Si je voulais en finir avec l'Eglise...

Un texte formidable et tonique écrit par un curé d'une paroisse de la banlieue madrilène en novembre dernier, et qui résonne en ces jours d'une grande actualité. Traduction Carlota (24/10/2012)

Il est digne de figurer dans les lettres de Berlicche!!

Des événements récents de ci de là m’ont remis en mémoire un texte lu il y a quelques mois. Et d’ailleurs je n’ai pas été la seule car l’auteur du texte lui-même l’a remis en tête de son blogue. Voilà donc le billet.
(Carlota, 23.10.2012)

     

Et si moi je voulais en finir avec l’Église catholique
Père Jorge González Guadalix
(http://berbellin.wordpress.com/)
-------------------------
J’ai publié sur ce même blog il y a quelque temps un article. Mais ces jours derniers en lisant les sites d’information religieux et en voyant par où vont les tirs, je m’en suis souvenu à plusieurs occasions. Il me semble donc que cela pourrait servir de le relire de nouveau.

* * *


Je travaillerais, sans aucun doute, selon trois directions

CONVAINCRE TOUT LE MONDE COMBIEN L’INSTITUTION EST MAUVAISE
--

Pour cela, je ne parlerais jamais des bonnes choses qu’elle a faites ou fera, avec l’excuse que la main gauche ne doit pas savoir ce que fait la main droite et que parler de ce qui est bien, c’est faire fi de l’humilité.
Néanmoins je rechercherais minutieusement chaque jour des informations qui parlent de ses méchancetés passées ou présentes en modifiant même les faits, avec l’excuse que ce que je fais c’est pour que l’Eglise se purifie.
Je parlerais des excellents projets et actions que mènent à bien les non croyants et les gens des autres religions pour que cela soit bien clair que les bons ce sont toujours les autres. Même pour des choses bonnes faites par un membre de l’Église, et pourvu que ce soit quelqu’un de l’Eglise, je critiquerais toujours l’institution. Ainsi tout le monde identifiera ce qui est mal avec l’Église et ce qui est bien avec la non-église.

ROMPRE SON UNITÉ
--

On sait bien que plus une institution est unie plus a elle de force. C’est pour cela que si je voulais affaiblir l’Église ce serait mon objectif-clef, et en conséquence j’essaierais de miner tout ce qui peut unir les chrétiens. D’abord l’autorité, c’est à dire le Pape et les évêques. Ne jamais parler en bien d’eux. User pour les discréditer toutes les armes : ils vivent dans le luxe, ils ne respectent pas les droits humains, ce sont des oppresseurs, ils se trompent, ce sont des vieux, ils ont des intentions tordues.
Je continuerais en rompant l’unité de la foi : le Credo. Ou bien avec des formulations, comme le credo de la messe campagnarde (1), ou en laissant les mots mais en changeant complètement le sens : qu’en est-il de "il est ressuscité", dans quel sens faut-il comprendre "Marie est la mère de Dieu", et "la vie éternelle c’est que nous vivons dans le souvenir de ceux que nous aimons", etc…

Je remettrais très en question le catéchisme, qui est une garantie d’unité dans la doctrine, en disant que c’est vouloir l’uniformité.
Je me montrerais un partisan ferme d’une liturgie propre à chaque communauté et chaque personne
Plus les catholiques son divisés, moins ils ont de force, moins ils sont crédibles.

FAIRE EN SORT QU’IL N’AIT PAS DE NOUVEAUX ADEPTES
--
On sait bien que ce que nous apprenons enfant nous reste bien en dedans de nous. C’est pour cela que plus l’on enseigne tardivement la foi mieux c’est. Le baptême, celui des adultes. Et s’ils ont été baptisés enfants, il faut retarder le plus possible la première communion. Et faire ce qu’on peut pour la confirmation. Bien sûr ne rien enseigner de la religion catholique au collège. Si, peut-être l’histoire des religions, en montrant bien clairement que toutes les religions sont également valables et que quitte à en choisir une, il faut le faire adulte.
Alors pensez à cela. Et vous verrez par où cheminent certains médias et même quelques-uns catholiques. Et ils vous diront même qu’ils agissent ainsi par amour de l’Église.
Après vous me dites si je peux avoir un peu raison...

* * *

Notes de traduction
1.- La misa campesina – l’auteur fait référence à la Messe Campagnarde Nicaraguayenne, une œuvre (paroles et musique) de Carlos Arturo Mejía Godoy compositeur, chanteur et musicien nicaraguayen né en 1943. Sa musique populaire très typique de son pays est particulièrement séduisante. Les paroles de la « Misa Campesina » appellent à l’amour et à la fraternité, mais aussi de libération des peuples et de grands frères souvent cubains…Cette oeuvre fut chantée pour la première fois en 1975 lors d’une messe qui fut interrompue par les forces de sécurité. Elle fut bien évidemment interdite lors des messes et cérémonies religieuses catholiques. Carlos Arturo Mejía Godoy, comme beaucoup d’autres de sa génération, y compris parmi les clercs, fut séduit par les grandes idées propagées par le marxiste à la grande apogée de l’Union Soviétique, pour sortir de la misère le peuple nicaraguayen, et il s’engage au côté du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN). C’est à la même époque aussi que des artistes locaux (notamment peintre) firent des « Christs guerilleros » avec des crosses de fusil remplaçant la croix des crucifix…Déjà sous l’occupation romaine, la même erreur avait été commise par certains…

2.- Ce texte a été écrit pas le Père Jorge González Guadalix (http://berbellin.wordpress.com/2011/11/15/ideas-para-acabar-con-la-iglesia-catolica/) qui est curé d’une paroisse de la banlieue madrilène.