org...) .
Le rite hispanique était la manière de célébrer les actions liturgiques dans les églises en Espagne les dix premiers siècles de notre ère, d’abord par les chrétiens ibéro-romains (donc évidemment en latin) puis sous les rois wisigoths. Après la chute de l’Empire Romain, les prélats d’origine wisigothe ont enrichi considérablement le rite. Passés sous domination musulmane, dans les différentes régions d’Espagne, les chrétiens coupés de Rome, continuèrent à observer le rite hispanique, tout comme ceux qui, au fur et à mesure de la reconquête, se retrouvaient en terre chrétienne. Le rite prit le nom de mozarabe (en arabe – arabisé) à partir du VIIIème siècle, en référence non pas au rite mais à ceux qui le pratiquaient donc les chrétiens soumis aux musulmans (au début, toute la péninsule sauf la petite région des Asturies au nord). Une fois Tolède libérée et la hiérarchie catholique réinstallée, au XIème siècle, l’archevêque de Tolède prit le rite « romain » (pour ne pas dire latin puisque le rite hispanique était déjà latin) mais autorisa les chrétiens des paroisses qui avaient subsisté pendant l’occupation musulmane à conserver le rite ancien de la péninsule, s’ils le souhaitaient. Au fil du temps la majorité des fidèles passa au rite « romain ». Néanmoins la liturgie fut scrupuleusement conservée et est, bien sûr, toujours autorisée. Un magnifique exemple de maintien de la tradition, malgré le plus souvent un contexte particulièrement contraire et hostile.
Ce rite ancien et unique mais résolument de langue latine, semble aujourd’hui avoir gagné de nouveau des fidèles en leur apportant d’une « façon personnelle et particulière, la réconfortante présence de Jésus, notre Seigneur, en son Église », comme l’explique l’auteur du site très complet ici.