Synode: des critiques pas vraiment inattendues...

27 octobre 2012

>>> Cf. Synode des évêques: pas de pessimisme!

>>> Le texte complet du message de conclusion est ici: http://www.vatican.va/

Reste à attendre l'exhortation apostolique post-synodale, ce qui prendra une bonne année.

Je vois que les réactions des journalistes sont déjà mitigées, et certaines plutôt négatives.

Le reproche principal (et évident!) fait au Synode est qu'il ne sert pas à grand chose.
Mais que pouvait-on en attendre, concrètement et immédiatement? Le retour de la foi ne se décrète pas autour d'une table - heureusement, d'ailleurs. Et en est-il autrement de tous les Congrès et autres séminaires, sans parler des "sommets" planétaires, dont notre société est si friande, et qui font tourner les chaînes d'hôtel à longueur d'année?

Sur ce sujet, Paolo Rodari donne la parole au Père Adolfo Nicolàs, Supérieur des jésuites, qui compare implicitement l'Eglise à une multinationale, en faisant une allusion - qui me semble déplacée, ou au moins très révélatrice - à Steve Jobs.

Paolo Rodari s'interroge en effet sur Il Foglio:

Mais quelle est l'efficacité du Synode? Dans quelle mesure ses conclusions aident-elles l'Église à aller à la rencontre du monde?
Quelque doute à ce sujet est exprimé par celui que l'on appelle "Pape Noir", le Père Adolfo Nicolás, Supérieur des Jésuites, qui, en marge du Synode, se demande «quelle est son efficacité» et «dans quelle mesure une réunion de plus de 250 personnes convoquées sur un sujet aussi vaste et dans un laps de temps insuffisant, peut-elle aider le pape».
Il n'est pas le seul Père, en fait, à se dire pas vraiment convaincu de l'utilité d'une assemblée consultative mais au fond non délibérative. Une Assemblée où l'on parle beaucoup, mais où les besoins réels de la base n'émergent pas toujours comme ils le devraient.
Il dit: «Steve Jobs disait qu'il était plus intéressé par les questions des consommateurs et par celles des producteurs».
Mais «au Synode, nous sommes principalement des producteurs. J'espère - mais peut-être le Synode n'est-il pas l'endroit pour cela - que la voix des laïcs trouvera des expressions pour aborder en termes réels la question de l'évangélisation».

On voit évidemment émerger ici le principal et sempiternel reproche: il n'y a pas (assez) de démocratie dans l'Eglise.

Critique à laquelle le cardinal Betori, archevêque de Florence, Président de la Commission pour le message du Synode, qui hier animait la conférence de presse de présentation, pressé par les journalistes, a dû répondu directement:

«Les procédures démocratiques divisent, en créant une majorité et une minorité, l'Église au contraire suit des procédures "communionales" qui ne causent pas de fractures, mais donnent la parole à tous».

A quoi sert donc le Synode?
Eh bien il me semble, à ce que que les "Père Synodaux" se retrouvent pour partager, à la première personne, leurs expériences, et puissent se servir de ces échanges directs pour sortir de la spirale de l'isolement et de la marginalisation imposée par les medias, et agir à leur niveau. Ce n'est déjà pas si mal.

Le mérite du document conclusif du Synode, c'est finalement de leur (nous) dire: "ne vous découragez pas. Vous n'êtes pas seul. Remettez-vous en aux mains du Seigneur, c'est lui qui aura le dernier mot, de toutes façons".

Et puis l'Eglise n'est pas qu'en Occident!
Le (presque) cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, parmi les cinq nouveaux cardinaux du "mini-consistoire" nous le fait remarquer:

«J'ai rencontré avec étonnement des observations sur les craintes d'être en déclin, sur le nombre des pratiquants, sur l'influence réelle.. Je viens d'Asie, et je me suis dit, "nous n'avons jamais été la majorité, et pour nous, c'est la vie normale d'être une minorité, et dans cette foi, nous exprimons la joie, être une minorité est dans notre mémoire sociale et en nous l'Église est vivante, même si elle n'est pas majorité».
(d'après S. Izzo, AGI, via Raffa)