Orage sur Gaza

«Nous restons dans l'église pour échapper aux bombardements»: Publiée sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem, la lettre dramatique de plusieurs religieux de la paroisse de Gaza. (17/11/2012)

>>> Ci-contre: la paroisse de Gaza (Vatican Insider)

L'offensive israélienne sur la bande de Gaza s'est poursuivie vendredi 16 novembre. Plus d'une centaine de raids de l'aviation ont frappé la ville de Gaza, alors que plusieurs centaines de roquettes palestiniennes ont été tirées vers Israël.
L'armée israélienne a lancé une opération militaire, appellée "Pilier de défense", contre les groupes armés dans la bande de Gaza, dont le premier acte a été l'élimination du chef des opérations militaires du Hamas, Ahmed Al-Jaabari.
Le porte-parole des services d'urgence du Hamas, Adham Abou Selmiya, a fait état de 19 tués palestiniens, dont plusieurs enfants, et 235 blessés.
(ndlr: Informations à prendre évidemment avec les réserves d'usage, lues sur ce site).

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Giorgio Bernadelli, sur le site Vatican Insider, attire notre attention sur la situation dramatique des chrétiens de Gaza, témoins impuissants d'un conflit qui ne les concerne pas.

     

«Nous restons dans l'église pour échapper aux bombardements»
Publiée sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem, la lettre dramatique de plusieurs religieux de la paroisse de Gaza

Giorgio Bernardelli
http://vaticaninsider.lastampa.it
(ma traduction)
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«Notre Seigneur Jésus-Christ, Prince de la Paix, accueille les prières qui s'élèvent de Gaza et pour Gaza».
Cest une prière lancinante - tandis qu'au-dessus de la maison se croisent les incursions aériennes israélienne et les attaques de roquette palestiniennes - que Mère Marie de Nazareth confie au site du Patriarcat latin de Jérusalem. Mère Marie de Nazareth est une religieuse de la Congrégation du Verbe Incarné, la famille religieuse argentine chargée du soin pastoral de la petite paroisse latine dédiée à la Sainte Famille. Deux prêtres, quelques religieuses, des laïcs consacrés qui gardent ouverte l'église (qui rappelle ici la fuite en Égypte de Jésus, Marie et Joseph), l'école, un petit oratoire. La lettre porte la date d'hier et raconte comment les chrétiens de la bande de Gaza - à peine 2500 parmi toutes les confessions d'un million et demi de personnes - vivent ces heures terribles de guerre.

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La lettre de Mère Marie de Nazareth

Premiers témoignages de la paroisse latine
http://fr.lpj.org (texte en français)
GAZA
16 novembre 2012
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Nous sommes des consacrés de la Famille Religieuse du Verbe Incarné. Notre Institut est présent dans la bande de Gaza en permanence depuis près de quatre ans, mais notre mission a commencé ici il y a environ huit ans. Nos prêtres desservent l’unique paroisse catholique dans la bande de Gaza, l’un des prêtres est directeur des deux écoles que le Patriarcat latin de Jérusalem tient à Gaza. Les religieuses collaborent avec les prêtres dans les apostolats avec les enfants, les jeunes et les familles chrétiennes, et servent également à la sacristie de la paroisse tout en aidant à la liturgie de l’église de la Sainte Famille.
L’église représente une petite communauté catholique, quelque 200 âmes, qui essayent de vivre simplement et avec ferveur leur foi chrétienne. Nous écrivons ces lignes parce que plusieurs amis et connaissances nous ont demandé des nouvelles fraîches d’ici.

Depuis samedi dernier nous vivons des moments de tension dans la bande de Gaza, une situation qui s’est aggravée depuis mercredi 14 novembre après-midi.
Les attaques et les réponses ont été presque continues. Les activités se sont interrompues. Le ministère de l’Éducation de la bande de Gaza a décidé qu’il n’y aurait pas d’école pendant 72 heures. Les entreprises ont fermé. Les gens ont peur… Hier, nous avons eu l’électricité toute la journée et toute la nuit, cependant les gens au crépuscule éteignent toutes les lumières dans leurs maisons en raison des attaques. Il semble que, paradoxalement, ils se sentiraient ainsi plus en sécurité.
Les chrétiens parfois nous demandent si nous avons peur d’être ici et nous invitent à rester dans leurs maisons. Cette fois, c’est nous qui nous sommes demandés si nous étions disposés à les recevoir dans l’église si la situation perdurait.

L’un d’eux nous a dit, aux prêtres et aux religieuses: «s’il vous plait, ne partez pas. Si vous partez, qui restera ici avec nous? ».
Beaucoup de chrétiens nous appellent par téléphone pour nous demander comment nous allons, si nous avons besoin de quelque chose, se rendant disponibles. Et aussi des amis, des connaissances et des membres du corps diplomatique. Nous les remercions tous pour leur proximité et demandons leurs prières.
Alors que la paroisse est dans une zone délicate, par la grâce de Dieu, nous allons bien. Nos maisons, celle des prêtres comme celle des religieux, sont dans le domaine de la paroisse et de l’école, et sont donc dans l’un des endroits les plus sûrs. La sécurité du lieu est due au fait que c’est un lieu bien connu de tous. Un lieu où la violence, de quelque nature qu’elle soit, n’a pas lieu d’être, un lieu où on éduque à la paix et où on travaille à l’obtenir.
Nous sommes en attente de voir ce qui va se passer dans les prochaines heures … Notre désir est de rester proche de tant de gens, de tant de civils, qui souffrent innocemment des conséquences de cette situation, en particulier nos chrétiens. Notre mission consiste surtout maintenant à les accompagner de près, à donner des paroles de réconfort et d’espérance. Nous voulons aussi les aider à accéder à Dieu, enseigner le pardon et la valeur de la souffrance vécue avec le Christ.
Notre Seigneur Jésus-Christ, Prince de la Paix, accueille les prières qui s’élèvent de Gaza et pour Gaza.
Qu’il puisse accorder à tous l’amour de la justice, de la paix et de la réconciliation. Qu’Il puisse consoler tous ceux qui souffrent, soigner les blessés … alors cessera le bruit de toute agression. Enfin, qu’Il octroie une paix juste entre Israéliens et Palestiniens.
Ce qui semble impossible pour les hommes ne l’est pas pour Dieu. Qu’Il puisse toucher le cœur de tous afin qu’un jour, – pas trop lointain, nous l’espérons -, tous les habitants de cette Terre Sainte puissent vivre comme des frères. C’est-à-dire, comme Dieu l’a voulu.

Mère Marie de Nazareth, SSVM.
15 novembre 2012